Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie contemporaine
Raoul : Rêve-t-il encore
 Publié le 22/09/17  -  13 commentaires  -  856 caractères  -  466 lectures    Autres textes du même auteur

"C'était peut-être pour gagner du temps qu'on nous y avait mis vivants." R. Dorgelès


Rêve-t-il encore



Le vent est perforé, la colline tranchée,
sur un couteau, du chien en boîte monte à la bouche
et l’arbre qui n’a plus qu’un doigt montre le ciel.
Quand il rêve où est-il, l’herbe dans la pensée ?

Rapetassé dans la nuit noire de macadam
que des clous de laiton percent d’yeux curieux,
l’allongé plane, abandonné au champ bossué,
une luciole allumée de fumées aux lèvres.

Dans sa tête un vacarme de secousses bruit
et des labours de haut-le-cœur qu’un os étouffe ;
rêve-t-il encore aux parlures de Jolie,
aux bals d’avant, d’amour, l’herbe dans la pensée ?

De sous la capote en lambeaux de chair à bout,
le chant des mouches est dérangé de sa carcasse
approximative. Deux, n’en a-t-il que deux,
des trous rouges au côté droit ? Rêve-t-il encore.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Proseuse   
12/9/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,

... rêve-t-il encore .. dans ses haillons d' argent ? j' ai beaucoup aimé votre poème , je ne saurais pas dire vraiment pourquoi, mais il me touche et c' est bien là qu' est la poésie !
merci beaucoup pour ce moment de partage

   Arielle   
13/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La citation glaçante mise en exergue nous met immédiatement dans l'ambiance.
Le Dormeur du Val revisité ?
Cette vision d'un soldat couché dans le chant des mouches offre quelques images fortes comme celle de l'arbre décapité, réduit à un doigt pointé vers le ciel ou la luciole aux lèvres qui semblent fumer une ultime bouffée. L'herbe dans la pensée me laisse imaginer un cerveau en bouillie tout comme cette carcasse approximative qu'on aurait bien du mal à reconstituer ...
Les BD de Tardi illustrant la première guerre mondiale m'ont sauté aux yeux dès la première lecture.

   papipoete   
22/9/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
bonjour Raoul,
Il y a 100 ans, le vert des prairies contrairement à la coccinelle, se parsemait de formes allongées bleues, des soldats morts ou presque ; s'en approchant, l'on pouvait voir du rouge sur le bleu boueux ...
NB " rêve-t-il encore ? " c'est possible que sous la capote d'où un filet carmin s'écoule, la vie batte encore au milieu des mouches se repaissant . Il a peut-être aussi, comme ces 2 trous dans le corps, les yeux grand-ouverts sur un visage éteint .
Un texte fort, pathétique et tellement illustré " des labours de haut-le-coeur qu'un os étouffe ", et le silence de " l'arbre qui n'a plus qu'un doigt ... "

   Bidis   
22/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Quelquefois, quand j'ai une petite blessure de rien du tout et que cela me fait un mal de chien, je pense aux dégâts que peut faire une balle d'arme à feu. Et j'ai un sentiment d'irréalité : comment peut-on faire cela à un corps humain, si important et si fragile ? Ce poème me ramène à cette question.
C'est un texte très fort. Et c'est rare d'aborder ce sujet de façon si... efficace.

   Anonyme   
22/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
" Deux, n’en a-t-il que deux,
des trous rouges au côté droit ? " Une réflexion faisant allusion au poème de Rimbaud.
" Deux, n’en a-t-il que deux," ou bien a-t-il été presque déchiqueté par un de ces " clous de laiton " et agonise en rêvantpeut-être " encore aux parlures de Jolie,
aux bals d’avant, d’amour ".

Des images fortes qui incitent à ne pas oublier les dégâts de cette << Grande Guerre >>.

   Luz   
22/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est très très fort.
Un poème réaliste qu'on croirait surréaliste.
Je ne saurais expliquer pourquoi, mais ce texte m'a ému ; il souffle haut la poésie.
Merci.
Luz

   framato   
22/9/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonsoir Raoul,
J'ai beaucoup de difficultés avec la lecture de ton texte (et pourtant tu sais que j'apprécie le plus souvent ta /tes démarche(s) d'écriture.
Dans celui-ci tu oscilles trop. Entre hyper et sur réalisme, entre hommage et caricature, entre procédé facile (vent perforé, colline tranchée) et surprises (un doigt qui monte au ciel).
J'ai trouvé ton texte à la fois trop approximatif et trop "rappel de"
Je suis un peu passé à côté, mais je pense que c'est un peu en raison des facilités que tu t'es accordées.

