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Poésie en prose
Robot : Forêt désaccordée [Sélection GL]
 Publié le 14/09/14  -  14 commentaires  -  945 caractères  -  267 lectures    Autres textes du même auteur

Une promenade par mauvais temps peut avoir quelques attraits.


Forêt désaccordée [Sélection GL]



L’orchestre des bois se révolte. Chacun jouera sa partition !
Le chêne a lâché sa baguette, branche morte.

Les feuilles frémissent, chuchotent une aria désordonnée.
Grinçant des sons de violoncelle, en tourbillon le vent emporte les notes désarticulées.
Jailli du chaos des cymbales qui s’entrechoquent aux nuées, l’éclair annonce des tambours aux grondements exaspérés.
Le sol crépite sous l’averse, et comme de petits marteaux, les gouttes jouent du xylophone sur le miroir des flaques d’eau.

Sur le houppier dont chaque hêtre a déployé le parapluie, tranquillement l’ondée épelle sa longue et triste litanie.
D’ultimes contrebasses vibrent en hoquets pour le final.
Quand tous les instruments se taisent le chœur des oiseaux reste coi. Les rumeurs des halliers s’apaisent.
La forêt redevient muette.

Puis, tout soudain, un merle flûte en lissant ses pennes mouillées.


 
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   Myndie   
27/8/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Joli poème et jolie façon d'offrir à la forêt un sens poétique qui dépasse ses représentations habituelles.
La forêt s'anime de la vie d'un orchestre et nous fait partager échos et vibrations, harmonies chromatiques du vent, tintements de la pluie et rim shot de l'orage, tout cela dans une cacophonie savamment dés-orchestrée.
On n'a aucun mal à s'imaginer entendre la montée en puissance du charivari, puis la tension qui décroît jusqu'à l'apaisement et le silence final.
Et comme la vie reprend toujours son cours, il y a cette dernière phrase « Puis, tout soudain, un merle flûte en lissant ses pennes mouillées » que je trouve d'une exquise légèreté.

On est plutôt coutumiers des poèmes symphoniques qui, par la grâce de leur musique évoquent si bien la nature : les flûtes qui gazouillent comme l'eau, la harpe qui crée l'atmosphère de la nuit, les cuivres puissants qui soufflent la tempête.
Ici, c'est tout l'inverse. Pour une fois, c'est la lecture qui nous offre de goûter la féerie musicale de cette « forêt désaccordée.
C'est tout aussi magique.

   Anonyme   
29/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Merci pour ce bel orchestre. C'est comme si j'y étais, vous avez mis toutes mes sensations en éveil.

Je ne trouve rien à dire de constructif, vraiment je contemple, j'écoute, c'est frais et c'est une belle vibration.

Juste un petit détail histoire de chipoter un peu:

"les gouttes jouent du xylophone sur le miroir des flaques d’eau"

"miroir" est pour moi de trop, et vraiment cette image ne sera pas en grande perte en la supprimant car ces vers sont déjà incroyables:

"les gouttes jouent du xylophone sur des flaques d’eau"

Aucune note désarticulée pour ma part.
C'est puissant et c'est une merveille.

   Uranie76   
30/8/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Comme si j'y étais
Les sons, l'aria, les odeurs, le mouvement, plus qu'à se laisser porter, le temps d'une tempête, le temps d'une ondée.
Votre poème en prose me fait renouer avec les plaisirs d'une poésie simplement accessible.

   Anonyme   
14/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Une idée bien originale que d'écrire une symphonie sylvestre
sous la pluie.Le titre : La chanson des gouttes d'eau.
De bien belles images en générales mais j'aurais aimé plus long.
Bien sûr, lorsque c'est joli, on en redemande toujours plus.

Musique classique ou moderne ? Beethoven ou Berg ?

Toujours est-il que ce texte se lit avec grand plaisir
jusqu'à l'apaisement final ce qui me fait doublement penser
à la symphonie Pastorale.

   Anonyme   
14/9/2014
Bonjour Robot

Le titre désamorce la critique.
Ne cherchons nulle harmonie dans ce concert ou chacun joue sa partition sans se soucier d'un chef sans baguette.

