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Poésie libre
Quistero : Buée de secours
 Publié le 03/02/23  -  11 commentaires  -  1052 caractères  -  275 lectures    Autres textes du même auteur


Buée de secours



dès l'aube les rivières assoiffées
venaient boire dans la coupe de nos paumes
toute l'eau retenue
de nos anciens chagrins

car il ne servait à rien de vouloir essuyer le linge
qu'on ne pouvait blanchir
le vent fut enterré sous la lune
par des femmes pragmatiques et pieuses
lune ronde et solennelle
d'ordinaire occupée à régler des batailles de chiens
se disputant dans la campagne
de rares gouttes de rosée

depuis longtemps les chemins
avaient pris nos jambes à leur cou
pour fuir ces terres arides

de toute façon
partir disait-on
ne menait nulle part

malgré tout sur les quais
les mots d'adieu trop secs fendaient l'air en crissant
et tombaient toujours en miettes dans le creux d'une oreille
dans le creux d'une oreille
comme avant

le voyageur montant dans son wagon embué
devait sans faute souffler sur l'une de ses vitres
y tracer un cœur du bout du doigt
puis le porter à sa bouche


 
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   Catelena   
26/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
«  depuis longtemps les chemins
avaient pris nos jambes à leur cou »

Moi, c'est votre poème, avec l'emploi du ''nous'' empathique, qui m'a prise à son cou.

Mémorable est l'histoire qu'il nous raconte. En suivant son chemin fait d'eau, des cascades de souvenirs de temps immémoriaux jaillissent.

La nostalgie de ce « wagon embué ».

L'enchaînement de belles images : «  toute l'eau retenue de nos anciens chagrins » ; «  le vent fut enterré sous la lune ».... et même celles que je n'ai pas entièrement comprises .

L'écriture est aboutie, et j'aime bien l'ambiance sépia mâtiné d'une résignation à la colère sourde que dégage votre ''buée de secours''.

Merci pour le partage.

Elena en EL

   Jemabi   
26/1/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Le poème démarre très fort, avec cette étonnante première strophe. Mais dès la deuxième strophe, je décroche un peu, ne voyant pas bien le rapport entre le linge, le vent et les batailles de chiens. La suite ne me ramène pas dans l'admiration, me faisant plus penser à des associations d'idées qu'à de vraies visions poétiques. Je m'y perds, donc, jusqu'à la dernière strophe et la belle idée de la buée qu'on embrasse. Du coup, je reste sur une bonne impression,même si elle est mitigée.

   Donaldo75   
29/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Mon avis est mitigé concernant ce poème ; du côté de la forme, je lui reconnais pas mal de qualités dont celle de bien tirer parti du libre. Parfois, je trouve que la formulation fait « genre » avec une propension appuyée à l’artifice. Je pense néanmoins que c’est un avis très personnel parce que je vois pas mal de poèmes ici qui tombent dans le même travers sémantique et sont pourtant acclamés par les lecteurs du cru ; je ne peux donc qu’émettre un bémol. Du coup, pour ce qui est de la deuxième partie de l’évaluation, celle où je dis si j’ai aimé ou je n’ai pas aimé, eh bien je conclurais bien avec le mot « joker » pas le jus de fruit mais la formule pour ne pas statuer ; cependant, et je viens de m’en apercevoir, l’Espace Lecture demande de poser une appréciation.

   Anonyme   
3/2/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
À mes yeux, votre poème trouve sa voix à partir de
pour fuir ces terres arides
C'est là que je me laisse emporter. Auparavant, je ressentais une distance, je ne pouvais guère intégrer vos vers dans mon imaginaire et ainsi voyager ; il me semble que les images étaient d'emblée trop insolites. Les rivières assoiffées qui viennent boire dans la coupe des paumes m'ont cueillie à froid, et les anciens chagrins déboulant dans la foulée m'ont donné l'impression d'une intrusion, presque un commandement à être triste, une sorte de manipulation envers moi, lectrice, qui me rend toujours méfiante.
La deuxième strophe n'a rien arrangé pour moi, le vent enterré sous la lune, les chiens qui se battent, non, cela me reste étranger même si je vois bien qu'on parle de nous, des conflits annoncés pour l'eau douce, ressource en voie de raréfaction.

