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Poésie libre
solinga : Moi liseron relisant
 Publié le 11/05/24  -  6 commentaires  -  2839 caractères  -  72 lectures    Autres textes du même auteur

Grâce à Raymond Queneau : « C'est en lisant qu'on devient… »


Moi liseron relisant



Me relisant
Mon poème croît par le milieu
Par où je place mon attention
Comme un doigt
Un doigt qui déploierait chaque mot en toutes ses nervures.

On n'en a jamais fini avec le silence.

Parler
(sans rechigner au paradoxe)
c'est louer de très près
l'extinction
de
soi
l'extinction
de
voix,
la sertir entre des rideaux de mots,
de mots en laine
de mots chandails,
à l'aventure,
de mots nattés de
soie.

Enclore le silence entre deux phrases
lui donner champ pour respirer
c'est la sorte d'étreinte sage
exaucant
(par le menton)
d'un hochement
l'espace
pour qu'il vibre à sa guise,
tenu mais inspirant
– une fragilité de larme.
Recel du silence expirant
aux confins de l'exprimé.

Or il faudrait
savoir fermer la porte,
Recoudre la trappe.

Mais que fais-je alors des laissés-pour-compte
des mots-rebuts
des mots rébus
de ceux qui tintent titubant,
ne trouvant pas leur place ?

Diantre comme écrivant je m'apaise…
mais cela inonde le monde de mots superflus,
sertis de singularité,
sortis d'un creuset contingent.

Leur trouver une petite cachette, à ces mots qu'on ne retiendra pas
pour cette fois.
Un tiroir
avec service de soin minimal
et la nounou de la mémoire (ou d'une baudruche de mémoire) pour provisoirement veiller sur eux
en attendant qu'ils me reviennent.

Mots à la revoyure.

Mais comment dire au revoir
et
à jamais
peut-être
aux mots chassés ?

Je bafouille.
Les mots se donnent très étroitement les mains à grands renforts d'échos, refusant de se perdre.

Phrase réticulaire
Phrase vernaculaire
Véhiculaire
Phrase vestibule
Vestibulaire
Équilibriste
Équilibrante
Phrase en coupe, en feuilletine.

Mots monticules mots parcelles particules
qu'il faut laisser partir.


Imaginant d'autres cérémonies d'adieu,
d'autres orchestrations du rebut,
je repasse de la harpe aérienne des mots
à la rotondité plus avenante des choses :

Je racle ma tasse
– tintement circulaire –
(la cuiller ce sont les cuivres)
avant de terminer par la pulpe du doigt
(archet)
afin de n'en perdre une goutte
(dernier hommage au plein
avant les cils refermés du silence).
Cœur insubmersible,
je recueille, liseuse encore, récitante,
ce qui dessine son issue
depuis le bout de ma langue,
haletante d'attention
pour mieux me résorber, cyclique, dans le grès,
et me résoudre aux choses
à mon insu.


 
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   Ornicar   
30/4/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Ce texte désarçonne le lecteur que je suis. Je n'ai pas tout compris de cette longue dissection autour des mots et du silence. Ceux que l'on garde et ceux que l'on jette.
Le thème de l'écriture n'est pas nouveau et fait presque figure de "classique" même si les vers sont libres. Si ce poème n'est pas original par son sujet, il l'est davantage par son traitement.

Je ne suis que moyennement convaincu par cet ensemble. Pour moi, cela reste un peu froid et "intellectuel", ça manque de chair, d'incarnation, d'élan, d'emportement, bref d'émotion.
Cependant, je reste sensible à certaines images, formulations, jeux sur les sonorités intéressants comme par exemple, "mon poème croît par le milieu", "recel du silence expirant aux confins de l'exprimé", "un tiroir avec service de soin minimal", "la nounou de la mémoire", "je repasse de la harpe aérienne des mots à la rotondité plus avenantes des choses", entre d'autres "variations" qui me semblent relever davantage de l'écriture automatique mâtinée d'une certaine facilité ou de l'exercice purement gratuit : "extinction de soi, extinction de voix, mots nattés de soie" ou encore "phrase réticulaire, vernaculaire, véhiculaire, vestibulaire", comme si le souhait, tout à fait louable et respectable, de jouer avec les mots et les sonorités s'exerçait au détriment du sens général auquel je reste attaché.

   Provencao   
11/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour solinga,


J'ai beaucoup aimé votre poésie où vous nous offrez ces mots presque en silence, en silence de réalité, d'évidence et de vérité .
Le langage, la parole existent en silence, non pas en un silence distrait, détaché, mais en une belle invitation à la sagesse.

Mon passage préféré :

"Me relisant
Mon poème croît par le milieu
Par où je place mon attention
Comme un doigt
Un doigt qui déploierait chaque mot en toutes ses nervures.

On n'en a jamais fini avec le silence"

Ce doigt tend a être dans le silence, un silence de vérité.

Au plaisir de vous lire
Cordialement


.

   Eki   
11/5/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
De l'originalité, des mots qui chahutent, trinquent à la poésie...
Derrière ce titre qui peut paraître redondant, il y a la plume foisonnante qui nous invite à la fantaisie d'une composition poétique.
La longueur aurait pu me rebuter mais j'ai vite compris qu'elle était due à la pensée créatrice de l'auteur.
Peut-être, aurais-je supprimé quelques vers ?

Il y a une forme de révérence faite aux mots, une histoire racontée, des images...
Un écho poétique, une aspiration qui inspire...

   papipoete   
11/5/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
bonjour solinga
d'emblée ( je pourrais passer mon chemin... ) je vois un texte démesurément long, qui peut rebuter le lecteur.
un exercice qui tient du jonglage " façon Devos ", et du Larousse avec ses mots savants !
ne pas perdre le fil, n'en point tomber, savoir rebondir !
NB il faut s'accrocher, et tourner la ligne dans sa tête mille fois, pour dire " ah, mais c'est bien sûr ! "
La dernière strophe a ma préférence

   Eskisse   
12/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjours Solinga,

Je suis attirée par ce poème car il parle des mots avec une " conscience ludique" et surtout parce qu'il mêle oralité et langue écrite comme si le locuteur monologuait en langage soutenu.
Pour le ludique :

"Mais que fais-je alors des laissés-pour-compte
des mots-rebuts
des mots rébus
de ceux qui tintent titubant,
ne trouvant pas leur place ?"

Une poésie qui se parle écrivant, le tête à tête de l'écrivain avec les mots qui reste cependant, un peu froid pour moi, peut-être y manque-t-il, ( toujours pour moi) , tout simplement une attention à autrui, que ce soit les protagonistes créés par les mots ou les autres humains. Mais brisons-la car le titre " Moi liseron relisant" me dit que je suis hors sujet ...

   Pouet   
12/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Slt,

le liseron est ambigu, il a la tige volubile et la feuille en forme de flèche, on sait pas trop ce qu'il est, le liseron.
Alors si c'est un liseron qui relit, il est fatalement plein de circonvolutions lui qui s'enroule dans sa famille de convolvulacée...
Il est question de former une parenthèse géante, avec parenthèse on met en enclos aussi nos ascendances approximatives, nos liens taiseux pour peu qu'on fasse un brin de bilboquet râpeux avec les mots.
C'est une perte ce poème ou une tentative infructueuse de rétention.
On ne dira jamais tout. Ce qui est perdu, l'est.
De toute façon, il n'y a rien à dire.


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