Reproduire les sons de la nature est une veine très exploitée par les compositeurs.
Ici, j'entends une cacophonie libertaire, très 'fête de la musique"

Pour vérifier, aux premiers coups de suroît de l'automne, j'irai me balader en forêt.

Merci Robot

   leni   
14/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Robot
La symphonie de la foret en partition atonale sous un ciel de Vlaminck
C'est un court instant décrit avec précision Jusqu"au hoquet final"
Original dans son écriture Belle inspiration! Salut cordial Leni

   Anonyme   
14/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut Robot... Tout d'abord je confirme l'incipit, une promenade par mauvais temps peut avoir beaucoup d'attrait, tout au moins à mes yeux. Ici pas de chef d'orchestre mais chacun y va de sa partition le temps de laisser passer l'orage dont la fin est sifflée par le merle...
Un merle flûte t-il vraiment ? Je pensais qu'il jasait mais n'étant pas expert en la matière, va pour flûte.
Ai particulièrement apprécié...Jailli du chaos des cymbales qui s’entrechoquent aux nuées, l’éclair annonce des tambours aux grondements exaspérés.
Belle balade sous forme de ballade... Bravo

   Purana   
14/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un très beau poème qui évoque en moi la même joie, parfois entremêlée avec la nostalgie et la mélancolie, que j'éprouve en écoutant les œuvres de certains compositeurs.
Avec Mozart c'est la joie qui règne ; avec Schubert c'est de la nostalgie et de la mélancolie et avec…

Voici la puissance de la beauté !
À partir du moment où l'on est en mesure d'apprécier de belles choses de beautés, l'une évoque l'autre. Voir, sentir, entendre… tout en même temps.
C'est beau ça, non ?

Très bien écrit avec une forme qui ne peut pas être autre pour exprimer ce que vous vouliez dire d'une façon toute naturelle.

Merci à vous,
Purana

   Arielle   
14/9/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Voilà une partition qui nous offre de bien jolies images qui s'animent de verbes et de mouvements apparemment disparates.
Si la mise en page joue la carte de la prose, si la rime classique refuse de se plier aux règles établies, je n'ai pas pu m'empêcher d'entendre entre les gouttes, tout au long du poème, des octosyllabes bien rythmés (à une ou deux exceptions près, c'est vrai)
Le chêne a beau lâcher sa baguette, pas facile pour un orchestre d'échapper à ses habitudes et je sais de quoi je cause !
Si le chaos est moins grinçant qu'il ne voudrait nous le faire croire, on lui pardonne bien volontiers ne serait-ce que pour les petits marteaux du xylophone dans les flaques d'eau et la flûte attendrissante de ce merle mouillé qui met un point d'orgue au concert.

   Francis   
15/9/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Jouez hautbois, jouez la vie, jouez l'amour ! La forêt et ses habitants, les oiseaux nous donnent ici de belles images ou sonorités.
La vie est là et, quand l'orchestre s'arrête, un soliste, un merle relance la musique.

   Anonyme   
15/9/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Quand des bruissements sont écoutés. Tout est là, dans le fait d'écouter. C'est ce que je retiens de ce texte.

Il a un petit côté "rédaction" qui aurait pu être dépassé par une allusion, toute courte, sur le sentiment de l'auditeur-spectateur.

J'aime bien "Le chêne a lâché sa baguette," mais par exemple "branche morte" qui suit immédiatement de façon un peu plate aurait pu donner lieu à une petite allusion sentimentale à cette branche au sol.

Houppier et hallier, merci pour ces mots, nouveaux pour moi.

   wancyrs   
17/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Salut Robot,

On constate ici toutes les caractéristiques d'un orage tropical : une entame brusque, un vécu dense, et une fin aussi brusque que le début. Entre temps, la violence de l'orage donne matière a poétiser... Et quelle belle cacophonie !

Merci poète !

Wan

   Anonyme   
19/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une bien jolie métaphore filée avec art, sonore et fraîche comme cette trille d'oiseau qui clôt votre poème. Je suis assez admiratif car insuffler un souffle poétique sans recourir aux artifices de la prosodie me semble d'une difficulté que je n'ose affronter. C'est ici une belle réussite. Bravo.

   Robot   
20/9/2014


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