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Poésie libre
Rackam : L'homme et la pute
 Publié le 13/07/11  -  13 commentaires  -  962 caractères  -  712 lectures    Autres textes du même auteur

Poème sur le thème de la prostitution.


L'homme et la pute



Nous sommes si aisément tentés.

Je t'observe et tu danses.
Tu danses sur les tables.
Tu t'entremêles, aux corps chauds de la nuit.

Ce soir, chérie, j'ai volé de bar en bar,
J'ai brûlé de baiser en baiser.
J'ai rampé jusqu'à toi dans le noir.
Ce soir, mon amour, j'ai chassé.

Je t'écoute et tu ris.
Tu ris à gorge déployée,
Tu t'étrangles, avec ce rire criblé de verre.

Ce soir, chérie, j'ai sauté de femme en femme,
J'ai palpité de cœur en cœur.
J'ai traversé des mers d'absinthe.
Ce soir, mon amour, j'ai désiré.

Je te goûte et tu frémis,
Tu frémis de désespoir.
Tu t'abandonnes, à ces lèvres qui te dévorent.

Ce soir, chérie, je vagabonde d'ombre en ombre,
Je gémis de corps en corps.
Je me perds au creux de tes reins.
Ce soir, mon amour, je te tue.

Comme ils t'ont tous tuée et te tueront encore.


 
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   Anonyme   
29/6/2011
 a aimé ce texte 
Bien
C'est bien vu, je trouve, cette fascination, cette vision de la prostituée à la fois comme souveraine toute-puissante et victime. Le premier vers est trop moralisateur à mon goût, il donne un ton d'ouverture trompeur à l'ensemble du poème. J'aime bien le rythme. Les structures similaires en alternance des différents paragraphes me font penser à une chanson, d'ailleurs je crois qu'une mise en musique servirait bien ce poème que je trouve plaisant mais en rien inoubliable.

   Mona79   
1/7/2011
 a aimé ce texte 
Bien
On voit bien le marin (ou le désespéré) qui va de bars en putes et s'étourdit d'amours tarifées sans pour autant y trouver sa paix ailleurs que dans la mort qu'il veut donner... mais si je comprends bien le vers final, en laisse à d'autres le soin : "comme ils t'ont tous tuée et te tueront encore."

   Damy   
3/7/2011
 a aimé ce texte 
Vraiment pas ↑
Oui ? Un client comme les autres, quoi....

Si "Chérie" est la femme légitime à qui l'on vient se plaindre d'avoir passer une mauvaise nuit, c'est vrai, ce doit être tuant pour elle...

Si "je" est le petit ami de la pute, ce doit être tuant pour lui...

Non ! Ce texte est vraiment en deçà de la réalité de la prostitution. Je le trouve très "niaiseux", et c'est un euphémisme, excusez-moi.

   Anonyme   
5/7/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
On sent une influence d’Apollinaire (jusque dans l’absinthe).
J’ai trouvé le titre mal balancé, qui renvoie le narrateur dans sa plus simple réalité (l’homme) et la femme dans sa plus triste possibilité (la Pute). Il existe nombre de termes moins méprisants. On se demande, de plus, si la majuscule accentue la vulgarité du métier ou si elle indique le respect. Je trouve dommage de débuter par un poncif qui sert d’excuse, du genre la chair est faible. Pourquoi se mettre sur la défensive alors que le péché n’a pas encore été commis ?
La construction, avec l’alternance de quatrains à la première personne et de tercets à la deuxième est très bien pensée. Mais le manque de rimes pèse lourdement.
Sinon, la soirée est bien dépeinte (des pintes ?). Les vapeurs d’alcool sont présentes et le style s’en ressent justement. Si les métaphores (rire criblé de verre, mers d’absinthes (que j’aurais laissé au singulier), je vagabonde d’ombres en ombres (au singulier aussi me dit mon correcteur…) ne sont pas géantes, elles ont le mérite d’être carrées, et elles ont l’excuse éthylique qui doit embrumer l’inspiration. Je doute qu’une Muse soit présente au tripot.
J’ai enfin trouvé très profond l’idée de tuer la prostituée. Tuer la mère ? Désir d’inceste inavoué ? Ne s’agit-il pas là d’une névrose freudienne commune à tous les clients de bordel ? Le débat est ouvert.
Je ne sais toutefois pas ce qu’en pensera le lectorat féminin.

   Raoul   
6/7/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ouille! Le titre est vraiment téléphoné, voir racoleur.
C'est dommage car le poème lui-même est beaucoup plus fort, ambitieux et complexe d'attirance/répulsion.
J'aime bien ce jeu du "Je" pluriel, ces scènes bien senties de fermetures de bars où on n'oublie pas de s'oublier, ces émotions, ces relations qui se nouent entre réalité, fantasme, sensualité et fraternité.
Je suis un peu réticent à l'évocation de l'absinthe (trop cliché bohème, trop esthétique de la débauche), mais finalement…
J'aime particulièrement le "rire criblé de verre" juste, visuel et plus que ça. L'idée de la "chasse" aussi, crue et qui répond bien aux "chérie", multiples, évocateurs, à la fois "tu viens chéri ?" et surnom.
Texte riche, et au lyrisme grisant bien fichu.
Merci pour cette lecture.

   Anonyme   
13/7/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est chez Duras, dans "Iroshima mon amour" : "Tu me tues. Tu me fais du bien."

La pute est un fantasme aussi, la pute peut être "chérie" la légitime. On peut lire ici ce qu'on a envie. Qui lira la tromperie, qui lira Apollinaire, qui lira Duras, qui lira les démons de la nuit, ceux du sexe, ceux du jeu, qui lira tous les alcools...

