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Geigei
14/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Le vocabulaire nous donne à voir des personnages d'un monde rural, figé au milieu du XXe siècle, humide, pauvre et en conflit.
Les pieds boueux sont grands. Au lecteur de faire la mise au point sur l'image pour savoir pourquoi ces pieds seraient plus grands que la moyenne. La boue ? Les bottes ? Les sabots... non, quand même pas. "sacrifiée", "toussent", "band'velpeau", "mâchée" appartiennent au lexique de la douleur. C'est bien, selon moi, d'avoir décrit un instantané "objectif" sans le commenter plus que ça. |
Jemabi
15/8/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Ce n'est peut-être pas un texte parfait mais il est riche en visions qui nous plongent dès les premières lignes dans l'atmosphère à la fois feutrée et décalée du début du XXème siècle, au temps où les sorties en famille relevaient d'une véritable expédition. J'aurais personnellement mis un point avant chaque majuscule, et aussi évité la répétition trop rapprochée de "grands pieds boueux", mais ce sont là de simples bémols devant un poème que j'ai trouvé réellement original dans son esprit misanthropique, et dont l'impact demeure puissant une fois la lecture achevée.
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Ornicar
17/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Tout est paysage en effet. Et tout mérite qu'on s'y attarde. Tout est paysage et tout paysage nous dit quelquechose des hommes et des femmes qui l'habitent, s'y déplacent, y vivent.
Ici, tout n'est que flétrissure, blessure, meurtrissure : "la glaise est sacrifiée (scarifiée ?), la terre est "mâchée", même le ciel ("blanc") ne voit plus le bleu depuis longtemps. Dans ce décor, tout un peuple laborieux s'affaire et se presse : gens de peu, besogneux de toutes sortes, hommes en bleu (de travail ). Grands pieds boueux. Les hommes y sont réduits à leur fonction économique de "mâles laborieux", les femmes, à celle de reproductrices d'un prolétariat chair à canon ("femelles mères"). Ainsi va la vie jusqu'à l'irruption de la guerre dont l'ombre plane avec ce "tank esseulé...affamé de vengeance", comme un rappel de celles du passé, présentes et voisines, ou à venir. On pense, bien sûr, à nos territoires de l'Est et du Nord qui ont payé le plus lourd tribut à la folie guerrière des hommes, au charbon, à l'acier. Texte hommage à la multitude des sans grade. Texte mémoire aussi pour ma part. L'écriture ne s'embarasse pas de fioritures, va à l'essentiel, resserrée qu'elle est par une métrique courte, celle de l'hexasyllabe, rythmée par ce vers, "Et de grands pieds boueux", qui résonne comme un leitmotiv lancinant. Pour tout dire, de cet ensemble émane une certaine force qui retient mon attention et mérite qu'on s'y arrête. |
Eskisse
29/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Bonjour Raoul
Je trouve judicieux d'avoir choisi une forme qui s'apparente au "cortège" créant une monotonie dans les énumérations et qui rend paradoxalement parfaitement l'atmosphère de chaos de la guerre grâce aux images ( " la glaise ...sacrifiée" par exemple) à la sobriété lexicale. Vous auriez pu tomber dans le piège des horreurs de la guerre et vous n'avez pas fait ce choix offrant au lecteur une image plus frappante. Le leitmotiv des "grands pieds boueux" contribue à suggérer la détresse. |
Robot
29/8/2023
trouve l'écriture
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et
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J'élimine d'emblée un paysage de guerre. En effet les vers finaux disent que la terre est mâchée COMME sous la chenille d'un tank? Ce n'est donc qu'une métaphore.
