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Poésie contemporaine
Ramana : Barbaresques
 Publié le 29/01/23  -  10 commentaires  -  1475 caractères  -  151 lectures    Autres textes du même auteur

Tout dans le monde est éternel recommencement, et les empires n'y font pas exception. Mais l'aspiration des peuples à un bonheur collectif survit aux cycles de créations et destructions…


Barbaresques



Je vois dans l'air flambant des hordes de guerriers,
Leurs chevaux frais domptés et leurs cris de fer-blanc,
Portant dans leurs remous d'herbages en sentiers
De sauvages passions mêlées d'or et de sang.

D'os et de cuir vêtus sur la vivante plaine
Ondulante où la brise estompe les clameurs,
On les dirait tout droit sortis de la géhenne,
Et tous ils se nourrissent au feu de tous les leurs.

Ardents comme les loups en quête de ripailles,
Ni les monts, ni les eaux ne les ont arrêtés ;
Leurs cavales en transe iront, vaille que vaille,
Marteler le pavé de nos riches cités.

Vautrée dans la luxure, envenimée d'intrigues,
Rome fut affaiblie et perdit son éclat,
Laissant l'onde ennemie déferler sur ses digues
Et piller les trésors nombreux de cet État.

Comme le vieux lion dont la force décline
Est contraint d'abdiquer son siège régalien,
Un empire s'effondre, et sa fièvre intestine
Attire les vautours avides de ses biens.

Nous, peuples arrogants, froids et consuméristes,
Avons perdu nos ailes et froissé Jupiter ;
Déjà, l'ombre nous gagne et le cœur se désiste
À l'approche des vents qui annoncent l'hiver.

Quand les fils d'Attila, d'Hannibal ou qui sais-je,
De toutes nos idoles auront sonné le glas,
Trouverons-nous jamais, comme feu sous la neige,
Cette grâce de vivre au rythme de nos pas ?


 
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   Miguel   
19/1/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Une belle poésie épique, avec de fort beaux vers (le 16 n'est pas à la hauteur de l'ensemble) et de fort belles images. On songe aux Poèmes barbares de Leconte de Lisle. La dimension tragique de l'Histoire contée avec lyrisme et le rapport au présent de la strophe 6 rejoignent le propos de l'exergue. Merci de cette lecture.

   Jemabi   
21/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Les quelques erreurs à l'hémistiche que j'ai notées aux vers 8, 22 et 26 - et qui donnent par conséquent 13 pieds uniquement à ces vers - ne m'ont pas gâché la lecture ni empêché d'être emporté par le souffle puissant qui parcourt le poème. Il y a un côté à la fois prophétique et résigné, avec une écriture riche en images. Oui, les civilisations naissent, vieillissent et meurent et, même si c'est heureusement de "mort lente" - comme aurait dit Brassens - cette mort reste inéluctable.

   EtienneNorvins   
29/1/2023
Une vision joliment parnassienne, c'est-à-dire pessimiste et clinquante (ce qui n'a rien de péjoratif dans ma bouche).
Avec en supplément d'âme, quelque chose de la vision de l'histoire qu'a formulée Ibn Khaldoun - cette régénérescence périodique ("comme feu sous la neige") des centres 'civilisés' par leur périphéries 'barbares', auquel fait peut être écho le titre ?
Merci pour cet agréable moment de lecture, et l'instant de simple grâce attendue qui en suspend la fin.

   Anonyme   
29/1/2023
Bonjour

Un texte qui prouve, s'il en était besoin, que l'Histoire est un éternel
recommencement et nous n'y changerons rien pas plus que
nos prédécesseurs.
J'ai connu l'auteur plus féru de classique, la prosodie étant ici
un peu aléatoire.
Mais le message qui émane de ce poème demeure fort et me convient
parfaitement même s'il n'est pas nouveau et qu'il pourrait largement
être rattaché à notre époque.

Un Beaucoup comme appréciation.

   papipoete   
29/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Ramana
L'homme à la tête d'un confetti, tel Andorre ou Monaco, put rêver s'étendre tel Rainier III sans prendre au voisin ( ce qu'il fit sur la Méditerranée ) prenant de la place aux poissons...
Mais non, un empereur, un roi, un tsar sous quelque latitude que ce soit, voulut s'étendre sur son continent, et même la terre entière, en rasant en barbare tout ce qui lui faisait obstacle, torturant et tuant toute vie, et même il arriva que derrière l'un ( Attila ) l'herbe ne repoussa point...
NB Rien n'a changé, et le Vouloir, le Pouvoir absolus guident toujours, qui n'en a jamais assez !
Les conflits du lointain nous peinent, pour ces peuples oppressés ; on intervient même pour tenter de les étouffer ; mais nous sommes voisins d'un pays pas très loin de nous... ne pourrions-nous pas nous mettre à trembler, lorsque la France serait une " cerise sur le gâteau " pour un ogre jamais rassasié ?
La 5e strophe sur le lion, roi incontesté qui doit un jour abdiquer, est spectaculaire ( je visionnais récemment, un doc sur un " roi déchu ", dont les jeunes prétendants firent leur victime, sous leurs crocs jusqu'à ce que mort s'ensuive... )
Fasse que l'on ne revoit pas un Hitler, un Koméni, ou autre haltérophile russe, lorgner sur notre beau pays !
la 3e strophe a ma préférence.
le 8e vers mesure 13 pieds
" comme le vieux lion " vous lisez en diérèse, alors qu'au 4e vers vous lisez " passion " en synérèse... il faut faire un choix pour tout le poème !
au 18e vers, celui-ci mesure 13 pieds etc...
Dommage d'écrire de si beaux vers, et trébucher sur la technique !

