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Poésie en prose
Robot : Un naturel grognon
 Publié le 22/12/16  -  20 commentaires  -  1683 caractères  -  258 lectures    Autres textes du même auteur

En hommage aux jamais contents…

Un texte à dire.


Un naturel grognon



Au diable la nature… et tous ses laudateurs !…
Eh bien quoi, le printemps ?
Vous sont-ils donc si chers ces avrils brouillardeux, ces giboulées, ces pluies, qui durent jusqu’à mai et brouillent la Saint-Jean, à l’orée de juillet ?

Au diable les étés !…
Dire la saison belle n’est que supercherie !
Succession d’orages, valses de parapluies. Des arbres foudroyés et des nuits sans sommeil quand gronde le tonnerre jusqu’au petit matin.

Au diable aussi l’automne !…
Volontiers je m’en passe et de vos mièvreries…
Pouah, ces belles couleurs n’annoncent rien de bon car c’est jours de grisaille, de mauvais souvenirs, d’honneurs aux trépassés, de monuments aux morts.

Au diable ce qui suit !…
Gel et neige et gadoue. Ah oui, c’est beau, l’hiver ?
Après la plaine blanche… une plaine crasseuse. Une moraine brune a bouché les chenaux, rendu la rue glissante aux pas mal assurés.

Au diable la nature !…
Jamais au diapason,
En avance, en retard au mépris des besoins, sans respect des saisons. Sèches pour les maïs, humides aux vendanges. Quel est l’ordonnateur d’une telle incurie ?

Au diable le hasard !…
Donnez-moi les commandes
Pour offrir à chacun en même temps… le temps… au gré de son envie. La pluie chez Pierre ou Jean, le soleil pour Marie. On vivra bien heureux… si tout cela concorde…

Au diable la nature… et tout ses laudateurs !…
Ces cuistres pontifiants !
Je désirais vraiment assurer leur bonheur ! Je voulais pour leur bien remettre tout en ordre, mais à mon premier test ils ont tressé ma corde.

29/09/2015


 
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   Michel64   
12/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'aime beaucoup ce poème qui, sous couvert de moquerie envers tous les grincheux, fait aussi passer ce message : " Si l'homme avait le pouvoir de commander au temps, ce serait une catastrophe".

Quasiment tout ici, est très bien dit et très agréable à réciter à haute voix. Ça coule sans accrocs.

Sauf ce 5ème vers avec ces treize syllabes qui accroche un peu :
"Dire la saison belle n’est que supercherie ! "
Peut-être "Dire la saison belle, oh la supercherie !"

Et puis ce mot "test" qui a un côté laboratoire, mais j'avoue que je n'ai pas trouvé mieux.

Désolé pour ces tout petits bémols mais ma mauvaise nature me pousse toujours à chercher la petite bête.

Au grand plaisir de vous relire.

   Anonyme   
22/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Robot

Oui, les saisons arbitrairement découpées sur le calendrier,
ne correspondent pas souvent à la réalité...
Et lorsque l'on n'en voit que le mauvais coté ??
Bien sûr, cette vision des choses est voulues par l'auteur
pour nous montrer l'avers de la médaille.

Mais c'est souvent une triste réalité simplement si l'on se
remémore le printemps dernier.

Bon texte que j'ai bien aimé même s'il manque un peu de poésie
per endroit.

   plumette   
22/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Robot,

j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce texte dans lequel il y a une énergie contagieuse, texte qui va à contre courant des hommages aux saisons et dénonce avec humour le revers de la médaille.
j'aime plus particulièrement la charge conte l'hiver. J'ai été étonnée du mot moraine, car pour moi c'est une particularité géographique liée au retrait des glaciers?

le narrateur veut prendre les commandes et faire des saisons sur mesure mais doit bien convenir de son echec !

un bon moment, en compagnie d'un poète qui ne se prend pas au sérieux.


plumette

   Francis   
22/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une belle plume pour un texte bien structuré qui me fait penser à la chanson d'Alain Souchon. Les quatre saisons sous l’œil de ceux qui voient toujours " la bouteille à moitié vide" ont perdu leurs charmes. Même Dieu ne parvient pas à satisfaire les grincheux ! Comment rendre heureux ceux qui dénigrent tout, qui ne perçoivent les choses qu'avec l'envie de critiquer ? Peuvent-ils trouver les petits bonheurs dans la "bouteille à moitié pleine" ? Je plains ces individus à la perception monochrome qui oublient la beauté des couleurs du temps.
Merci pour ce texte que j'ai beaucoup aimé.

