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Poésie contemporaine
Shovnigorath : Le violon du diable
 Publié le 04/03/21  -  9 commentaires  -  1856 caractères  -  163 lectures    Autres textes du même auteur

Texte inspiré par les talents de Niccolò Paganini que beaucoup associaient à la complicité du diable.
Je vous invite à écouter sa « Campanella » pour découvrir ce violoniste.
Merci.


Le violon du diable



Tenant la main du temps, qui récoltait les âmes,
Pour marquer tous ses pas de feux follets lunaires,
Le vent accompagnait une armée de chimères
Qui pour le dernier glas laissait couler des larmes…

Dans son grand manteau noir, perlé de mille étoiles,
Rivalisant la nuit maquillée de merveilles,
L'éternité attend dans l'écho du sommeil
Que l’ébène aux yeux noirs dans l'encre se dévoile…

Le poète sourit face aux constellations,
Il veut se transcender en écrivant des vers,
Il couche ses pensées en fermant les paupières
Et repense à sa vie, à de vieilles passions…

Il voulait un violon consacré par le diable,
Créé par un luthier au toucher accompli,
Il voulait le talent sorcelé du maudit,
Et reçut du démon un trille incroyable…

Son manche était l’ébène empruntée à la nuit,
Le cordier en ivoire s’appairait à la tête,
Le chevalet miroir en ornement de fête,
Sa table loupe-frêne, ses éclisses de buis…

Le bouton mordoré reflétait son poli,
Les cordes étaient filées dans des cheveux de reine,
Les ouïes dérobées dans une pêche ancienne,
L'archet de Pernambouc invoquait son génie…

Quand le violon pleurait, la mort comptait ses mannes,
Et son éternité tombait sur les genoux,
Le ciel arc-bouté désarmait son courroux,
Les anges et les damnés libéraient quelques âmes…

Il y a un objet entouré de mystères,
Dont la voix est si pure qu’on la croirait hantée,
Elle est la créature enfermée dans l'objet,
On dit dans les veillées qu'il serait séculaire…

Un jour vous entendrez chanter une voix d’ange,
Sachez qu’elle pourrait n’être qu’une illusion,
Qu’il s’agirait plutôt de ce violon étrange
Venu ressusciter les doigts de son démon…


 
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   inconnu1   
5/3/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Sur la technique, on est dans la catégorie. Le poème ne répond pas au néoclassique, les diérèses n'étant pas traitées toutes de la même manière et des rimes féminines étant mariées à des rimes masculines. Techniquement, les alexandrins sont réguliers, les césures bien marquées. Le poème est agréable à lire

Sur le thème: il est original dans le sujet et la manière de le traiter. J'avoue ne pas avoir tout compris, mais je me laisse porter par la musicalité du style, ce qui est le plus important dans un poème sur la musique

NB : le poème est maintenant publié en catégorie contemporaine. En relisant le poème, je m'aperçois qu'il y a dans la deuxième partie au moins 3 vers où on doit élider certains e qui ne devraient pas l'être dans une prosodie plus classique, pour respecter la lecture en alexandrins, alors qu'à d'autres moments vous respectez cette règle. "les cordes étaient filées , les anges et les damnés..." Même si c'est acceptable pour du contemporain, que beaucoup le font, je trouve cela bien dommage car, vu le mal que vous vous êtes donné pour tout le reste, cela donne une petite impression d'inachevé.


Bien à vous

   Vincent   
4/3/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour

Je suis émerveillé ensorcelé

par tant de beauté, de sensibilité

je n'ai pas assez de mains pour vous applaudir

je ne regarderais plus jamais un violon

de la même manière

je ne sais plus où est le mien c'était celui d'un enfant

le vautre est sorti des ténèbres vers la lumière

   papipoete   
4/3/2021
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Shovnigotath
( pas facile votre pseudo ! )
Un poème ( assez long ) pour évoquer cet instrument, que le musicien caresse de son archet, que du violon son épaule et son cou touchent de si près... Et pourtant, la musique qu'il joue que l'on croirait la voix des anges, serait celle du Diable !
NB un mélange de poésie, de lutherie et croyances sataniques, filent un écheveau où chaque ligne brille davantage que la précédente, mais moins que la prochaine...
Un texte envoûtant qui ravira qui joue du violon, mais même un Stradivarius est bien pâle face à cet instrument extraordinaire !
le 16e vers semble mesurer 11 pieds
le 18e en mesure 13
le 20e en mesure 13
etc...
dommage que de si riches vers en perdent pied !
D'autre part, les différentes conjugaisons m'ont quelque peu dérouté !

