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Poésie libre
saintsorlin : Je le crois
 Publié le 07/01/25  -  3 commentaires  -  774 caractères  -  102 lectures    Autres textes du même auteur

Au crépuscule de la vie, l'amour ultime se révèle.


Je le crois



Le soleil étend sa vieille carcasse
Sur le parchemin de la terre
Les rayons osseux tracent leurs sillons

Aux premières heures de ton absence
Je suffoque
Tu me hais

Tourné vers le seuil du ciel
L'aile turbulente du désir me frôle
Les lèvres retroussées
Je veux presser la substance du vide

Tu m'attires en toi
Les mains
Que tu poses autour de ma gorge
D'une anxiété mordante nous affament

La lumière vacille
Je respire, captif
J'ai besoin de tes larmes

Le visage aimé
En sa sécheresse déborde
J'étouffe

Tu donneras vivant
Aux faux jours qui se succèdent
La clarté des mots

Seul, ton murmure me raccroche à la vie


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Cyrill   
7/1/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Il y a un ton dans ce poème, le tourment y tenant une bonne place. Dire que j’ai tout compris serait faux, mais j’entends le destinataire comme un alter- ego lié au locuteur par un sentiment d’amour/haine inextricable, une dépendance nocive et allant jusqu’à l’impossibilité de respirer, l’étranglement. Est-ce à la fin de la vie que la lumière se fait sur cette encombrante liaison ? Il semblerait.
Je peine cependant à relier le titre au corps du poème, et je dois dire que je ne trouve pas ce titre très percutant au regard de la suite.

   Boutet   
7/1/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un bon poème libre, j'aime bien ce soleil et sa vieille carcasse même si j'ai moins bien compris la suite.
Mais un beau vers de début et final me suffit.

   jfmoods   
8/1/2025
Le titre ("Je le crois") n'a pas de lien avec le contenu du poème. Il est le prolongement du constat présenté dans l'entête ("Au crépuscule de la vie, l'amour ultime se révèle."). Le texte va illustrer la pertinence de cette réflexion.

Le paysage état d'âme qui se déploie au fil des trois premiers vers signale une présence obsessionnelle : celle de la mort, de la mort prochaine du locuteur, car le "je" est bien un locuteur (vers 16 : "captif"). Le "tu" ne laisse pas d'indices, hormis ce "vivant" du vers 21 qui pourrait l'instituer homme également. À moins que l'adjectif ne fasse implicitement référence au "visage" du vers 18.

Quelques éléments plaident pour la mort de l'Autre. Au vers 4, "ton absence" semble être un euphémisme destiné à adoucir la douleur de la disparition. Au vers 10, "presser la substance du vide" suggère un manque à combler. Au vers 19, la "sécheresse" pourrait décrire l'état final du visage.

Le bouleversement du locuteur est total (vers 5 : "Je suffoque", vers 20 : "J'étouffe"). L'amour est ultime, parce qu'il est le dernier, mais surtout parce qu'il est le plus intense, le plus passionnel, le plus fou. C'est celui qui conduit le plus loin dans l'échelle des sentiments. Ascenseur émotionnel délirant qui va de la haine au désir (vers 6 : "Tu me hais"/vers 11 : "Tu m'attires à toi"), se nourrissant volontiers de peur (vers 14 : "D'une anxiété mordante") et de sadisme (vers 12-13 : "Les mains/Que tu poses autour de ma gorge", vers 17 : "J'ai besoin de tes larmes"). Là où la plupart des couples se seraient fracassés, celui-ci a trouvé son rythme de croisière dans une hallucinante déclinaison d'états affectifs. Alors, quand l'un part, évidemment, la vie qui reste, devenue bien pâle et bien vide pour l'autre (vers 22 : "faux jours"), doit être réinvestie, illuminée jusqu'à son terme par le spectre obsédant de l'Absent/de l'Absente. L'ambiance pour le moins malsaine du poème rappelle forcément Polanski ("Lunes de fiel").

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