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Poésie en prose
Raoul : L'agent conciliateur
 Publié le 30/10/24  -  6 commentaires  -  2008 caractères  -  104 lectures    Autres textes du même auteur


L'agent conciliateur



Avec sa trogne noueuse en fourneau de pipe, de Belzébuth, l'agent conciliateur à chapeau est de retour parmi les meilleures salutations distinguées. Sa cigogne l'a distribué au bout du jour le plus long. Las, ici planté, il pense rumine à son papa et ses moustaches Nap III qui fume pour oublier qu'il fuit de la tête. Il pense à son papa qui ne pense pas, en vieille peau de vieux beau.
Le jour finit par rendre gorge, le soleil en tranche d'agrume se pique à un clocher, dormira-t-il cent ans ?
L'agent conciliateur au couvre-chef est de retour, à ce qui se dit, des Amériques venteuses.
Il a posé ses petits bagages au terminus de l'hôtel de la clef et va se rafraîchir à l'eau de la claire fontaine où vous n'avez jamais navigué avec votre frêle et petit voilier de galopin.
Et à l'ombre tiède des arcades de la galerie, les agités s'agitent, les fourbes fourbissent leurs âmes rancunières. Des mirages passent.
L'agent conciliateur est un dandy avec son remarquable chapeau ; il chasse la tache odieuse qui persiste sur son épaule, de deux pichenettes des quatre doigts que lance le pouce. Attablé, nu-tête soudain, au café, d'une page blanche baignoire, il fait un toboggan vers l'inconnu, vers des cartes, vers cette cocotte en papier où les voyelles ont des portes d'ivoire, et quoi, on le croit séance tenante ?!
Il nous attend peut-être en s'occupant, je ne saurais le dire, pas intime assez.
Avec sa trogne à chapeau de fourneau noueux, l'agent conciliateur est en marche pour demain soir, chevauchant une draisienne. Sa mémoire le contraint à ne tourner qu'à droite, comme à New York. Pas l'ombre d'un yellow cab ici, et cela ne nous dit point où l'on va.
Pas loin.
… Possible même, qu'il soit le protagoniste d'une des Nouvelles en trois lignes.
« À Trianon, un visiteur s'est dévêtu et s'est couché dans le lit impérial. On conteste qu'il soit, comme il le dit, Napoléon IV. »*

____________
* Félix Fénéon.


 
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   EtienneNorvins   
30/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
n'aime pas
L'obscurité du propos rend le texte difficile d'accès.

L'utilisation de métaphores complexes et d'images déconcertantes crée une atmosphère qui pourrait intriguer, mais elle finit souvent par perdre le lecteur dans un labyrinthe de références obscures et de jeux de mots alambiqués.

Le personnage central, "agent conciliateur" (de quoi ?), apparaît comme une figure aux contours inquiétants (sataniques ?), mais son rôle et ses motivations demeurent très flous.

L’absurde semble vouloir régner, mais le mélange d'éléments historiques, comme les moustaches de Napoléon III, et de détails plus contemporains, comme le yellow cab, crée une cacophonie temporelle qui, loin d’enrichir le propos, laisse une impression de désordre plutôt que de créativité.

En somme, si le poème peut séduire par son audace et sa singularité, si l'intention de créer un univers poétique riche est palpable, la difficulté à en saisir le sens ou au moins une direction, rend le tout moins accessible et, pour mon compte, frustrant.

   Cyrill   
30/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Le personnage est portraituré avec un burlesque consommé. Même sans en connaître rien, et me demandant pourquoi diable il serait un "agent conciliateur", je me dis en lisant ce texte foutraque que le surnom lui va bien.
"Possible même, qu'il soit le protagoniste d'une des Nouvelles en trois lignes" : c'est c'est ce que je découvre après quelques recherches. Et votre prose a su capter cette drôlerie particulière et cet absurde pince-sans-rire que je lis également dans ces Nouvelles en trois lignes.
Sur que vous m'avez donné l'envie d'en lire davantage de Félix Fénelon, et que je me suis royalement amusé à lire cet écrit inspiré.

   Provencao   
30/10/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour Raoul,

Avec sa trogne noueuse...C’est cela pour moi, la fonction de la poésie, faire être ce qui n’est pas, faire obstacle à l’ineffable, par la saveur d’une attitude, d'un comportement renouvelé et singulier, voué à l’interprétation, qui en se mesurant à l’ironie de la perte du sens, renforce la puissance et l'ingéniosité de cet agent conciliateur.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Pouet   
31/10/2024
Slt , ce conciliateur a des allures de médecin de la peste mais peut-être fait-il des "calculs" pour ménager la miction de Badinguet, ce n'est pas un pisse-froid. Napoléon lll ne fuit pas que de la tête...
Peut-être que l'empereur a-t-il fini dévoré sur un rocher par un monstre marin?
Le conciliateur en discute avec Adam. Sûrement en palindromes. Il en a gros sur la golden.

   David   
2/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Raoul,

J'ai pensé à L'O.N.U. pour cet "agent conciliateur", mais je ne crois pas vraiment que le poème soit un message codé. J'adore la forme, je ne saurais dire le nom, cette façon de prolonger le propos de façon un peu absurde, ou pas, comme dans :

"l'agent conciliateur à chapeau est de retour parmi les meilleures salutations distinguées"

Ça ne veut pas vraiment rien dire, ou pas moins qu'un "choisissez vos essentiels !" que je lisais dans un mail de pub, je veux dire de prendre comme un nom quelque chose qui ne l'est pas, dans la syntaxe. Au-delà de la pub, c'est une part du langage commun, contemporain, qui ne sera sans doute compris qu'à l'époque où il a lieu. C'est une poésie d'un jeu sur le langage, sur sa vacuité, mise en forme d'une façon plus ludique, déconnecté des références culturels sur lesquelles jouent la publicité... la diplomatie ?

Le poème est joli et chantant, même burlesque avec cette histoire de chapeau, je pense à Charlie Chaplin. Il pourrait même être "tourné", en cinéma muet.

Il finit sur une touche de folie de son ton 19ème siècle, avec cet anarchiste en citation, difficile de ne pas y lire une envie de tout péter, de ne pas être conciliant justement, ou d'écrire un poème.

   Catelena   
9/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Une petite bulle réjouissante où les formules tricotées entre-elles laisse entrevoir un monde déjanté, mais pas tant que ça.

Bien entendu, de l'histoire je n'ai pas compris grand-chose, voire rien du tout, mais j'ai bien aimé la balade dans l'absurde au bras de cet « agent conciliateur en chapeau » avec « sa trogne noueuse en fourneau de pipe, de Belzébuth ».

Le plaisir pris, à jouer avec les mots et certaines images qui se déroulent dans le secret de la tête, est évident. Il m'a ravie.

Merci.


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