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Poésie contemporaine
SaintEmoi : Infans conceptus
 Publié le 10/06/15  -  7 commentaires  -  742 caractères  -  205 lectures    Autres textes du même auteur


Infans conceptus



Tu peux boire des tonneaux de ces eaux alcooliques
Pour vivre dans l'ivresse tes accès de mémoire ;
Tu peux courir des heures comme un héros antique
Dans la seule ambition d'ajourner ton histoire ;

Aux tendres étreintes embellies par la gloire,
Ton chagrin révolté cachera sa critique,
Réservant sa colère à des scènes de cirque ;
Tu le verras se taire comme meurt un manoir.

Mais sa grave présence demeure constructible ;
Comme l'oiseau de feu renaissant de ses cendres,
Le chagrin est un monstre au corps indestructible ;

Il court sur nos pas, tel fœtus sans ventre,
Allaitant nos remords de ses lèvres perdues,
Il cherche de ses mains des parents disparus.


 
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   Vincent   
18/5/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Tu peux boire des tonneaux de ces eaux alcooliques
Pour vivre dans l'ivresse tes accès de mémoire ;
Tu peux courir des heures comme un héros antique
Dans la seule ambition d'ajourner ton histoire ;

la lecture de vote écriture me laisse perplexe

ou vous avez écrit votre texte avec des métaphores que je ne comprends pas

ou vous avez écrit de manière directe

et je ne le goûte pas vraiment

et pourquoi avoir publié ce sonnet dans Poésie libre

parce que ventre et cendres ne riment pas ?

j'ai tout juste aimé votre texte

   Anonyme   
10/6/2015
Tout d'abord j'ai tenté d'établir une relation entre ce titre et le texte lui-même mais n'y suis pas parvenu.
Indépendamment, j'ai trouvé ce texte assez abscons avec des images quelque peu sophistiquées que je n'ai pas comprises.
" Aux tendres étreintes embellies par la gloire "
" Ton chagrin révolté cachera sa critique,
Réservant sa colère à des scènes de cirque "
" Mais sa grave présence demeure constructible "

Je ne donne pas ma langue au chat puisque j'en ai encore besoin, mais je reste vraiment perplexe...

   Anonyme   
11/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Votre titre est énigmatique mais ça sonne.

Pour le texte en lui-même le style un peu classique ne me plaît pas trop en général et ici pas plus qu'ailleurs, défaut de sensibilité ou de goût.
Mais sur le fond vous parlez de tristesse, de remords, de chagrin, de passé…et vous en marquez la ‘ténacité’ de bien belle manière.
Et aussi vous nous parlez de l'écart entre une vie (publique ?) et l'autre vie (intérieure, rêvée, réelle ?) qui ne cesse jamais de déranger l'ordonnancement apparent de l'existence.
Votre poème n'est pas simple mais très cohérent et recèle de fortes images, j'aurais aimé que ce soit plus pathétique...mon côté fleur bleue sans doute.

Le vers qui me plaît le plus est : « Tu le verras se taire comme meurt un manoir » en fait ex æquo avec le dernier.
Mais comme déjà dit, votre poème est un tout cohérent et équilibré.

À vous relire.
C.

   Francis   
11/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
On marche, funambule sur le fil ombilical . On avance, on grandit mais ce lien demeure. Il est parfois si fort que lorsqu'il se brise on vacille, l'équilibre est rompu. Alors pour fuir les regrets, le chagrin, on cherche des paradis artificiels. Mais, il est toujours là enfoui au fond de notre cœur, tapi dans notre mémoire. Le dernier tercet m'a entraîné vers cette pensée. Je me suis peut-être éloigné de celle de l'auteur !

   Anonyme   
11/6/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
En voilà une énigme...

"Infans conceptus" m'a immédiatement fait penser à l'Infant des Rois d'Espagne - et sans doute Portugais - des enfants royaux.

Mais en fait rien à voir : ce poème nous parle tout simplement de chagrin, comme le dit si bien le dernier vers du 1er tercet.

Un poème de très haut niveau.

Bravo !

   Pussicat   
12/6/2015
Un poème sur le chagrin, le remords qui tord et vrille l'esprit et le corps ? la présence à venir d'un enfant non désiré ?
j'avoue ma perplexité, et j'avoue avoir été troublée par ce poème dont j'aime la forme et l'écriture mais qui reste pour moi un mystère... alors je le prends comme tel : un mystère poétiquement beau.

