|
|
Donaldo75
20/9/2019
a aimé ce texte
Bien
|
Bonjour,
J'ai bien aimé ce poème même si je l'ai trouvé surchargé par moments. Il m'évoque une forme de psychédélisme, un peu à la manière des films de Georges Meliès, ou d'Alice au Pays des Merveilles ou le "Strawberry Fields Forever" des Beatles. Il y a beaucoup de références, très diverses et variées, et le lecteur en prend plein la tête, doit parfois rechercher dans son dictionnaire - ou sur Google pour les plus 2.0 - afin de comprendre de quoi l'auteur veut parler. Je ne sais pas si c'est un bien ou un mal; d'un côté, je comprends l'argument qui consiste à déclarer que la lecture se mérite, que le lecteur doit s'élever au-dessus de la mêlée pour comprendre ce qu'il lit. Dans ce cas, il doit lui-même contribuer à l'effort déployé par l'auteur en s'acculturant. D'un autre côté, je ne sais pas si le lecteur va accepter ce diktat, même s'il n'en est pas au stade d'enfiler son gilet jaune et de défiler sur les Champs Elysées avec des têtes de poètes au bout de longues piques. Pour ma part, je trouve que ces trop nombreuses références polluent le poème sans lui apporter de la valeur poétique; c'est comme dans un gâteau; si on met trop de sucre ou de chocolat, il ne gagne pas en saveur mais peut générer un écœurement. |
ANIMAL
3/10/2019
a aimé ce texte
Bien ↑
|
Que voilà un poème étrange et intéressant. J’aime beaucoup l’ambiance qui commence par une superbe première strophe. L’évocation de la lune en seconde strophe m’a obligée à plusieurs lectures pour en appréhender le sens. Peut-être la découpe des vers gagnerait-elle à être revue différemment pour mieux en révéler la beauté.
Après, j’avoue que j’aime beaucoup moins car on tombe dans un registre plus brutal qui ne me porte guère à rêver. « aéroport, antenne, bistouri, Mécano, catadioptre, satellite » sont pour moi des mots trop modernes pour être poétiques. Quant à « l’épectase d’Eyjafjallajökull », sa signification s’insère bien dans le poème mais je trouve cela assez laid et, à mon sens, la poésie est aussi faite de la beauté des mots. Le strigoï, qui fait pendant aux stryges du début, nous ramène dans une ambiance nocturne et inquiétante et le dernier vers est très beau. Un texte inégal, donc, pour ma part, ce qui fait que je n’ai pu m’immerger dans ce Nocturne pourtant prometteur. |
Corto
3/10/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Belle ambiance avec ce "Nocturne" qui n'a rien à voir avec ceux de Chopin...
On est plongé dans une sorte de rêve incohérent (mais pas tant que cà !) comme peut en créer une nuit agitée ou une perturbation diurne. "La nuit est... vaste et sans rives", on le sent vraiment ici. Belle audace avec "elle berce d'un souffle imprécis mon nombril" puis plus loin "la progression de ses rides sur la pièce d'eau et d'argent qu'agite le petit jet ridicule de l'angelot sculpté en garçonnet qui minaude". Ici on se prend à vouloir protéger/sauver le 'Manneken pis' cruellement agressé !! Bravo pour la belle image "les avions bistouris incisent en miaulant les nuages d'étoupe et le chant des crapauds" d'autant que le mot "concorde" placé juste avant "les avions" autorise immédiatement (comme 'embarquement immédiat') une envolée super-sonique. Excellent encore ce "Sans casque ni catadioptre un satellite fuit vers l'est comme une trottinette": on voit l'image. Au total une multitude d'expressions originales et attirantes peuplent ce poème plutôt délirant, justement comme un rêve nocturne. Bravo à l'auteur. |
papipoete
3/10/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
bonjour Raoul
Une nuit où il y a matière à observation... pour qui veut bien se poser un moment, et lever la tête au ciel ! Entre mots " savants " et illustrations familières ( les nuages qui s'étirent comme des chats arrachés à leur sommeil ), il s'en passe des choses là-haut ! " la montgolfière lunaire dans les bras de l'arbre " et le " satellite sans casque ni catadrioptre " sont autant de visions de l'auteur, que l'imagination ne quitte à aucun moment de cette séance de projection en plein air ! NB on pourrait ( pas moi ) critiquer le côté démonstratif du poème, mais ce reportage aérien " nocturne " est instructif et passionnant ! L'auteur a su trouver bien des couleurs, dans sa palette de peintre ! |
Provencao
3/10/2019
a aimé ce texte
Bien ↑
|
" Le chef-d'œuvre en Mécano veille et me surveille de son œil unique de Cyclope
Sans casque ni catadioptre un satellite fuit vers l'est comme une trottinette L'épectase d'Eyjafjallajökull embrase les insomnies de ses spasmes de cendres on dit même que déjà la palette des peintres en est changée" J'avoue que cette strophe me pose question. Cela n'enlève en rien sur la forme et le fond de votre poésie...mais... J'ai été gênée par ces références auxquelles vous faites allusions, et tous ces mots donnent le vertige, si je puis m'exprimer ainsi; la question de la référence est importante dans le langage en général ; mais en poésie, pour moi, la référence s' articule mal, au problème de la limite et de l'insuffisance de la construction poétique, qui n’admet que difficilement la signification de genre référentiel. Votre poésie se veut originale. Elle l'est, mais il me semble, que la simplicité aurait eu d’avantages d'accroches. Au plaisir de vous lire Cordialement |
Vincente
3/10/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
|
C'est amusant et intriguant de se sentir attrapé par une expression un brin loufoque qui… décrit quoi en fait ? Un état de lieux nocturnes assez banals. Ce qui va séduire le lecteur, c'est la façon fantasque de reproduire cette réalité, elle m'a beaucoup plu.
