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Poésie classique
Ramana : Cailloux blancs, cailloux noirs [Sélection GL]
 Publié le 25/08/16  -  13 commentaires  -  2111 caractères  -  179 lectures    Autres textes du même auteur

Le souvenir est une interprétation du vécu et non pas, bien évidemment, le vécu lui-même. Il peut y être relativement fidèle, ou en diverger complètement selon notre état émotionnel, lequel dépend également de notre vécu…


Cailloux blancs, cailloux noirs [Sélection GL]



Et l'encre disparaît sur les pages jaunies
Que baigne la lumière au rythme des saisons.
Les symboles tracés sous d'anciennes raisons
Se délitent sans cesse en lentes agonies.

Les souvenirs ne sont que rêves du passé.
L'esprit les embellit, les craint ou les efface.
Chaque matin nouveau redessine la face
Et de l'homme, et du jour la veille trépassé.

Qu'ils soient d'or ou de plomb, ou de plume qu'importe,
Nos songes éveillés ne subsistent qu'en nous.
Leurs visages éteints bientôt deviennent flous ;
Dans les eaux du Léthé, le courant les emporte.

Fragile est la mémoire en ses rites abstraits,
Le passager oublie au soir le nom des rues.
Les pages de la vie à peine parcourues
Sur le livre du temps se tournent à jamais.

Sans nombre sont les mots qui naissent et qui meurent ;
Le monde les entend, puis ne les retient pas.
Le sable ensevelit les traces de nos pas
Qui viennent et qui vont, mais jamais ne demeurent.

Que valent nos tourments, que valent nos amours ?
Nos serments sous le drap quand la lampe est éteinte,
Dans l'âme, pour adieu, ne laissent qu'une empreinte,
Puis sombrent lentement dans le ventre des jours.

Est-il un lieu secret où se rendent nos gestes
Après que du présent ils ont été bannis ?
Est-il une mémoire aux vastes infinis
Qui grave ce qui fut en ses marbres célestes ?

Peut-on revivre un jour ce que l'on a vécu
Sans en trahir le goût, sans en perdre le charme,
Et des vives douleurs essuyer chaque larme ?
Nul ne peut ici-bas s'en dire convaincu.

On relate pourtant qu'à notre heure venue,
L'archiviste des cieux ouvre grand son portail ;
Notre existence alors, dans le moindre détail,
S'écoule devant nous en sa vérité nue.

Dans l'attente il faut bien, puisque l'homme est ainsi,
Mettre sur le dessus les instants que l'on aime,
Se tracer un chemin de cailloux que l'on sème,
Cailloux blancs, cailloux noirs, et pépites aussi.


 
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   Anonyme   
8/8/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
De tempérament, j'ai tendance à préférer des vers moins sages, qui bousculent et flamboient. C'est mon goût, je suis d'accord : le sujet porte à la réflexion et je comprends bien que, pour l'exprimer clairement, vous ayez préféré un propos sans baroque.

En revanche, peut-être l'avis suivant vous semblera-t-il moins arbitraire : je crois que le poème dans son ensemble est trop long pour ce qu'il a à dire. Je l'ai lu en me demandant où vous vouliez en venir, quelle serait la conclusion, et je dois dire que je la trouve assez plan-plan ; tout ça pour ça ? Je suis persuadée qu'avec un propos plus ramassé vous obtiendriez un texte plus percutant, avec un mouvement plus net, qui aurait plus de chances de rester dans l'esprit de son lecteur. En l'occurrence, en l'absence de vers vraiment saillants, je me dis qu'il y a peu de chances que votre poème laisse une trace durable ; c'est un peu dommage pour des vers consacrés au souvenirs, même si c'est pour en constater la volatilité.