En ça j'ai bien aimé, au final à chacun sa pute.

   Anonyme   
13/7/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Le titre est racoleur et c'est bien lui qui m'a attirée.
J'aime la voix, et la souffrance, ou le dépit, ou l'épuisement que je lis.
Je vois pas la pute.
Je vois l'homme qui parce qu'une femme le trompe, ou défie son amour, la trompe à son tour en espérant bien la tuer, elle, ainsi que sa souffrance à lui.
Une sorte d'exorcisme de la passion amoureuse. Une façon d'y mettre un terme, ou d'en réchapper.
Je crois que parce qu'elle rit à gorge déployée, elle s'en moque, elle de la passion qu'il lui voue.
Est-ce que ça fait d'elle une pute ?
C'est là que le titre, à mon sens, pèche.
J'ai cru qu'il fantasmait ces corps, qu'il les prenait sans se les approprier, mais

Je gémis de corps en corps.
Je me perds au creux de tes reins.

Des reins impersonnels, des reins ersatz.

Et elle, parce qu'elle fait la même chose, ce serait donc une pute ?

   beth   
13/7/2011
 a aimé ce texte 
Pas
Bon…l’homme chasseur de prostituées qui tue sa pute dans la petite mort( ?), le thème ne m’inspire pas poétiquement… sauf à y apporter un angle de vue émotionnel.
L’homme : aisément tenté/voyeur/chasse/a sauté de femme en femme/palpite de femme en femme/traverse des mers d’absinthe/désire/goûte/dévore/tue
la femme : danse/se montre/rire criblé de verres/s’étrangle/frémit de désespoir/est tuée pas tous
stéréotypes du client et de la prostituée avec juste le cliché de la couche superficielle, sans qu’il y ait la moindre profondeur d’analyse, la moindre émotion, la moindre prise de distance…
Où est l’intérêt ?sinon à entériner un stéréotype bidon qui ne correspond pas aux réalités multiples de terrain.
désolée autant pour l’homme que pour la femme que pour l’auteur.

   Anonyme   
13/7/2011
Commentaire modéré

   monlokiana   
15/7/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'ai aprécié ce poème même si le mot "pute" m'a vraiment géné.
C'est un thème complexe et poétiquement, je trouve que ce poème n'a pas vraiment exploité les sombres rebords de la prostitution (si je me fais bien comprendre)C'est un bon poème mais il reste incomplet à mes yeux
Monlo

   LeopoldPartisan   
15/7/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
peut être un rien trop idylique pour y voir autre chose qu'une sorte de fantasme. La manière dont l'auteur rencontre la péripapétitienne m'a fait un peu penser au film Moulin rouge...

C'est donc essentiellement centré sur l'homme, son désir, son ressenti et qui sait puisqu'il tue, son remord...

Intéressant de débuter ici par ce texte (wait and see)

   shanne   
15/7/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour à vous,
Holà, droit au but avec le titre l'homme et la pute, j'aime...
Nous sommes si aisément tentés. Un lâcher prise où l'homme ne s'occupe que de libérer son énergie, énergie qui circule, en tout cas pour l'homme des partis génitales au cerveau, contrairement à la femme où l'énergie circule du cerveau aux parties génitales.
Du rythme, dans cette poésie...oui, oui. Le plaisir charnel est bien dessiné.
J'adore: Ce soir, chérie (qui peut avoir une connotation positive ) j'ai sauté de femme en femme. Ce soir, mon amour, je te tue.
Le dernier vers détaché du texte donne beaucoup de force, frissons assurés un peu comme une sentence qui nous tombe dessus.
Merci à vous

   Jack03   
17/7/2011
Commentaire modéré

   David   
21/7/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Rackam,

Il y a une fougue désabusée, qui ne se prend pas trop au sérieux j'ai eu l'impression, avec des échos comme :

"Ce soir, chérie, j'ai sauté de femme en femme"

et

"Ce soir, chérie, je vagabonde d'ombre en ombre,"

Le français et l'espagnol sont un peu trop proches pour que je passe sur le jeu de mots.

Même "Ce soir, chérie, j'ai volé de bar en bar," j'ai l'impression que ça veut dire "ce soir j'ai volé comme un poisson", la reformulation du rire cristallin aussi avec "Tu t'étrangles, avec ce rire criblé de verre." la pureté est provoquée en image, en mots.

Ces femmes qui ouvriraient les portes du paradis ou les grilles de l'enfer, ça fera toujours une bonne raison d'en envoyer quelques unes au bûcher, en enchainant sur le ton du poème :)

   Anonyme   
26/8/2011
 a aimé ce texte 
Un peu
Pour moi ça n'a pas fonctionné. Depuis le titre racoleur (j'aurais inversé : La pute et l'homme) qui attire et à la fin de ma lecture ne fait plus son effet jusqu'au tutu agaçant (tu danses, tu t'entremêles, tu ris), c'est pas facile de bien doser le tutoiement en écriture, aux divagations de l'homme, sinon la pute, elle en pense quoi... ? Eh bien ça n'a pas fonctionné.

Un point sympathique tout de même : le "Ce soir, mon amour, je te tue" me renvoie à Marguerite Duras, mon auteur préféré et à cette réplique dans Hiroshima mon amour : "Tu me tues. Tu me fais du bien."

Mais au fond, ça ne change pas grand chose, au contraire.

L'amour, quelle que soit sa forme, en écriture, n'est pas un thème aussi facile qu'il paraît, le risque est grand d'en faire un thème bateau.

Merci d'avoir partagé :)


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