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Poésie libre
Roxanne : Correspondances
 Publié le 07/09/24  -  6 commentaires  -  1116 caractères  -  88 lectures    Autres textes du même auteur

Fin des vacances.


Correspondances



De ses grandes mains d’arthroses agrippées au crépuscule,
Le vieux peuplier sec,
Fusain à contre-jour,
Tente d’étouffer l’incendie du ciel
D’un drapé d’étoiles naissantes.

Il offre aux volutes de freux ivres d’air tourbillonnant,
Cendres de papier croassantes,
Ses paumes écorcées où bâtir leur nid,
Tentant de retenir l’onde suave du printemps
Dont sa sève figée a depuis longtemps oublié l’envie.

Et ses doigts frémissants d’ailes insatiables s’insèrent dans la nuit…


Le léger tremblement du cœur de diesel en expire
M’extrait de ma rêverie.
La lumière ondoie, asséchante.
La vitre rejoue la scène des voyageurs affairés,
Achevant d’éteindre le vieil arbre,
Définitivement immolé.

Je zippe mon sac à dos,
Inscrivant un dernier cerne à mon voyage, à mon visage,
Refermé comme une écorce sur l’aubier d’une romance avortée.

Vendange de souvenirs en Lofi musique,
J’ai jeté ma lettre avec les clefs en partant,

Nouveau départ après le terminus à la prochaine gare.


 
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   Robot   
22/8/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Le récit m'a marqué par ses métaphores ingénieuses que je me plais à relever:

Celle qui introduit le poème retient le lecteur immédiatement: "ses grandes mains d’arthroses agrippées au crépuscule"
Puis le texte nous offre ce superbe rapprochement entre "les volutes de freux, cendres de papiers croassantes" (volutes de freux - volutes de feux.)
Puis on retrouve le voyageur sur le départ, réveillé de sa rêverie par le coeur de diésel de la motrice, tout en regardant dans la vitre l'image des voyageurs affairés et du vieil arbre. (C'est ainsi que j'interprète ce passage)
Tout retient jusqu'au final qui envisage un nouveau départ.

J'ai passé un bon moment sur ce texte.

   papipoete   
24/8/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
libre
le vieux peuplier, au bord de l'eau tranquille semble tenter d'étouffer l'incendie du ciel, alors que des nuées de freux ivres, au creux de ses branches décharnées, se posent pour la nuit.
NB un poème à l'écriture si raffinée, en vers libres que j'y crois voir des rimes absentes, comme de vrais alexandrins.
les deux premières strophes sont particulièrement réussies, avec ces ombres chinoises qu'un magicien multiplie à l'envi
papipoète

   Myndie   
7/9/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Roxanne ;

toute la poésie des quais de gare est ici sublimée par de belles trouvailles.
Elle est partout et la grande force d'évocation des images fait vibrer votre poème de sensibilité.
A quelques exceptions près, les métaphores subtiles et éloquentes font naître l'émotion.
Celles ci par exemple :
« De ses grandes mains d’arthroses agrippées au crépuscule,
Le vieux peuplier sec, »
« Il offre aux volutes de freux ivres d’air tourbillonnant,
Cendres de papier croassantes, »

que je préfère à d'autres un peu plus convenues ou moins subtiles :
«  Tente d’étouffer l’incendie du ciel »
« Vendange de souvenirs en Lofi musique, »

L'histoire ici contée tient en quelques vers, simplement et délicatement évocateurs
« Inscrivant un dernier cerne à mon voyage, à mon visage,
Refermé comme une écorce sur l’aubier d’une romance avortée. »
« J’ai jeté ma lettre avec les clefs en partant, »

Vous nous faites partager le regard de la voyageuse qui attend le départ du train et s'égare dans la rêverie . Ce sont de beaux tableaux qui se succèdent, plein de couleurs, de vapeurs et de vibrations, évoquant à la fois , mais sans mélancolie et sans regrets, une fin et un renouveau.
Ainsi le décor ne pouvait-il être plus approprié.

Merci pour ce partage.

   Provencao   
7/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Roxanne,

"Vendange de souvenirs en Lofi musique,
J’ai jeté ma lettre avec les clefs en partant,

Nouveau départ après le terminus à la prochaine gare."

