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Poésie libre
solinga : Brèves (ou allongées) de café
 Publié le 17/03/24  -  6 commentaires  -  4776 caractères  -  57 lectures    Autres textes du même auteur

Ce qui arrive lorsque le temps s'allonge et que le cœur fait ses ronds dans de l'eau transcendée…


Brèves (ou allongées) de café



Tout remonte à l'acte de boire, de porter une marée en bouche.


*
Ce qui suit rentre dans la catégorie des expériences.

Je décide que
ce matin
ma bouche s'entrouvrira
d'une quinzaine de millimètres
juste
après le café.
Je suis
– me ferai –
antre
pour déguster du rien ;
ce sera
moi…
mais moi
faite
autre.

Quel goût
ce sera ?
(D'avance on ne le sait.)

J'entre…
Salut aux sensations !
… je vous poursuis.

Dessous la lèvre flotte ce qui n'est qu'aérien…
Des gouttes de néant,
pas plus haussées
qu'un cil
et
pas plus grosses,
qui s'insinuent,
savantes,
entre les lignes de mes dents.

Qui,
grâce à elles,
me reviendra en songe ?
Qui ?
(Dites ?…)
(… Rien ? )

Lame du phrasé,
lattes des subordonnées
étagées des principales.
Laque des mots.

Là ? Qui ?

Et
vers où ?

Ouverte,
l'absence parvient
à réanimer
un peu de ce café expiré
un peu de son grain perdu…
Ressassement léger de saveurs.

On brasse un peu de magie.

Ainsi… le rien fait revenir,
retient, fait
osciller l'exil
des choses en allées.
En toute retenue,
un bleu regain de sensations :
c'est un assortiment de sources vives.


Quel goût, l'absence ?


*
Pareil pour toi
Je tente lèvres ouvertes de soupeser ce qui perdure, sucre incertain, de ton absence.
Mémoire grande ouverte
Mémoire qui bâille
(mieux pour cela de fermer nos paupières)
afin d'emplir de toi
le creux de main des songes,
dans l’émiettement d'hier,
dans la dispersion des durées volatiles,
afin d'emplir la cachette des chants et des langues, palais et voile,
avec le sable de la nostalgie
soufflant une autre présence.


Je commande un autre café, faveur au présent. Je ne veux pas de plainte de l'ici-bas… mieux d'aller-venir aux ailleurs, pour mieux sertir la conque irisée du moment. Jeu de billes. Le présent, notre plus ronde agate.

Tout provient du geste de boire.
Tout survient de l'acte de porter
notre marée
en
bouche.
Entendre
au verbe d'extraction laborieuse
non ce qui dit
la pesanteur
mais
autant que possible
la seule
portée
des jours,
aussi légère qu'en vue de tenir les notes aux longues hampes… des notes huppes.
Entendre
la lignée des mélodies, ou ce qui s'ouvre au son sismique des « Sésame… », les portiques, les seuils, les voûtes, les percées d'intérieur, les entrées, les arches, les bienheureuses portes.

Je n'ai jamais tant rêvé
que sur la croupe ancestrale
des mots.
Depuis
une marée
une bille
un monde en sphère.
Depuis un arrondi sur l'aube.
Un rond fabriqué de deux lèvres.
Une porte.

Je suis plus oisive que les
lourdes ogives de bois
et tout le mobilier qui me regarde
en ce confortable recoin
peu couru
de la ville de Vienne
(la Vienne au nom minoré…
… tout ce qui gît proche est mis en gamme mineure…
celle précisément à qui revient ma préférence)

Or d'ici je te garde
les billes cacaotées
dispensées au pied de la tasse
d'un breuvage
à l'amertume
née sur
des cerises
au Burundi
(désormais tout un nouveau jargon
caféier clignote chez la petite écolière…
le café ça part de plants d'où
naquirent un jour
des cerises ; après ça sèche ;
sous surveillance).
Je suis comme un petit écureuil
qui cueille
pour qui j'aime
tout
en rousseur.


*
Ce furent tes mots hier :
« Tu as la réponse à tout »
et que je lis à toute vitesse.
C'était un éloge
et même un regret pour toi en symétrie
mais moi je sais (je te souris)
que c'est ma tare
suprême
tare précipitation
tare de l'agir qui trébuche
comme animée
d'une
rancune
(et pour quoi donc ?)
envers les frelons blonds
du temps qui passe.
Comme un refus
de freiner le flux de vie
qui enfle
d'effroi
à l'idée de finir trop
tard.


Petite amie du temps,
petite affligée,
ménage en toi, plus temporelle, le flanc mesuré des distances.
Compte tes pas et pèse les mots tels des épousailles de semelles au sol. Page blanche où pister gaiement des empreintes qui très étrangement me ressemblent…
… avec une joie d'accueil égale pour la discordance.


