Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie contemporaine
solinga : S’en déshabituer (entre deux eaux)
 Publié le 12/03/23  -  12 commentaires  -  705 caractères  -  300 lectures    Autres textes du même auteur

Une espèce de sonnet.


S’en déshabituer (entre deux eaux)



Un instinct de pérégrine me prit lundi
d’ouvrir un soupirail ombreux et sur le pont
tromper les battements de mon cœur refroidi
et les lames bleutées qui m’éraflent le front.

J’entame ainsi mon tour, soupesant cent reflets,
nul n’ayant commune mesure, sur la Saône :
l’or des dynasties et le rouge des pamphlets,
l’argent riant et l’anthracite de l’aumône.

Revenant à la passerelle, les moirures
s’aplanissent et la rivière n’est que tenture
de toutes les maladies de mer et de spleen.

Il m’oublie. J’étais sa douce habitude avec
peau tendre, à consommer sous l’étui de mon jean.
Nous nous séparerons et l’œil restera sec.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Miguel   
13/3/2023
trouve l'écriture
très perfectible
et
n'aime pas
Heureusement que le dernier tercet apporte un peu d'éclairage à cet hermétisme, à la prosodie parfois malmenée. Étrange réification du personnage, "à consommer". Ll est question de deux personnages et d'un seul oeil ; on ne sait pas de qui. Sans doute du personnage qui s'exprime, et non de celui qui oublie.

Miguel, en EL

Edit : Je ne vois pas le sens d'aller chercher la forme du sonnet tour la torturer ainsi ; il faudrait créer une Société Protectrice des Sonnets.

Le dernier tercet me semble contenir un bel exemple de réification de la femme, en contradiction avec les revendications actuelles et le "politiquement correct". Mais si cela convient aux oniriens, je ne vais pas me montrer plus rousseauiste que Rousseau (Sandrine). Emplumons donc les poèmes qui présentent la femme comme "à consommer". Vive le progrès. Un poème digne d'être placardé à Kaboul.

   Ornicar   
27/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Une espèce de sonnet, prévient l'exergue mais... présenté en catégorie néo-classique. Or si celle-ci est plus tolérante sur le respect des règles qu'impose la prosodie classique, je ne pense pas qu'elle admette la césure au milieu d'un mot comme aux vers 1 ou 8, ou la présence d'un "e" non élidé à la césure comme au vers 6 ("commune") ou encore une métrique qui varie d'un vers à l'autre (vers 10). Vous risquez, mon cher, de provoquer de vifs émois chez les vieilles barbes oniriennes qui auront tôt fait de vous écarter de ce pré carré.
Une présentation en catégorie contemporaine qui n'est absolument pas infâmante, loin de là ! - siérait mieux à votre texte.

Ces questions protocolaires étant maintenant réglées, j'ai beaucoup aimé ce poème. J'y trouve un sens narratif certain, de belles images avec cette seconde strophe et ses couleurs qui rappellent la science héraldique, des mots justes qui traduisent bien l'entre-deux et le délitement des sentiments, des rimes originales ("spleen - jean" et "avec - sec") donnant incontestablement un style contemporain à ces vers, une maîtrise en même temps qu'une liberté dans le ton et la formulation.

J'ai beaucoup aimé le constat lucide, clinique et désenchanté de votre narratrice dans le dernier tercet : "Il m’oublie. J’étais sa douce habitude avec / peau tendre, à consommer sous l’étui de mon jean". Belle et sobre chute, sans pathos, pour cette histoire qui tourne court.

   Cyrill   
7/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Il y a dans ce poème quelque chose qui me retient et me plaît. Les césures fantaisistes de quelques vers et les rejets donnent l’impression d’une déambulation peu assurée et d’une pensée à l’avenant.
De belles métaphores qui expriment le désenchantement. En trois petits mots, secs eux aussi ( Il m’oublie), tout ce qui précède semble prendre un sens nouveau et enrichir le poème que j’ai eu envie de relire.
Et puis la Saône, c’est bien. Y’en a que pour la Seine !

   Eskisse   
12/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Solinga,

J'ai beaucoup aimé le premier quatrain qui nous entraîne dans le paysage-état d'âme d'une locutrice vivant la fin d'une relation, et notamment le vers d'entame que je trouve très réussi comme si la décision de la locutrice émanait d'une sorte de réveil.

Le deuxième quatrain en revanche est trop hermétique pour moi : je ne parviens pas à associer ces images à quoi que ce soit même si je vois qu'elles convoquent la richesse ou son absence :
"l’or des dynasties et le rouge des pamphlets,
l’argent riant et l’anthracite de l’aumône."

Le dernier tercet, sur cette fin de relation, est intéressant: juste, sobre et pudique .

   Corto   
12/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Un poème à conquérir, j'aime plutôt.
Les images sont originales, séduisantes/surprenantes, mais l'assemblage pour déboucher sur le sens un peu ardu. J'aime bien.
La première strophe m'évoque une catastrophe, style suicide par privation d'amour. Je crains.
En seconde strophe avec la Saône, je nage un peu, mais je savoure "l'argent" et 'l'aumône" qui se côtoient. Je reconnais.
Avec les deux tercets le sens me devient plus aisé, je respire.
Le final est explicite, toujours avec cette recherche d'images brutes, sans chichi, comme une vie qui pense parfois à la mort. J'apprécie.

