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Gemini
16/3/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
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Plutôt libre.
Toujours délicat à commenter ces titres numérotés, laissant entendre qu'il y a un recueil (en cours ou achevé) dont on ne sait rien du thème. Ici, paysage nocturne éminemment urbain (et souterrain) à l'ambiance banlieusarde. Les barbiers à eau(x) de Cologne me semblent incongrus dans le paysage au vu de l'heure, mais bon, j’avoue ne pas connaître les coutumes... Il y a de bonnes images, j’ai bien aimé les "volutes", par contre "le pain et les jeux"... Mais j'ai aimé la forme de ces vers courts, comme des coups de pinceau impressionnistes formant leur tableau. Pour le fond, pas plus impressionné que ça. Le dernier vers semble dire que c'est le chouf qui parle. |
Ornicar
20/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Déambulation nocturne dans la ville, façon "Taxi driver".
L'ambiance est sourde, moite, trouble : "gluante, petits trafics, volutes encrées, étouffent, obscur dessein, poings américains". Le titre ("Tout est calme") est trompeur. Oui, tout est calme, au moins le temps de la retransmission d'un match de foot ("grands tapis verts, vingt-deux joueurs") mais on sent bien qu'il suffit de peu de chose pour que la violence explose et se déchaîne. Le mal est partout, la nuit, "intranquille" et la paix, larvée. Comme dans Taxi driver, il y a dans ce texte un soin apporté à l'esthétique, les images poétiques développant leur propre cinéma : la lune et son oeil de "cyclope", les"visages en slams de couteaux" (excellent) et cette "baballe aux extrémités du pain et des jeux" frappant de ridicule une des passions collectives et dérisoires, facteur de communion et de paix sociale, au delà de nos appartenances sociales, politique, religieuses, géographiques. Quoique, pas toujours... Le rythme des vers, très courts, ils font tous 5 pieds, renforce le coté visuel, style planche de BD, de ce texte affûté qui nous tient en éveil et sur nos gardes. |
David
27/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
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Bonjour Raoul,
Un poème en vers libre sur un thème sombre, un rythme court, impair, martelé. J'imagine une ballade d'un parking à une rue populaire, un fond de musique techno, un trafic de drogue, une rue à Kebab, puis un pmu où les clients regardent du foot. Pas forcement glauque, le paysage, il n'y a pas de camés par terre ou de misère flagrante. C'est quand même à l'autre bout du bucolique mais l'esthétique est présente, dans le mouvement, dans cette espèce d'harmonie, qui peut manquer à la beauté parfois. C'est vivant, je veux dire. J'ai découvert vocodeur et j'ai souris au moment de "parking 2000", parce que j'ai connu l'époque, les années 70, 80, 90, où pour faire moderne il était collé "2000" à tout un tas de truc. Il y a peu chez un médecin ORL, je remarquai en décoration une boite de jeu "anatomie 2000" avec un squelette en plastique et des organes amovibles. Le poème fait aussi le lien entre trafic de drogue et fringue. Il est question de chichon et de clopes en l'occurrence. Des gens dealent pour ce genre d'enjeux dérisoires, pas vraiment pour se loger ou se nourrir, pour faire du lien peut-être aussi. Le poème finit sur "du pain et des jeux", juste avant la chute qui fait titre, un autre lien social, l'assemblée pour le match de foot, pas difficile d'imaginer que l'ennui y est plus prégnant que dans le petit commerce d'à côté. Tout est calme n'est peut-être pas ironique, contre prémonitoire, je l'entend plus comme le sentiment de l'instant. En tout cas, c'est une belle poésie, car elle n'est pas folichonne mais bien vivante, et donc pas désuète, pas révolue. |
papipoete
27/3/2024
trouve l'écriture
très perfectible
et
n'aime pas
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bonjour Raoul
quand on aime, on ne compte pas : votre Paysage s'affiche dans ces colonnes, j'en suis heureux pour Vous... mais je vois la bande-papier d'un émetteur Morse, se dérouler sur le coin étroit de l'opérateur radio... - SOS stop - péril sur un parking - stop par une mer déchaînée de contrefaçons, que des vermines humaines égayent de leurs poings américains, dans les volutes de chichons et autres douteuses clopes. NB sans doute une oeuvre poétique, avec ce style télégraphique, avec ses trafics, ses zombies chic, et cette Lune Cyclope surveillant le coin alors que sur la TV d'un troquet 22 joueurs poussent la baballe. est-ce ainsi que les hommes... ? |
Provencao
28/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
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Bonjour Raoul,
"On entend la marche à l'obscur dessein des pas cadencés d'une ou deux vermines poings américains et visages clos en slam de couteaux Barbiers kébabiers sont parfumeries de viandes rôties et d'eaux de Cologne" Ce passage lu, relu et la réflexion qui me vient est : cette écoute rend à mon sens la difficulté dans l' approche du temps vécu . Il me faut pointer à la lecture de votre poésie, la limite entre, d’un côté, une interrogation qui se fonderait sur le temps comme une envolée préexistante aux mots usités qui lui donnent forme et, de l’autre, une recherche ancrée dans le " tout est calme" qui lui sont dévolues pour créer plus largement cette ambiance nocturne qui fulmine, s'encolère dans ce parking... Je ne connaissais pas " vocodeur" . Merci Au plaisir de vous lire Cordialement |
Pouet
28/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Slt,
y a du ghetto blaster dans les entrailles d'un cimetière à caisses qui doivent flotter sur une marée de pétrole, des trous de serrures comme des yeux sélénites, chassieux, cherchant quelque chasse, c'est le désœuvrement, ça crie arah! et au bar pmu on boit des perroquets, on en est à s'extraire de quelque chose de visqueux, y'a des parpaings d'arbres aussi enfin je crois, on a beau s'essuyer les arpions sur un paillasson d'étoiles vertes on marche quand même sur les empreintes de la veille, tout est calme, ouais, mais ça couve. |
Marite
29/3/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
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La présentation en vers hachurés et très courts ne m'a pas permis de saisir l'ensemble de ce "Paysage VII" lors de la première lecture. Mais, en m'y reprenant, par curiosité, et en imaginant un autre découpage, le réalisme de la description s'est dessiné avec la précision des images évoquées.
