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Poésie contemporaine
Robot : Pilule, granule
 Publié le 20/03/19  -  15 commentaires  -  1127 caractères  -  214 lectures    Autres textes du même auteur

Il n'y a rien, c'est ça le pire !


Pilule, granule



Le vide bientôt désemplit,
il n’y a rien c’est ça le pire.
La tête hélas ne sait pas dire
ce que les mains ont accompli.
La destinée qui agonise
quand se manifestent les peurs
repousse un printemps sans couleurs
et des instants qui s’éternisent.
Il reste toujours les écueils
agrippés aux griffes traîtresses ;
le monde et les choses paressent
comme une vie dans un cercueil.
Au cœur broché dans une gaine,
tel un violon sans ses accords,
l’esprit abandonne le corps
dont on a déchiré les veines.
Alors surgit le désespoir,
dans la mémoire scélérate.
L’effrayante folie éclate,
puis tout retombe dans le noir.

Un médicastre et ses pilules,
l’angoisse blesse sans répit.
Un désespéré sur un lit,
un verre d’eau, une gélule.

Une sortie de somnambule,
Un psychologue et ses formules.

L’infirmier dans le vestibule,
un verre d’eau, une capsule.

… Cellule
… … pilule
… … … pendule
… … … … granule.

… … … … … Le vide avec ses tentacules.


 
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   INGOA   
21/2/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
J'aime l'originalité de cette composition tout en lui reprochant (modérément) le formalisme d'une composition. Je ne pense pas que toutes les gélules et granules (ici confondues avec granulés da manière abrupte), soient opiacées. Autant les poêles à granules me sont familiers, autant les traitements médicaux à granules me sont étrangers. Il ne faut pas toujours privilégier la rime au détriment du sens.

   Corto   
28/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Dès la première lecture on est entraîné dans un monde où tout dérape, tout inquiète. Reste-t-il un peu de rationnel dans ce secteur ?

Avec "Le vide bientôt désemplit, il n’y a rien c’est ça le pire" on comprend qu'on touche non pas le fond, mais l’abîme qui est sous le fond. Vertige pour tous !

La noirceur du réel ou du ressenti est bien exprimée par "Le monde et les choses paressent comme une vie dans un cercueil".
"Alors surgit le désespoir" nous enfonce encore un peu plus dans une situation sans issue à moins que...

Mais le final casse tout espoir de sortir de l’abîme: "...Le vide avec ses tentacules".

Un travail remarquable pour tenter de faire comprendre ce qui, pour l'instant, ne peut plus passer par les mots.

Bravo.

   hersen   
20/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
deux choses qui vont vraiment bien : les octos, qui marquent une régularité insondable, ainsi en "bloc", une routine de ce qui se délite, un peu comme être spectateur de sa propre déliquescence.

La fin. Elle est très bien vue, avec tous ces "ule", l'esprit fabule et le temps pressant se mélange aux heures fixes des granules et pilules.

Le fond bien sûr n'est pas très encourageant, la réalité rattrape chacun.

Un poème qui doit nous conforter dans un " rêvons pendant qu'il est encore temps". Histoire que le vide se précipite moins...

Merci pour la lecture !

   papipoete   
20/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Robot
L'esprit, de ce corps s'est enfui à tout jamais ; il ne reste que les gestes que le pauvre " pantin " fait en réflexe...le docteur a dit : le docteur a prescrit : il faut prendre cette pilule, avaler cette gélule même si elle ne sert à rien...le docteur a dit !
NB un texte désespéré à l'image du héro, marionnette dont on tire les ficelles, bouts de ficelle ; et telle baudruche sans âme, le " déshumain " attend la venue de l'infirmier pour sa pilule, sa gélule au froid de sa chambre-cellule .
" au coeur broché dans une gaine, tel un violon sans ses accords " belle image !
des octo qui m'apparaissent " néo-classique ", mais les 4 mots de la fin, tout seuls empêchent peut-être cette classification ?

   Vincente   
20/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
L'univers psychiatrique vu par un spectateur/visiteur. Ou, et l'on voit ici que l'interné pourrait être aussi le narrateur, hors de lui-même dans des moments de clairvoyance ou après par des réminiscences. Ce que j'ai senti c'est une véracité du ressenti, il y a du vécu, ce qui se dit ici ne "s'invente" pas.

J'ai particulièrement apprécié les deux vers du début "Le vide bientôt désemplit, / il n’y a rien c’est ça le pire.", et le dernier "Le vide avec ses tentacules." bien mis en perspective formelle par ce dégradé dégradant, marquant l'impasse qui se prédestinait dans le "vide bientôt désemplit" du début. Un début et une fin qui se touchent et se marquent pour tracer leur cercle infernal, ici la maladie psychique. C'est bien rendu.

Le déversement interne va comme il peut dans le reste du poème, comme pour dire les erratiques sensations qui encombrent l'esprit du malade. J'ai moins aimé, mais le désagrément est cohérent avec le dérangement évoqué ; alors pourquoi pas.

   Davide   
20/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Robot,

Ce qui me fait aimer ce poème sont l'inventivité et la maîtrise de la forme (avec les octosyllabes bien "musicaux", à rimes embrassées, et monorimes en conclusion).

Il y a une espèce "d'humour médicamenteux" assez surprenant, qui autorise le traitement d'un sujet (sans jeu de mots) tout de même délicat avec une certaine légèreté.

