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Poésie contemporaine
Robot : Fin de règne
 Publié le 05/02/21  -  16 commentaires  -  577 caractères  -  312 lectures    Autres textes du même auteur

« Les plus désespérés sont les chants les plus beaux… »
Alfred de Musset


Fin de règne



La Terre avait cessé de jouer la toupie ;
un nuage versa une dernière pluie.
Ce jour-là le Soleil ne se coucha qu’à l’aube :
Durant toute la nuit, immobile à l’ouest,
il resta suspendu pâle au-dessus des eaux ;
au matin seulement il plongea dans la mer.

Tandis que la planète orpheline vaguait
pour trouver au hasard une nouvelle étoile,
le tout dernier humain, étendu sur la plage
imprima son visage sur la couche de sable.
Cette empreinte témoin de son destin funèbre
fut absorbée soudain par l’encre des ténèbres.


 
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   embellie   
21/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ames sensibles, passez votre chemin.
Sans doute approchons-nous de la fin de notre civilisation ; j'en suis convaincue, c'est pourquoi je trouve ce poème prémonitoire et glaçant comme un cauchemar.
L'auteur nous fait part de sa vision de cette fin avec réalisme et sensibilité : l'adieu d'un nuage qui verse une dernière pluie, comme les pleurs d'une séparation. Le Soleil veillant toute une nuit au chevet de la Terre, comme on peut veiller un mort, et mourant à son tour, à regrets semble-t-il : « au matin seulement il plongea dans la mer. »
Le soleil c'est la vie pour notre planète. Le soleil disparu, c'est le noir absolu et la fin de la vie, inexorablement. C'est pourquoi, du tout dernier humain étendu sur la plage il ne reste plus rien, même pas la trace de son empreinte sur le sable.
C'est l'anéantissement total, vraiment de quoi saper le moral. Toutefois on peut trouver une petite lueur d'espoir puisque « la planète orpheline vaguait pour trouver au hasard une nouvelle étoile ».
Je formule mes vœux les plus sincères pour que, le moment fatidique survenu, cette planète trouve son sauveur.

   Anonyme   
25/1/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je trouve dommage, alors que dans votre poème vous avez eu recours aux assonances plutôt qu'aux rimes, de terminer par une rime des plus classiques et même, à mon avis, convenue : c'est trop "ça", trop le sujet.

Auparavant, j'ai bien aimé le traitement à contre-pied de l'apocalypse, le ton assez terre-à-terre ; pas d'emphase ni d'enflure, la Terre cesse de tourner, on apprend en passant qu'il ne reste qu'un humain, la dernière trace qu'il peut laisser est on ne peut plus éphémère : un creux dans le sable. Fini. Une solennité apaisée, malgré le tragique universel du propos. Une vraie justesse de ton à mon avis.

Oui, en relisant décidément je trouve les deux derniers vers carrément nuisibles à l'impression générale laissée par votre poème.

   Lebarde   
28/1/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une atmosphère de fin du monde, de « fin de règne » pour l’espèce humaine assez bien rendue.
Le dernier homme laissera quand même l’emprunte de son passage en «  imprimant son visage sur la couche de sable » qui se fossilisera.
C’est déjà cela, comme les trilobites, les oursins ou les dynosaures...sans que cela empêche la terre de tourner encore et encore vers d’autres éternelles destinées.

De belles images, une belle fluidité d’écriture, une indéniable poésie, je veux bien me laisser séduire.

Merci
En EL
Lebarde

   Miguel   
28/1/2021
 a aimé ce texte 
Un peu
On se demande bien ce que, dans cette apocalypse, le dernier des humains fait sur une plage. À moins que la fin du monde ne l'ait surpris en plein Club Med. On est dans un contexte cosmique et la réduction à un personnage réduit fâcheusement cette dimension. Le destin du dernier n'est pas plus funèbre que celui de tous les autres. Certains vers ne manquent pas de grâce, mais cette fin me semble un peu ratée.

   Donaldo75   
29/1/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
D'ordinaire, j'attends d'un poème très court de l'impact à la lecture, de la densité dans la matière poétique, évidemment du sens vu qu'il n'y a pas assez de vers pour tout expliquer au lecteur; sur ce dernier point, c'est tant mieux car je ne suis pas du genre à vouloir lire le catalogue de la poésie en kit. Bref, passons ce préambule et allons droit au but. Plus je relis ce poème dont la tonalité et le thème font partie de mes aires de prédilection, plus je l'apprécie car en deux sizains il raconte une histoire funeste, celle de notre destinée, avec une telle puissance évocatrice que j'en suis resté comme deux ronds de flan à ma première lecture. Les symboles sont très bien mis en avant, la situation n'est pas contextuelle mais presque essentielle et s'il y a un poème qui laisse à réfléchir c'est bien celui-ci. Allez, je me lâche, je n'ai pas tous les jours l'occasion de lire de la si belle poésie, traitant d'un thème important, profond, et surtout qui ne ressemble pas à un exercice de style du genre le peintre en bâtiment qui s'essaie à faire du Warhol en mode e-learning.

Bravo, bravissimo !

