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Poésie contemporaine
Raoul : Nous continuâmes
 Publié le 15/04/25  -  5 commentaires  -  1401 caractères  -  73 lectures    Autres textes du même auteur

« La poésie veut faire un gros trou dans tout ce qui parle en nous. »
Charles Pennequin


Nous continuâmes



Sans bruit, la nuit tomba et tout en nous noyant
car nous continuâmes, lampe tempête en main
– ce pinceau d'aquarelle, gorgé d'encre de chine.
Et l'on n’y voyait goutte dans le ciel du désert
où le ciel est la terre, sillonnée de chemins
incertains et venteux, on écoutait les pierres
murmurer dans la nuit des mythes larmoyants
de viols et d'yeux crevés, de talons et de flèches,
de tombes et de frères que mange son parent.
La nuit était terrible, engourdie et poisseuse,
sinueuse et scoliose d'un grand champ de bataille.
Des frôlements volaient jusque dans nos cheveux,
et leurs pattes piétinaient, nombreuses et griffues,
dans nos sueurs sur nos suies d'explorateurs mi-fous
perdus terrorisés, déboussolés vaincus.
Et nous mâchions des feuilles, pour oublier le temps
qui nous bavait dessus pour mieux nous engluer ;
des crissements de pas traînaient sur le rivage
de l'océan, absent ou ignoré des cartes.
Des remugles de vase et de touffeur pourrie
imprégnaient les replis des grandes solitudes
aux soupirs inaudibles. Il n'en fallut pas plus
pour nous sentir pourrir, alors nous continuâmes
d'aller toujours plus loin, plus profond, plus ailleurs,
puis pour finir, nulle part…
Plus de feuilles à mâcher, salive s'assécha,
la berlue nous gagna.


 
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   Donaldo75   
4/4/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Autant le dire tout de go, j’ai dévoré ce poème dont la tonalité m’a frappé. Pourtant, le titre avec un vieux passé simple de chez papa aurait pu me calmer d’entrée de jeu mais en fait, non. Nada. Nib. Je me suis laissé emporter par les images, le champ lexical – qui d’ailleurs au passage donne de la consistance à ce passé simple – la musicalité de l’ensemble. A l’oral, ça pète tout autant, dans un mélange psychédélique et gothique – cette impression vient peut-être du fait de macher des feuilles – au presque gout de pourriture. Eh be, ça c’est du poème tonal, comme disait ma grand-mère institutrice de son état.

Bravo !

   papipoete   
15/4/2025
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
bonjour Raoul
Sans bruit, alors que la nuit tombait, nous tombâmes au fond d'une fosse, plus profonde que celle des Mariannes, et cela n'en finissait pas, et la vase emplissait nos poumons, notre esprit se débattait d'un viol à l'autre, d'une torture à un autre tourment, et nous tombions tombions, puis plus rien !
NB un cauchemar bien pourri qui nous fait réveiller hirsute et dépenaillé... ouf, c'était un rêve !
mais à bien regarder ce qui nous entoure, ce rêve est la réalité de ceux qui souffrent, sous l'oppresseur tyran slave ou en devenir
La bande de Gaza sous les bombes, l'Ukraine dans un sous-sol lugubre...
bien sûr, votre récit semble ne pas pouvoir nous toucher, ( qu'en songe monstrueux ) mais...
personnellement, votre thème me glace et ses dédales immondes au possible ( heureusement, il y a les feuilles à mâcher ! )
je ne me vois pas lire ce texte, avant de me coucher ! beurk !!!

   Cyrill   
15/4/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bjr Raoul,
La forme, sans espace, convient au fond et suggère une idée de jungle inextricable. Les allitérations sont des lianes : «  poisseuse, / sinueuse et scoliose », « dans nos sueurs sur nos suies »...
J’ai vu une esperluette en espace lecture, dommage qu’elle ait disparu. Elle contribuait à ces nœuds angoissants et morbides pour des explorateurs en bout de course qui s’évertuent à donner du sens à leur quête qui n’en finit pas.
Bravo pour ce nouvel opus, vraiment réussi.

   Provencao   
15/4/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Raoul

La force de l’imaginaire, que vous nous offrez,  n’impose-t-elle pas un immuable recommencement ? Nous sommes tous inquiétés entre ce besoin de nous relier et la nécessité d'ériger notre personnalité...même dans nos rêves.

Mon passage préféré :

" Des remugles de vase et de touffeur pourrie
imprégnaient les replis des grandes solitudes
aux soupirs inaudibles. Il n'en fallut pas plus
pour nous sentir pourrir, alors nous continuâmes
d'aller toujours plus loin, plus profond, plus ailleurs,
puis pour finir, nulle part…"

 Si nous continuons d'aller .... bien sûr on est loin de réenchanter le monde...c'est si fort, puissant en vos mots...et moi je me suis laissée porter par cette berlue qui me gagne.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Marceau   
15/4/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Hugo, Vigny, Baudelaire... Bon, j'ai que ça en culture. Alors j'étale. Mais vraiment j'ai pensé à cette trilogie en vous lisant. On doit pouvoir faire pire, comme références. Alexandrins qui cognent, romantisme sombre, visions cauchemardesques. Et qui puent. On se cogne la tête à des plafonds pourris, comme dit l'Autre, on mâche des feuilles dans ce désert où le temps n'en finit pas de nous faire crever de trouille, de soif, de solitude aussi. On peut les fumer, ces feuilles ? L'Autre eût été preneur, assurément.
Je comprends que l'on puisse ne pas aimer. Pour moi, ça le fait grave, je kiffe frangin de plume.
Je mélange à dessein le parler d'aujourd'hui et les références d'hier, peut-être surfez-vous en cette zone ?Du haut de mon grand âge, j'incline mon chapeau bas.
Merci Raoul, et continuâtionnez bien à nous surprendépouvanter, svp!


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