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Poésie en prose
Raoul : De ceux que nous observâmes
 Publié le 04/11/22  -  12 commentaires  -  2901 caractères  -  129 lectures    Autres textes du même auteur

III


De ceux que nous observâmes



Cette terre « étrange étrangère » remuait en nous des bizarreries – terreur, superstition, courage, inconscience ? Les Où et les Quand creusaient à la petite cuillère des questions qui restaient en suspens comme nous progressions prudemment et l'œil à l'écoute. Nous observâmes de curieux phénomènes.

Notes :
Le Gluant Sanglant mesurait près de six pieds deux dos (il est donc de la famille des vastes).
Il n'est pas très affable, il n'est pas très aimable. Son sobriquet – donné par une brève connaissance de lieu interlope – est le Saignant, car sous ses airs de tranquille, se cache un fourbe maniaque. Un ou deux de ses « Schlack-Schlack » suffisent à faire tomber une tête, voler des doigts et secouer de spasmes les ventres fendus et honnis.
Il suffisait de prononcer le nom de celui dont il ne faut pas prononcer le nom, pour voir la terreur écarquiller les yeux de l'interlocuteur, son ouverture s'obturer et son cartilagineux se replier prestement jusqu'au fond caverneux de sa coquille.
Qu'on perçoive seulement son bruit caoutchouteux de bottes et gants suffisait à rendre fantôme un bourg et ses faubourgs ; et on n'a pourtant pas très froid aux yeux par ici. Aussi, raison gardons : bien que spongieux souvent, il est simplement préférable de ne pas croiser son regard avant que.
C'est au decrescendo du jour que d'ordinaire il sort, d'une démarche maladroite au fond, qu'il soit plein ou qu'il soit vide.
On ignore tout de sa vie gastrique intime, peut-être est-ce parce qu'il est puceau qu'il est si enragé. Alors, dans la cité menacée, politiquement c'est l'art des tergiversations : lui offrir une Fessue pour le calmer – risqué, mal vu des ligues – ? L'abattre au burin comme une rage de dents ou un tétanos – dangereux, incertain et coûteux en vies – ? Le nourrir ?
On palabre, on palabrait pendant que ça saigne et que ça saignait.

Une seconde créature nous inquiéta autant que la première…
Explicite, comme son nom l'indique, le Dentu est peuplé de dents. Mâcher c'est marcher et marcher c'est mâcher le chemin creux ou l'herbe rouge sang et comme rumination est sa pensée, le Dentu est un être profondément nostalgique. Tourné vers le passé et ses exploits il éprouve le mal d'avancer, alors, dos face à sa problématique réalité, il recule tout recroquevillé sur lui-même.
… Solution temporaire, la digestion reste difficile.

Et puis, il y eut la Sucrée, celle qui voulait tuer quelqu'un, quelque chose, lui serrer le cou pour couper court à sa torpeur et à sa peur.
C'était pourtant peine perdue car à salamalec dodu, à plume que veux-tu, à mots garbure saugrenus, à sauterelle dévêtue et de sa langue inusitée – Rapanui ce méconnu –, à pluie en cavalcade de cornue physique, à la mode de ciguë et souterraine déconvenue, tout en tombant de Charybde en Scylla, nue, elle ne faisait que fuir.


 
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   Gabrielle   
24/10/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
Un texte d'auteur difficile à lire.

L'extrait qui évoque un microcosme, des créatures qui le composent ainsi que des hypothèses d'évènements devant ou non se dérouler en son sein.

Les termes sont crus.

Il manque au lecteur la lecture de l'oeuvre complète pour saisir le sens profond de l'idée de l'auteur.