   Anonyme   
5/2/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Les astrophysiciens n'ont pas prévu que la Terre cesse sa rotation, cependant c'est une métaphore de la cessation de la vie, du flux, du mouvement. "Jouer la toupie m'a semblé" une formulation dont le registre jure avec le reste. Mais je ne sais pas pourquoi le soleil finit par plonger dans la mer : la Terre ne fait-elle que ralentir ? Le vers suivant suggère que la Terre a quitté son orbite : dans ce cas, elle n'a aucune chance d'être capturée par une autre étoile. Nous sommes condamnés à la froidure le plus extrême. Mais pourquoi ne reste-t-il qu'un tout dernier humain ?... Bon, enfin, voilà mon verdict : l'idée de départ est originale pour un poème mais les aspects scientifiques et logiques auraient été à revoir.

   papipoete   
5/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
bonjour Robot
persuadé d'avoir commenté ce poème, ben non !
Une fin de règne pour notre planète, qui put faire peur et puis finalement pas tant que cela...en effet, quand notre pauvre Terre cessera de tourner, le soleil pour une ultime fois passera son tour de garde, éclipsant la lune pour toujours...nous serons tous morts depuis ce terrible dérèglement où ne survit que le requin dans son océan...
NB on se prend à naviguer à bord de cet astronef " vaguant " vers quelque oasis intergalactique, à la recherche du résurrecteur nous attendant accoudé à son anneau saturnien...
Sur cette plage abandonnée, un ultime survivant pourtant ( peut-être survécut-il en sirène marine ? ) mais sur le sable, une langue monstrueuse venue des abysses l'absorba.
Un récit bien noir que les augures depuis Mars 2020, purent inspirer à l'auteur ou tout simplement la retranscription d'un horrible cauchemar...
La première strophe est particulièrement illustrée, et son dernier vers...
Un " contemporain " bien tourné !

   ANIMAL   
5/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très beau poème, court et intense, qui décrit parfaitement ces derniers instants de l'humain, si petit devant les forces du cosmos.

Un jour, tout s'éteint et voilà. Le sable reste seul témoin de l'aspect physique de l'espèce qui se crut dominante. Mais qui sera là pour voir ce visage dans les ténèbres...

Cela ne peut pas être tragique puisque c'est superbe.

   Raoul   
5/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir,
J'aime bien ce court poème dont la force réside dans les emplois du passé simple (et des imparfaits concordants). Juste un doute sur 'funèbre'' ou funeste.
Un beau paysage !
Merci pour ce... rappel.

   MissNode   
6/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
... Même la dernière trace en sable d'humanité est engloutie dans le Néant...
Aucune touche d'espoir dans cette "fin de règne", où l'ensemble des planètes même (Soleil, Terre, étoiles) sombre dans le chaos.

Mon appréciation va vers un "moins" surtout à cause des 3 derniers vers de la strophe introductive, qui me paraissent à la fois redondants et faibles, n'apportant rien de nouveau par rapport au splendide vers "Ce jour-là le Soleil ne se coucha qu'à l'aube" dont l'image est suffisante au lecteur pour s'imaginer sa suspension toute la nuit avant de "plonger dans la mer" (proche selon moi du cliché).

J'ai beaucoup aimé :
- la performance à mes yeux de présenter un véritable récit dans une forme constituée d'alexandrins poétiques riches d'images,
- les 3 premiers vers, très puissants en images poétiques courtes ("jouer la toupie", la "dernière pluie" du nuage, et l'anomalie du Soleil qui "ne se coucha qu'à l'aube"... mais donc, l'aube n'a plus existé ?...),
- la 2ème strophe qui introduit l'Homme dans cette galaxie contrariée pour l'en faire disparaître définitivement,
- "la planète orpheline vaguait" (j'ai lu "vaquait" en 1ère lecture)

   Hiraeth   
6/2/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai toujours un faible pour les (rares) poèmes qui parlent de la fin du monde, ou plutôt de la fin de l'homme. Ce sujet, dont on sait qu'il deviendra réalité, me réconforte étrangement. Rien n'est très grave au fond si tout finira un jour, et la fin de l'humanité entraînera moins de souffrances que sa continuation. L'univers ne cessera pas pour autant d'exister, sous quelque forme que ce soit : il a vécu longtemps avant nous, il vivra également longtemps après nous. Qu'il est bon de se sentir quantité négligeable !

La première strophe me donne l'impression d'une troupe cosmique tirant sa révérence, de manière coordonnée et quasi répétée, juste avant la tombée du rideau. Tels des acteurs fatigués, mais déterminés à sortir avec classe. Les vers coulent bien en bouche, sans fioriture.

J'aime particulièrement la référence au sable (douceur et vanité !) dans la seconde strophe, l'humain qui s'y couche en y laissant l'empreinte de son visage, bientôt effacée par les ténèbres. Cela me rappelle d'ailleurs les derniers mots de Foucault dans Les mots et les choses ; même s'il ne parle que de la fin de l'homme au sens figuré, il utilise lui aussi l'image du visage de sable effacé par la mer.

