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Poésie libre
REDBUCHE : L'Abyssinie n'est plus
 Publié le 27/01/13  -  9 commentaires  -  1603 caractères  -  144 lectures    Autres textes du même auteur

… Et face à l'impossibilité d'un ailleurs authentique, le désir d'aventure se mêle aux pires instincts.


L'Abyssinie n'est plus



Je veux finir bouffé par les mouettes
Flottant au large de Sumatra,
Descendu par des maris jaloux
Et pleuré par cent femmes, des putes et des princesses.

Le monde est un écrin, j'en volerai les diamants.
Je me ferai seigneur, je me ferai soudard,
J'abjurerai la sagesse pour épouser le crime.
En passant par Bangkok, Hong Kong ou Djakarta,
Je vendrai l'oubli, l'insouciance et les plaisirs qui brûlent et appellent la mort.

Sous un déluge de femmes aux charmes vaporeux, capturées séduites, offertes ou échangées,
J'ensevelirai tout, les passions et l'ennui, le rire et les blessures.
Puis du haut de mon empire de chair et de larmes,
Je tutoierai Dieu et lui arracherai le ciel pour y dompter des dragons.

Enfin pour baptiser mon royaume dans le sang,
Je diviserai les hommes, initierai des guerres, amènerai la maladie, la faim, et la haine dans les foyers heureux.

De toutes les senteurs de fleurs et d'épices, je serai seul à jouir, du haut du précipice.

Puis je plongerai, avide, dans ce monde de misère délabré par mes soins.
Je traînerai, hagard, les haillons de mes plus belles parures et jetterai les diamants au fond des océans.

Je connaîtrai la faim, la haine et la maladie, collées à moi comme des sangsues voraces.
Je jouirai des pires peines, me ferai des ennemis cruels et belliqueux pour mieux vivre traqué,
Me noyer dans le crime.

Je finirai bouffé par les mouettes
Flottant au large de Sumatra,
Descendu par des maris jaloux.


 
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   rosebud   
15/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
ce qui me plaît le plus, c'est que l'auteur ne se prend pas au sérieux. Dans sa folie des grandeurs, il sait bien que ça finira mal qu'il sera bouffé par des mouettes après avoir été descendu par des maris jaloux. Une fin peu glorieuse après avoir tutoyé Dieu!
Ca me fait penser à "la chanson de Jacky", de Brel:

"Même si un jour à Macao
J´deviens gouverneur de tripot
Cerclé de femmes languissantes
Même si lassé d´être chanteur
J´y sois dev´nu maître chanteur
Et qu´ce soit les autres qui chantent
Même si on m´appelle le beau Serge
Que je vende des bateaux d´opium
Du whisky de Clermont-Ferrand
De vrais pédés, de fausses vierges
Que j´aie une banque à chaque doigt
Et un doigt dans chaque pays
Et que chaque pays soit à moi
Je sais quand même que chaque nuit
Tout seul au fond de ma fum´rie
Pour un public de vieux Chinois
Je r´chanterai ma chanson à moi
Celle du temps où j´m´appelais Jacky"

J'aimerais bien savoir pourquoi la référence à l'Abyssinie - à cause de Négus?

   brabant   
27/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Redbuche,


Ben, ça a déjà été fait ! Ils s'appelaient Hercule, Jason, Ulysse ou Barbe Noire ; ils s'appelaient Alexandre, Gengis Khan, Attila ou Jean Bart ; ils s'appelaient Franco, Mussolini ou Hitler (non là j'exagère, je vous charrie quoi :) et pas gentiment). Scusi...

M'avez tout l'air d'un Corto Maltese bien plus que d'un Haïlé Sélassié. Peut-être d'un Henry de Monfreid (l'a beaucoup fabulé aussi. Lol)

J'ai trouvé ce texte bien sympa !

Mais faudra qu'il se rase le Corto car il a le poil hirsute le gars, planté de travers quoi - un vrai bayou - et tout seul, car les dames entrevues risqueraient de lui trancher la gorge... et il l'aurait bien cherché !

Lol

Explosif !

   wancyrs   
27/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime l'élan, l'envolée de ce texte. Il se lit d'une traite et sa boucle a tendance à démontrer que le monde tourne en rond ? Il veut finir d'une façon et finit par finir de cette façon. Ici, la folie des grandeur est ce qui est des plus communs à l'homme ; vouloir tutoyer Dieu, qui jamais ait pensé ne pas le faire ?


"Puis je plongerai, avide, dans ce monde de misère délabré par mes soins.
Je traînerai, hagard, les haillons de mes plus belles parures et jetterai les diamants au fond des océans.

Je connaîtrai la faim, la haine et la maladie, collées à moi comme des sangsues voraces.
Je jouirai des pires peines, me ferai des ennemis cruels et belliqueux pour mieux vivre traqué,
Me noyer dans le crime."

