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Poésie classique
rickapt : Deux vagabonds
 Publié le 14/06/10  -  15 commentaires  -  732 caractères  -  307 lectures    Autres textes du même auteur

Un regard sur deux exclus.


Deux vagabonds



Loin du monde un sentier, le temps fait un arrêt ;
L’homme qui déambule a froid dans son estime !
Le regard des passants est un reproche ultime.
Voilà pourquoi ce cœur traîne dans la forêt.

Un vieil ami l’attend au fond d’un lazaret,
Leur masure cachant une détresse intime ;
Mais aucun d’eux ne pense à survivre en victime
Depuis cette rencontre au seuil d’un cabaret.

Ce sont des vagabonds possédant l’avantage
De ne pas ignorer le trouble du partage !
Une goutte de rouge, un vieux morceau de pain,

Voici ces rejetés les hôtes d’une noce,
Se maintenant debout grâce aux bras du copain,
Mais leur esprit s’enfuit vers une mort précoce.


 
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   Damy   
26/5/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Rien à dire quant à la prosodie de ce sonnet qui me semble conforme. Un point conviendrait mieux qu'une virgule après "pain"(dernier vers du premier tercet) et il manque peut-être une virgule après "rejetés" dans la dernière strophe. A noter la recherche de rimes riches.

Mais l'"histoire" me déçoit. La première strophe laisse présager des personnages "hauts en couleurs", procurant des émotions profondes dans le registre de la misère, de la détresse; des personnages attachants.
Le développement ne tient pas sa promesse. Je ressens même que beaucoup de vers sont là pour faire du remplissage, au lieu de travailler les émotions. Ils s'emberlificotent, même, jusqu'à signifier le contraire de ce qu'ils veulent:
"Ce sont des vagabonds possédant l’avantage
De ne pas ignorer le trouble du partage !" = signifie que le partage les trouble alors que l'idée est que partager du vin et du pain ne les dérange pas...

On est loin des "Vagabonds" de Renaud, par ex.
http://www.youtube.com/watch?v=y_DFo_3OSw4&feature=PlayList&p=F2204975CEB8630C&playnext_from=PL&playnext=1&index=43

   Anonyme   
14/6/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonsoir ! Rien à dire pour la prosodie classique parfaitement respectée. Pour ce qui est du texte proprement dit, j'ai bien aimé les quatrains qui plantent le décor ainsi que les deux personnages, mais arrivé au premier tercet j'avoue avoir un peu tiqué ; je ne comprends pas très bien cette histoire de partage, peut-être que le terme "trouble" n'est pas le mieux choisi.
Pour la chûte, c'est à dire le dernier tercet, le premier vers est pour moi incompréhensible, sans doute un problème de syntaxe... à moins que ça soit moi le problème ! Bref, pas vraiment convaincu par cette fin de sonnet à mon avis un peu tirée par les cheveux.

   Lunastrelle   
3/6/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Mmmmm... Alors, je ne sais pas si ce cas est accepté en classique, mais je vois que l'alternance masculine/féminine des rimes sont ainsi:

A D : rime masculine
B C E: rime féminine

Normalement, ça devrait être bon aussi cet enchaînement, à voir...

Sinon, il ne me semble pas avoir repéré d'erreurs sur ce classique, en lisant et relisant bien... Les rimes me semblent toutes suffisantes au minimum, assez bien employées... Le dernier vers me semble être un bon résumé du sonnet...

J'ai bien aimé la manière dont le sujet a été traité: pudeur, mais pas trop d'exagération... ni de "m'as-tu vu" comme peuvent le montrer d'autres textes...

Il y a juste un vers qui ne me semble pas heureux, c'est celui-là:

"Ce sont des vagabonds possédant l’avantage": le "des" me gêne, et au départ j'avais tendance plutôt à le lire comme "deux", qui sonne mieux pour moi...

   Anonyme   
6/6/2010
 a aimé ce texte 
Bien
« L’homme qui déambule a froid dans son estime ! » voilà, tout est dit dans ce vers. Rien de plus, rien de moins. Deux détresses et les regards perplexes des passants.