Je suis partagé quant aux deux derniers vers. C'est une bonne fin, mais il lui manque quelque chose pour être encore meilleure. Ces alexandrins rimés sont efficaces tant du point de vue de leur rythme que de leurs images, et il y aurait quelque chose à dire sur le fait que ce sont les seuls vers rimés du poème, avec les deux premiers (plus ou moins) ; mais ils sont peut-être un peu trop explicites. L'adjectif "funèbre" me semble en trop, l'atmosphère de fin du monde étant déjà bien installée. De plus, le passage au passé simple et l'utilisation de l'adverbe "soudain" font passer cette disparition comme une surprise, un événement brutal et quelque peu inattendu, alors que non, en fait.

D'un autre côté, j'apprécie l'idée de ne réserver que deux vers à l'évocation de la fin de l'homme. D'où le fait que je sois partagé.

   Atom   
6/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime l'idée d'une planète perdue, errante à travers le cosmos avec quelque part perdu en sa surface, un homme, le dernier, imprimant son visage dans le sable telle une dernière trace, un dernier vestige de son passage sur Terre.
D'un coucher de soleil, on passe à un soleil qui découche parce qu'il en avait peut-être marre d'éclairer un monde égaré.
Nous ne méritions sans doute plus la lumière et notre empreinte se fera engloutir par le néant.

   Lulu   
7/2/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Robot,

Ce poème m'a bien questionnée.

J'ai beaucoup aimé le titre que j'ai trouvé très en adéquation avec le texte, et parfait, en soi.

Pour le poème, je ne peux m'empêcher de rechercher les rimes, du fait des alexandrins... et du démarrage du texte.

Après quelques lectures, c'est un peu comme s'il y avait eu le règne de l'humanité ou d'une certaine poésie, puis la fin de l'une et de l'autre.

Côté humanité, tout semble disparaître au travers de très belles images décrites qui nécessitent l'effort de se les représenter. Ainsi, la fin de l'aube, par exemple.

Dans l'ensemble, j'ai trouvé l'impact des images très fort sur ces douze vers, soit sur un texte court.

Côté poésie, j'ai aussi aimé cette brièveté du texte. Le côté court retranscrit bien le temps humain qui, si on le considère depuis son apparition est bien mince, petit, et qui, mis en perspective sur le temps à venir, peut aussi paraître tout aussi fragile.

Toujours côté poésie, la forme du poème m'a paru chaotique, du fait des rimes absentes ou de la ponctuation qui m'a semblé tortueuse ou torturée. A l'image du fond de ce texte où tout semble s'en aller jusque dans "l'encre des ténèbres".

Ce poème me semble dans son ensemble relever d'une intéressante inspiration. Je trouve que ça éclaire, et que sans dénoncer ouvertement, il interroge sur nos façons de vivre sur la Terre, comme si la vie pouvait se détruire elle-même avec la planète, par la force des choses "La Terre avait cessé de jouer la toupie", ou par l'indifférence humaine "un nuage versa une dernière pluie", vers qui n'est pas sans rappeler nos temps récurrents de sécheresse.

J'ai trouvé belle l'idée de cet humain qui demeure à la recherche d'une issue, tout comme "la planète orpheline".

Les deux derniers vers sont toutefois si sombres... qu'on les souhaiterait "pure fiction", ce qu'ils sont, et la beauté réside là, justement, dans l'impact de ce poème qui nous laisse songeurs, et sensibles à la préciosité de ce qui fait le charme d'être là, par contraste, nous amenant peut-être à nous préoccuper de ce qui peut vite disparaître.

Bravo pour le côté chaotique de la ponctuation et des fins de vers qui pourrait annoncer la fin du règne poétique, aussi, puisque tu nous mets en lien avec des alexandrins dans cette lecture.

   Robot   
7/2/2021

   Pouet   
8/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut,

j'ai beaucoup apprécié cette lecture matinale. J'ai beaucoup apprécié pour la réussite -à mon sens de la restitution d'une "ambiance" anticipée, de la simplicité, du "dénuement" qui se dégagent de ces lignes (d'horizon).

Le texte n'en fait pas des tonnes (de pathos et de chaos), j'ai trouvé ça appréciable.

Il me semble donc que ces douze vers se suffisent à eux-mêmes, qu'il n'y a pas grand chose à ajouter, à "imprimer"... si ce n'est ce visage de sable en friable hologramme, un témoin, un passage.

PS: je trouve la "suggestion" d'un commentateur de remplacer "funèbre" par "funeste" assez opportune.

   Edgard   
8/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir Robot
« Au lit les enfants, j’éteins la lumière… »
Je ne lis pas un texte angoissant, qui nous prévient de la fin du monde. On s’y moque bien de la réalité scientifique, que l’on soit cramés par le soleil ou transformés en glaçons éternels, ou qu’on s’en aille chercher un autre soleil… qu’est-ce qu’on en a à faire. C’est une poésie. Elle s’arrête, la toupie. Un point c’est tout. Mouvement d’humeur, un peu surréaliste qui dit beaucoup sous le couvert d’une désespérance en forme de clin d’œil. (Les chants désespérés…jouer à la toupie, fin de règne…) C’est construit comme un coup de zoom sur la galère.
…et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots.


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