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Poésie libre
Raoul : Combien le gramme ?
 Publié le 22/05/19  -  10 commentaires  -  1051 caractères  -  304 lectures    Autres textes du même auteur

On dirait bien que tout ici
est resté suspendu dans la glaise,
entre deux eaux mésozoïques.


Combien le gramme ?



Trafiquant avec la routine
que tous les muscles agitent et tirent
ça grince, ça pousse, ça coince,
mais là,
dessus, on ferme le verrou.

Par interstice une radio
ouvre sa fente sur l'ennui
où un filet de voix susurre
« Je lui dirai les mots bleus »
mais
combien y a-t-il de poignées,
de robinets et de sornettes,
de placards et d'ouvre-boiteux,
de sacs en stock d'ampoules mortes
dans les boîtes de comprimés ?
Et de sardines par étage,
de douzaines par alvéole ?
Combien y a-t-il de sournois
tapis dans la tapisserie,
de prises d'alimentation,
de je te garde à me manger ?

Combien d'odeurs de curry
de choux de fleurs et de choux-fleurs
à offrir à la concubine ?

Dessus on ferme le verrou
car c'est mon parfum préféré.
Combien le gramme ?

Et chaque enfoncement
émet son bip sonore
de colporteur Spoutnik
où seule,
la solitude gagne en fin.


 
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   Corto   
2/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
En lisant ce poème on a l'impression de recevoir en plein visage un coup de vent plein de senteurs, certaines agréables, d'autres agressives ou même chargées de pollens.

"ça grince, ça pousse, ça coince" en un vrai capharnaüm où les "sornettes" côtoient les "ampoules mortes".

On ne cherche guère à s'y retrouver dans ce grenier fourre-tout et malgré l'apparition de "la concubine"
on s'écrase au sol avec "la solitude gagne en fin".

L'exergue complète pseudo-scientifiquement cette démarche en vol non-plané, intéressant grâce à ce fouillis organisé comme dans une brocante.

Bravo mais audacieux.

   hersen   
2/5/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
C'est un peu comme si en fin de lecture, je me dis, quoi ? en plus il faut commenter !

je n'ai rien de particulier à dire, sauf que sornettes, ouvre-boiteux, et d'autres, enfin, ce n'est pas ci ou ça qui me plaît, c'est tout, c'est l'agencement, c'est l'impression laissée par ce bric à brac de mots braques, c'est un tableau la tête à l'envers qui m'embarque dans son vortex, aspirée.

"je lui dirai des mots bleus"

Il ne faut pas lire si loin avant de trouver tout ce regret. cet espoir ?

Eh non ! la gagnante est...

   Davide   
22/5/2019
Bonjour Raoul,

Quand je vois le talent de l'auteur dans d'autres publications sur Oniris, servi par une écriture incisive qui me fait frémir de bonheur, je ne peut qu'être déçu par le poème présenté ici.
Je retrouve bien cette écriture qui me plaît tant, mais je ne comprends rien !

"Entre deux eaux mésozoïques" ?
Il semble que l'intention de l'auteur est d'emmêler les mots entre eux, de casser les repères, de tout déstructurer... pourquoi pas !
Mais cela me donne l'impression de me balader dans la galerie "abstraction jubilatoire" de l'artiste Chucalescu (il faut voir le sketch des Inconnus pour comprendre).
Avec cette désagréable impression de m'être fait avoir...
Art contemporain ?

En fait, j'aimerais simplement savoir le pourquoi de ce poème !?
A-t-il un sens caché que je ne perçois pas, même après une bonne vingtaine de lectures assidues ?
Suis-je trop "bête" pour comprendre ?
Pas réceptif à ce genre de poésie ?
Je serais reconnaissant à l'auteur de m'éclairer davantage (sur un fil de discussion ouvert en forum ou en MP...)

En tout cas, merci pour ce partage (qui, vous l'aurez compris, m'a bien fait cogiter).

La diversité des publications sur Oniris est toujours enrichissante, on ne le dira jamais assez.

Davide

   Vincente   
22/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Balade aléatoire et intrigante dans les méandres de la conscience du poète. Il nous invite ainsi à partager, de gré à gré en quelque sorte, ce qui turlupine son sujet dans ces instants de solitude. Comme dans une tourmente, le lecteur est bousculé, mais à y regarder d'un peu plus près, dans une deuxième lecture donc, il peut trouver des bouts de fils qui traînent et affichent une certaine volonté.

Ainsi un peu de sens mécanique qui "grince, pousse, coince" amène le "on ferme le verrou. Ou "prises d'alimentation" qui induisent le "garde-manger". Ou de "choux" au choux-fleurs" puis au présent "à la concubine". Je ne note pas toutes ces occurrences, elles sont légions sauf dans les deux dernières strophes, où se trouve inopinément un parfum, un verrou, et un gramme ; on semble perdu, n'aurait-t-on rien compris à ce tourbillon ?