Tout d'abord, il y a cette forte première image des "fils qu'empruntent les conversations humaines", l'on voit cette multitude qui s'entrecroise, donne le tournis et pourtant signifie de l'un à l'autre. Ensuite, le "nombril" du narrateur, et "le petit jet ridicule de l'angelot" , et puis "ces avions bistouris / incisent… le chant des crapauds". Le dernier vers prend la mesure de l'univers à sa façon toute détournée ; il est bien en accord et dans le prolongement du reste du poème. Ce qui me séduit particulièrement dans cette écriture, c'est la "transmutation" signifiante, et touchante par ce quelle nous dit de notre monde, elle s'opère dans les trois étapes de sa gestation : une perception de la réalité très réaliste en somme, une interprétation métaphorique étirée, et une plume qui donne le vol et l'assurance à l'ensemble. Dans ce poème en particulier, l'association est assez heureuse. Un petit bémol : je pense qu'il aurait fallu faire un choix entre "œil unique" et "Cyclope" pour éviter une redondance qui n'apporte rien. |
jfmoods
4/10/2019
|
Le texte révèle le monde intérieur du poète, monde intérieur qu'un moment privilégié (titre : "Nocturne", description : "Elle est vaste et sans rives" circonstance : "quelque rêve agité", image de la communication optimale : "striée des fils qu'empruntent les conversations humaines"), hanté de créatures fantastiques et mythologiques ("l'ombre fumante des Stryges", "Le strigoï", "veille et me surveille de son œil unique de Cyclope"), fait surgir dans son affolant foisonnement (pronom cataphorique : "Elle perd le nord la lune").
Naviguant à vue entre air ("Des nuages mauves", "sa montgolfière lunaire", "la lune", "aéroport", "concorde", "avions bistouris") et terre (Manneken-Pis : "le petit jet ridicule de l'angelot sculpté en garçonnet qui minaude", centre Beaubourg : "Le chef-d'œuvre en Mécano"), le poème déroule devant le lecteur un flot d'images inattendues (comparaison : "s'y étirent comme des chats arrachés au sommeil", personnification : "les bras aimants des arbres", "le chant des crapauds", personnification assortie d'une comparaison : "Sans casque ni catadioptre un satellite fuit vers l'est comme une trottinette", personnification assortie d'un oxymore et d'une métaphore : "L'épectase d'Eyjafjallajökull embrase les insomnies de ses spasmes de cendres", allégorie assortie d'une métonymie : "elle [la nuit] berce d'un souffle imprécis / mon nombril", complément de manière : "incisent en miaulant les nuages d'étoupe", animalisation : "un attroupement d'antennes en paires d'yeux pers ou vairons", confusion des sens propre et figuré d'un même mot : "la pièce d'eau et d'argent"). La nuit, en bouleversant les repères, en ouvrant au poète la vastitude de son domaine intérieur, met à jour le mystère indicible qui se cache derrière les apparences trompeuses du réel ("Le ciel n'est aucun mot qui pourrait le nommer"). Merci pour ce partage ! |
Louis
10/10/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
|
Une contemplation du ciel nocturne, au voisinage d'un aéroport, « près de l'aéroport » est-il écrit, en attente d'un avion, probablement retardé ou annulé par les mesures de protection prises à l'époque contre les cendres volcaniques du Eyjafjallajökull, volcan islandais entré en éruption en 2010.