   Queribus   
5/3/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Je trouve que votre poème sonne bien et fait résonner agréablement les sons du violon; on a l'impression d'entendre au fil de vos vers les notes qui s'égrennent. J'ai quand même trouvé votre texte un peu long.

Sur le plan strict de la forme j'ai trouvé:
-âmes et larmes ne riment pas
-deux fois le mot noir dans la deuxième strophe
-le vers 16 fait 11 syllabes
-les anges (zé) les damnés fait 7 syllabes (vers de 13 syllabes)
-de très nombreuses rimes à l'hémistiche (à éviter plutôt même si ce ne sont pas de vraies fautes):

Il veut se transcender
Il couche ses pensées

le poète sourit
et repense à sa vie

le cordier en ivoire
le chevalet miroir

etc.

-par contre les rimes masculines et féminines qui riment entre elles ne me choquent pas (Aragon l'a déjà fait)

En conclusion, votre poème, malgré quelques petites remarques témoignent d'un très grand travail et l'ensemble est très honorable et se lit avec plaisir.

Bien à vous.

   emilia   
5/3/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bel hommage passionné pour ce violoniste de génie, tellement éblouissant qu’il fut soupçonné d’un pacte avec le diable et son instrument considéré comme ensorcelé… ; un contemporain qui se libère des règles strictes du classique, mais qui en garde l’esprit d’ensemble pour certains vers et la démonstration d’un certain savoir-faire à encourager, car, vous avez su faire pa rtager votre passion pour cet artiste et son instrument vénéré (dont vous semblez connaître la composition en mélomane averti…) réunis dans l’exécution de cet art talentueux…

   ferrandeix   
6/3/2021
 a aimé ce texte 
Bien
À mon avis, le poème aurait été bien meilleur s'il était structuré sur une idée principale développée rigoureusement. J'avoue ne pas trop comprendre le sens des premiers quatrains par rapport à la suite, même s'il s'agit des "constellations" que croît voir le poète. L'introduction de ces 2 quatrains me paraît trop alambiquée. En revanche, la description du violon lui-même créé à partir de différents éléments me paraît très attractive. et la finale, elle, conclut bien logiquement le poème.

L'irrégularité de la métrique (des hémistiches parfois de 7 syllabes), à la lecture, n'est finalement pas si choquante que cela, probablement parce que la césure est bien respectée.

Texte assez euphonique, attention cependant à quelques cacophonies:

Et repense à sa vie (sa sa)
Et reçut du démon (du dé)

   Robot   
6/3/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'ai beaucoup apprécié la lecture de ce poème qui raconte une histoire un peu fantastique parée de vers musicaux et fluides.

On ressent le côté noir du musicien tout en étant pris par le sentiment que suggère l'enchantement dans la description musicale de l'instrument.

   Myo   
6/3/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un poème comme un air de violon joué par le maître, puissant, complexe, habité.
Le début reste un peu obscur à mes yeux et me semble alourdir le traitement du sujet. Les 6 derniers quatrains sont très réussis et exprime la magie de la musique de ce virtuose.

Bien sur vous prenez quelques libertés avec le style mais le tout reste musical et de lecture aisée.

Merci du partage.

   Provencao   
12/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Sylvain,

" Il voulait un violon consacré par le diable,
Créé par un luthier au toucher accompli,
Il voulait le talent sorcelé du maudit,
Et reçut du démon un trille incroyable… "

J'ai beaucoup aimé ce quatrain qui permet d'établir que ce violon du diable libère l'oeuvre qui fait plus qu'énoncer des frissons et troubles connus: ces émotions permettent en vos mots délicats et forts d'entendre ou de révéler des passions dont on méconnaissait jusque-là l'entité.

Merci pour ce délicat

Au plaisir de vous lire
Cordialement


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