   hersen   
22/12/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime beaucoup cette façon de dire que finalement, le temps est sans doute le premier sujet de conversation. On peut s'en plaindre autant qu'on veut puisque nous ne le commandons pas et pendant ce temps-là, on ne parle pas d'autre chose que nous pourrions résoudre mais demanderait un effort.
Pour la petite histoire, j'ai un voisin que j'ai fini par appeler " vai chover"(il va pleuvoir) tant il commençait toutes ses conversations par une remarque sur le temps !... et il ne pleut guère dans ma région !

Le choix de la prose convient bien au sujet, il donne à mon avis cette idée justement que chacun peut s'étendre sur le sujet.

Par contre, je pense que je rate une allusion "mais à mon premier test, ils ont tressé ma corde" La corde ? en chanvre OGM :) ?

Merci de cette lecture !

hersen

   Anonyme   
22/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
En patois occitan on dit 'reboussier', jamais content. Il est vrai qu'il y a ceux qui sont systématiquement contre ce qui est pour, et vice versa.
Cette façon d'analyser les saisons, à contre courant afin de bien montrer le grincheux, est originale.

" Après la plaine blanche… une plaine crasseuse. Une moraine brune a bouché les chenaux, rendu la rue glissante aux pas mal assurés." ben, c'est pas faux, hihi.

   leni   
22/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
salut Robot
Ce serait bien de remettre de l'ordre là dedans et créer l'ORDRE DES GRINCHEUX dont tu serais le GRAND MAÏTRE
C'est joliment écrit et c'est agréable en lecture à haute voix Mon chat s'est déplacé pour venir t'écouter


Au diable la nature… et tout ses laudateurs !…
Ces cuistres pontifiants !
Je désirais vraiment assurer leur bonheur ! Je voulais pour leur bien remettre tout en ordre, mais à mon premier test ils ont tressé ma corde.

BAH ce sera pou la prochaine FOIs
MERCI et Salut amical LENI

   Annick   
22/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Tout est question de point de vue. La vérité ne se trouverait-elle pas à mi chemin entre le laudateur et le grognon?
Un texte plaisant à lire et tout à fait réussi.

   Yavanna   
22/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ah oui, il s'agit bien d'un texte à dire à voix haute, et j'y ai pris beaucoup de plaisir :-)

Ces ronchonnements de grognon coulent avec souplesse et musicalité, et l'énumération des "défauts" de chaque saison fait sourire avec indulgence, comme on sourit aux bêtises d'un enfant aimé, tout en ne l'aimant que plus de par sa parfaite imperfection.

Merci, j'ai passé un très bon moment :-)

   Leverbal   
22/12/2016
Si ce n'est pas Molière, ça s'en rapproche pas mal. Bravo Robot!

   papipoete   
22/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Robot,
Je croyais que Satan se la coulait douce en enfer, mais en fait non ! S'il doit satisfaire toutes les jérémiades des " jamais contents ", il a du pain sur la planche !
Mais j'y pense, il n'est pas si loin du Maître du Ciel, celui qui enclenche les saisons ; allume le soleil, ouvre le robinet des pluies, darde les éclairs, saupoudre la neige et ferme les lumières le dernier . Au diable donc les tirades des grognons, et s'il négociait avec " notre père qui est aux cieux " ? à deux, tireraient-ils peut-être un sourire de ces grincheux ? On peut toujours rêver ...
NB à subir ces éternelles lamentations, l'auteur prend les commandes et tente le cap vers le bonheur, mais au premier test se casse le nez, doit renoncer .
Un exercice de prose apprécié, qui ravira son auteur !