Ce passage caractérise bien l'homme : cet être qui au plus haut de sa gloire, ne sachant plus quel combat mener, se laisse entrainer par le courant de ses réalisations.

J'aime bien !

Wan

   Pimpette   
27/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
On pense à Cendrars, à Monfreid, bien qu'étant une dame j'ai du mal à me glisser dans le texte!
Peu importe! On est happé par la vigueur,la ferveur des phrases
et le sentiment très fort qu'on est bien au pays de poésie...c'est essentiel...
J'imprime pour les mâles de ma tribu!

"Puis je plongerai, avide, dans ce monde de misère délabré par mes soins.
Je traînerai, hagard, les haillons de mes plus belles parures et jetterai les diamants au fond des océans"
C'est bo ça!

   martin   
28/1/2013
Commentaire modéré

   croquejocrisse   
28/1/2013
 a aimé ce texte 
Pas
Je m’imagine élève dans une section littéraire de lycée huppé, découvrant ce texte. Je me vois abasourdi avec l’envie à peine retenue d’estourbir l’auteur et d’étrangler le sombre programmateur tapi dans un bureau de ministère qui à pondu cette analyse de texte au programme
Mais comme je suis conditionné à être un bon élève je vais rassembler tout les poncifs correspondants a l’objectif du chapitre en cours et vais les enfiler comme des perles
Je jouerais avec le jeu de : écrins diamants, l’oxymore de seigneur soudard, du déluge de charmes vaporeux
J’encenserais la technique de l’auteur qui tutoie dieu et dompte les dragons
Mais en réalité j’oublierais bien vite ce texte qui ne m’a pas fait ressentir la poésie

Sincèrement désolé

   Anonyme   
31/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je vois d'abord dans cette poésie une furieuse envie de vivre, envers et contre tout, un besoin de dévorer l'existence dans ce qu'elle a de plus extrême, quitte à s'en brûler les ailes. C'est en quelque sorte une profession de foi où l'auteur annonce haut et fort que rien n'entachera son désir de jouir de la vie, que pour atteindre ce but il sera prêt à toutes les folies, voire à toutes les bassesses. Lucide, il sait cependant que cette course l'entraînera inéluctablement au fond des abysses (Abyssinie ?).

J'aime beaucoup cette fougue, cet élan qui me rappelle mes vertes années quand moi aussi je voulais le monde à mes pieds. Las, bien vite mes rêves se sont fracassés contre la réalité !

   David   
3/2/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour Redbuche,

Comme une porte ouverte sur le délire d'un dictateur psychopathe, le rêve est égoïste et cruel pour presque tous ce qui peut-être chéri. Il est placé au loin du cœur de la langue qu'il utilise, jouant peut-être des lointaines émotions du "péril jaune" : le diable existe, mais il se posera à Sumatra, "Bangkok, Hong Kong ou Djakarta".

Un rêve d'ailleurs, un dandysme bousculant les "bons sentiments" comme des passants dans une foule anonyme, lançant son anathème comme un prophète de la fin du monde un jour de marché. C'est plutôt une image cinématographique, ou historique, ce "prêche diabolique", mais c'est ce qui m'est venu.

Le titre m'évoquerait une raison première qui conduirait le narrateur, un prince déchu de cet "Abyssinie", un naufragé qui n'aurait trouvé secours que dans un monde où il ne reconnait plus rien.

   Anonyme   
8/2/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
En voici là une poésie qu'elle est bonne !
On pense à Rimbaud et à son bateau ivre
on y pense aussi because l'Abyssinie, videmment !
très chouette, violent et cosmétique comme un sifflet à deux tons (c'est de Boris Vian, l'image)
très "rêve d'homme", songerie pas bluette
"dans les villes de grande solitude...", il y a de ça aussi (j'aime beaucoup Sardou quand il ne prend pas de bouteille et ne se prend pas au jeu du conformisme)
tué par "DES maris jaloux", hé hé ! (pourvu qu'ils s'entretuent un peu avant, c'est tout ce qu'on leur demande :-))

merci pour cette échappée hors des fleurettes qui vous chatouillent les moustaches
(et vous filent le rhume des foins à force de les humer, ces nulles...)

croquer la Vie et faire la planche, peinard, pour son dernier voyage, quel pied !

félicitations !

N.B : techniquement, c'est pas trop, trop ça mais on s'en fiche tant c'est agréable à lire.
Nobles instincts, en tous cas :-)

   tchouang   
6/3/2013
 a aimé ce texte 
Un peu
bonjour. bravo pour votre lyrisme et votre souffle. hélas tout cela a déjà été dit 1000 fois par les rimbaud, cendrars et autres poètes aventuriers. alors oui c'est pas mal fait, mais ça sonne un peu fabriqué, artificiel, ça manque d'authenticité et de personnalité.


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