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Poésie libre
solo974 : Cercueil
 Publié le 16/08/17  -  10 commentaires  -  1698 caractères  -  290 lectures    Autres textes du même auteur

Ce poème a été écrit en hommage à une de mes sœurs, décédée tragiquement.


Cercueil



La vieille triturait maladroitement
Son fichu
Délavé par le temps
Le vieux pleurait gauchement
De l'usure du temps
"Fichu !"
Se disait-il
Tous deux ratatinés
Tous deux esquintés
Errants fragiles
Vieillards dociles
Économisant encore
Sur l'âge d'or
De leurs vieux ans

Entre eux le cercueil se dressait
De leur enfant
Fichue
Par les temps
La vieille gauchement pensait
À l'âme errante
Esquintée gracile
Le vieux grinçait des dents
C'est "elle"
Se disait-il
Qui a gâché les ans
De ma docile enfant
Maintenant ratatinée
Sans ailes

Le prêtre embarrassé
N'y alla pas de main morte
Elle est morte vous m'entendez
Morte
La délivrance

La vieille tritura lentement
L'anneau d'or
Qui avait scellé
La naissance de son enfant
"Fichu !"
Pensa-t-elle
Le vieux esquinté
Se ratatina doucement
Pour masquer les larmes
Qui sur ses joues avalées
Par le temps
Jaillirent brutalement
Il fait si froid dehors
Pourquoi elle en plein âge d'or

On leva le cercueil
Rapidement
Les croque-morts devaient passer
À l'enterrement suivant
Le vieux ravala sa peine
Et secouant ses vieux ans
Souhaita bon vent
À l'âme en peine
La vieille tritura longuement
De ses doigts effilés
Amaigris par le temps
Son fichu noir de sang
C'est "lui"
Pensa-t-elle
Qui a tué mon enfant

La délivrance
Ânonna le prêtre
Pressé d'en finir
Avec l'enterrement suivant
Sans autre embarrassement


 
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   Anonyme   
26/7/2017
 a aimé ce texte 
Pas
J'ai pris votre écrit comme un poing en pleine figure.

Je suis abasourdi par les propos de cet écrit, cruelle réalité.
Je pense me faire discret, car vos mots sont suffisamment
parlants.

C'est un texte qui laisse son empreinte, il est prenant.
La douleur est palpable sans pour autant en faire de trop.

J'avoue que cet hommage à une de vos sœurs, me met mal à l'aise, déjà par le titre "Cercueil",
et ensuite par la manière dont vous abordez cette disparition, entre ces deux parents, qui s'accusent mutuellement.

De plus ce mot "délivrance" qui résonne. Il peut avoir toute sorte d'interprétation.

En fait, j'aurais aimé, par cet hommage, la connaître un peu ainsi que vos sentiments la concernant.
Même dans ce moment qui est le sien, vous me l'avait rendu absente, c'est terrible ... Elle n'a pas d'existence proprement dite.

Texte où il est très difficile d'apporter une appréciation ...
Puisqu'il me semble être le fruit d'un vécu.
Donc, puisque cela est "obligatoire", je dirai à regret que je n'aime

   papipoete   
30/7/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
libre
Des parents déjà vieillards entourent le cercueil de leur enfant ; il s'en va alors qu'eux sont encore là !
NB la scène est presque drôle avec ces tics, comme " triturer son fichu ", et la répétition du mot fichu, c'est fichu, elle est fichue .
On sourit alors que ce moment est si triste, on sourit mais les larmes pointent aux paupières .
papipoète

   Vincent   
16/8/2017
Commentaire modéré

   Louison   
16/8/2017
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai trouvé ce poème touchant, il y a le sentiment que les 2 vieux se rejettent la faute de la mort de leur fille, des rancœurs non dites, et il y a cette douleur. On ne cesse jamais d'être parent, c'est toujours dur de perdre un enfant, quel que soit l'âge. Et il y a cette précipitation, un autre enterrement attend, et c'est comme ça parfois dans la réalité, hélas.

   Marite   
16/8/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une réalité toute crue ... et j'ai apprécié ce poème dans le sens où il dépeint ce qui peut se passer dans le coeur des gens frappés par la perte d'un enfant. La colère prend tout l'espace en commençant hélas, parfois, par les proches car trop souvent les "non-dits" faussent la sérénité des relations affectives. Mais, la douleur est aussi présente:
" ... Le vieux esquinté
Se ratatina doucement
Pour masquer les larmes
Qui sur ses joues avalées
Par le temps
Jaillirent brutalement ..."
Egalement, la froideur et la rapidité des rites est bien décrite avec le comportement du prêtre qui, de par sa fonction, devrait apporter au minimum, un peu d'apaisement aux proches et des croque-morts officiant dans le cadre de la rentabilité du service : surtout ne pas perdre de temps.
Par contre je ne perçois pas dans cet écrit une forme d' hommage à la personne qui s'en est allée. Déjà, le titre nous le fait pressentir mais peut-être est-ce parce que le narrateur n'avait pas d'attachement profond pour la défunte.
Edit : ceci parce que j'ai imaginé qu'il avait été très tôt et longtemps séparé de cette soeur par les aléas de la vie ...

