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Poésie libre
Rosaura : Gran
 Publié le 29/02/24  -  10 commentaires  -  701 caractères  -  331 lectures    Autres textes du même auteur

Ce poème évoque des souvenirs de vacances à La Loye dans le Jura associés à la figure incontournable de la grand-mère. Elle nous accueillait avec générosité dans le charme des lieux, ici sous la tutelle d'un été finissant, délicieusement orageux.


Gran



Rien ne saurait suspendre le vent de sa saison d’orage…

Ni du passé
Le chant façonné des chemins que je dénoue

Ni ces mots d’autrefois
Éreintés de douceur contenue

Ni l’édredon à l’odeur un peu rêche…
Ses plis de nuages où j’ai posé la main

Pas même le lit de la Loue
Où comme la crème au lait
Tourbillonnent des yeux doux

Rien que le tilleul
Sous la halte du ciel
Ruminant la terre dans le jardin de Gran

La voici…
Dans la chaleur lourde
Tablier de coutil
Ample chapeau aux prunes

Se hâtant à petits pas vers la cuisine
Ouvrant à la pluie
Son regard fragile


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Robot   
12/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Un poème au parfum nostalgique avec ce goût du passé de l'enfance. Une mémoire poétiquement réaliste où ressortent les sentiments de bien être et de tendresse.
Le choix du libre bienvenu pour la description de ce tableau ou l'image de Gran nous apparaît dans sa simplicité bienveillante.
De belles images présentées avec une recherche d'originalité fort riche.

   Myndie   
12/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,
que voici un joli poème, tendre et moelleux comme une madeleine de Proust ! Et par quel magnifique premier vers il est introduit !
Je ne sais dire ce qui me séduit le plus : la clarté de l'écriture qui recueille la poésie dans le grain des choses et le fil du passé, l'émotion qui affleure à tous les coins de vers, la tendresse subtilement mélancolique qui imprègne les deux dernières strophes ou le charme des pépites poétiques qui émaillent le texte :
«  Le chant façonné des chemins que je dénoue »
«  Ses plis de nuages où j’ai posé la main »
« Ouvrant à la pluie
Son regard fragile ».

Je n'ai aucun doute là-dessus, c'est à vous que Gran a transmis sa générosité, on la sent bien dans la douceur de ce regard dans le rétro.
Ainsi va la vie, d'émotions en émotions; votre nostalgie est un peu la nôtre et je vous remercie de l'avoir partagée de si délicate façon.

   Ornicar   
21/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Joli ce poème en vers libres, tendrement penché sur l'arbre du passé, à la fois pudique et d'une simplicité ordinaire, non affectée mais émouvante. Les mots sont simples mais associés de telle façon qu'ils produisent des images rares.
Quelques formulations particulièrement réussies retiennent mon attention : "ces mots...éreintés de douceur contenue", "ces plis de nuages où j'ai posé la main", ce "tilleul sous la halte du ciel ruminant la terre" dessinant l'attachement du narrateur à l'aïeule autant qu'à un "pays", appellation autrement plus charnelle que celle, technocratique, de "territoire".
Un bien joli poème, oui.

   ALDO   
29/2/2024
Bonjour

Un immense Bravo.
Tout me plaît ...
Je dois partir ...
mais je finirai ...

...

Je reviens, je relis...

C'est comme un morceau de la nuit sculptée.
Votre nuit...
Mais tout proche de moi aussi.

Le participe-présent est éternel, du verbe
et les limites de la ponctuation soufflées par ce jour de l'orage...

Et Gran que voici... partout, sa voix dans le vent, ses yeux-rivière ou ses yeux- pluie, son odeur de drap rêche...

Il n'y a pas de point final

   papipoete   
29/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Rosaura
Rien ne saurait effacer le visage de grand-mère, sa voix aux mots colorés de douceur, sa silhouette pour moi si familière.
Et le décor de ces souvenirs... l'ombre du tilleul dans le jardin de " gran "
D'ailleurs, la voici qui s'avance...
NB cette page empruntée à l'album des tendres souvenirs, est commune à bien des " petits " que nous fumes, Mémé de là-bas où s'égayaient nos si chers souvenirs.
en outre, vous situez la scène dans mon département ( Jura ) la Loye plutôt Jura-Nord, moi plutôt Jura-Sud, alors...
la 5e strophe avec " le lit de La Loue où tourbillonnent des yeux doux " est fort bien vu.

   Pouet   
29/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Slt,

voici un joli poème nostalgique qui fleure la tendresse, une photographie sépia posée sur un rebord de mémoire auréolée d'un soleil pluvieux. Toute en retenue, il n'y a pas rétention de sentiments, de poésie. De jolis formules, un rythme coulant sans être linéaire. Une belle densité pour ce souvenir paysage. Et cette grand-mère en filigrane apparaissant en une fervente évanescence et dont la présence perce la muraille du temps. Un ensemble touchant.

Merci.

   Provencao   
29/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Rosaura,


Un bonheur de lecture, une petite madeleine de Proust à déguster sans modération.

"Se hâtant à petits pas vers la cuisine
Ouvrant à la pluie
Son regard fragile"

Tout doucement sans faire de bruit...

