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Poésie contemporaine
Ramana : Emmenez-moi
 Publié le 04/10/17  -  13 commentaires  -  1456 caractères  -  422 lectures    Autres textes du même auteur

Cette chanson interprétée par Charles Aznavour m'a beaucoup fait rêver jadis. Elle a motivé en partie mes découvertes géographiques et humaines. Depuis, j'ai compris que le voyage intérieur était en fait le plus extraordinaire, et que pour y accéder il fallait, tel qu'à bord d'une montgolfière, lâcher du lest...


Emmenez-moi




« Emmenez-moi au pays des merveilles »,
Chantait l'artiste, et moi l'enfant rêveur,
Ange déchu que la parole éveille,
Comme du miel, goûtais cette saveur.

Voiles au vent sous mes paupières lisses,
Emmenez-moi, Cortés et toi, Vasco,
Magalhães et tant d’autres Ulysse,
Qu'un songe passe, il m'embarque illico.

Combien d'écueils au droit de nos étraves,
Pour qu'un poète armé de ses seuls vers
Délie en nous ce qui nous fait esclaves,
Combien de coups et combien de revers ?

Un jour prochain, lassé que l'on m'encage,
Si Dieu le veut, tel un oiseau migrant,
J'irai hâler mon trop maigre plumage
Loin des frimas de ce siècle bougrant.

Ivre et comblé de la seule nature,
Laissant au port mon fardeau de raison,
Je jetterai sans remords en pâture
Aux goélands mes anciennes saisons.

Et même si ma sobre destinée
N'incline pas aux prodiges marins,
Je saurai bien, par ma quête obstinée,
Trouver ce lieu de rivages sereins.

C'est un jardin si secret mais si proche,
Eldorado que l'on croyait perdu,
Autre nous-mêmes enfin que l'on accroche
Et que l'on garde à nos fronts suspendu.

Emmenez-nous loin de nos évidences,
Loin de ces morts qui enterrent leurs morts ;
Ce n'est qu'après, sur l'effluve qui danse,
Que nous, vivants, nous reviendrons au port.


 
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   Provencao   
14/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"C'est un jardin si secret mais si proche,
Eldorado que l'on croyait perdu,
Autre nous-mêmes enfin que l'on accroche
Et que l'on garde à nos fronts suspendu."

Dans son voyage intérieur, le voyageur voit clair sans nier le sombre le plus épais dont il fait un négatif heuristique pour son propre devenir.

J'en ai beaucoup aimé l'ivresse de liberté, du mot libre ....qui affine et étaye ce sublime et indispensable voyage intérieur:"Et même si ma sobre destinée
N'incline pas aux prodiges marins,
Je saurai bien, par ma quête obstinée,
Trouver ce lieu de rivages sereins."
Quand le regard se mire en notre propre conscience.. ..

Au plaisir de vous lire.
Cordialement.

   Anonyme   
4/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Cette chanson d'Aznavour m'a beaucoup fait rêver également,
notamment :
Moi qui n'ai connu toute ma vie
Que le ciel du Nord
J'aimerais débarbouiller ce gris
En virant de bord
même si ce n'est pas le ciel du nord, il a la même couleur ici.

Un très bon texte dans son ensemble avec 1 vers que je retiens
particulièrement :
Loin de ces morts qui enterrent leurs morts.

Oui, dans ces sociétés sclérosée, où rien ne bouge, où rien ne change jamais, nous sommes tous morts bien avant l'heure.

   Alexan   
4/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Moi-même je suis un grand fan de l’artiste, et particulièrement de cette chanson magique.
Un beau texte qui vient chuchoter dans les oreilles les échos du large, et qui – tout comme la chanson - nous donne envie de tout plaquer, de tourner le dos aux choses établies, et les laisser disparaitre derrière nous pour vivre sa vie.
J’aime cette introspection, cette profondeur, et ce cri fiévreux de révolte face à tout ce qui nous enchaine, nous formate et conditionne.
De plus, les évocations sont belles ; des images qui font s’évader, et même cogiter…
Une belle inspiration.

   Vincendix   
4/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Ramana,
De beaux quatrains qui font voyager l’esprit, la meilleure des solutions pour prendre de la distance avec une réalité trop souvent négative. Pour moi, le pays des merveilles est celui que l’on se forge, avec l’amour que l’on donne, celui que l’on reçoit et puis les beautés de la nature.
Si je dois choisir un quatrain en particulier, c’est le cinquième, il exprime à la fois la folie et la raison.
Vincent

   Anonyme   
4/10/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Texte en décasyllabes, mètre que je trouve plus difficile à maîtriser, avec la césure qui tombe sur le 4ème pied...
Le vocabulaire est riche, bien choisi, des rimes originales.
Je note le très rare bougrant (qui serait un mot canadien voulant dire ennuyeux, fâcheux ?)
Le sujet est plaisant, bien traité.

J'aime beaucoup le début du poème :

"Emmenez-moi au pays des merveilles »,
Chantait l'artiste, et moi l'enfant rêveur,
Ange déchu que la parole éveille,
Comme du miel, goûtais cette saveur."

Ou encore :

"Un jour prochain, lassé que l'on m'encage,
Si Dieu le veut, tel un oiseau migrant,
J'irai hâler mon trop maigre plumage
Loin des frimas de ce siècle bougrant."

