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Poésie libre
solinga : Tout chatoie, surtout sous terre
 Publié le 13/08/24  -  2 commentaires  -  3799 caractères  -  36 lectures    Autres textes du même auteur

Ode aux pierreuses matières qui chatoient. Oui, tout chatoie, surtout sous terre.


Tout chatoie, surtout sous terre



J'effleure à pleines mains le ruisseau
et ris en éclats bleus :
rien qu'une très espiègle terrienne.
Grain d'insolence,
je tire les cheveux du courant…
J'appelle mien, ébouriffée, chaque rayon, le moindre tressaillant à fleur d'eau.
J'ai des grelots de cailloux blancs aux deux chevilles, quelques incrustations coraux,
et sous mes plantes sous mes pieds, des angelots de pierres lisses.

J'effleure toute cette eau qui, berge venant, se raréfie, pauvrette.
J'estompe les rubans de mousse à mes orteils.

Petite au pouce tendre,
je ramasse les pierreries au chevet du Gard et de l'Ardèche.
Fluviale,
j'épelle à moi la matière.

*
C'est plein juillet le soleil tremble…
Comme se défaire d'un pansement, prendre conscience que la surface n'est que croûte, et qu'après tout, nous gravitons sur gravillons, aimantés à deux dimensions, glu aux talons. Convalescents sans peur, nous défausser des aplats de consistance. Et voir dessous. Entrer dans de l'inhabité.

Petits urbains, nous autres modiques chatouilleurs de l'épiderme des matières, qui entaillons, qui dérobons. Nous autres malfaiteurs impénitents, lames qui lacèrent.
Aplatis qui aplatissent.
Yeux bandés. Penseurs bornés au plancher.

*
Bon de s'humilier un peu à descendre,
se pelotonner dans les plaies adulescentes de la planète,
se reconnaître poussière au sein des strates,
à tâtons
dans de l'humidité,
bon de désapprendre l'échelle des temps,
de désengorger nos chronologies de lorgnette,
éternuant discrètement de stupeur.

Dans cette cavité
(c'est un Aven, on dit,
un creusement d'avant-tout
qui prend l'avenir à revers)
le temps se compte en gouttes
dessous le toit
à peine ajouré
d'une lucarne d'herbe.

Antédiluvienne
mémoire des concrétions :
une goutte explose sur un empilement de calcite
et cela monte
à vitesse infraterrestre.

*
Une autre Mnémosyne, loin des hommes,
étreint l'obscurité qui grelotte.
Elle n'enfantera pas ici de filles-Muses,
mais des berceaux immenses d'un luxe galactique et des statues anthropomorphes aux savantes hanches de marbre.

Il aura beau, d'analogie, louvoyer dans nos yeux,
l'art, petit a, est absent ;
l'Aven brille
et brille et brille et nous éclabousse l'esprit par surpassement, sans savoir lui que la chose existe.
Art. Dans le foncé d'une grotte. Dans cette humilité sublime d'avant nos guerres.
L'Art majusculé. Et nous, bris de bris de débris de gravillons, bousculés de notre néant tout drôle.
L'Aven et nous dedans, tout petiots.
Nous ne valons que lanterne,
lorgnon-témoin devant
l'ineffable et narquoise préservation du chatoiement.


*
Pas le droit de mettre la main aux rideaux de stalactites,
de tapoter les grands orgues
ou les piliers
ou les colonnes petites affairées à grimper haut,
Pas le droit notre peau contient du sébum.
Acide.
Respect pour la matière qui nous précède
en souterrain adagio.

Cathédrales s'édifiant sans nul besoin de nous.
Joyaux humides. Luisantes frondaisons.

S'épouvanter de soi dans cet en-deçà des coraux. S'épouvanter de notre mesquine petitesse. S'éprouver grain. Miette et moins que matière.

Mais admirer, s'éteindre yeux grands ouverts. Admirer par tous les prismes de l'âme. Et dans le diamant du paradoxe, se raviver par là même, se réveiller marmots de constellation.
Se rappeler notre confraternité de calcium.
Chimie oblige, avec étoiles contresignant ce fait. Poussières en tout. Poussières muées.


 
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   Provencao   
13/8/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour solinga,


Très philosophique votre poésie, où le sens de chatoiement ne dépend pas des hommes, ils ne peuvent pas l'inventer, ni le créer, mais seulement le recouvrer en adhérant à sa nature divine.
Le mot, le geste ultime de ce chatoiement sera toujours à mon sens de se retirer de ce qu'il a entrepris et de l'abandonner à la déchéance du temps...
Ce ne sera jamais ni dans le monde ni dans l'histoire que ce chatoiement prendra possession de lui-même, mais dans l'imitation pur auquel le regard du recueillement l’initie.

Belle écriture.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   ALDO   
13/8/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
J'ai lu

Et j'ai voulu descendre avec vous dans l'humide, le vaste et le sombre...
comme dans un ciel ...

J'ai pensé cathédrale, apocalypse de couleurs,
Rêvé fraicheur ...

Et La fraternité de tout, l'Unité.

Sommes-nous moins lumineux que les pierres ? Je ne sais pas...


Et puis le texte s'est arrêté, et dehors c'est toujours blanc, triste de l'été.

Se rafraîchir en relisant, l'Aven ...

Merci


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