Dans cette partie : " Gravées au burin des volutes encrées étouffent leur ombre dans quelque recoin par une veilleuse de nuit réveillée" j'ai, spontanément rajouté un vers avec le seul mot " éclairé" après " recoin" ... |
jfmoods
29/3/2024
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"Jusqu'ici tout va bien." ("La Haine", film de Mathieu Kassovitz)
Ce poème contemporain - qui s'inscrit dans un cycle - se compose de pentasyllabes et d'un trisyllabe final. Il est assorti de quelques rimes, à l'occasion riches ("cyclope"/ "clopes", "Barbiers kébabiers"). Le retour à la majuscule en début de vers signale le passage d'une phrase à l'autre. Le lecteur se voit projeté dans un univers interlope. Se posant tantôt en acteur décomplexé de ce monde parallèle ("nos petits trafics de chichon et clopes / qui pour quelques thunes nous rhabillent chic / de contrefaçons"), tantôt en spectateur attentif de ses règlements de compte sur fond de guerre de territoire ("On entend la marche / à l'obscur dessein / des pas cadencés / d'une ou deux vermines / poings américains / et visages clos / en slam de couteaux"), le poète dresse les contours du paysage urbain d'une banlieue misérable ("dans un des boyaux du Parking 2000 / qui n'est plus étanche"), avec son incontournable ambiance sonore ("Un battement tourne / avec vocodeur") et son inquiétante atmosphère en clair-obscur ("Gravées au burin / des volutes encrées / étouffent leur ombre / dans quelque recoin / par une veilleuse / de nuit réveillée"). Peu de risques de se faire serrer ici. Le seul témoin de ce qui s'y déroule saura garder le secret ("Gluante la lune / surveille en cyclope"). Le regard s'étend alors aux commerces présents alentour. Ce sont d'abord les "Barbiers kébabiers", double profession comique avec son improbable mixture de senteurs ("sont parfumeries / de viandes rôties / et d'eaux de Cologne"). Ce sont ensuite les bars où le consommateur moyen trompe son ennui et sa misère en jouant de manière compulsive ("Nez sur leurs écrans / ou ceux des troquets"), en pariant sur les matchs de football, en suivant donc frénétiquement l'évolution d'un ballon d'un bout à l'autre d'un terrain ("aux grands tapis verts / vingt-deux joueurs / poussent la baballe / aux extrémités"). Peut-on s'assurer la paix sociale en fermant les yeux sur le monde interlope ? Suffit-il de donner du pain et des jeux au peuple pour le contenter et l'empêcher de se révolter ? C'est ce que fait mine d'accréditer la chute du poème. Rien, pourtant, n'est moins sûr. Parfois, il suffit d'une étincelle pour tout embraser. Merci pour ce partage ! |
Cordiale
30/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Il y a quelque chose de très cinématographique dans l'ensemble du poème, comme un paysage urbain qui se dévoilerait au rythme d'une marche, dans une lumière hasardeuse, nocturne.
Le vocabulaire participe à cette impression, zigzagant entre argot d'aujourd'hui et recherche littéraire, on se sent bousculé, saisi, parfois perplexe, comme on le serait sans doute lors de cette promenade nocturne en terrain inconnu. L'impression un peu "glauque" est atténuée par le regard à la fois narquois et complice, comme si le poète se sentait tout à fait en accord avec ce qu'il décrit, tout à fait chez lui. Enfin j'aime le rythme très travaillé de ces vers brefs, la justesse des rejets et des sonorités...jusqu'à ce dernier vers isolé, vraiment fort. |
Eki
1/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Réseau urbain, voies parallèles, trafics en tous genres...Des images vivantes, oui, j'ai dit "vivantes"...
Tout affleure malgré ces lieux communs, on ressent presque la fébrilité du calme qui pourrait bien basculer au moindre tressaillement humain... comme "une veilleuse de nuit réveillée" Vivement le paysage VIII... |
Graoully
4/4/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Raoul,
J'ai beaucoup aimé ce regard - précis, clair, vrai - porté sur une zone et sa faune particulière, que le poète évoque avec une neutralité dont on sent qu'elle n'est pas loin de verser du côté de la tendresse. Il y a de plus un vrai travail sur la musique que peuvent produire les mots quand on les agence avec adresse. J'ai un peu pensé à "Ici et là" de Souchon en te lisant : "Ici les petites Ralph Lauren en Austin Longent la Seine et nous font des signes Là les capuches se dandinent en galerie marchande Rêvant des grosses limousines allemandes Même si c'est le même soleil C’est pas du tout, du tout pareil" G. |