Et puis les choses me touchent. Je crois voir un quai de gare chargé de soldats en partance pour une nouvelle guerre absurde, qui ne sera sûrement pas fraîche ou joyeuse. La banalité de l'image de fin fonctionne pour moi, elle dit l'individu, par extension le genre humain, entraîné par un destin qui le dépasse, à qui ne reste plus que l'expression d'une dérisoire affection. Dérisoire et obligatoire.

Mon sentiment est donc que votre poème a de la force quand il est simple, quand je n'ai pas l'impression d'images recherchées, alambiquées. Ah, et malgré mon aversion coutumière envers les jeux de mots, je salue le titre ! Je trouve son ton bien dans l'esprit de la fin du poème, humble et émouvant.

   papipoete   
3/2/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
bonjour Quistero
Il nous fallait partir, oublier notre fiancée, nos parents et se souvenir de ces moments passés ; avec toi, au bord de l'eau quand la rivière semblait boire " l'eau retenue de nos anciens chagrins... dans la coupe de nos paumes "
Et laisser sur la vitre embuée du train qui nous emportait, un dernier message tracé au doigt, un coeur disant " tu me manques déjà "
NB voici ce que votre texte m'inspire, mais ne suis pas certain qu'il soit l'âme de votre poème !
Originale cette façon d'écriture, quand le C.O. ou de lieu devient le sujet ( les chemins avaient pris nos jambes à leur cou ) mais des passages quelque peu confus, comme celui de la seconde strophe.
La première est mon passage préféré.

   Myndie   
3/2/2023
Bonjour Quistero,

je suis un peu partagée au sujet de votre poème.
J'ai tout se suite été séduite, emportée même car il y a d'abord ces deux premiers vers qui tapent très fort :
«  dès l'aube les rivières assoiffées
venaient boire dans la coupe de nos paumes »

puis toute la 3ème strophe car le tout m'a donné la vertigineuse impression de plonger dans un monde parallèle comme le délicieux univers poétique et onirique de Philémon,  « le Naufragé du A » (pour qui connaît la BD). C'est surtout cette jolie image de « chemins qui avaient pris nos jambes à leur cou «  qui m'y a amenée.

C'est la 2ème strophe qui est venue ternir mon enthousiasme en me donnant l'impression d'une discontinuité dans le poème ou mieux, d'un poème dans le poème, comme un ajout qui vous serait venu à l'esprit pour donner du corps au texte mais qui me semble éloigné du reste et surtout qui vient l'affadir par des effets poétiques un peu forcés (« le vent fut enterré sous la lune » ou
« lune ronde et solennelle
d'ordinaire occupée à régler des batailles de chiens « ).

J'ai trouvé ensuite ces vers joliment expressifs :
«  malgré tout sur les quais
les mots d'adieu trop secs fendaient l'air en crissant
et tombaient toujours en miettes dans le creux d'une oreille »

mais la dernière strophe un peu trop banale par contre.

En résumé, cette « Buée de secours » m'a parue inégale dans sa composition. Il s'en faudrait pourtant de peu et je salue ici votre recherche d'écriture et votre originalité.

   jeanphi   
3/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Hier dès l'aube ... Je reconnais un florilège de drames et de désillusions dans ce poème sans pouvoir en identifier un principal. Sécheresse, tristesse, culpabilité, deuil, désœuvrement, soif, sentiment d'être illusoire, etc. jusqu'à ce départ qui peut n'être qu'une journée de boulot comme les autres ...

Le pouvoir de suggestion est très présent, jusque dans l'absence de ponctuation que l'on voudrait bien pointer, dans les entorses syntaxiques émancipées des règles d'accords habituelles, et même dans le "o" manquant, inutile sans doute, à cette buée de secours.
Loin de me laisser y sombrer,
Je l'aime beaucoup.