Je suis allée chercher la définition de "Infans conceptus" dans le dictionnaire Larousse et dans le dictionnaire de Droit privé de Serge Braudo. En résumé, et en droit, un foetus est considéré comme un héritier à part entière... je ne suis pas plus avancée !

à bientôt de vous lire,

   jfmoods   
13/6/2015
Voici un sonnet fort peu académique, presque provocateur tant il malmène une forme que l'on se plaît à parer d'une aura singulière. On pense d'abord s'engager sur de traditionnels alexandrins, mais les vers 5 et 12 nous glissent entre les doigts, nous jetant dans l'ornière. Quant aux rimes, l'auteur a choisi de panacher au maximum ses effets plutôt que de privilégier cette qualité constante propre au genre : de l'approximatif (« cendres », « ventres ») au bancal (« critique », « cirque »), du pauvre (« perdues », « disparus ») au suffisant (« alcooliques », « antiques », « mémoire », « histoire », « gloire », « manoir ») et au riche (« constructible », « indestructible »). Bref, il ressort de cette première approche sur la forme que ce sonnet n'entre pas dans le concert habituel du genre. Pour le moins... déconcertant, donc, il vise à troubler le lecteur... Comme si cette forme de décalage par rapport à une norme était volontairement prémonitoire, comme annonciatrice du fond, à l'image d'un renversement des valeurs à l'oeuvre dans le sonnet.

Le titre et le contenu du poème traitent de la notion d'héritage. Cependant, si le premier se place sur le plan strictement juridique de la transmission de biens, le second se situe à un autre niveau, celui de l'intime, des affects. L'entrecroisement du matériel et du spirituel ne manque pas d'interpeller le lecteur sur l'enjeu profond du texte.

Aux vers 1 et 3, la modalisation assortie d'une anaphore (« Tu peux ») dessine les prémisses d'un inexorable mouvement de fuite hors du réel, hors du temps vécu (hyperbole : « boire des tonneaux de ces eaux alcooliques », marqueur de durée : « courir des heures », comparaison à visée ironique : « comme un héros antique »). La surprenante expression (« tes accès de mémoire ») assimile le souvenir à une maladie violente, la rime (« mémoire », « ton histoire ») suggérant l'image de la filiation comme point d'ancrage, comme point de fixation introuvable. L'adjectif à aspect catégorique (« ta seule ambition ») et le verbe (« ajourner ») entérinent l'idée d'un comblement impossible de l'être dans le présent, d'un manque rédhibitoire à devenir, à se réaliser. L'exercice de la transmission, de l'héritage filial, se présente donc comme un échec patent.

On va, évidemment, dans un mouvement rétrospectif, se reporter vers l'avant, se pencher sur sa propre genèse. Sans doute les circonstances de départ de l'histoire furent-elles d'abord prometteuses (expression à caractère mélioratif : « tendres étreintes »), mais le regard se fait vite distancié, sans concession sur la suite des événements (expression à visée ironique : « embellies par la gloire »). La métonymie (« Ton chagrin... cachera sa critique »), puis le jeu des personnifications (« Tu le verras se taire », « sa grave présence », « Il court », « ses mains », « ses lèvres perdues ») appuient sur une frustration fondatrice de l'intime. Les « scènes de cirque » font hélas penser à des scènes de ménage, à cette caricature grinçante d'une vie de couple, d'une vie familiale harmonieuse. Les verbes (« se taire », « cachera »), ainsi que la comparaison (« comme meurt un manoir ») signalent explicitement la modélisation introuvable, la greffe utopique d'un calque générateur de bonheur, le refermement mortifère sur cet espace marécageux dévolu à l'intime. Assez symptomatique du sonnet est le glissement qui s'opère de l'expérience personnelle à la visée englobante (« Ton chagrin », vérité générale : « Le chagrin est un monstre au corps indestructible »), élargissant la perspective à tous ceux qui ont dû traverser des épreuves éminemment douloureuses comme celle-ci. L'image la plus prégnante reste celle du paradoxe présent dans le dernier tercet : ce « fœtus sans ventre » qui matérialise violemment cette vie demeurée aujourd'hui non viable en l'état. Dans une vision déchirante, le chagrin se voit substitué à la figure tutélaire, protectrice, nourricière, de la mère pour maintenir l'individu dans une relation à soi douloureuse, improductive, cultivant la stérilité indicible du rapport au vécu (« Allaitant nos remords »), la quête frénétique et désespérée d'un étai (« Il cherche de ses mains des parents disparus. »).

Merci pour ce partage !


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