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Anonyme
6/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Je trouve votre poème direct, ramassé et expressif ; tout à fait dans l'air du temps au moment où sort le film « Tirailleurs », j'ignore si c'est l'annonce de cette sortie qui vous a inspiré.
J'imagine donc un de ces tirailleurs effaré devant le spectacle qu'offrent les « civilisateurs », découvrant que la terre peut se transformer en matière hachée qui engloutit les villages. La dernière strophe marque la révolte de l'observateur. Pour moi, l'ensemble est bien construit mais manque un peu de « niaque » : champ lexical plutôt neutre, sauf à la toute fin (« bourg » notamment m'a fait tiquer, trop gentil et champêtre), rythme peu heurté qui me semble peiner à traduire la sidération du malheureux jeté au front. En gros, une expressivité présente mais trop raisonnable, trop rationnelle pour le sujet. « Boucher », comme apostrophe à un ogre dévoreur de chair à canon, cela m'apparaît tiède. « Broyeur de Noirs » marque mieux mais, c'est dommage, sa position dans le texte ne le met pas pleinement en valeur à mon avis. |
Robot
6/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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La citation de Nivelle explicite encore plus ce texte libre. Une image sordide de ce que les poilus africains des colonies françaises ont pu vivre.
Le récit est exposé dans une écriture marquante qui lui donne sa force. Je trouve l'introduction qui semble lié l'humain et le végétal dans une même destruction trés habile. |
papipoete
6/1/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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bonjour Raoul
Un sujet d'actualité, avec " tirailleurs... " avec Omar Sy, dont le général Mangin fut un fin " dénicheur ", pour trouver chair à canon pour la grande guerre. Le Mont des Singes en est témoin dans l'Aisne où tant de sang fut versé, coulant d'hommes noirs de peau... NB tout comme un certain Nivelle, les méfaits d'un Mangin, envoyant à la mort sans aucune chance d'en réchapper, il ne reste plus de traces de ces boucheries, où les corbeaux se chargèrent de nettoyer ces cimetières sans tombe... mais d'y songer, on imagine ces pauvres gars, dont le froid, la neige était inconnus, se trouver là, la fleur ( fanée ) au fusil. Une narration sur le vif, où l'on n'épargne pas " le sang noir pour conserver un peu de blanc " Combien de fois, entendant parler outrageusement du " noir africain ", j'eus l'occasion de citer ce moment de l'histoire française, et bien d'autres mais sans convaincre ! Une écriture forte et crue, mais très poétique pour, des choses le dire... la première strophe avec son vers " dorment déjà encore toujours... " est mon passage préféré. |
fanny
6/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Super gais les textes de la rentrée, vous vous êtes donnés le mot non ?
C'est un peu comme si novembre s'était éclipsé aussi quelques temps car il en a marre qu'on lui attribue tous les ans un flot de cercueils et de chrysanthèmes fanées sur fond de cérémonies macabres et qu'il ait refilé tout cela au mois de janvier. A part que janvier c'est un mois chic, c'est du champagne dans les cotillons qu'il vomit, pas de l'hémoglobine sur les champs de bataille ni des hamburgers pourris sur le canapé. Toutes ces remises en questions alors qu'on a encore la gueule de bois c'est fatiguant. Quoi ? les autres ils avaient la gueule ensanglantée et c'était fatiguant aussi, bah chacun ses petits soucis hein. Bonne année, bonne année, Ha excusez-moi, j'ai encore quelques os à vomir, des os noir en plus, au début j'ai cru que c'était du caviar, mais non, bon heureusement avec les restes de foie gras ça fait glisser. Comment ? ha eux c'est dans les charniers qu'ils glissaient avant de mourir ? Ha bah je sais pas j'y étais pas et puis après moi le déluge. Quant à cette façon de traiter tout les blancs de toubabs, c'est tellement discriminatoire. Excusez-moi encore, je crois que j'ai une phalange coincée entre les dents, Raoul, il ne vous reste pas un peu de champagne que je me rince la bouche ? Bonne année, bonne année |
hersen
6/1/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Bon.
