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ANIMAL
14/10/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Voici un poème fort bien tourné qui a quelque chose de glaçant.
On pourrait croire à une personne qui va être opérée mais pour moi cela évoque plutôt, au mieux un taxidermiste car l'animal est déjà mort et ses pensées proviennent de son esprit détaché du corps, au pire une vivisection en labo et la pauvre victime est consciente mais paralysée par le curare du titre. En tête de poème, Musidora, star du muet de films de vampire, symbolise qu'on en veut à votre vie. En fin, le mot crapaudine, façon d'apprêter les volailles par aplatissement, c'est la mort également. Entre les deux, une observation clinique de la destruction d'une vie. Le déroulement de ces trois strophes est inexorable et mène à une fin cruelle sans aucune possibilité d'y échapper. Les termes choisis sont aussi durs que l'acier du scalpel et chaque mot est à sa place. Cependant, l'allusion à l'orteil et au contorsionniste m'échappe. Mon passage préféré est : "Musidora, en tapinois est derrière moi. Son baiser dans la main, chiffonné de formol, se presse avec précision à l'endroit fait pour la caresse à moustache et la respiration." Ce poème atypique est une réussite. en EL |
Queribus
20/10/2019
a aimé ce texte
Un peu
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Bonjour,
J'avoue , tout d'abord, que j'ai dû relire votre texte plusieurs fois pour en saisir à peu près le sens global. Si l'écriture a un côté plutôt classique au travers des strophes avec des vers"blancs", l'ensemble fait plutôt"brouillon". Je pense que vous auriez du choisir entre une écriture "néo-classique" ou plus libérée , à la Prévert par exemple. En conclusion, je pense que votre écrit devrait être revu en le simplifiant avec des mots et des phrases plus clairs pour une meilleure compréhension du lecteur moyen. Bien à vous. |
papipoete
2/11/2019
a aimé ce texte
Bien
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bonjour Raoul
je suis déjà mort et l'on me découpe en morceaux... pourquoi ce coton imbibé de formol alors que raide les bras en croix, je ne sens plus rien ! NB une lecture intrigante, où l'on songe à l'oeuvre d'un chirurgien en train de réparer un humain ? Je crois en fait que nous vivons une autopsie, vue de l'intérieur de la victime qui, pour l'occasion ne dort " que d'un oeil " ! le second vers est mon préféré, très visuel ! mais je ne voudrais pas ( vivant ) que l'on m'endorme ainsi ! |
Luz
2/11/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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J'ai bien aimé.
Je ne connaissais pas Musidora. Oui, je crois que l'on ressent à peu près cela après une opération. Même endormi par Musidora, on sait comment ça s'est passé : la lame douce découpe exactement où il faut... Ce n'est pas un poème surréaliste, c'est un poème absolument réaliste, taillé au scalpel... Tout me plait ; en particulier : "l'endroit fait pour la caresse à moustache et la respiration." Merci. Luz |
Corto
2/11/2019
a aimé ce texte
Bien ↓
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Du "curare" au "formol" l'ambiance est vite créée dès le début du poème.
L'inexorable tombe sur le personnage " avec précision à l'endroit fait pour la caresse à moustache et la respiration" (belle formule). Après rien ne va plus. Le personnage est inerte, à la merci de ceux qui tiennent les instruments "dans la lumière bleue du champ opératoire". De l'humour aussi noir que possible, en prolongement des jeux de la période. On peut aimer...ou non. Sur la forme les descriptions sont claires et précises, chirurgicales serait-on tenté de dire. A vous relire un jour plus gai. |
Anonyme
2/11/2019
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Affûtez vos protocoles..... Aïe!