   Anonyme   
22/12/2016
Bravo pour le parti pris. L'éloge de la nature est une imitation d'autres éloges de la part de citadins qui l'idéalisent. Vous auriez pu continuer en parlant de la ville et plaindre l'homme préhistorique, ce naturel grognon qui n'aimait sûrement pas tant que ça la Nature, en faire un sarcasme de la part du moderne sur son canapé. J'aime bien aussi la succession des hémistiches et la relative rareté des faiblesses. Bravo pour la première "strophe" visiblement très déséquilibrée, comme les autres, comme pour rejeter le fameux équilibre classique, 36 syllabes ça n'existe pas voyons :-)

   sourdes   
22/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Robot,

malgré l'insistance anaphorique de "au diable" je n'ai pas eu envie de dire au diable le diable. Beaucoup d'humanité dans le grognement, l'humeur chafouine correspondant à chaque saison. Et le geste final de l'auteur a beaucoup de panache même la corde au cou.
Le système strophique, même s'il s'agit d'un poème en prose, est très structuré, 12/6/36 ou 6/12/36 et me semble bien adapté à une cadence qui donne:
-l'apostrophe initiale,
-l'expression de l'humeur,
-le déploiement poétique proprement dit.

Merci pour cette poétique des humeurs sous influence des saisons qui n'a pas de prise sur son auteur, égal à lui-même.

   Anonyme   
23/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut poète ! Ah diable, voici une tirade que Molière n'aurait pas reniée ! Pas forcément d'accord avec toi sur le fond mais séduit par la plume qui nous fait visiter les saisons selon St Robot, je ne puis qu'apprécier l'ensemble... hormis ce "test" qui n'est certainement pas de Molière... Pourquoi pas... ?

...mais au premier essai ils ont tressé ma corde.

Un texte bien ficelé et plaisant en lecture.

Bravo !

   funambule   
24/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un titre qui sonne comme le titre d'un chapitre introductif sorti d'un autre temps et qui du coup dégage un parfum tout particulier; et il est bien choisi car la poésie qu'il précède est de ce tonneau suranné qui nous embarque dans cet inconscient collectif glané du bout de l'oreille tout au fil d'une vie, cet espace que nous ne pouvons remplir autrement que de paroles inutiles (et indispensables). Un constat de part-pris "grognon" qui dégage en contre-pied une bonne humeur qui sied comme un gant à cette attente du réveillon. J'aime beaucoup la forme, travaillée, qui nous prends par le coude et nous met immédiatement en connivence. C'est sans prétention et c'est ça que j'aime bien.

   Pouet   
27/12/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bjr,

J'ai beaucoup aimé le rythme, c'est très coulant.

Le ton aussi me plaît, j'aime bien les poèmes "grognons".

Rien à dire de très précis, peut-être que l'expression manque un poil de "modernité" à mon goût et ces "Au diable" ne me causent pas trop non plus.

Mais dans l'ensemble un texte que j'ai lu avec plaisir.

Cordialement.

   Robot   
27/12/2016

   lucilius   
3/1/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Sujet grincheux mais texte harmonieux ! On se gargarise de ces saisons presque humanisées" en voisinage indélicat.
Un bémol : est-ce bien la nature qui est en décalage par rapport aux saisons et non l'inverse ? "Au diable la nature jamais au diapason, en avance, en retard au mépris des besoins, sans respect des saisons".
Par ailleurs, le terme "pontifiants" après le mot "cuistres" me semble inhibiteur.

   Cristale   
7/1/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai lu une prose constituée d'alexandrins. Les phrases s'enchaînent et c'est d'abord le rythme 6/6 tout au long du texte qui m'a interpelée tant cela rend la lecture chantante malgré le narrateur qui joue les "ronchonchons".

Printemps frileux, étés plus chauds que l'enfer, automnes mouillés,
hivers gadouilloux, de quoi grogner effectivement.
Mais le naturel généreux de l'acteur fait l'équilibre finalement malgré le refus de sa requête à prendre les commandes.

Le hasard de la nature n'est finalement qu'un désordre organisé.

Une prose que j'ai aimé lire, tout coule poétiquement et la mauvaise humeur de votre plume, une grognonne attendrissante, m'a donné le sourire à chaque ligne.
J'apprécie la prose quand elle est finement travaillée. C'est le cas ici.

J'aurai du déposer mon commentaire plus tôt mais le temps passe et je prends du retard.

Bravo et merci Robot.

Cristale

   silvieta   
15/1/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Que des vérités! un amusant contrepied des clichés bucoliques sur les charmes des printemps, été, automne, hiver. Eh oui! l'été et ses orages nous empêchent parfois de dormir et puis l'hiver, pas mieux, la neige y est souvent grise.

C'est la conception idéale du poème en prose. Nul besoin de rimailler pour grogner mais la grogne ici est très poétique, qui évoque si bien la nature.


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