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Poésie contemporaine
Skender : Ossuaire
 Publié le 11/03/24  -  4 commentaires  -  951 caractères  -  118 lectures    Autres textes du même auteur

Souvenirs d'un déchirement.


Ossuaire



Moi qui ai tant aimé l’ombre de ma vie
Le feu gris et bleu, l’étoile à mon parvis
Dans la froideur d’un monde abîmé de glace
De ton visage aimé, perdue toute trace

De la candeur des jours, du labeur des nuits
Le fil tourbillonnant où nos cœurs s’ennuient
Montagne aux souvenirs mêlés de douleurs
Océan du vide aux tremblements rouleurs

Baiser déposé sur ta joue, ton reflet
Je vends à qui aime l’amour un pamphlet
Fait des pleurs amassés durant cette vie
Portrait de nos rêves envolés, lavis

Qui s’anime, mu par sa propre volonté
L’amour, le bonheur même la volupté
Ont été chevillés au grand corps du monde
Ils naissent et puis meurent en une seule seconde

Mais ton souvenir sur le large drap blanc
La flèche perfide qui a percé ton flanc
C’est ton ombre qui luit, brodée sur le suaire
C’est mon âme qui bruit, l’amour mon ossuaire


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Eki   
26/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Belle ode à l'aimée disparue...
Un chant mélancolique entendue entre les strophes.
Chaque vers semble baigné d'un rai de lune, d'une douce présence.
L'auteur nous conte le temps de l'amour, le temps d'une existence heureuse contre le temps de l'absence qui ne peut nous détacher de la force des sentiments vécus, des saisons dénudées...
Pourquoi se détacher lorsque les souvenirs tiennent chaud
au coeur ?

Ce texte parle bien de déchirement comme les mots appartiennent à la nuit qu'un grand soleil vient encore hanté...
Joli poème !

   papipoete   
11/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Skender
En une fraction de siècle, j'ai avec ton départ, tout perdu ; je suis plus pauvre que Job ! ne me restent embrumés, que mes souvenirs de bonheur, volupté qui de nous s'emparait.
Je ne trouve plus devant ce grand drap blanc, que gris à la palette des couleurs.
NB chagrin qui se tarira un jour... tout passe, avec le temps mais céans que du courage ne faut-il pas, pour accepter ce lit devenu trop grand !
se dire que la maison ne sera plus qu'ossuaire, avec ces silences infernaux...
la 3e strophe a ma préférence.
un poème aux douces assonances que l'on pourrait lire, tout en trémolos...
- un chauffard vient de tuer un gamin de 15 ans, près de chez nous aussi ce texte m'émeut.
PS au 4e vers, " perdu/e " toute trace... ne fallait-il pas écrire " perdu " ?

   Marite   
11/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Impossible de ne pas être touchée par les mots qui traduisent ce déchirement auquel personne n'échappe, un jour passé ou à venir. Tout y est si bien décrit qu'il est difficile d'avoir une préférence pour l'un ou l'autre des quatrains.
Un bémol cependant, les enjambements entre :
" ... perdue toure trace / De la candeur des jours ..."
" ... lavis/Qui s'anime ..."
ils m'ont gênée à la première lecture mais ce n'est qu'un détail.

   Vincente   
12/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Beaucoup aimé le désenchantement positif qui s'avoue dans ce poème, cette tristesse assumée, celle qui ne regrette rien de l'amour passée, l'amour qui aujourd'hui se voue à la forme spectrale de cet "ossuaire".

Même si la vie d'une personne in fine peut ne paraître qu'une "ombre" portée (ainsi "l'ombre" qui entame et clôt le poème, celle du narrateur et celle de son amoureux(e)), elle laisse la trace indélébile de l'amour qui s'y est livré.

Singuliers, le style, le phrasé, l'atmosphère qu'engendrent cette écriture sonnent juste et installent une troublante revisitation de ce qu'ont vécu les deux personnages, au temps irréversible qui suit le départ de l'un d'eux.

Je le redis, beaucoup aimé cette manière originale de faire poésie.


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