Le curare pour anesthésier. Ou pour fermer la porte à la souffrance. Malgré les deux vers de la dernière strophe, posés là pour masquer l'angoisse du narrateur, j'ai entendu une plainte. Dans ce type d'écrit, que J'espère fiction, il me paraît délicat d'exprimer un avis. Il me plairait de lire bientôt une suite optimiste de ce texte. |
Provencao
2/11/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
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"Qu'on m'ampute, qu'on profite, ôtez la pourriture
par la douceur des lames." Moi, j'ai bien aimé ce coeur de la poésie lié à la fiction, avec cette présence importante de l'idée dégagée et de l'abstraction ressentie. Et c'est cette présence de l'abstraction qui a un effet provoqant l'importance de l'interprétation.....que l'on veut libre. Au plaisir de vous lire Cordialement |
Davide
3/11/2019
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Bonjour Raoul,
Je ne comprends pas précisément la "destination" de ce poème, son but. Le narrateur paraît être un homme empoisonné au curare sur le point d'être opéré ("champ opératoire"), à moins qu'il ne soit déjà condamné, prêt à être disséqué (?). Aurait-t-il offert son corps à la science ? Le dernier vers ("Finir en crapaudine") m'oriente sur cette dernière hypothèse. La référence à Musidora m'échappe, peut-être veut-on installer une ambiance de film d'épouvante ! En fait, certaines images m'amènent à penser que le narrateur est un vampire (Dracula ?), en particulier celle-ci : "Je dors avec lourdeur, avec les bras en croix". Joli zeugma, en passant ! J'aime bien les images, métaphores et jeux de mots (dont "affûtez les arguments..."), de même que le clin d'œil humoristique à l'origine du mot croque-mort ("mais n'allez pas jusqu'à me croquer l'orteil / je m'en chargerai moi, étant contorsionniste") ; l'écriture hachurée en petits blocs est expressive, presque douloureuse ; en cela, le rejet "tranchez / vif" (entre autres) est un beau figuralisme. Tout me plaît dans l'écriture et dans les images produites, mêlant horreur et surréalisme, mais j'avoue ne pas saisir la démonstration : que veut dire l'auteur ? Est-ce un hommage à un film mettant en scène Musidora ? Dans l'attente d'explications, je m'abstiens de noter. Edit : La lecture des autres commentaires m'a permis d'envisager la mise en scène fantaisiste/surréaliste d'une opération chirurgicale, où "Musidora", la "crapaudine" et autres "griffes du froid" apparaissent comme des artifices bienvenus. Cela dit, je trouve dommage de ne pas éclairer davantage les lecteurs, surtout qu'un simple "Opération chirurgicale" en exergue aurait suffi à mon bonheur ! |
Vincente
2/11/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Il y a d'abord cette façon volontaire de "l'offrande" de soi aux bons soins de la médecine, entre la sagesse et la résignation, une acceptation de s'en remettre à l'autre… à fin de salut ! Exit celle d'en mourir tout de même comme le signale le vers : " limez les rostres, liez les pinces, tranchez
vif, mais n'allez pas jusqu'à me croquer l'orteil". La manière de "raconter", par anticipation, ce qui va se passer sur la table d'opération, est sans illusion, mais dite dans le registre illusionniste. La confrontation entre un réalisme cru et une expression surréaliste va emporter le récit au-delà de la bien-pensance, ou de la vérité littérale, il va falloir une certaine souplesse pour suivre le contorsionniste poète dans ses vers sinueux. Quand on y parvient, comme ça a été mon cas, ou pas, en tous les cas, j'y ai pris beaucoup de plaisir. Je citerais par exemple mes deux préférés : " Son baiser dans la main, chiffonné de formol, se presse avec précision à l'endroit fait pour la caresse à moustache et la respiration.". Ce n'est pas anodin d'évoquer l'anesthésie de cette façon et pourtant "le baiser dans la main"et "la caresse à moustache" sont d'une pertinence très inspirée. De même pour : " Qu'on m'ampute, qu'on profite, ôtez la pourriture par la douceur des lames.". "La douceur des lames" superbe trouvaille à double tranchant. Et la fin dans une veine toute opérante ne manque pas de panache… et contre-pied ! |
Robot
2/11/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
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N'ayant jamais eu le temps d'éprouver une quelconque sensation lors d'anesthésies, je ne me prononcerai pas sur la réalité de cette fantaisie du narrateur qui vient nus dire sa perception de son endormissement. On dirait cependant qu'il en éprouve une certaine jouissance allant jusqu'à solliciter comme une faveur qu'on le triture et l'ampute.