J'ai plutôt le sentiment qu'il s'agit d'un paysage de souvenirs bouleversés d'une époque dont le narrateur rassemble les bribes. Les pieds boueux qui reviennent au long du texte sont peut être un rappel obsessionnel de la laideur ou de la difficulté; une image qui s'impose au milieu d'autres réminiscences. Je ne sais pas s'il faut vraiment se poser la question de savoir quel est ce paysage. En tout cas, si on décide de lire ce texte sans lui chercher un sens particulier on se laisse imprégner par les images qui forment ce paysage virtuel. |
Pouet
29/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Slt,
peut-être une vision d'après où de guerre dévoilée à la fin assez originalement tournée non dénuée de force évocatrice. En tout cas ça crayonne gris. La glaise, la terre mâchée, la boue où viennent se poser ses grands pieds, d'ailleurs pourquoi "grands" je n'ai pas vraiment percé le mystère. Sans doute que la marche est longue... ou un clin d'œil clownesque, un côté décalé, presque cartoon peut-être pour jurer avec le "sérieux" du reste où alors la boue qui agrandit les godillots en s'y collant. Demeure un texte agréable à lire malgré sa noirceur ou à cause avec des formulations qui font mouche. Merci pour cette lecture. PS : pour moi le texte est plus "libre" que "contemporain". Au plaisir. |
papipoete
29/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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bonjour Raoul
" misère de René Richard " ce soir je suis dans la rue, je fais les poubelles.. " ou bien " ces gens-là de Brel " si bien repris par Ange... Votre texte m'apparait écrit comme ces chansons. les mâles pour les hommes, et des femelles mères pour ces moitiés qui ne font que travailler, à en avoir des pieds boueux... tout le temps ! La terre d'ici n'est point celle de golfs aux 18 trous, qu'effleurent les roues d'un caddie, plutôt celle " mâchée sous la chenille d'un tank esseulé " NB on pourrait croire une scène de vie, du siècle d'avant avant, avec cette peinture du monde paysan ? à voir le développement du thème, je songe plutôt à un pays en guerre, ( pas bien loin à l'est... ) L'écriture en " mors élaboré ", saute à nos yeux nous baffant au passage, nous qui n'avons pas ces accoutrements-là ! la seconde partie, à partir de " le ciel est presque blanc... " a ma préférence. Au 2e vers, " sacrifiée " est-il le mot désiré ? j'aurais plutôt vu " scarifiée " mais ce n'est que mon avis ! |
Provencao
29/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Bonjour Raoul,
J'aime bien la force qui se dégage de cette poésie où les grands pieds boueux prennent office est c'est en cette force que littérature et histoire prennent survie de l’homme. Belle écriture, avec ces mots force de la réalité sous la glaise sacrifiée de chemins... Au plaisir de vous lire Cordialement |
Cyrill
29/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour,
Ces grands pieds boueux trois fois assenés, si j’excepte le titre, pèsent de leur poids sur le paysage de l’humanité que vous donnez à voir. Un tableau qui dit le labeur et le manque, la difficulté quotidienne. Des personnages qui semblent marcher d’une guerre à l’autre, de la reconstruction à la prochaine destruction, le tank isolé attendant son heure. La palette de couleurs est riche, les protagonistes le sont de par ce qu’ils inspirent d’empathies dans ces vers aux angles acérés. Merci pour le partage. |
David
2/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
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Bonjour Raoul,
Il ressemble à un nom indien, ce titre, comme "grand corps malade" d'ailleurs, comme une sorte de poésie naïve, au sens de native, première. Pour le poème en entier, je pourrai imaginer une photo en noir et blanc : les hommes, les femmes, le bus, les enfants. je dis en noir et blanc mais justement, le premier vers pose des couleurs, et même des criantes : ce sont des couleurs de mobiliers urbains ou d'employés de la ville. C'est le ton général qui m'évoquait le noir et blanc, et les couleurs, ça me fait penser que ces histoires de dames au fichus, de bus qui toussent, de tank, ça existe encore. Il y a un effet temporel dans ce texte que je relate de mon mieux : primitif, historique, contemporain. Je le retrouve même dans une toute petite part : la marmaille édentée. C'est comme de rassembler les enfants et les vieillards dans un même corps. Bien sûr, les tous jeunes enfants peuvent avoir une dentition incomplète naturellement, mais "édentée" est plutôt utilisé pour les vieilles personnes, ou même pour les miséreux, comme si le mot avait quelque chose de définitif qui ne correspond pas aisément aux chutes des dents de lait. Plus prosaïquement, ce que je lis, c'est d'abord un tableau d'une foule prenant des bus, une foule urbaine, ouvrière, familiale, il doit bien y avoir une route, mais c'est la terre étrangement qui est la plus présente. À la fin arrive un "Nos grands pieds sont boueux", le narrateur surgit dans le tableau, il précède la fin du poème dans sa boucle entre la glaise sacrifiée et la terre mâchée, et le tank en fait, il n'est pas vraiment là, il sert d'image. Et le dernier mot du poème, c'est "vengeance". Je n'ai pas imaginé en premier le poème comme évoquant un exode douloureux, celui de 1940 par exemple, peut-être un autre, mais cette lecture serait cohérente avec les propos. En premier, j'ai pensé à quelque chose de plus symbolique, à une sorte de métaphore de l'apparition de la vie, où "vengeance" serait le cri de l'humanité contre l'inanimé. Cette glaise, cette terre, était comme le matériau biblique de la création, les gens aux "grands pieds boueux" étaient cette humanité en train de prendre forme et vie, et se regardant être. Les bus et le tank, c'était le destin, je me dis en souriant... Bref, une poésie vive et riche, singulière. |