Les vers eux-mêmes m'ont paru de qualité constante, bonne mais non éclatante. Je trouve que vous recourez beaucoup à la construction en deux hémistiches répétant plus ou moins la même idée :
L'esprit les embellit, les craint ou les efface.
Et de l'homme, et du jour la veille trépassé.
Qu'ils soient d'or ou de plomb, ou de plume qu'importe,
Leurs visages éteints bientôt deviennent flous ;
Le monde les entend, puis ne les retient pas.
Qui viennent et qui vont, mais jamais ne demeurent.
Que valent nos tourments, que valent nos amours ?
Sans en trahir le goût, sans en perdre le charme,
Le procédé trop utilisé a pour effet mécanique, selon moi, de nuire au mouvement du poème, de le rendre ressassant. Par ailleurs, j'ai le sentiment que vous "articulez" trop la srtucture, privilégiant la subordination et donc ses conjonctions et pronoms relatifs. Si je relève tous les "qui" ou "que" (pas forcément de subordination, mais le son suffit à évoquer l'idée) :
que que qu' qu' qu' qui qui qui qui que que quand qu' après que qui ce qui ce que qu' puisque que que
. Sur quarante vers, je trouve que ça fait nombre, et lourd.

En bref, et même si le sujet ne demande pas forcément un essor lyrique pour être exposé, je trouve que ce poème est pesant, ne parvient pas vraiment à prendre son envol.

   dom1   
9/8/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
C'est oublier le besoin d'oubli. Il est parfois nécessaire aux cerveaux tourmentés par des souvenirs amers.

   troupi   
17/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Superbe poème dont le fond me plait autant que la forme. Si je ne suis pas spécialiste du classique j'apprécie la douceur de la construction, la musique des mots.
10 quatrains qui ne manqueront pas de laisser au lecteur un suave souvenir.

"Et l'encre disparaît sur les pages jaunies
Que baigne la lumière au rythme des saisons."

"Dans l'attente il faut bien, puisque l'homme est ainsi,
Mettre sur le dessus les instants que l'on aime,
Se tracer un chemin de cailloux que l'on sème,
Cailloux blancs, cailloux noirs, et pépites aussi."

   MissNeko   
25/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Et bien j ai beaucoup lire ce poème dont la lecture fut très agréable. Une jolie plume légère et délicate où on sent la maîtrise des mots bien placés.
Alors oui le thème n est pas extraordinaire et il n y a rien sous le soleil mais ce poème à le mérite d être clair et réaliste
J ai adoré la fin :

Se tracer un chemin de cailloux que l'on sème,
Cailloux blancs, cailloux noirs, et pépites aussi.

En deux vers vous résumez ce qu est la vie.
Merci pour ce partage.

   Anonyme   
25/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour

C'est un très beau poème classique tout en interrogations.
Et même si le thème n'en est pas nouveau(les souvenirs)
c'est tellement joliment dit que l'antienne passe à merveilles.

Je ne soulignerais pas les vers qui me plaisent, il y en a trop.

Joli travail lorque l'on connait les contraintes du classique.

   Anonyme   
25/8/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bien que je ne partage pas complètement votre façon de considérer les souvenirs, je trouve que ce texte défend bien votre analyse avec,de plus, une écriture bien maîtrisée.

" Les souvenirs ne sont que rêves du passé."
Pour ma part les souvenirs ne sont pas des rêves du passé. Les moments importants de notre vie, les situations, dès qu'ils se sont produits deviennent un souvenir. C'est en quelque sorte la matérialisation de notre parcours, comme une multitude de pierres composent un mur.
" L'esprit les embellit, les craint ou les efface. " les estompe, oui, mais peut-il les effacer ?

" Les pages de la vie à peine parcourues
Sur le livre du temps se tournent à jamais." Elles se tournent certes mais ne disparaissent pas de notre mémoire, c'est du moins mon avis.

" Mettre sur le dessus les instants que l'on aime,
Se tracer un chemin de cailloux que l'on sème,
Cailloux blancs, cailloux noirs, et pépites aussi." Certainement.

   Anonyme   
25/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Ramana... Très belle écriture classique pour traiter d'un sujet qui l'est tout autant, les souvenirs...
J'ai lu chaque quatrain avec attention et, pardonnez-moi, je ne vois pas les choses comme vous... en voici un exemple :
Les souvenirs ne sont que rêves du passé.
L'esprit les embellit, les craint ou les efface.

Des traces du passé, oui, des rêves c'est moins certain.

Bref, nous n'avons pas la même définition des souvenirs mais ça n'enlève rien à la qualité de ce poème qui mérite de toute façon bien mieux qu'un commentaire lapidaire ...
Merci, encore bravo pour la qualité de vos alexandrins et au plaisir de vous lire !