Il y a une impression générale qu'un seul mot du poème me fait clairement voir, identifier. ça fait un bout de temps que je cherche que je cherche que je cherche comment je pourrais qualifier la poésie de notre sieur Raoul. Hé bien il vient de me donner le mot, de ces mots qu'on passe et qui passent : la poésie de Raoul est une poésie désossée. Et c'est tout ce que j'aime, qu'on ne me laisse plus que la moelle à sucer, suçoter au-delà de la raison, qu'on libère l'os de tout son gras qui ne sert à rien, de sa peau qui cache la misère. Un très gros TOP tout sec pour cette poésie que bon, c'est pas seulement que j'aime la lire, que ça me soulage qu'on l'écrive, mais c'est surtout que ça me donne vraiment envie d'écrire. Et de lire. |
Catelena
6/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Poème à éviter si l'on veut garder ses bonnes résolutions du début d'année.
Bon ben oui, il faut répéter encore et encore pour renforcer une mémoire trop facilement défaillante, et la poésie est là pour ça... Sauf que moi, la poésie je l'aime quand elle me distrait de toutes ces hallucinations anxiogènes, cette ultra violence extravagante qui habitent l'homme, mon frère humain. Tant pis, je dois reconnaître au poète Raoul de l'adresse dans son uppercut envoyé sans ménagement pile là où ça fait un mal de chien. Grr... Merci au Poète. Elena, qui laisse les orties et s'en retourne jouer avec les roses |
Vincente
7/1/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Si j'ai été rugueusement accroché par toute la prose de ce texte, c'est d'abord la strophe finale qui m'a "séduit". Bien sûr, la séduction ne se porte pas dans une sorte d'appréciation d'une beauté, mais bien là d'une prégnance poétique accomplie. Quand je lis ça :
"Mangin broyeur de Noirs tes rigoles de sang n'ont pas de garrot Boucher !" Je ne peux que me dire que la poésie c'est ça ! Ce formidable mariage en triptyque d'une véracité totale, d'une nécessité absolue et d'une écriture dépouillée mais dont les ellipses sont d'une efficacité radieuse. J'ai aussi trouvé une inspiration éprouvée dans cette image : "La Terre hachée menue avale tout un bourg comme un piège à mâchoire" qui comme le final possède ces trois composantes efficientes. De la belle ouvrage, et en plus nécessaire… Pas beau le lieutenant-colonel Mangin, mais le drame supplémentaire, s'il en fallait un, c'est qu'il est emblème, et n'a pas su dissuader l'homme d'autres horreurs du même registre. |
Pouet
6/1/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Slt,
on disait babtous, nous, quand on était jeune... Y a pas un film qui va sortir ou qui est sorti sur ce thème, les "tirailleurs sénégalais" de la Grande guerre? C'est d'actualité. La boucherie n'a pas de couleur mais on parle plus de certains sangs qui eux aussi ont les mêmes. De couleur et de boucherie. Le ton est sec, buté, il parle fort. De l'historique vraiment bien amené, avec un angle tranché. J'ai beaucoup aimé le style et l'intention. Bravo |
Eskisse
7/1/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
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Bonjour Raoul,
L'écriture est habile qui mêle destruction de la nature et des hommes, les images sont percutantes ( le "chrysanthème de feux " pour les explosions) , la terre est personnifiée en monstre dévoreur. Elles recèlent, suggérée, la maxime L'homme est un loup pour l'homme. Et surtout le lexique du broyage est distillé tout au long du poème. L'adresse à Mangin constitue le point d'orgue de la dénonciation et le participe " tus" , isolé, nous invite au devoir de mémoire. Une poésie majeure contre l'oubli. Merci |
gino
7/1/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
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Bonjour,