Le récit à un côté jouissif, avec une réserve: Qu'on ne lui croque pas l'orteil ainsi que paraît-il le faisaient les croquemorts pour s'assurer du trépas. Le patient le fera lui-même, s'il se réveille afin de s'assurer d'être vivant aprés sa dissection. J'ai passé un bon moment de lecture et de relecture. NB: En réalité, les curares ne servent pas à endormir. Ce sont des détendeurs musculaires qui évitent les mouvements incontrôlés. Pour les anesthésies ils sont associés à des produits narcotiques qui eux provoquent l'endormissement. |
David
2/11/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour Raoul,
De musidora à crapaudine comme entre les deux mots d'une rime, le poème apparait comme un vers, comme une partie d'un tout. Pas une parenthèse, plutôt comme un paysage vu depuis un train en marche. Je ne suis pas sûr des liens que j'ai glissé sous les deux mots du poème, mais la muse surréaliste et le mode de cuisson m'ont semblé pertinents. La première donnerait la clé, dans cette façon de voir le monde, de faire la poésie, pas comme un ornement mais véritablement comme un pouvoir, une rébellion intérieure, une quête de vérité plus profonde. C'est le dernier mot qui tomberait le voile, avec comme un humour de garde, sentinelle, pas juste un trait d'esprit pour tenter d'éterniser un moment, ou de le vivre plus intensément. C'est une posture : "en crapaudine", pas vraiment obscène, mais choquante sans doute appliquée à un corps humain. C'est choquant de décrire ainsi ce qui me semble un traitement hospitalier, comme une recette de cuisine, comme la cuisson du homard racontée par le homard, et même pire puisque la cuisine n'entraine pas le décès de son ingrédient vivant. Choquant, tintant, tintinnabulant... si le sujet est immobile, les mots semblent bien en mouvement, pas rompus, éplorés, lyriques devant l'aura d'une fin, mais bien vivants. Aucune couleur dans la lumière bleue du champ opératoire, comme un fond vert de cinéma préparant des effets spéciaux. Contorsionniste aussi me semble important, dans ce passage "comme un crustacé", ou le corps est décrit comme une carapace dont il faudrait savoir s'extraire. Ce n'est plus le corps et l'âme, c'est le corps dans le corps. Pour le titre : "Curare", je me suis rappelé que c'était un poison paralysant, donc que ça pouvait être une image "en crapaudine" d'une hospitalisation, tout simplement. L'étymologie du terme peut aussi renvoyer à une signification littérale amérindienne : "la mort qui tue tout bas" Le surréalisme, c'est aussi ne pas se laisser faire par le sens trop littéraire des mots. Je reste touché par une forte idée de liberté après cette lecture, malmené, bousculé mais revigoré. |
Donaldo75
3/11/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour Raoul,
Je me suis marré sur la fin, et je me demande encore pourquoi. Ce poème est très bien tourné, il a du jus, de la matière et sonne un peu comme une chanson folle. La fin est savoureuse. Le pire, c'est que dans ce délire versifié, j'ai senti du travail, de la précision, alors que le rendu donne l'impression d'un poème cueilli sur le vif, d'une expérience douloureuse vécue en direct. C'est ça un poème réussi à mon goût, quand la masse de travail ne transparaît pas dans la forme, que le lecteur trouve l'ensemble fluide, authentique, instantané même s'il doit replier ses neurones pour saisir le sens profond de l'ensemble. Bravo ! Donaldo |
Lariviere
4/11/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Bonjour Raoul,
Ce texte est un vrai régal pour le ciboulo, pour les oreilles et les zygomatiques !... Un humour très fin, très noir, comparable dans le ton et le rendu à certain recueils de B. Vian sur le même thème. Ici, les tournures de phrases, les jeux de mots sont jubilatoires et ne plombent pas l'ambiance au contraire. Le style est reconnaissable, singulier et abouti et toujours aussi bon malgré l'évolution des thèmes. J'adore les références (mention spéciale pour Musidora...). Comme souvent, c'est maîtrisé sur fond et forme, du début jusqu'au vers de fin (qui est excellent!). Les temps et contre-temps (enjambement vers 10) même en métrique libre sont agréable à la lecture et forment le rythme qui colle au propos ; personnellement, je suis fan. Sur le fond, c'est vraiment pas mal de réussir à poétiser avec succès ce genre de quotidien et ses "modes opératoires". Personnellement je trouve ça balèze, ca change un peu de la sempiternelle "poétique de l'autruche", celle qui nous déclame sans faillir les splendeurs des jolis fleurs à longueur de journée pour ne pas avoir à voir (!) les embûches et les pépins de santé qui s'annoncent pour tous... Ici, c'est tout le contraire, car si le sujet n'est pas gai, c'est le traitement choisi qui met le peps et qui est est vivifiant !... merci pour ça aussi ^^ J'aime beaucoup ce texte. Je salue "l'esprit et la lettre", le travail certain et je félicite l'auteur pour avoir réussi à faire ici quelque chose de léger, de fort et d'agréable, tout en restant parfaitement dans la réalité du contexte. Pour moi, c'est une performance. Bravo ! |