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Poésie en prose
Skender : Transatlantique
 Publié le 01/07/23  -  10 commentaires  -  1269 caractères  -  184 lectures    Autres textes du même auteur

Un poème qui parle d'amour, possible sûrement mais peut-être pas dans cette vie. Un poème sur les horizons qui nous fuient, la réalité que l'on altère et qui nous altère, sur le rêve d'être un peu plus vivants que nous ne le sommes aujourd'hui.


Transatlantique



Elle avait regardé l'horizon puis elle me regardait maintenant. Un grand or blond fondait sur son visage. Je ne savais ni les comptes ni les erreurs du monde, ni même où ce batelier avait décidé de nous emmener. Volonté de nos pêchés qui s'abîme contre la cale comme le ressac du mal, puissions-nous un jour trouver en nous suffisamment de vigueur pour franchir notre horizon. Elle aimait. Un autre bien sûr, pas moi. Pas ici, pas dans cette vie. Pas dans ce corps fait de cendres liées entre elles par du feu. Dans une autre réalité où j'étais un homme et où ce bateau était mon berceau.

Navire voleur du vide, vagues d'effets rocailleux, éphèbes sublimes et pauvres qui mendient le cœur d'un oiseau blessé. C'est l'ivre compagnon des voyages torrides, des tropiques amères et des palétuviers, des sept vies passées à aimer l'être triste, qui vole sa propre vie comme d'autres donnent la becquée. Elle se tenait désormais debout, accoudée au bastingage. On en avait scié une partie mais l'autre se dressait encore miraculeusement, bastion de vérité. Elle fumait une cigarette très longue et les cendres en retombant brûlaient le dos de sa main. J'arpentais le pont comme une morte qui se terre. Treize millions d'années d'or et une nuit de sang chaud.


 
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   Geigei   
19/6/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Le chapô semble une explication de texte. Pas inutile après la lecture qui file la métaphore maritime en utilisant les parties du bateau, de la cale au pont en passant par un bastingage amputé.

"batelier" ? Le terme m'a surpris.

Deux femmes ? Elles auraient un horizon à franchir. Le texte parle du genre M/F, d'une "volonté de nos pêchés qui s'abîme contre la cale" et des "vagues d'effets rocailleux". Le lecteur peut imaginer un amour homosexuel contrarié.

Les évocations tropicales ne m'ont pas touché. Je n'ai pas compris toutes les allusions. Peut-être ont-elles poussé sur un terreau trop privé.

C'est le principe de la poésie. Mais ce texte n'est fait que d'allusions que je renonce à décortiquer.
En lisant "où ce bateau était mon berceau", je me dis que "Elle" peut bien être la mère du.de la narrateur.ice.

Si je prends l'hypothèse de l'introspection, "Elle" devient la narratrice elle-même et le texte tient aussi. Et le bateau est sa vie où iel a embarqué.
Dès lors, les "éphèbes sublimes et pauvres" et "l'être triste" étaient sur ce bateau avec iel. Et la "nuit de sang chaud" devient la naissance, et plus une nuit d'ébats amoureux.

Deux fois "les cendres".

Confus.

   Donaldo75   
22/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J’ai trouvé que ce texte tenait plus de la poésie en prose que de la forme libre ; une fois ce préambule posé, je précise que la question des tiroirs ne change pas ma perception de ce que je viens de lire. Mon impression de lecture est très favorable. J’ai beaucoup aimé les effets poétiques utilisés dans ce poème, les images déployées et le flux mis en place. Cette lecture coule de source ; le titre exprime bien ce que j’ai ressenti et je n’ai pas eu le mal de mer tellement cet océan ne trimballe pas les mots dans un violent ressac. Tout l’ensemble est visuel et littéraire en même temps. Un beau mélange.

   papipoete   
1/7/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour Skender
Je la contemple si belle, trop belle pour moi : je voudrais me résigner, mais ne puis accepter ! Je préfère me morfondre, me dire " j'ai un petit peu d'elle, je peux la regarder..."
NB sur un Titanic ou gondole, ce voyage me fait penser à Zighy, en féminin où de ces deux femmes, l'une est éprise d'un homme...sinistre scénario où ce cœur en peine souffrira, se contentant des miettes d'amour... " serait prête à aimer le chien de son adversaire "
Ceci est mon interprétation, que ma vision...

