Dans ce lit endormi où des fantômes rongent
Des souvenirs éteints par des torrents de pluies,
Un léger battement des paupières prolonge
Un sentiment confus qui grandit dans la nuit.

Alors, le cœur battant, comme battent les vagues,
Il demanda au vent quel trouble l’habitait,
Quel souffle ensorcelé venait gonfler son âme.
De sa gorge tendue un air nouveau montait.

Fébrile, à genou, il planta dans la Terre
Ses doigts endoloris pour toucher le Savoir,
Connaître le chemin qui conduit à l’Éther.
D’un tremblement montait un invisible Espoir.

D’un geste du menton dirigé vers le ciel,
Il demanda tout haut, avec humilité,
Quel était sur sa peau ce feu existentiel.
Jusqu’à lui descendirent des ondes animées.

La Nature, soudain, livra ces quelques mots :
« Poète, mon ami, je t’ai fait en ce monde
Pour tracer les contours de mes immenses flots,
Et brûler ton destin en des rimes fécondes.

Dans cette ingrate vie que souvent tu colores,
Parfois je te permets de savourer la joie,
De blottir ton chagrin en acceptant le sort
Qu’une plume maudite a planté dans la soie.

Ce souffle que tu tiens et qui te fait vibrer,
C’est le remerciement qu’aujourd’hui je te dois ;
Va, sans peur, mon ami, vers la félicité
Que semble ressentir ton être maladroit. »