   inconnu1   
1/2/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Désolé je vais être dur mais je vais me rattraper sur votre précédent poème que je n'ai pas encore commenté mais que je préfère largement. Dur sur l'écriture. Elle est convenable, mais les e non élidés sur plusieurs vers à l'hémistiches, même s'ils sont acceptables en contemporain, résonneront toujours pour moi comme des marques de manque d'effort et je ne peux considérer comme aboutie qu'une écriture où je ressens que l'auteur a été jusqu'au bout. Votre faute est à moitié pardonnée car il y a tout de même une règle dans la lecture ou non des e non élidés mais quand même. Une autre chose me taraude. Vous respectez la règle de l'alternance des genres dans toutes le strophes sauf la première. Pourquoi? Est-ce un hasard?

Sur le fond, je ne peux pas dire que j'aime bien. Mes premiers poèmes parlaient de Napoléon, de mythologie...

Et puis très vite, je me suis rendu à l'évidence que tout ceci était bien passéiste et que pour être vivant, un art devait se tourner vers son temps ou vers l'avenir. J'ai donc un rejet pour mes premiers poèmes et pour tout ce qui touche de manière un peu pompeuse à l'antiquité. Désolé, vous en faites les frais. Du coup, je ne peux pas dire que j'aime bien. Je sais, c'est très personnel donc très subjectif mais comme on me demande mon impression globale, je la donne. Si vraiment, le poème avait été classique, rigoureux et sans faille sur la forme, j'aurais pu être beaucoup plus réceptif. J'y aurais trouvé une certaine cohérence

Bien à vous

   fanny   
30/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Les civilisations suivent des cycles, font leur vie, et malheureusement, il semble que le point culminant de notre ère s'éloigne à grands pas.

Abordé par le biais de l'éternel recommencement, et même si hélas la guerre sévit aussi ailleurs, le poème semble également traiter de l'actualité européenne en temps réel :" les chevaux frais domptés et leurs cris de fer blanc", le paragraphe 5 ou "l'approche des vents qui annoncent l'hiver" m'y font clairement penser.

Dans la forme, je n'ai pas été totalement séduite, mais il n'est pas aisé de poser une écriture légère sur ce type de contexte.
Ce poème assez dur est subtilement encadré par l'exergue positive et la grâce du final.

   Ramana   
30/1/2023

   Catelena   
2/2/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
J'aime beaucoup votre façon de dire. Au point que clamé à haute voix, votre poème a du panache.

Les images sont fortes et leurs mots roulent en bouche avec une belle amplitude que rien ne vient heurter.

Paradoxalement, le fond, leitmotiv récurrent qui revient sans cesse sur ce que l'on sait déjà de longue date, n'est plus fondamental pour prendre du plaisir à la lecture.

Comme vous le concédez dans l'exergue, l'éternel recommencement est une des constantes majeures des empires, et par là même, de l'humanité. L'homme n'apprend jamais de ses erreurs, pourtant, et c'est réjouissant, cela ne l'empêche pas d'aspirer à un possible bonheur collectif.

Merci pour cet agréable moment passé à vous lire, Ramana.

   Lavekrep   
16/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
bonsoir Ramana,
j’ai beaucoup aimé cette poésie épique qui nous rappelle que les empires s'effritent avant de succomber sous les hordes barbares dont le but est, bien sûr, de fonder un empire.
Césures épiques pour texte…épique, bravo!
Ici je ne lis, que des alexandrins, à moins de mettre en doute le talent de Prévert : “Heureux comme la truit(e)//remontant le courant.” ou celui d’Apollinaire: “ Ils cueillent les colchiqu(es)//qui sont comme les mères”.

Les traités de versifications nous enseignent que dans un alexandrin, l’hémistiche est considéré comme un “sous vers” de six pieds. Ainsi une certaine “licence poétique” permet d’assouplir la règle métrique en considérant les deux hémistiches comme des demi-vers. La césure, alors, est dite épique, le premier hémistiche se termine par l’apocope d’un e caduc.
(voir exemples ci-dessus)

Après six lectures, je ne vois aucun problème de diérèses ni de synérèses qui peuvent être utilisées par l’auteur comme bon lui semble. C’est aux lecteurs de s'adapter.

Nous// a//vions// des//si//né //sur// un// bel// a//vi//on
Un// ai//gl(e),// un// pa//pi//llon,// un// chat// et// un// li//on.

Je viens d’écrire ces deux vers seulement pour l’exemple, je ne suis pas certains qu’ils soient très bons (les vers, pas les exemples)

Pour vous résumer et comme le dirait Jon Snow: “L’hiver vient !”

Bonne soirée, Lavekrep Codaraque.


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