Belle continuation.

   papipoete   
4/11/2022
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
bonjour Raoul
Je ne veux pas ouvrir le dictionnaire, mais je crois comprendre que l'auteur nous parle, en termes alambiqués, de ces champignons charmeurs auxquels il vaut mieux ne pas succomber... au risque de s'en tordre les boyaux, ou même aller taquiner les racines de pissenlits !
NB mais il faut s'armer de lueurs magiques, pour vous suivre dans vos pérégrinations !
C'est fortement illustré de métaphores, mais le commun des lecteurs saura-t-il déguster ( faute de cèpes ) vos lignes ?

   hersen   
4/11/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un regard de naturaliste réjouissant, qui observe ce qu'il découvre, comme peut-être nous avons omis de découvrir la Terre.
C'est un regard qui invite à observer l'inobservable, c'est assez foutraque pour ça ! et qui laisse le naturaliste observateur, et non juge.

Il me semble que cela remet en question une hiérarchie admise...

Une lecture qui sort des sentiers battus, battus par des êtres dentus, ou mous, ou sucrés, ou bien des Gluants ?

Top !

   Lotier   
4/11/2022
Un texte en hommage aux premiers habitants de l'île de Pâques, hommage, je ne sais pas, en tout cas point de départ, sans doute digression à partir des statues de ladite île, les moaïs, dont les corps sont souvent enfouis.
Il prend la forme d'un conte qu'on pourrait raconter à ses enfants, dans la mesure bien sûr où l'on ne veut pas qu'ils dorment et qu'on les déteste suffisamment…

   Anonyme   
4/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Dès la première phrase des Notes :
Le Gluant Sanglant mesurait près de six pieds deux dos (il est donc de la famille des vastes).
cela m'a frappée, je lisais quelque chose qui me rappelait furieusement Claude Ponti, par son étrangeté à la fois radicale et toute naturelle. L'impression s'est prolongée tout au long de ma lecture.

Alors j'aime fort, c'est clair, et dans ma tête flottent des illustrations de Claude Ponti pour accompagner le texte, toutefois en bémol je dirai qu'il y a un poil trop d'insistance allitérative à mon goût, que j'assimile à un recours à la facilité pour « faire claquer ». Comme j'ai dit, mon goût.

   Quistero   
4/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
'L'œil à l'écoute', ça ma parle d'emblée. Je n'ai jamais observé pareille terre, pas même en rêve. Une lecture enrichissante, donc. Merci. Savez-vous ce qu'ils disent de nous?

   Donaldo75   
4/11/2022
Allez, je me risque à un commentaire vu qu’il y a une série de poèmes dont je n’arrive pas à saisir le pourquoi du comment et que celui-ci en fait partie. Je trouve que ce texte raconte beaucoup – trop à mon goût et dans ce que je comprends de la poésie en prose mais bon, passons la problématique des tiroirs où classer les écrits – et je ne suis pas vraiment client de cet univers avec le « Gluant Sanglant » et autres qui me font inconsciemment penser à l’univers fantasmagorique de l’écrivain canadien de science-fiction A.E. van Vogt. Et je me dis à la fin de ma lecture : « tout ça pour ça ? » ou sa variante « et alors ? » parce que soit je n’ai pas compris le second voire le troisième degré de ce texte – je lis d’autres commentaires et je me sens effectivement loin d’avoir appréhendé l’essence primordiale de cet écrit – soit il manque quelque chose, un bout, un début ou un milieu ou une fin pour ouvrir des pistes et me dire que ce n’est pas écrit pour écrire un truc décalé que seule une minorité de lecteurs – je ne la qualifie pas d’élite vu comme ce terme a été galvaudé récemment sur les forums au point que ça ressemble presque à une insulte ce qui n’est pas mon intention – peut comprendre comme dans le fameux sketch des Inconnus où Didier Bourdon campe l’artiste peintre exilé argentino-roumain Juan Romano Chucalescu interviewé dans le cadre d’une émission de la chaine culturel la Set par un journaliste parisien interprété par Pascal Légitimus, avec cette fameuse réplique : « Vous avez déclaré que vous étiez avant tout un déstructureur d’intemporalité ? ». Je ne peux pas dire si j’ai aimé ou pas, je me dis seulement que les mouches ont du avoir mal au fondement ce jour là.