   Maëlle   
7/6/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Ben j'ai compté, et je me suis retrouvée surprise de tomber juste tant au premier abord ça me semblait bancal. Au passage, faire des alexandrin qui n'ont pas l'air d'en être est un petit exploit.
Une fois passée l'interrogation de forme, j'ai apprécié ma lecture, ces vagabond me semblant des cousins de ceux de Beckett (Vladimir et Estragon d'en attendant Godot). Sauf... la dernière strophe: j'appréciais la vision non misérabiliste, presque joyeuse, mais visiblement, il faut que la fin soit dramatique. Je le regrette.

   Anonyme   
12/7/2010
Bonjour
Votre sonnet respecte les règles. Dont acte.
Vos rimes sont très riches. Soit.
Mais justement, peut-être me gourai-je, j'ai l'impression de lire des "bouts rimés". Ce petit jeu qui consiste à se donner les derniers mots de chaque vers avant de commencer à écrire son poème.
A l'entrainement, c'est un très bon exercice. Qui d'ailleurs peut se jouer à plusieurs.
Sur la forme, vous avez tout bon.
Mais sur le sens ??????

   brabant   
14/6/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour Rickapt,

Je m'imagine mal aujourd'hui des vagabonds de forêt. Je comprends très bien que vous leur prédisiez ainsi "une mort précoce".
Ces vagabonds me semblent d'un autre âge. Celui des "Misérables" de Victor Hugo par exemple. Jean Valjean y vagabonde un temps après son évasion du bagne pour avoir volé un pain.

J'aime infiniment:
"L'homme qui déambule a froid dans son estime !"

Quant à:
"Le regard des passants est un reproche ultime."
Ce vers me renvoie effectivement au XIXè S.
Je n'imagine pas un tel regard aujourd'hui.

Le mot "lazaret" me plaît. Il ajoute sa charge de misère à celle des vagabonds. Il est très marqué Moyen Age où le réprouvé était malheureux et matériellement et spirituellement. Existe-t-il encore des vestiges de ces lazarets aujourd'hui ?

Je me suis souvent posé cette question du partage des pauvres. A mon avis le pauvre qui partage a peu mais suffisamment pour diviser ce peu. Quand il n'y a vraiment que le minimum qui permette de survivre, alors les pauvres aussi se déchirent. Ne mettons pas d'idéalisme là où il n'y en a pas. Ce que vous nous offrez est une vision idéaliste de la misère.
L'homme, riche ou pauvre, est un loup pour l'homme. En ultime recours.
Mais... que la littérature est belle !
(lol)

Voilà nos deux vagabonds "les hôtes d'une noce", pourquoi les vouer aussitôt à cette "mort précoce". Laissez-les tanguer et s'oublier un instant*. Et cela prouve bien que "le regard des passants" n'est pas forcément "un ultime reproche".
*Ils se sont rencontrés "au seuil d'un cabaret"

Un rai de lumière eût été bienvenu quant au destin de vos "Deux vagabonds". Allégez votre texte, les participes présents l'alourdissent: "...cachant... possédant... se maintenant...", quatrain 2, tercet 1, tercet 2; et il y a déjà "passants", 1er quatrain, participe présent substantivé.

Vos vagabonds en seront peut-être moins malheureux. (lol)

Puisque vous possédez l'art de la métrique, saupoudrez vos sonnet d'un peu d'espoir. Le lecteur aime qu'on le berce d'optimisme. Sans être béat, il évite les trous noirs. Ces vagabonds, s'ils chantent la mort, doivent bien aussi, quelque part, chanter la vie.

Le loup souffre de la faim et meurt, mais il n'a pas de collier !


Au plaisir d'un prochain sonnet aux vagabonds requinqués...


Du potentiel ! A votre plume...

   Lechat   
15/6/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour Rickapt

La première strophe est remarquable. Le style est rythmé, les images poétiques. Ce qui ne fait qu'amplifier une certaine déception pour ce qui suit.
La seconde strophe (c'est souvent la plus dure à faire pour un sonnet) tombe à plat après la première. Les rimes en "lazaret" et "cabaret" ne semblent être ici que pour la rime.
Trop de participes présents comme il a été dit précédemment, des expressions peu fluides : "le trouble du partage", "Voici ces rejetés" (qui rappelle le "Voilà" de la première strophe), et des formules qui semblent à côté du sens :
"le trouble du partage" a un côté péjoratif alors que la suite lui donne le sens de "plaisir du partage"
"leur esprit s'enfuit vers une mort précoce", je ne saisis pas le sens de cette mort de l'esprit quand tout ce qui précède s'attache à décrire une déchéance matérielle et physique !