Ces grandes mains d'arthrose sont une sublime image presque irréelle, mystifiante et peut-être infidèle.
J'aime bien ces métaphores du visible et du perceptible, de la précision et de l’ensemble. Comme le langage, les métaphores produisent un effet et son contraire. Elles ne sont ni chimère pure, ni vérité totale.

Joli jeu de mots entre l’image et ce voile posé avec cette vitre qui rejoue la scène laissant filtrer un éclat du réel et, en l’occurrence, un éclat de ce nouveau départ.

"J’ai jeté ma lettre avec les clefs en partant"
Je me suis sentie habitée par ce vers, sans en être possédée et le fait d’être distanciée de lui sans en être dégagée .

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Cyrill   
7/9/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bjr Roxanne,
J’ai lu une « Correspondance » à double sens : l’une écrite, l’autre ferroviaire. Le poème nous offre un tableau saisissant, ce « vieux peuplier sec » au « grandes mains d’arthrose ». Mais capable encore d’offrir de quoi bâtir un nid aux corbeaux.
Il ne semble pas en être de même pour le locuteur, la locutrice, de passage et bouclant son voyage. A-t-il, a-t-elle trouvé dans ses pérégrinations de quoi construire des souvenirs ? Une « romance avortée » à oublier peut-être, une lettre et des clefs à jeter. Mais qu’importe, l’espoir est là, dans ce train soupirant de diesel et ses correspondances qui permettent tous les recommencements.
Malgré des images qui me parlent, j’ai eu des difficultés à suivre le voyageur, la voyageuse, dans ses périples mentaux, comme s’il, elle, gardait par devers lui, elle, ses émotions les plus fortes.
Mon impression navigue entre la consolation d’une prochaine correspondance et le désespoir, sans que je sache comment atteindre ce locuteur, cette locutrice.
Quoiqu’il en soit, les qualités métaphoriques et mélodiques du poème l’emportent sur ma légère frustration.

À vous relire !

   jfmoods   
8/9/2024
Ce poème de forme libre se décline en deux mouvements.

Le premier mouvement (vers 1 à 11) déploie un paysage état d'âme dont le "vieux peuplier sec" constitue le point d'attraction central. Le jeu des personnifications ("ses grandes mains d'arthroses agrippées au crépuscule", "Il offre [...] ses paumes écorcées", "ses doigts frémissants [...] s'insèrent dans la nuit") en matérialise la déliquescence. Les corbeaux s'y installent ("volutes de freux ivres d'air tourbillonnant", "Cendres de papier croassantes", "où bâtir leur nid", "ailes insatiables"), signe de mauvais augure pour cet arbre moribond incapable de trouver les ressources qui pourraient lui permettre de survivre ("Tentant de retenir l'onde suave du printemps/Dont la sève figée a depuis longtemps oublié l'envie."). La symbolique du coeur humain malmené vient se greffer sur ce peuplier et un jeu de clair obscur suggère qu'une lumière étincelante viendra à bout d'une ombre un brin obsédante, un brin inquiétante ("Fusain à contre-jour,/Tente d'étouffer l'incendie du ciel/D'un drapé d'étoiles naissantes.").

Le second mouvement du poème (vers 12 à 23) engage un retour sur soi ("M'extrait de ma rêverie") avec la perspective du départ imminent d'un train ("Le léger tremblement du coeur de diesel en expire", "La vitre rejoue la scène des voyageurs affairés", "Je zippe mon sac à dos", "Nouveau départ après le terminus à la prochaine gare."). Il est temps de faire table rase de ce qui aurait pu devenir une véritable histoire d'amour mais ne fut finalement qu'une passade ("Inscrivant un dernier cerne à mon voyage, à mon visage,/Refermé comme une écorce sur l'aubier d'une romance avortée"). De fait, la clarté a fait abdiquer l'ombre ("La lumière ondoie, asséchante", "Achevant d'éteindre le vieil arbre,/Définitivement immolé."). Le passé peut être considéré, aucune écorchure ne l'accompagne plus ("Vendange de souvenirs en Lofi musique"). C'est même avec une totale désinvolture qu'on part, sans y mettre aucunement les formes vis-à-vis de l'Autre ("J'ai jeté ma lettre avec les clés en partant").

La vie amoureuse s'inscrit dans un jeu de correspondances tour à tour littéraires et ferroviaires.

Les vacances sont finies, il faudra bientôt combler la vacance du coeur.

Merci pour ce partage !


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