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Poésie contemporaine
RimH : Enviant les morts
 Publié le 17/09/15  -  2 commentaires  -  2300 caractères  -  179 lectures    Autres textes du même auteur

"Meurs donc ! Ta mort est douce, et ta tâche est remplie.
Ce que l’homme ici-bas appelle le génie,
C’est le besoin d’aimer ; hors de là tout est vain."
Alfred de Musset


Enviant les morts



Il chante la symphonie triste
Du corbeau et des aigles noirs
Et la mélodie des fadistes
Et des nageurs dans la baignoire
Où ils ont beau verser leur sang
Sans que leur âme se détache
Du corps laid et alourdissant
Qui la fait souffrir et l’attache.

Il chante la musique de
La langueur d’exister, d’aimer
Des corps qui le rendent frileux
Et qu’il est las d’entrelacer.
Il n’aime plus l’art et le chant
Ne veut plus chanter l’opéra
Qui peut délivrer tous les gens
Des tristes désirs de trépas.

Ce soir dur et froid de décembre,
Il chantera sa mélodie
Il ne sera plus un maudit
Homme descendant de Cassandre.
Il chantera le malheur pour
La dernière fois de sa vie.
Adieu ! Adieu mélancolie !
Adieu ténèbres et vautours !

Le soir est là, la foule crie…
De joie. Oui, une jungle est là
Et le Roi de la mort aussi.
Il chantera sur le grand quai
De la mort et il émouvra
Autant que Selve amiche,
Bel air d’Antonio Caldara.
Il chantera toute sa voix :

« J’envie les morts à qui l’on prie,
Ceux qui ne craignent plus l’oubli.
Libérés de leurs cœurs et corps,
De leurs pensées et leurs remords,
De la vue d’un hideux décor,
Ils ont découvert la magie
Du monde et de cette vie :
Le mystère du Saint-Esprit.

J’envie les morts que l’on respecte
– Même si leurs corps infects
Sont mangés avec appétit
Par les minuscules insectes –
Plus que les vivants dont la vie
Est régie par un sociolecte
Ignoble, fatal et précis.
Elle est si cruelle la vie !

J’envie les morts à qui l’on prie
À qui l’on verse plein de larmes.
On les aime plus, on oublie
Leur agacement, leur vacarme.
On trouve en eux un nouveau charme,
Les viciés les chérissent bien
On sert à leur honneur du pain
Et si l’on est chrétien du vin.

J’envie les morts que l’on respecte
Plus que les personnes en vie
Dont la condition est abjecte.
J’envie les morts vivant au ciel
Peut-être dans un paradis
Propre, magique et éternel
Loin des affreux humains maudits
Et leur utopie matérielle ! »


 
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   lala   
31/8/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
Je me suis laissée embarquer dans ce long poème et j'ai aimé le relire, y trouver à chaque fois des images, des idées, des mots qui ouvrent des fenêtres d'émotions, de rêveries, de réflexion.
L'ensemble est construit autour de comparaisons entre vie et mort : ces vivants qui peinent parce qu'ils ont perdu, ou jamais reçu, le bonheur, la santé, la beauté, l'amour. Vivre pour toujours souffrir ? Les morts sont respectés et priés. Ils sont libres, sereins, aimés, chéris. "Elle est si cruelle la vie !"
La vie est décrite par le chant. Il chante : "la symphonie triste", "la langueur d’exister", "le malheur". Dans la mort, c'est le souvenir qui compte, ce souvenir qui trie, qui oublie, les morts sont magnifiés et deviennent ainsi l'objet de l'ambition ultime. "J'envie les morts".

   Anonyme   
17/9/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour,

Je trouve ça un peu confus et sordide ; un peu long aussi.

L'écriture est pas mal, mais peu mieux faire.

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