Un sonnet qui malheureusement se paupérise au fur et à mesure de sa progression, à l'image des personnages qu'il évoque. Vraiment dommage car la première strophe prouve le talent de l'auteur.

   shanne   
15/6/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,
Je me suis arrêtée plusieurs fois pour lire ce poème. Je me suis bien imaginée cette difficulté de subir le regard de l'autre, l'impossibilité de communiquer sauf avec un autre exclu de la société
Pour ces deux vagabonds, je suppose que les mots deviennent inutiles, ils sont heureux de se rencontrer pour ce trouble partage: un morceau de pain et du vin, c'est troublant effectivement. Ils profitent de l'instant présent avec la conscience qu'il n'y a pas d'avenir pour eux
Merci à vous

   Goldmund   
16/6/2010
Ce poème est un poème de la simplicité. C’est ce qui fait sa force, c’est aussi de là - malheureusement - que lui viennent la plupart de ses défauts.

Je commence par les points positifs. Un vocabulaire sobre, sans que cette sobriété confine à la naïveté ; c’est une petite vérité, et cependant une vérité méconnue : les grands mots ne font pas la grande poésie. Nous entrons dans le monde des rues, nous entendons les mots simples des gens modestes. Ce poème relève d’une véritable pudeur : tu as su ne pas verser dans l’emphase et le mélodramatique et ne pas te répandre en métaphores sans queue ni tête. Lorsque tu choisis de recourir aux images, c’est souvent de manière percutante, comme avec cette très belle synesthésie :

« L’homme qui déambule a froid dans son estime »

Image touchante puisqu’elle entremêle, à l’occasion d’un glissement de sens, deux niveaux de sensation : la sensation physique, celle du froid, qui renvoie au sens du toucher, et la sensation intellectuelle, qui renvoie quant à elle aux sentiments, et plus particulièrement au soupçon du mépris.

Cette poésie se pose d’entrée de jeu comme une poésie du regard : regards des passants qui viennent dédoubler le regard du lecteur sur la petite scène qui se joue devant lui. Le poète joue ici le rôle du metteur en scène, il choisit tantôt de montrer, tantôt de couvrir. Et de fait, il ne s’agit pas dans ce poème de dresser le portrait en pied de ces deux vagabonds : ne nous est montré que le strict nécessaire, le détail signifiant, celui qui permet de se représenter le tableau sans forcer l’imagination du lecteur. Les présentatifs (« voici », « voilà », lexicologiquement parlant : « vois ici », « vois là »), les démonstratifs, les phrases clivées (« Ce sont des vagabonds… ») : tout cela concourt à aiguiller la lecture, jusqu’à la chute finale, au « concetto » : la mort précoce.

Je l’ai déjà dit, cet écrit n’est pourtant pas exempt de défauts. Tu n’échappes pas à quelques lourdeurs, que ce soit dans le choix des rimes plates ou dans la rime intérieure un peu superficielle du premier vers (« Loin de monde un sentier, le temps fait un arrêt »). Certaines rimes sont clairement forcées et donnent lieu à des tournures que je trouve artificielles (je pense au « reproche ultime », cette emphase cadre mal avec le reste du poème, ou encore au « survivre en victime »). Méfie toi des participes présents (« cachant », « se maintenant », « possédant ») et fais en un usage plus modéré : ils alourdissent beaucoup la syntaxe de ta phrase, et l’on gagne souvent à les remplacer par un signe de ponctuation fort. Pour finir, ta chute, assez maladroite malgré tout dans sa formulation (avec cette conjonction « mais » qui tombe comme un cheveu sur la soupe après une phrase déjà alourdie par un participe présent), bascule il me semble dans l’écueil d'une certaine naïveté, et ne surprend pas.

Il y a du bon, il y a du un peu moins bon : avec du travail tout cela pourrait être bien meilleur. Cela a été dit : ta prosodie est parfaite.