D’abord, il m’a fallut chercher ce que veut dire Toubab. Merci Wikipedia. En Centrafrique, mon pays, on les appelle M’Bounjous (dérivé de bonjour). Après la première lecture j’ai eu un écho très lointain des Charniers de Guillevic. Mais. Très lointain parce que Guillevic es resté tout en images simples et feutrées avec un pouvoir suggestif et allusif immense. Mais non. Ici ce n’est pas Guillevic. J’adore de le début « de phalanges en phalangines » Et immédiatement cela me fait penser à Malaparte qui raconte comment un soldat français (magrébin) avait vu sa main amputé par un mortier. Toute la compagnie chercha la main aux alentours. Introuvable. Et le soldat pleurait. Ce n’est qu’apes le repas du soir, ragout de mouton, qu’on retrouva la main. Dans l’assiette de Malaparte ! Dans la 2ème strophe, le Mont des Singes nous situe. Mais « chrysanthème de feux » belle image, c’est vrai mais êtes-vous sur qu’elle soit à sa place ici ? Moi non. Je trouve la quatrième strophe « les oiseaux planent avec les âmes ….. » faible. Trop facile. Les oiseaux qui emportent l’âme des morts. NON et non. Trop cliché. La dernière strophe est inutile. Vous faites trop d’honneur à Mr Mangin de le prendre dans votre poème. Surtout que vous le déguisez en Frankenstein. Laissez le lecteur se faire sa conclusion. Ne lui mâchez pas les mots. Ne lui expliquez pas tout. Enfin le dernier mot « Boucher! » trop usagée comme insulte. (Et par là même vous insultez tous les gens qui font métier dans la boucherie.) Et il ne faut pas oublier non plus que vous avez tous chanté des centaines de fois la brutale Marseillaise « ...qu’un sang impur abreuve nos sillons… » avec des trémolos dans la voix. Dons des bouchers il y en a à foison. En résumé ; l’idée de faire ressortir en mots les injustices de l’histoire est magnifique. Mais une bonne idée ne fait pas une bonne poésie. J’ai ‘impression en le lisant d’être dans un atelier d’écriture. Sujet, le Mont des Singes. Et vous avez écrit cela en 25 minutes. Vous êtes loin de votre Venus (Hottentote) et se quelqu’un autres poèmes de vous. Je suis désolé mais je suis très exigent. C’est pour cela que je n’écrit pas. |
Luz
7/1/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Je ne sais que dire, c'est sublime. Misère et vérité inimaginable.
Un ancien de 14, regardant quelques images de la guerre du Vietnam à la télé noir et blanc dit un jour : "mais, il y a encore des arbres ?" Belle et terrible poésie libre. Merci d'avoir écrit cela. Luz |
Tadiou
7/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Bonjour Raoul. Je commente très rarement des poèmes.
J'aime bien quelques images : un arbre démembré, la glaise des charges vaines, la Terre hachée menue, les oiseaux planent avec les âmes... Mais ayant vécu, enfant, près de Verdun, je garde en mémoire ces cratères qui perdurent, cette terre toujours dévastée, tout ce gris et toute cette mort. Et ces monuments comme des squelettes ou des linceuls. Je reçois ton poème comme délicat. Mais soft à l'aune des images que je garde. |
Marite
7/1/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
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Toute l'horreur des guerres se retrouve dans ce poème. Chaque strophe nous offre un tableau si précis qu'il est difficile, en les lisant, de prendre de la distance avec la description effroyable mais réaliste qui en est faite. Le bouleversement des éléments de la nature, victimes eux aussi, accentue le ressenti éprouvé. L'Histoire, hélas, contient une liste assez conséquente de nombreux faits, aussi terribles, quels qu'ils soient et quel que soit le continent où ils se sont déroulés. Aussi j'aurais plus apprécié une approche moins restrictive par le titre, la dernière strophe et la citation.
PS. "est indifférent" est sorti automatiquement alors qu'aucune appréciation pour le ressenti ne me convenait ... il me semble qu'il manque une étape dans la liste proposée. |