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Marite   
29/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Charmée et séduite par ces souvenirs de vacances si joliment contés qu'ils me donneraient presque l'envie d'y faire un tour ... retrouver le "chant des chemins ... les mots d'autrefois ... les plis de nuages de l'édredon ..." sans oublier la grand-mère si délicieusement évoquée. Merci pour cette belle évocation poétique.

   Eki   
5/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je suis passée à côté de ce bel écrin où scintille la gemme de la poésie...

Ces liens du coeur que vous dénouez avec tant de délicatesse et de douceur sont les témoins de la douce enfance.
Ce poème est touchant, fragile...il a la sensible beauté des choses précieuses.
Il commence par un très joli vers, dessine l'ombre bienveillante d'une grand-mère et j'ai vu le chapeau aux prunes et le tilleul sous la halte du ciel...

J'ai pris beaucoup de plaisir à vous lire.

   jfmoods   
23/4/2024
"Rien ne saurait suspendre le vent de sa saison d'orage..."

Début d'un jeu filé de négations qui va fixer l'ancrage du poème dans le temps d'avant. Est-ce le vent d'aujourd'hui, celui perçu au moment de l'écriture, qui renvoie ici à celui d'hier ? Comme une sorte de ricochet ?

"Ni du passé
Le chant façonné des chemins que je dénoue"


L'antéposition du complément du nom ("du passé") constitue un procédé de mise en relief efficace. Et, d'une pierre deux coups, elle allège la construction de ce passage. On observera le jeu antithétique ("façonné"/"dénoue") qui met en exergue la quête d’une révélation. Est-ce le chant que je dénoue ? Est-ce le passé ? Sont-ce les chemins ? On ne saurait en venir à bout. La richesse de la poésie repose souvent sur ces d'ambiguïtés impossibles à lever.

"Ni ces mots d'autrefois
Éreintés de douceur contenue"


C'est une voix qui d’abord s'élève ou plutôt la réminiscence d'une voix, d'une voix tendre ("de douceur contenue"), marquée par l'âge ("mots [...] / Éreintés"). Allusion probable à la grand-mère évoquée dans l’entête.

"Ni l'édredon à l'odeur un peu rêche...
Ses plis de nuages où j'ai posé la main"


Nous entrons alors dans ce temps d'avant, dans un monde de sensations dont la richesse prend d’abord la forme d’une synesthésie ("l’odeur un peu rêche"). Le toucher ("où j’ai posé ma main") ravive tout un univers onirique ("Ses plis de nuages"). Le sommeil, en ce lieu, devait être particulièrement reposant, apaisant.

"Pas même le lit de la Loue
Où comme la crème au lait
Tourbillonnent des yeux doux"


Nous glissons d’un lit à l’autre, du lit du sommeil au lit de la rivière. Lieu de rêverie amoureuse ("Tourbillonnent des yeux doux") ? Le miroir de l’eau nourrit et enchante l’imaginaire comme la crème au lait, dessert simplissime à réaliser, nourrit et enchante le corps ? La rivière de l’enfance est garante de ce temps protégé où, de ce que nous deviendrons, tout est encore en germe.

"Rien que le tilleul
Sous la halte du ciel
Ruminant la terre dans le jardin de Gran"


Si nous suivons bien la cohérence grammaticale du poème, il n’y a que le tilleul qui puisse "suspendre le vent de sa saison d’orage". Sans doute à cause des vertus apaisantes de ses fleurs. En vérité, le temps s’arrête ici ("Sous la halte du ciel"), comme s’il s’agissait à présent de fouiller le passé attaché à ce lieu pour en extraire une image particulièrement précieuse qui y aurait été ensevelie ("Ruminant la terre dans le jardin de Gran"). Point d’appui du poème, ce passage en prépare le thème obligé.

"La voici…
Dans la chaleur lourde
Tablier de coutil
Ample chapeau aux prunes"


Le présentatif et les points de suspension ("La voici…) génèrent une attente chez le lecteur. Le recours à la métonymie est assez révélateur de la personnalité de la vieille dame. Ainsi, ce tablier de coutil nous indique un caractère industrieux et polyvalent : elle semble aussi à l’aise au jardin qu’en cuisine. Elle nous apparaît donc doublement nourricière. Ainsi, ce chapeau ample signale une femme avisée, qui ne s’expose pas au soleil sans prendre ses précautions. Le chapeau lui sert-il à l’occasion pour ramener les fruits d’une cueillette, ce qui mettrait en évidence un certain sens pratique ?

"Se hâtant à petits pas vers la cuisine
Ouvrant à la pluie
Son regard fragile"


L’expression ("Se hâtant à petit pas"), comique, met en lumière l’empressement de la vieille dame malgré son âge avancé qui l’oblige à mesurer sa marche. Comme le précise l’entête, c’est la famille qui arrive. Alors on se presse pour accueillir les siens, les serrer dans ses bras, même s’il faut pour cela affronter les éléments ! Certes, on constate l’usure du temps sur le visage de cette grand-mère avenante, mais on se replonge sans aucune peine dans la joie de ces retrouvailles estivales.

Ainsi le vent contribue-t-il, à sa manière, à maintenir vivantes les strates d’un passé.

Merci pour ce partage !


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