   Miguel   
3/2/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Des images étranges, mais du moins de vraies inventions, de vraies trouvailles. Il faut dire que le titre annonce la couleur. Une tonalité lyrique au charme de laquelle on finit par succomber, une belle écriture poétique.

   Corto   
3/2/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime beaucoup
Dès le titre on se dit que le cheminement dans ce poème va ressembler à une traversée sur une passerelle de corde sans rembarde.
Le texte sans aucune ponctuation n'hésite pas à nous faire cheminer dans des images audacieuses, leur rapprochement allant jusqu'à déconcerter le lecteur.

Le premier quatrain est une mise en bouche très plaisante. La seconde strophe aurait pu être construite plus solidement pour nous faire cheminer d'une image à l'autre sans rien perdre de cette dispersion de sensations qui veut marquer une multitude un peu affolante.
Les deux tercets complètent l'impression d'un tumulte intérieur en ébullition.
Je savoure avec gourmandise la formule "les mots d'adieu trop secs fendaient l'air en crissant
et tombaient toujours en miettes dans le creux d'une oreille
dans le creux d'une oreille"

La dernière strophe est un peu convenue, voire facile.

Au total un beau partage d'un moment vécu avec émotion.
Bravo.

   Vincente   
4/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Original, ce poème m'a plu d'abord par sa tonalité singulière. Très séduit, et même plus, par sa première strophe d'une poésie folle et d'un chargé puissant, j'ai espéré qu'elle continue dans ce niveau d'écriture et de pensée, d'imagination.

L'écriture est restée très généreuse et bien tenue, tournant autour de cet imparfait "intemporel" très porteur (j'ai pensé à l'écriture étonnante de Vénus Khoury-Gatha), ses "débordements" y apparaissant assumés, dissidents, impétueux (par exemple dans la 2ème strophe).

L'imagination inspirée, d'un ressort vigoureux, toujours en éveil ; à l'instar de ces "mots d'adieu trop secs fend[dant] l'air en crissant /et tomb[ant] toujours en miettes dans le creux d'une oreille / comme avant".

Quant au sens, j'ai eu l'impression que ce poème avait cette parlance qu'évoque ce passage ci-dessus, intriguante dans l'inflexion poétique proposée, mais aussi assez erratique, comme fendue d'incises difficiles à intégrer dans une narration. Oui ici, la "pensée" est plutôt déroutante, le fil narratif présente des discontinuités, voire des apartés à la limite de l'incongruité. C'est un parti pris qui m'a un peu dérangé d'autant que je n'ai pu y trouver de bénéfice. Dommage pour moi...

   EtienneNorvins   
13/2/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un texte mystérieux, aux effets savamment estompés, qui emporte et envoûte...

Ce n'est que peu à peu qu'il se met en ordre dans l'esprit du lecteur, et surgit alors comme dans une brume :

- la description à l'imparfait d'un état perdu, marqué par cette communion ambigüe entre "nous" et un ordre "naturel" qu'expriment ces très belles images où l'attendu s'inverse : les rivières viennent boire, les chemins prennent les jambes...

- puis la rupture en cours de 2è strophe, marquée par le passage au passé simple : "le vent fut enterré"... Le 'souffle' ou 'l'esprit' manquerait donc, qui rend si rare la désaltérante rosée ?
La lune ou ces femmes qui semblent soudain jouer un rôle capital sont marquées par le prosaïsme ("pragmatiques" / "d'ordinaire occupée à régler [de futiles ?] batailles de chiens") ou la déférence sans issue envers sorte de superstition absurde ("pieuses" / "ronde et solennelle")

- alors il faut partir 'pour partir' puisque cela ne mène "nulle part" et que tout, jusqu'aux adieux, demeure "comme avant"... ; et le voyageur prisonnier de ce voyage inutile de n'emporter comme un rite conjuratoire que cette trace dans une "buée de secours", ... qui est donc le texte que nous sommes en train de lire ?

L'ensemble est donc très pensé (abouti), puissamment nostalgique et évocatoire - donc éminemment poétique ! D'où mon ressenti.


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