   David   
22/6/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Rickapt,

Le thème est très bon, une variante de "En attendant Godot" peut-être, il y a sûrement des sonnets à écrire de ce côté-là, vers une poésie humaine, où la lumière surgit des ténèbres, comme l'amitié de la misère la plus noire ici.

J'ai trouvé que les vers manquait de fluidité, certains en tout cas, sans que cela tienne a des erreurs de versification, mais plutôt des vers qui forcent un peu la prononciation de E peu communs à l'oral, leur donnant un côté "maniérés" :

"L’homme qui déambule a froid dans son estime !"
"Voilà pourquoi ce cœur traîne dans la forêt."

C'est assez subjectif mais il me semble que cette voyelle sonore en deuxième position d'un hémistiche n'est pas un bon choix, mais ça tient aussi du contexte, que je n'arrive pas à différencier, car ce vers là ne m'a pas dérangé :

"Une goutte de rouge, un vieux morceau de pain,"

Peut-être pour l'effet que je trouve réussi, de la succession de E sonores.

   jaimme   
26/6/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Pour la prosodie, je laisse faire les connaisseurs. Et ils l'ont fait.
Je m'attache donc au fond.
J'aime: "L’homme qui déambule a froid dans son estime !"
Le suivant est un peu trop usité.
J'aime ce "lazaret" qui intemporalise l'ensemble.
Oui: d'ignorer le trouble du partage; et non une double négation...
(à mon sens).
J'en viens au temps récurrent du vagabond, du SDF, du mendiant qui boit. Parler de cabaret, de noce s'est, à mon avis, y faire référence. Or la drogue de l'alcool qui frappe autant les sans-abris est ici utilisée sous une forme qui me gêne. Elle est presque positive. Effectivement ces personnes sans espoir boivent pour ne pas penser, elles cherchent cet état second parce que le premier est insupportable. Là je ne vois qu'une description presque guillerette de cet état. C'est dommage.
(sauf à considérer que le dernier vers y fait référence mais ce n'est pas très clair).
Au final des points très positifs, mais l'ensemble ne remporte pas ma pleine adhésion.
Merci.

jaimme

   Lariviere   
5/7/2010
Le caractère naïf, malgré la force et la puissance qu'il apporte au texte, ne m'a pas paru suffisant. Je sens pourtant dans ce poème simple (tout cela n'est pas péjoratif, bien au contraire) une profondeur philosophique qui aurait du me plaire. Je pense que l'écriture aurait gagné à être plus précise dans ses choix et ses coups de projecteurs narratifs pour permettre de relever justement cette simplicité dans la rédaction comme une qualité formidable et non comme un défaut qui gène la captation de l'histoire par le lecteur.

La fin me parait trop banale. C'est dommage.

Je retiens de ce poème qui aurait pu me parler mais qui ne me parle pas vraiment, ce magnifique vers :

"L’homme qui déambule a froid dans son estime !"

Merci à Rickapt et au plaisir de te lire !

   Anonyme   
13/7/2010
Commentaire modéré

   silene   
19/7/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Un lazaret ? Ils sont donc lépreux ? On comprend mieux que les gens les évitent, surtout avec la crécelle...
Pourquoi le trouble du partage ?
Le dernier vers m'ennuie par son pathos.
Sur ce genre de thème, il me paraît difficile de rester sobre : les écueils sont nombreux.

   Anonyme   
28/4/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Je commencerai par cette phrase "Mais aucun d'eux ne pense à survivre en victime", ils sont ce qu'ils sont et leur vie ce qu'elle est, acceptation simple, évidente, non résignée mais plutôt admise, je dirai presque le naturel de cette situation, "elle est" point final.

L'ensemble de votre écrit est très intéressant, rien ne m'a troublée plus que cela sur la forme, quand au fond il est riche, car au travers de ces deux hommes "rejetés", s'est instaurée l'amitié, l'échange, le partage que bien des gens aujourd'hui dans leur vie confortable sont incapables d'avoir.

Il y a une lucidité qui transperce tout au long de cet écrit, elle est présente, significative dans cette dernière phrase "Mais leur esprit s'enfuit vers une mort précoce".

C'est là un très beau texte, qui a su parlé avec noblesse de ces "deux vagabonds", en faisant deux personnages attachants sans en faire de trop. Tout est dit, et très bien dit.


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