   Mintaka   
4/11/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonsoir Raoul,
J'aurais attribué un note meilleure en Nouvelle mais en poésie je suis déconcerté car justement je ne la perçois pas ou si peu.
C'est très personnel evidemment mais c'est un peu ce qu'on nous demannde ici.
Je ne suis donc que peu sensible à ce texte mais le travail est quand même présent.
Une prochaine fois je n'en doute pas.
Merci Raoul

   senglar   
4/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Salut Raoul,


Une terre désormais aux mains d'"étranges étrangers", des mutants qu'il faut déterminer comme détermine et classe un entomologiste (mais quand intervient l'entomologiste il est déjà trop tard).

A force de "Où" et de "Quand" on tente d'isoler en les caractérisant les déviants qui tyrannisent une population pour l'instant encore troupeau accommodant qui n'aura d'autre choix que de se plier à la tyrannie des nouveaux mentors avant probablement de devenir comme eux.

Le premier, peut-être le plus dangereux, est le "Gluant Sanglant", on devine qu'une "Fessue" ne lui suffira pas et s'ils essayaient tout simplement la fessée, cela vaudrait toutes les guerres. Il manque d'amour ce géant.

Le second est encore un méchant, le "Dentu", du moins il annonce la couleur. Il mâche tout. Une solution : Laissons-le se mâcher lui-même. Il est déjà recroquevillé. Faisons-lui goûter l'une de ses extrémités...

Le troisième est une troisième, la "Sucrée", elle veut tuer mais elle fait sa sucrée et elle est nue, percée à jour elle ne peut que fuir. Attention celle-là doit avoir beaucoup d'adeptes !


J'ai pensé aux "Innommables" de Claude Klotz alias Cauvin... et puis aussi à Fluide Glacial. Déjanté et génial ! Hilarant et néocidaire !

Vite la suite de l'étude, on connaîtra notre avenir. Au travail les "Où" et les "Quand", que l'on sache le Pourquoi du Comment. Le Qui Ben on sait déjà, cette grande andouille d'Homo pas Sapiens. Bon, sur l'Île Pâques ça s'est mal terminé... C'est mal barré !

Laissons Raoul aux manettes :)

   Pouet   
5/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Slt,

le genre de textes que l'auteur aime bien produire, comme dans le "Quadriptyque aux bêtes" par exemple.
C'est bien, c'est décalé et fatasmagorique juste comme il faut. Cela peut faire penser à certains trucs de Michaux mâtinés de Lovecraft.
Mon préféré c'est Le Dentu qui me renvoie - comme un volant de badminton en plumes de phacochère - à Le Dantec (Félix) sans conviction particulière ni relation bien établie.
"Mâcher c'est marcher et marcher c'est mâcher le chemin creux ou l'herbe rouge sang et comme rumination est sa pensée, le Dentu est un être profondément nostalgique. "
est mon passage favori, allez savoir pourquoi, si seulement je savais... - mais alors, sans doute, ne l'aurais-je point stipulé.

   Malitorne   
12/11/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je tenais à commenter ce texte étrange et original avant qu’il ne disparaisse de la page d’accueil. Pas certain que ce soit réellement de la poésie mais qu’importe, il est suffisamment évocateur pour engendrer toutes sortes d’images fantastiques, plutôt inquiétantes. On n’aimerait pas se promener sur ces terres indéfinissables et tomber nez à nez avec ces créatures issues de nos plus sombres cauchemars. Vous n’en dites pas trop pour que nos peurs archaïques fassent le reste, procédé narratif efficace. Je pense vraiment que ça ferait une chouette nouvelle, davantage étoffée, dans le registre horreur/épouvante. Le titre aussi, bien vu, il interpelle, intrigue. Jamais évident de trouver une accroche.

   Phicai   
13/3/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Modéré: commentaire trop peu argumenté


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