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Poésie libre
Roxanne : Parallèles
 Publié le 26/02/25  -  4 commentaires  -  2104 caractères  -  73 lectures    Autres textes du même auteur

L'infini, c'était ici.


Parallèles



Adossé à la nuit,
L’iris plissé du panneau stop
Lorgne paresseusement à mes pieds
L’impression de son œil torve
Sur le buvard du bitume.

En surplomb,
Un candélabre aux aspirations stellaires,
Soleil de pleine lune,
Joue les interrupteurs bipolaires.
Hypnotique lithographie où mes pensées papillotent.

Errant sur le parking désert,
La horde unijambiste des plaques signalétiques,
Immobiles zombis,
Tels des index s’extrayant de toutes parts des réseaux souterrains,
Intiment leur ordre à ma solitude.

Boulevard d’âmes inertes.
Les feux tricolores poursuivent leurs jongleries
De mimes manchots.

Ronronnant sous les paupières closes des immeubles,
Une semi-remorque, parée de piercings rutilants,
Dilue ses traînées colorées
Dans ma rétine impatiente.


Je t’attends…

Au cliquetis métronome de mon radiocassette où chaque seconde claudique
Je décompte :
Tu arriveras à la fin de la chanson… clic,
à la fin de la première face… clic,
à la fin de la cassette… clac.

Superstitieuse litanie des rendez-vous manqués.
Je t’ai maintes fois attendu,
Trop de fois réécouté.

*

Un vieux monsieur promené par son chien s’était approché de moi. D’un fort accent germanique, il m’avait demandé ce que je faisais là, toute seule, dans le noir, depuis si longtemps.
Après lui avoir répondu que j’avais rendez-vous avec mon copain, il avait rétorqué d’un œil malicieux :
– Ha ! Rendez-vous ! Abandonnez !

*

Le petit muret décrépi, où j’espérais autrefois,
Patiente toujours.
Du lierre s’y est assis.

Il me fait signe lorsque je le croise,
De ses lézardes décaties,
Empreintes de ton absence,
Comme dans tous ces lieux où les sillons sépia des musiques d’autrefois
Ont scarifié ma mémoire.

Depuis, j’ai poursuivi mon chemin,
Tu n’as jamais quitté le tien :

À jamais injoignables nos vies parallèles.


 
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   Dimou   
11/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
La horde unijambiste hahaha !!

Un texte qui ne manque pas de piquant et de filouterie littéraire. Je kiffe. La rue comme jamais on ne me l'a dépeinte, quant à l'errance solitaire, fruit de ces rdv manqués, un tel talent trouvera feu vert à son pied !!

Ou à ses pieds, mais c'est du libre. Peste soit de la métrique.

Je sais pas trop quoi dire, la mise en page est sympa et l'écriture l'est encore plus.

Belles images que celles-ci. Un goût de camion ivre !!

Bravo

Dimou en EL

   papipoete   
26/2/2025
bonjour Roxanne
" Adossé à la nuit " me fait mimer les paroles d'une chanson de Zaz, et puis je me perds dans le noir, que vos yeux de chat animent de bien des figurants ( humains, choses et animaux )
Je sens là de la poésie dont il faut être " averti ", et manier l'abstrait avec dextérité... que je n'ai aucunement.
NB d'autres que moi, viendront se délecter de vos lignes, je n'en doute pas
" ronronnant sous les paupières...impatiente " fait un clin d'oeil à la mienne ( droite ), avec ce " camion paré de piercings rutilants "
mais ma joie s'arrête là.

   Provencao   
26/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Roxanne,

"Boulevard d’âmes inertes.
Les feux tricolores poursuivent leurs jongleries
De mimes manchots."

J'ai beaucoup aimé ce libre qui m'est précieux, fait de détours et d'égarements. Avec cette errance qui ne se trompe pas réellement de chemins ou de destinations, tous pouvant être parcourus.
Belle définition à mon sens par ces diverses voies que les errants parcourent.

"À jamais injoignables nos vies parallèles"

Si l'errant s’égare du premier chemin qu’il avait emprunté, les destinations, et autres possibilités qu’il prendra font tout autant partie de son parcours de vie.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   M-arjolaine   
27/2/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J'ai eu un peu peur en regardant ce poème ; du candélabre, des interrupteurs, de l'hypnotique litographie et des plaques signalétiques. J'entendais tous ces mots claquer et crépiter mais j'ai eu peur de peiner à y mettre du sens.
Finalement tout s'est dessiné très clairement, et les cliquetis ont trouvé sans difficulté leur place dans l'histoire qui était en train de se raconter.
J'ai adoré le décompte du radiocassette. Et j'ai été touchée par ces vies qui ne se croiseront finalement pas.


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