Merci pour cette lecture,

Davide

   Anonyme   
20/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"Le vide bientôt désemplit,
il n’y a rien c’est ça le pire.
La tête hélas ne sait pas dire
ce que les mains ont accompli. " Une entame chargée de sens, qui m'entraîne à penser qu'il est question ici d'une atteinte d'Alzheimer.

Des images fortes, tout en suggéré, pour traduire cette décadence sournoise de l'être.
" La destinée qui agonise "

" le monde et les choses paressent
comme une vie dans un cercueil "

" l’esprit abandonne le corps "

"Un désespéré sur un lit,
un verre d’eau, une gélule." Quand il n'y a plus grand chose à espérer...

Un texte sombre qui définit bien le propos.

   STEPHANIE90   
20/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Robot,

ce qui est certain c'est que votre texte n'est pas vide de sens. Avec un certain humour vous nous laissez entrevoir avec vos mots ce que l'on arrive en principe pas à décrire. Votre premier vers est la formule sur laquelle tient tout le poème.
"La destinée qui agonise
quand se manifestent les peurs
repousse un printemps sans couleurs
et des instants qui s’éternisent.
...
Alors surgit le désespoir,
dans la mémoire scélérate.
L’effrayante folie éclate,
puis tout retombe dans le noir."
La mémoire scélérate est tellement bien trouvé pour exprimer les grands bugs du cerveau que je vous tire mon chapeau.

De même, votre énumération finale avec ces rimes en "ule" qui déambule, bravo !!!
J'aime beaucoup évidement.
J'en ai froid dans le dos...

StéphaNIe

   senglar   
20/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Robot,


Constat terrible du monde dans lequel nous vivons, un monde impitoyable (Merci Dallas ;) ) où le bonheur se mérite au prix du burn out.
Alors :
"... Cellule
... ... pilule
... ... ... pendule
... ... ... ... granule"
pour que tout continue de tourner

et...

Constat effroyable tout continue de tourner pour le pire et le meilleur bien entendu.

Jadis dans les cercueils les morts-vivants griffaient le couvercle pour en sortir ; aujourd'hui ils sont plutôt un havre de paix. On ne veut plus en sortir mais bien davantage y entrer ; je sais, on nous y met, mais... mêêêh ! (lol) Tout est dit et consommé. Consomption !


Merci Robot pour ce regard lucide porté sur notre société !


Senglar le brabantois

   leni   
20/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
BSR Robot REGARD sans pitie sans faille C'est un texte qui a 60degrés
c'est du rhum agricole
Cela doit faire du bien d'écrire un tel texte C'est libératoire
oui le monde et les choses paressent
comme une vie dans un cercueil.
Au cœur broché dans une gaine,
tel un violon sans ses accords,
que c'est vrai que c'est dur à entendre

Et le dérisoire L’infirmier dans le vestibule,
un verre d’eau, une capsule.




Je suis KO KO amitiés LENI

   Donaldo75   
21/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Robot,

J'ai trouvé ce poème réussi mais inégal. Cependant, malgré ce dernier adjectif, je l'aime bien parce que sa fin est excellente et que de nombreuses bonnes idées le parsèment. Et puis, je n'ai pas pris mes pilules aux champignons, alors je suis grincheux ce matin.

Bravo !

Don

   Pouet   
23/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Slt,

Pilule pour l'humain: souvent difficile à avaler.
Granule me fait penser au nourrissage des poulets. Y voir une analogie? Les "batteries" d'examens, la mise en berne des hormones....

Bien suivi le déroulé, bien accepté le vide.

Une sortie réussie, n'oublions pas notre camisole de chimie pour la rentrée.

   solo974   
24/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Robot,
J'aime beaucoup votre poème.
Outre sa thématique, qui m'a particulièrement touchée et émue, j'ai beaucoup apprécié certaines images : "La destinée qui agonise", "Au cœur broché dans une gaine", notamment.
Il y a, dans votre poésie, une tonalité baudelairienne bouleversante et la chute est selon moi une réussite totale.
Les mots "Cellule", "pilule", "pendule" et "granule" tombent comme autant de couperets, que la mise en page souligne de façon très judicieuse et très pertinente.
Une lecture qui secoue et dont on ne ressort pas indemne certes,
mais qui incite à la réflexion - ce qui constitue un gros plus de mon point de vue.
Un grand bravo à vous et excellente continuation !

   Cristale   
25/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

Être, et ne plus être qu'"un désespéré sur un lit". Le corps est présent mais si la mémoire est absente...qu'en est-il de la conscience ?

"Alors surgit le désespoir,
dans la mémoire scélérate.
L’effrayante folie éclate,
puis tout retombe dans le noir."

Sans doute la seule façon possible à l'esprit camisolé de manifester sa présence...

Octosyllabes à rimes embrassées, comme une respiration contrôlée, un regard qui assiste, impuissant, à la chute dans l'oubli qu'aucune "pilule" "granule" ne peut amortir ni libérer de cette "cellule" où s'égrène le temps à la "pendule".

J'aurais placé un interligne après le 12ème vers pour aérer un peu et accentuer le crescendo : 12, 8, 4, 2, 2, 1,1,1,1...et les mots isolés qui martèlent la réalité. Le dernier vers n'est peut-être pas nécessaire.
La chute en apnée avec ces rimes en "ule" qui tombent comme un comptage de gélules est assez prégnante et originale.

Merci pour ce partage.
Cristale

   Robot   
25/3/2019


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