 
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   Eki   
17/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J'ai eu un peu de mal à suivre le fil mais pas tout...
Peut-être aurais-je supprimé quelques longueurs qui n'auraient pas amputé le corps du poème...Ce n'est que mon avis.

Mais j'ai tout lu, bu...
Parce que si je suis là, c'est pour la poésie...
et je trouve que ce texte n'en ait pas dépourvu...
bien au contraire !
Certains diront, peut-être, les puristes "je n'ai rien compris"...
Moi, je dirais que, dans l'ensemble, vous m'avez embarquée dans ce flot, ces flux et reflux poétiques...Ce n'est pas le calme plat.
Et ce que j'ai ressenti est l'essentiel...Ce qui vibre là en plein coeur des mots !
Ecrire un tel texte est prendre des risques...
Pour sa liberté de ton, j'aime, son ton singulier me plaît...
Vous avez osé...et il y a des petites perles ici.

   Damy   
17/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je n'ai pas envie d'écrire des choses intelligentes après la lecture de vos Brèves.
Juste vous dire que j'éprouve, maintenant, un pincement au niveau du plexus et que j'ai envie de pleurer.
Je viendrai relire savoureusement.

Merci

   jeanphi   
17/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime un peu
Bonjour,

Aïe aïe aïe, je viens déposer mon commentaire par solidarité en l'absence d'intervenants plus nombreux, cela malgré que ce poème obtient sur moi un effet un peu irritant.
Stylistiquement, musicalement, ces vers me paraissent très bons, mais je dois me détacher de leur signification pour me laisser porter par eux. Par ailleurs je crois que cela démontre la réussite de ce poème, sans pour autant parvenir à l'apprécier davantage
Je perçois, comme une forme d'insinuation attrayant à la sensualité dans cette dégustation de café. D'une part le sujet est intelligemment exploité, vous créez comme une charnière imaginaire entre les perceptions et l'emotivité, ouvrant sur le quotidien. Mais d'autre part, cela me transmet une impression d'impudeur déstabilisante. S'ajoute une forme de défaitisme qui est exprimé volontairement (selon mon ressenti), qui provoque en moi plus d'amertume que de plaisir.
Néanmoins je salue cet écrit dans ce qu'il recèle à mes yeux de profondément féminin, j'imagine une poétesse charmer l'existence en personne et entretenir cette relation platonique à demi-mot devant une tasse de café fumant.

   Provencao   
18/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour solinga,

Vous nous offrez une voie autre que celle des expériences, à mon sens, mais avec l’assurance, sans doute, que vous narrez votre écrit comme il doit l’être, à la lumière des sensations et de l’enseignement de l'absence.

C'est ainsi que j'ai accueilli votre poésie.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Vincente   
18/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Poésie libre. La liberté en cette matière, de cette manière, aura été quelque peu chahutée par moments au gré d'une expression qui peine parfois à se contenir dans ce registre "poétique". Si le lecteur est bien très tôt prévenu ("Ce qui suit entre dans la catégorie des expériences"), il n'en demeure pas moins qu'il va lui être difficile de ne pas se sentir porté vers une sorte d'analyse, avec ce que peuvent avoir d'antipoétiques quelques formulations ("ma bouche s'entrouvrira / d'une quinzaine de millimètres" – "J'entre… / Salut aux sensations ! " – "Tout provient du geste de boire"). Et plus généralement, un regard qui peine à s'échapper d'une "égocentration" peut-être par trop marquée, si bien que le lecteur peut se sentir par moment plus regardant que participant (" Qui, / grâce à elles, / me reviendra en songe ? / Qui ? / Dites ?…) / (… Rien?)". Ainsi que cette strophe finale à la troisième personne, qui affiche un détachement ontologique assumé, mais qui aura produit sur moi un ultime effet contrariant. Dommage, car bien des envolées par ailleurs offrent des "lames du phrasé", une "laque des mots" inspirés jusqu'à ce très fort "Je n'ai jamais tant rêvé / que sur la croupe ancestrale / des mots.".

Ce que je salue en ce sens, c'est la passion qui transparaît dans l'écriture, une sorte d'entrain mêlé d'originalité dans le propos, de conviction dans l'expression et d'élancées parfois très poétiques.

   Catelena   
21/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
De la poésie à boire, comme s'il en pleuvait ! Sans modération aucune.

Et il en pleut, de la poésie, ici. De manière singulière, imbibée jusqu'aux gencives sans que grincent les dents.

Quel flot ! Quelle envolée !
C'est jouissif de se boire ainsi. Je veux dire, avec ce si bel entrain.

On ne peut que souhaiter, vraiment, que le plaisir procuré par l'écriture soit égal (voire largement supérieur) à celui pris à la lecture. Une transe gouleyante à souhait au palais de la langue.

Vive les « notes huppes » « aux longues hampes » !

Continuez longtemps encore à nous emporter « … avec une joie d'accueil égale pour la discordance. »

Merci pour le partage, Solinga.

Cat


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