Raccrochons-nous à la fin : à chaque perte de sens ("enfoncement"), des mots ("bips sonores") viennent rappeler que cet état paradoxal, trouble et troublant, est une manifestation collatérale de la solitude, où la pensée s'égare dans les sens perturbés par l'unilatéralité.

   Myndie   
22/5/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Raoul,

alors moi, j'ai envie de ne vous parler que de la forme car c'est ce qui m'a sauté au coeur tout de suite.
J'adore ce décalage qui déconstruit la réalité et qui prend au sérieux ce qui ne l'est pas, comme le font les gamins.
Votre langage poétique est matière vivante; il croise le végétal avec le minéral, l'animal avec les objets et tout avec n'importe quoi...
C'est un univers parallèle qui se construit, où le réalisme coudoie le fabuleux.
Rien n'est à sa place mais tout est baigné par une poésie frénétique.
On se croirait chez Boris Vian.

myndie, fan de détournements

   Provencao   
22/5/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
"Et chaque enfoncement
émet son bip sonore
de colporteur Spoutnik
où seule,
la solitude gagne en fin. "

Quelle belle écriture pour traduire en des mots choisis, porteurs, décalés et très impressionnants de sens la solitude.

J'aurai tendance à vous répondre que cette solitude si bien déclamée ne se résume pas à des manques, des fractures, des oublis mais elle apparait dans votre poésie, comme une réplique en quelque sorte.

"Par interstice une radio
ouvre sa fente sur l'ennui
où un filet de voix susurre
« Je lui dirai les mots bleus »"

Très étonnamment, ces mots bleus et cette solitude contiennent une alerte identique, une inquiétude pour l'intégrité de notre être, de notre âme: d'un sens la fusion dans l'autre, les autres et l'oubli de soi dans le manque de l'autre, des autres.

Plusieurs lectures pour en saisir le véritable sens, les bonnes questions.
J'ai beaucoup aimé l'aisance, la dextérité avec lesquelles vous nous avez fait partager cette poésie très audacieuse.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Stephane   
22/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Raoul,

Bravo pour cette poésie qui sort de l'ordinaire. Ca grince, ça pousse, ça coince, et ça sort des sentiers battus.

J'aime ces vers destructurés, ces idées ambivalentes, cette recherche d'autre chose qui me fait parfois lever le matin en espérant vivre une expérience différente. C'est un peu lire l'inexplicable.

J'ai ressenti de belles sensations, merci.

Cordialement,

Stéphane

   STEPHANIE90   
22/5/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Raoul,

un vrai travail de fourmi qui accumule dans ses recoins un bric à brac sans grand rapport les uns avec les autres. > "dessus, on ferme le verrou."
Mais alors, vraiment j’applaudis car quelle beauté dans ce capharnaüm :
"« Je lui dirai les mots bleus » mais combien y a-t-il de poignées, de robinets et de sornettes, de placards et d'ouvre-boiteux, de sacs en stock d'ampoules mortes dans les boîtes de comprimés ? Et de sardines par étage, de douzaines par alvéole ? Combien y a-t-il de sournois tapis dans la tapisserie, de prises d'alimentation, de je te garde à me manger ? "
Implicite et limpide à l'opposé d'un fourre-tout abstrus.

J'en redemande encore, un grand merci à vous, StéphaNIe

   senglar   
22/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Salut Raoul,


Entre deux eaux (deux niveaux de conscience envasés) on plane.

On se tue et on se cache à soi-même que l'on se tue. Dans les grands ensembles où l'on vit compressés.

Se soucie-t-on vraiment des besoins de la concubine ? Subsistent les odeurs, des odeurs de vie. Cela devrait lui suffire.

Car on lui préfère les odeurs de mort, les odeurs délétères, par autodestruction. On tire le verrou sur soi et sur les autres et on s'en va planer seul.

On s'enfonce irrémédiablement.

Diable !

"Combien le gramme ?"
5€ le chite 50€ la coke 3€70 la marie
Aux dernières nouvelles
Moins cher que l'alcool !

Diable !


Senglar-Brabant

   Anonyme   
22/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une écriture subtile pour exprimer la solitude face à cette routine " que tous les muscles agitent et tirent
ça grince, ça pousse, ça coince ".

Une façon très personnelle de dénoncer la glaise dans laquelle la société actuelle semble s'embourber.
Les grands ensembles, la surconsommation, l'hypocrisie...

" Combien le gramme ? " faudra-t-il en arriver là pour tenter de s'en évader.


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