Bravo pour cette construction. Un poème à garder comme une leçon.

   Provencao   
12/3/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour solinga,


J'ai beaucoup aimé cette question de désillusion, de rancœur qui devient même seconde dans la mesure où c’est maintenant l’écriture qui prend en charge les produits de l’imagination, avec cette participation dans son déploiement propre à ces vers délicieux :" l’or des dynasties et le rouge des pamphlets,
l’argent riant et l'anthracite de l'aumône"

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   papipoete   
12/3/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
bonjour solinga
Je ne suis que " sa chose " qu'il consomme tel un verre d'apéro, une habitude...
Il croit que je ne peux pas avoir de coeur, " une chose " ne bat pas d'amour, ni tendresse ! demain, il ne me trouvera pas claquant du doigt ; je serai partie, sans verser de larme, j'ai décidé...
NB une façon de dire " j'en ai marre de passer à la casserole " sans le moindre sentiment, de la part de cet amant !
Il n'a encore pas compris que je souffre ? peut-être que lui, dès demain va souffrir.
Elle m'a l'air bien sûre d'elle, cette maîtresse blessée ; saura-t-elle tenir ses résolutions ?
Un vocabulaire précieux pour évoquer un chagrin, que la Saône pourrait avaler...
Techniquement, je vois effectivement " une sorte " de sonnet, bien éloignée des canons classiques.

   Anonyme   
12/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J'aime vraiment le rythme comme désarticulé que créent les enjambements surprenants de votre poème, ruptures en fin de vers entre le sujet et son verbe, la préposition et ce qu'elle consciencieusement prépose. J'entends là le monde bouleversé de votre narrateur ou votre narratrice abandonné(e) par un égoïste qui voulait juste consommer un doux cul vêtu d'un jean. J'apprécie aussi que, sur la fin, le narrateur ou la narratrice lucide ne se morfonde pas dans le malheur et, l'œil sec, considère l'« après ».

D'emblée l'instinct de pérégrine me parle, les couleurs du deuxième quatrain, la rivière tenture, un décalage dans les mots ; et la souplesse apportée par le fait de ne pas imposer à la lectrice que je suis une majuscule systématique en début de vers, qui je crois en briserait le fil d'une ligne à l'autre. « avec / Peau tendre » ? Nan, ça ne fonctionnerait pas trop, vous avez bien fait à mon avis.

Un sujet qui ne me passionne pas à la base, souvent lu, mais ici traité de manière moderne, avec une énergie bienvenue me dis-je.

   fanny   
12/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Entre Saône et Rhône, colline qui prie et colline qui travaille, de ponts en passerelles, vous naviguez dans les états d'âme en allant panser vos plaies sur les berges de la rivière, à défaut de mer. Lyon et la Saône vous inspire, Paris et la Seine vous saluent.

J'aime l'instinct de pérégrine d'entrée de jeu et l'association du premier et du dernier vers me plait tout particulièrement dans cette volonté de pas s'éterniser sur un chagrin d'amour et de passer à autre chose.

Bonne journée Solinga.

   Antoninus   
12/3/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Bonjour,
Un poème assez hermétique... On me dira que c'est voulu mais je ne puis m'empêcher de penser qu'il y a un peu de facilité à aligner des images et des rimes sans plus de construction. Et pourtant, j'aime bien certains passages, comme "J'étais sa douce habitude"...
Merci pour ce texte.

   EtienneNorvins   
12/3/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un poème lyonnais, semblerait-il, terre d'empire et carrefour commercial puis industriel (or des dynasties ?) aussi bien que des canuts révoltés (rouge des pamphlets ?)

Poème aussi dans la filiation de Scève pour son relatif hermétisme, et de Louise Labé pour son écriture au féminin ?

La façon dont vous malmenez le sonnet surprend, déconcerte puis c'est un vrai plaisir de vous voir tordre la forme à la convenance de votre fantaisie.

Il y a comme une fausse nonchalance, de la mélancolie (un coeur refroidi, du spleen) griffée d'Idéal (les lames bleutées qui éraflent), de l'amour qui fout le camp (mais qui peut être n'en fut pas), ce qui est le lot commun (j’entame ainsi mon tour).

Il y a, c'est sûr, beaucoup de charme (dans tous les sens du terme) à ce texte.

Merci pour ce partage !

   Myndie   
13/3/2023
Bonjour Solinga,

j'adore votre poème. Il demande une attention particulière, un peu comme lorsqu'on écoute de la musique dodécaphonique. C'est ça, votre poème est dodécaphonique, autant dans les harmonies que dans le visuel. C'est ce qui en fait l'originalité.
Cette errance urbaine d'un cœur déchiré donne bien la mesure de la souffrance éprouvée et l'on visualise sans peine le chaos des pensées à l'aune des images que la Saône renvoie à la narratrice.
J'aime particulièrement
«  Un instinct de pérégrine me prit lundi
d’ouvrir un soupirail ombreux et sur le pont »
et
«  les moirures
s’aplanissent et la rivière n’est que tenture ».

Je suis absolument conquise par la force du dernier tercet.

Votre poésie fait ressortir avec acuité la douleur de la séparation et la bouleversante lucidité qui l'assortit. Avec vos matériaux propres, vous avez réussi à nous faire partager votre émotion.

Vraiment bravo !


Oniris Copyright © 2007-2023