   Robot   
25/8/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
L'écriture est de qualité mais j'avoue que cela ne me suffit pas.
Arrivé en fin de lecture, et j'ai lu plusieurs fois, il me reste l''impression que tout ce texte a été écrit pour arriver au dernier vers ce qui lui donne par moment un effet ressassant et monotone. C'est beau, c'est bien dit, mais seulement, c'est dit plusieurs fois de manière différente.
Désolé pour cette fois.

   Cristale   
25/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Ramana,
Le pire destin du souvenir serait l'oubli, ou l'amnésie.
Alors il est par ici, il repassera par là, tout ce poème aborde le souvenir comme un petit malicieux qui se trouve là quand on l'attend le moins ou qui disparait sans que l'on sache où, et pourquoi il ne revient pas.
Je pense aussi qu'il faut semer des petits cailloux et graver des points de repère.
Une plume classique ravissante et sans accrocs, dont je salue la performance point de vue prosodie et la parfaite tenue des alexandrins.
Bravo et merci Ramana.
Cristale

   Vincente   
25/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir Ramana,

Le thème est plus orignal qu'il n'y paraît, traiter de la subjectivité du souvenir du vécu est bien sûr assez classique, mais ici vous creusez un filon de votre mine pour allez plus profondément. Il s'agit pour vous de relever la toute relativité de l'authenticité de notre vision du passé, et par là-même le passé en général.
Il nous est vital, consubstantiel, de garder la conscience de notre vécu. La preuve se trouve dans l'énergie que l'on déploie pour le formaliser dans la concrétude (relative !) des photos, des écrits, des interprétations, ou même à revisiter le passé dans l'expression du souvenir, cette façon de le refaire en rêve ("les souvenirs ne sont que rêves du passé"). Ce rapport à la fluidité de nos souvenirs nous joue bien des tours, vous en avez fait un poème pertinent. Il peut être perçu assez long (peut-être auriez-vous pu "l'alléger" en supprimant les strophes 7 et 9 ?), et pourtant il n'aborde qu'une partie des nombreux pans de cette problématique.

Choisir la forme classique, très agréable à lire ici, pour parler d'un tel sujet était audacieux, mais la réussite est là comme en témoignent particulièrement les belles premières et dernières strophes.

Merci pour cette belle proposition.

   Ramana   
27/8/2016

   Vincendix   
28/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je ne suis pas d’accord avec votre définition des souvenirs, les miens sont le reflet réel du vécu, mon « disque dur » me livre scrupuleusement ce qu'il a enregistré, en tenant compte de l’échelle des valeurs. Mon esprit n’embellit pas les meilleurs et ne modère pas les pires. Par contre, c’est vrai, il en occulte ou en floute certains.

Les rêves sont différents, ils se servent de souvenirs, parfois anodins et les transforment, généralement de façon négative.

A part ces réflexions, j’apprécie ce texte classique pour sa qualité d’écriture qui compense une certaine langueur.

   Methos   
3/9/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très belle réflexion sur le passé, sur nos souvenirs.
Entre les cailloux blancs qui nous donnent du baume au cœur et les cailloux noirs qui l'ont fait saigner, notre existence est un tourbillon enivrant qui jamais ne faiblit !

Vous vous questionnez sur le devenir de ces instants, et je le comprends très bien.
Il me parait assez effroyable d'imaginer que tout ce que nous avons vécu puisse être effacé, annihilé d'une traite sitôt notre dernier souffle rendu sur cette terre.
Chacun de nous est un monde à lui seul, si vaste, si complexe, plus infini encore que celui sur lequel on marche, je ne crois pas non plus que tout ceci disparaisse.

En attendant "la vérité nue", essayons de la dépoussiérer autant que possible pour ne pas être trop pris au dépourvu !
La grande faux arrive toujours comme une voleuse, alors mieux vaut avoir suffisamment de prestance pour la saluer !
Grâce à la joie donnée par les cailloux blancs et aux leçons douloureuses des cailloux noirs, nous pouvons faire face !

Merci pour ce poème !


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