   Robot   
22/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une vision d'un combat. 1914 ? Une écriture symbolique qui pour moi crée une sorte de brouillon d'images rendant bien compte d'une pensée bouleversée dans un moment tragique.

Ça correspond bien à la question du titre. Ce corps troué du dernier quatrain est-il encore vivant, rêve-t-il encore ?

Même si quelques vers m'interrogent comme ce paradoxe d'un vacarme qui bruit. Mais ça se passe dans la tête alors pourquoi pas.

La vision de ce champ de bataille m'a remis en mémoire le chapitre introductif de Kœnigsmark de Pierre Benoît.

   Donaldo75   
23/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Raoul,

J'ai vraiment aimé ce poème, parce qu'il m'a mis mal à l'aise, sans doute à cause du style. En tant que lecteur, j'ai eu l'impression, dans cette poésie un tantinet basé sur des images surréalistes d'un passé tellement authentique, de me retrouver à la place du soldat.

Et c'est ça la poésie.

Bravo !

Donaldo

   FABIO   
23/9/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour

Je suis un peu partagé entre des images claires et des idées astucieuse mais le style général n'est pas a mon gout.
Rapetassé....pas trés jolie pour ma part
chair a bout....idem. Secousses bruit....
Le texte demande plusieurs lectures ce qui ne me dérange pas mais pour un non initié a la poésie ça reste un peu inaccessible.
Votre texte s’embellit toutefois au fur et a mesure des lectures et il y'a un talent a manier notre langue qui est présent tout le long.

Merci

   Anonyme   
23/9/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Prenant, bouleversant, ce "Rêve-t-il encore".

"L'arbre qui n'a plus qu'un doigt montre le ciel".
Quelle image, frappante ...

"rêve-t-il encore aux parlure de Jolie,
aux bals d'avant, d'amour, l'herbe dans la pensée ? "
Quelle image, émouvante ...

Mes mots deviennent d'une grande banalité
face aux vôtres.

Votre poème est à lire sans modération,
parce que plus je l'ai lu et plus il s'est révélé
"Géant", c'est d'une fabuleuse et extrême subtilité.
Je suis dans l'émotion pure, les images sont saisissantes.

Beaucoup d'intensité, de profondeur, dans ce dernier
moment vécu, montré sous tous les angles, avec pudeur et intelligence.
Le phrasé a su imposer singulièrement comme
"une beauté" à froideur tragique de l'instant

   David   
24/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Raoul,

Un poème sans "Je", d'ailleurs le seul J est pour "aux parlures de Jolie" en majuscule... biblique ? Bon, le nom-adjectif est au féminin, ça colle pas, et dans le contexte, ça serait plutôt le prénom générique d'un flirt, ou d'une fiancée plutôt. Il y a les retours de "l'herbe dans la pensée" qui ont rythmé ma lecture aussi, énigmatiques, comme la clé d'une charade non divulguée, comme un bout de conversation qui peut nous passer par l'oreille en traversant une foule, sans aucun espoir d'en comprendre le fin mot. La toute fin des deux derniers vers est explicite en évoquant le "dormeur du val", un poème pas du tout comme celui-là, plus près du conte, mais la référence veut peut-être faire le pont, ou la galerie, ou la tranchée, entre deux poésies. Au final, ce "Rêve-t'il encore" sans point d'interrogation, rhétorique, me semble bien être une façon d'affirmer qu'il nous hante encore, qu'il est toujours là.

   Marite   
1/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'avais déjà lu ce poème lors de sa parution mais étais restée sans mot, sans voix ... A la relecture, il m'apparaît que l'auteur, le temps de l'écriture, est devenu, celui qui est " abandonné au champ bossué". Alors toutes les images deviennent familières comme si nous y étions aussi nous-même devenant " l'allongé" qui plane :
- la vision partielle du paysage décrite dans le premier quatrain
- la prise de conscience de la situation dans le second
- le repli très court, deux vers seulement, sur les ressentis physiques intérieurs du blessé mourant puis détachement du corps avec la description de l'atrocité dans le dernier quatrain.
" Rêve-t-il encore. "


Oniris Copyright © 2007-2023