La nuit est le domaine de l'invisible, de l'absence de lumière, mais le poème nous fait voir ce que les yeux ne peuvent voir dans les ténèbres nocturnes. Il nous révèle un monde, il nous révèle un imaginaire. Il nous montre ainsi la nuit « striée de fils qu'empruntent les conversations humaines ». Fils inaccessibles à la vue, fils électriques, ou ondes hertziennes, ondes électromagnétiques. Ces fils, ni ne se voient ni ne s'entendent. Le poème dit l'imperceptible de la nuit. Insensibles aussi de jour, ils caractérisent pourtant la nuit noire et silencieuse, ils sont la part cachée, la part nocturne du jour. Les « conversations » « strient » la nuit silencieuse. Mille mots circulent la nuit, s'échangent sans être vus ni entendus. Le silence nocturne bruisse de mots. Des liens invisibles se tissent dans la nuit solitaire. Elle n'est pas lisse et plane, la nuit, pas uniforme. « Vaste » et « sans rives », elle se révèle un océan sans fin de ténèbres. Des teintes « mauves » pourtant la traversent, chatoyantes, « des nuages mauves s'y étirent comme des chats arrachés au sommeil ». Au royaume de la nuit règnent les chimères : volent les Stryges, se dressent les cyclopes, hurlent les strigoï. Les « stries » de la nuit se font stryges et strigoï. Stryges, elles « découpent » le ciel nocturne, « par leur ombre fumante ». Stryges, elles sont des oiseaux de nuit, appareils volants sur les ailes de l'imaginaire. Inquiétante nuit chimérique, elle « berce » pourtant, « d'un souffle imprécis », « nombril » et « rêve agité ». Pas atone, pas inanimée, la nuit n'est pas dormante ; pas d'immobilité : les stryges volent, déchirantes, les mots circulent dans le ciel en conversation, ondulants, et puis le balancement, l'ondulation d'un souffle dans les contrées de l'ombilic et de l'onirique, et une lune vagabonde qui « vague ». Près des oiseaux de fer, vrombissants et hurlants, entre les conversations silencieuses, « une montgolfière lunaire » vague et divague, se « perche » sur les « bras aimants des arbres », et, de son œil lumineux, « observe ». Elle peut en voir des choses, la lune, de son point de vue élevé ! Mais c'est un détail saugrenu qui retient l'attention sélénienne : « les rides/ sur la pièce d'eau et d'argent qu'agite/ le petit jet ridicule de l'angelot », le Manneken-Pis, tant il est vrai que la lune indiscrète fourre partout son œil rayonnant. Le ciel était vu de la terre, et voilà que la terre est vue du ciel, pour y remarquer le pipi d'un angelot. On urine silencieusement sur terre, pendant que le ciel s'agite de grouillantes conversations, et de «l'ombre fumante » des Stryges. Le regard, un moment porté par la lune, revient sur terre, « près de l'aéroport », pour y découvrir une faune : « un attroupement d'antennes en paires d'yeux pers ou vairons ». Les homonymies sont remarquables : « paires » et « pers », mais aussi, plus tacites, « paires » et « père » ; « d'yeux » et « dieux » ; « vairons » et « verront ». Au regard simple et naïf de la lune, se substituent ces yeux divins qui verront tout, indiscrètement. Non, ce n'est pas la lune, le satyre... mais les Faunes. « Bistouris », les avions opèrent dans le ciel, pendant que les antennes les repèrent. Un « œil unique de Cyclope » veille et « surveille », celui du « chef d’œuvre en Mécano », probablement la tour de contrôle de l'aéroport. Ainsi, les regards et les points de vue se multiplient, comme dans un tableau cubiste, tout en laissant un peu de place à la lune, et son regard aux effets de lumière impressionnistes. Le regard regardant est regardé. Le ciel en vient à « changer la palette des peintres », portant, en plus de son regard multiplié, les teintes cendrées du volcan islandais. Un regard encore, qui continue à voir ce qui ne peut se voir : cet amusant passage d'un enfant qui circule sans casque sur une trottinette-satellite, « sans catadioptre » Le poème se conclut par ce vers étonnant : « Le ciel n'est aucun mot qui pourrait le nommer ». L'affirmation ne dit pas qu'il n'y « a » aucun mot qui pourrait nommer le ciel, ce qui serait une contradiction manifeste, mais qu'il n' « est » aucun mot qui pourrait le nommer. Le ciel, autrement dit, n'est pas un mot, n'est pas réductible à un mot. Il serait plutôt une toile, un réseau « de fils qu'empruntent les conversations humaines », la toile d'un peintre où se concrétisent, dans les formes et les couleurs, regards et points de vue, tout un imaginaire aussi projeté sur elle, où se révèle encore à nos yeux ce qui ne peut se voir. Le ciel nocturne est un tableau ; il est images, dans les mots du poète, ou dans les formes et couleurs de l'artiste peintre. Le ciel : une métaphore plutôt qu'un concept. Dire, pourtant, que le ciel est une toile, c'est déjà trop dire, c'est le nommer. Le ciel serait l'innommable, d'un nom plus difficile encore à prononcer que le nom islandais du volcan en éruption en 2010, il serait l'indicible, ce que les mots cherchent à atteindre, sans jamais y parvenir. Mais alors, cela n'est pas le propre du ciel nocturne, mais de toute réalité. De chaque chose, ne pourrait-on dire qu'elle « n'est aucun mot qui pourrait la nommer » ? Merci Raoul pour ce texte aux images belles et pleines de surprises. |