Je suis moins convaincu par la fin du poème...
L'avant-dernière strophe, par exemple :

"C'est un jardin si secret mais si proche,
Eldorado que l'on croyait perdu,
Autre nous-mêmes enfin que l'on accroche
Et que l'on garde à nos fronts suspendu"

Le 3ème vers fait 11 pieds... et pourquoi ne pas avoir écrit "nous-même", qui est tout-à-fait correct ?
Trois "que" dans cette strophe, dont deux fort rapprochés...

La dernière strophe pourrait également être améliorée :

"Emmenez-nous loin de nos évidences,
Loin de ces morts qui enterrent leurs morts ;
Ce n'est qu'après, sur l'effluve qui danse,
Que nous, vivants, nous reviendrons au port."

Deux "qui" et deux "que", cela alourdit la conclusion.

   Anonyme   
4/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
L'idée est très bien exprimée ; une écriture élégante.
Chacun des quatrains a sa personnalité, mais j'ai une petite préférence
pour celui-ci :
" Combien d'écueils au droit de nos étraves,
Pour qu'un poète armé de ses seuls vers
Délie en nous ce qui nous fait esclaves,
Combien de coups et combien de revers ? "

   Michel64   
5/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est appel aux voyages, fut il intérieur, à l'Aventure, à quitter nos habitudes, notre immobilisme et nos rêves étriqués a su me toucher.
La forme sert bien le fond.
Seul "l'effluve qui danse" m'a moins parlé.
Par contre j'ai appris le mot "bougrant" qui semble plutôt être employé au canada.

Merci pour ce partage
Michel

   Damy   
5/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un voyage intérieur où je me suis laissé embarquer à vos côtés, car, comme pour vous, la question se pose à moi:
"Combien d'écueils au droit de nos étraves,
Pour qu'un poète armé de ses seuls vers
Délie en nous ce qui nous fait esclaves,
Combien de coups et combien de revers ?

Ma muse à moi n'est plus au rendez-vous et c'est pourtant elle qui me faisait ressentir à chaque poème le fait de m'embarquer dans une montgolfière et de monter au dessus des coups durs et des revers en lestant les sacs chargés des affres "de ce siècle bougrant" plein de nos fausses certitudes.

Mais, charmé par ce poème-mongolfière, je n'ai pas envie de revenir au port, et pourtant...
Poème-mongolfière, poème-cerf-volant, il m'a fait autant de bien qu'une séance de sophrologie.

Merci donc, Ramana.

   LenineBosquet   
5/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour,
J'aime décidément bien vos productions poétiques, je les trouve toujours pleines d'une certaine spiritualité qui me touche.
J'aime beaucoup les deux dernières strophes "Loin de ces morts qui enterrent leurs morts", mais j'ai toutefois une réserve sur la première avec "Chantait l'artiste", une phrase que je trouve très convenue, un peu vieillotte même, je ne sais pourquoi mais je n'aime pas cette expression, comme "chapeau bas l'artiste", ça m'agace.
Un beau poème toutefois, merci.

   luciole   
5/10/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Oui, ce monde est bien plat...
Il est temps, levons l'ancre. O poésie, appareillons !
Ami du rêve, j'ai apprécié le message que vous exprimez dans ce poème : celui de l'artiste albatros très baudelairien aux ailes de géant perdu sur les planches de la banalité...

   FABIO   
5/10/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Il y'a des poètes que l'on jalouse gentiment de réussir la ou on a tenté de nombreuse fois de réussir.Donc votre poème fait parti de mon top d'Oniris ce n'est pas rien, puisque je parcours ce site depuis quelques années.J e n'ai même pas envie d'expliquer pourquoi j'aime follement votre poème car je veux profiter de vos lignes sans en expliquer la richesse, le talent, tous ca c'est dans le cœur et une appréciation pseudo technique ne ferais qu'amoindrir mon ressenti.
Vous m'avez touché. Merci
Bravo

   Ioledane   
5/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Un très bon poème en décasyllabes bien menés.

Les deux premiers quatrains m'ont fait craindre quelque chose d'assez plat et convenu - la suite a démenti cette première impression.

Dans le premier quatrain, je n'ai pas aimé l'absence du pronom "je", que je trouve très artificielle, due visiblement au souci de la métrique. Ceci aurait aisément pu être contourné en écrivant par exemple "et moi l'enfant rêveur, Ange déchu que la parole éveille, Comme du miel, j'en goûtais la saveur".

J'aime beaucoup le troisième quatrain - également le sixième et le dernier.
Au septième, un vers me gêne : "Autre nous-mêmes enfin que l'on accroche". "Nous-mêmes" implique un pluriel qui accroche à la lecture ; j'aurais préféré "Autre soi-même" qui fait également sens, à mon avis.

Merci pour ce voyage !

   Anonyme   
6/10/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
On semble trouver que l'herbe est plus verte ailleurs.
Mais l'est-elle vraiment.

Comme vous cette chanson m'avait marqué, il faut dire
que les mots, et surtout l’interprète y est pour beaucoup.
Il a marqué et marquera encore bien des générations.

Il est bon de pouvoir à tout moment rêvé, sans retenue
et cette phrase porte loin cette envie "Emmenez-moi",

" Ivre et comblé de la seule nature,
Laissant au port mon fardeau de raison,
Je jetterai sans remords en pâture
Aux goélands mes anciennes saisons. "

Il est bon de vouloir cette plénitude, de la ressentir,
si intensément, pour mieux vivre, mais le peut-on réellement.

Texte très louable, l'ensemble est plaisant à lire.


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