   Corto   
1/7/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Il y a de la fougue, de l'envie, de l'admiration, de l'amour impossible, dans ce texte brûlant comme une mer en flammes. De l'impulsion aussi, de la retenue parce que...
Il y a surtout une multitude d'expressions improbables qui veulent viser juste mais dont on ne nous dira pas la véritable trajectoire.
Bref de nombreuses inventions qui sur le coup percutent le lecteur d'un stylet poétique, puis vient le suivant et tout cela est beau.

Je relève volontiers "Je ne savais ni les comptes ni les erreurs du monde"; "ce corps fait de cendres liées entre elles par du feu"; "qui vole sa propre vie comme d'autres donnent la becquée"; "Treize millions d'années d'or et une nuit de sang chaud".

Bienheureux ceux qui ont vécu dans leur vie un tel moment d'incendie, de ceux qui laissent une cicatrice qui ne s'oublie pas.

Bravo à l'auteur.

   Provencao   
1/7/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Skender,


J'arpenterais le pont en attendant, un souffle, d’amour, d’espérance, de foi en une promesse, animant ma fougue, ma passion..

L’expérience de l’horizon l’a changée, contre la tentation du pêcher demeure, soignée, fragile, espérée.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Eskisse   
1/7/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Skender,

Le poème est bien rythmé ( reprises de tournures de phrases, jeux de sonorités) . Pour ce qui est de la scène, je la vois comme une sorte de reprise déceptive et décalée de la scène de rencontre de L'éducation sentimentale ( qui présente aussi un amour impossible sur un bateau ) en filigrane.
J'avoue cependant que certaines formules, quoique poétiques, m'ont un peu éloignée des enjeux du tableau ou de la symbolique. Et je m'interroge sur le choix de certains détails : le bastingage scié, la main brûlée, que je n'éclaircis pas. Mais peut-être suis-je éteinte aujourd'hui.

   Pouet   
2/7/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Slt,

je viens saluer cette première publication sur le site. Première publication intéressante, pleine de correspondances et d'un surréalisme discret mais tenace. Un texte presque envoûtant, du moins assez prenant et évocateur. Nous surnageons ou voguons, me semble-t-il, entre le souvenir et la réincarnation avec beaucoup de nuances et de subtilité. Il y a aussi comme un parfum de renaissance amoureuse ou de recommencement entre réalité et visions. D'onirisme romantique. En tout cas un texte qui ne m'a pas laissé indifférent et que j'ai bien apprécié lire.
Menu détail, le "accoudée au bastingage" qui m'a un peu sorti du texte sans trop savoir pourquoi, peut-être le côté "expression toute faite", mais son essence "sciée" pendant du "bastion de vérité" m'a vite remis en selle d'hippocampe.

Au plaisir de vous relire.

   Eki   
8/7/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je découvre ce texte avec beaucoup de plaisir.
Comme c'est votre première publication, je vous souhaite la bienvenue sur Oniris.

Belle entrée, Skender !

Tout un univers romantique avec de belles images qui nous invitent à ce voyage. On partage cet amour sublimé, rêvé, fantasmé...

Eki sans mal d'amer

   Skender   
14/7/2023
Remerciements et quelques explications sur ce texte ci-dessous:
http://www.oniris.be/forum/remerciements-pour-transatlantique-t31282s0.html#forumpost453025

   Cyrill   
6/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
L’imaginaire déployé ici, parfois assez alambiqué, me donne cependant assez d’éléments factuels pour que je me représente toute une histoire, commencée avant le poème et qui se terminera après. C’est comme visionner une seule scène d’un film et rêver son entièreté.
Une prose imprégnée de romantisme surréaliste. Du « Transatlantique » faisant titre à la « cigarette très longue », l’atmosphère baignée de mystère accueille la réflexion du narrateur dans tous ses fantaisies. Tel le début du second paragraphe, ce voyage intérieur dans le voyage, sorte d’inventaire inventif où l’on se laisse emporter avec plaisir par le cheminement de la pensée sans en saisir forcément les tenants et aboutissants. La référence aux tropiques évoque pour moi une fièvre brûlante, tandis que les « sept vies passées à aimer l’être triste » est sublime dans ce qu’il contient de patience féline.
À l’instar de la cigarette, le narrateur semble se consumer dans ce scénario. Une histoire d’amour, de vie et de mort, de passions irréconciliables, qui nous laisse en plan avant de se terminer.
Merci pour le partage et vive la prose !


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