   Anonyme   
16/8/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Je suis assez mitigé sur ce texte.
Si je me place essentiellement sur le plan de l'éthique, je me dis que " la vieille ", " le vieux ", " bon vent
À l'âme en peine ", " délivrance " sont des passages un peu irrespectueux en la circonstance.
D'autre part, je me dis que de telles situations ne sont pas exceptionnelles dans des familles.

Tout ceci m'entraîne à être modulé quant à mon appréciation de cet écrit.

   Anonyme   
16/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai bien apprécié l’âpreté et la froideur qui ressortent de ce poème.
C'est écrit simplement et sans chichis mais tout est dit, justement sur les non-dits ravageurs qui peuvent parfois exister au sein d'une famille. Chacun ici se renvoie la faute et se haïssent en douce.
Au delà de cet aspect, il y a aussi ce coté blasé et presque usinier du prêtre qui aurait tendance à bâcler l'office pour passer à un autre enterrement; ce qui ajoute une touche encore plus sinistre à l'histoire.

   Anonyme   
16/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour solo974,
Nouvel(le) oniriens, je suis heureuse de commenter votre poème, vous que je croise souvent sur le site, très tôt matin. (Tôt pour moi, mais pour vous ? Outre mer ?, ne répondez pas à ma curiosité maladive, présentez-vous, si ça vous tente dans le forum prévu).

Votre poème "Cercueil" :

Son titre : surprenant, étrange, inquiétant, intrigant.
L'exergue : Aïe, là ça ne va pas. Vous piégez le lecteur -il devra compatir ou agonir.
Le poème : Ah ! voilà de la poésie, de l'hyperréaliste, avec tout ce qu'il faut de choquant, obscène presque, mais pas plus que le mort qui vous a fauché quelqu'être cher.

Globalement on ne ressort pas de chez vous sans dommages.

Je ne vais pas plus commenter, je ne vous dit pas que le gore est parfois trop gore,

J'attendrais que vous commentiez vous-même les autres pour savoir ce que vous êtes comme lecteur et comme écriveur. Ou plutôt qui vous êtes, bien sûr !

À vous relire donc.

   Damy   
18/8/2017
 a aimé ce texte 
Pas
Je suis désolé, je n'ai pas accroché, pas vraiment ressenti le sentiment de tristesse: le vocabulaire, peut-être, qui me semble peu poétique, c'est à dire assez trivial, presque vulgaire.
La morte est cruellement absente, mais les vieux me semblent aussi éloignés de leurs désarroi: préoccupés par la seule accusation de la culpabilité qui les ronge et comme nous ne connaissons pas les liens familiaux, elle semble gratuite.
Quant au curé et aux croque-morts surmenés, l'histoire est définitivement bâclée !

Encore désolé,
Damy

   Papillon26   
28/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Solo,

Votre poème est terrible, dans la froideur du prêtre qui se devrait humain... hélas trop souvent ils n'en ont rien, et je sais de quoi je parle...

La description des parents est visuelle et poétique, avec de belles expressions :
Tous deux ratatinés
Tous deux esquintés

Le vieux esquinté
Se ratatina doucement
Pour masquer les larmes
Qui sur ses joues avalées
Par le temps
Jaillirent brutalement

C'est atroce de les voir s'accuser l'un l'autre de la mort de leur enfant, au lieu de se soutenir ; c'est souvent le cas, pourtant.

J'aurais aimé en savoir un peu plus sur "votre soeur" puisque c'est un hommage ; j'ai ressenti plutôt cela comme le récit d'un vécu, douloureux, très douloureux sans doute, trop peut-être pour en parler autrement. En fait, comme un coup de gueule à ce manque d'humanité devant ce cercueil.

Le véritable hommage, viendra sans doute plus tard, une fois la souffrance apaisée...

   vb   
4/9/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Solo,

J'avais déjà lu votre poème au moment de sa parution. Je l'avais fait seulement à cause de la polémique qui l'avait entouré, un peu comme un badaud amateur de scandale. À ce moment, je l'avais déjà beaucoup aimé mais n'avais pas voulu le dire de peur d'en remettre encore une couche. Maintenant, je le regrette et en le relisant je me dis que vraiment c'est un très beau poème.

Ces deux vieux qui s'accusent mutuellement, l'attitude du prêtre, oui l'attittude du prêtre surtout, m'ont beaucoup plu. C'est très noir mais à mon avis c'est très bien fait. J'ai ressenti la tristesse et l'amertume qui émanent de vos vers.


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