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Poésie libre
solo974 : Mise à mort [Sélection GL]
 Publié le 11/08/19  -  15 commentaires  -  1895 caractères  -  231 lectures    Autres textes du même auteur

Poème librement inspiré du tableau de Joan Miró « La Course de taureaux » (1945).
https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cgzzkpj/rGbRBxB


Mise à mort [Sélection GL]




ELLE
Pourquoi me fait-il peur
Pourquoi me laisse-t-il seule
Dans l’arène de mon moi
Lorsque j’ai froid
Si froid

LUI
C’est la proie idéale
Pour le picador que je suis
Je l’ai tout de suite repérée
À ses yeux agrandis
Par la peur

ELL–
J’aimerais tant qu’il me dise
Qu’il m’aime
Ne serait-ce qu’une fois
Lorsque j’ai peur
Si peur

LUI
Ses yeux bleus en disent long
Sur sa fragilité
En moi le banderillero se réveille
Poupée à croquer
Idéale

Parasite ! Ce mot ne te dit donc rien, soufflait une voix

EL– –
Il m’a laissée seule
Encore une fois
Une pique de plus
Celle de trop
Lorsque j’avais si froid

LU–
Je l’ai trahie tant de fois
Pour jouir du plaisir
De la voir apeurée
De l’entendre pleurer
Dans l’arène de ma prison

E– – –
Il m’a dit qu’il m’aimait
Une seule fois
D’une voix de matador
Heureux de voir souffrir
Sa proie

L– –
Je prépare l’estocade
Elle ne m’échappera pas
Je suis le roi
De la muleta
Moi le pervers jubilant

EL– –
Son regard me fait peur
Et le froid de la mort
M’engourdit
M’enserre dans ses bras
Pitié

L–
Je l’ai coupée des siens
Pour la faire mienne
Poupée sans bras
Grelottante
À moi

ELL–
Une voix s’éveille
En moi
Je n’étais pas cette femme
Chiffon
Que l’on broie

– – –

ELLE
Alors j’ai pris le couteau
De ma destinée
Et je l’ai tué
Sans trembler
Oui moi

Parasite ! La voix avait si fort résonné cette fois


 
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   Corto   
12/7/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Pour accéder à ce poème il faut en franchir le titre qui ressemble à un refus. Franchissons tout de même.

Et l'on découvre un texte d'une rare finesse.

Ce dialogue n'en est pas un puisque chaque personnage vibre intérieurement, tour à tour Elle puis Lui, formulant chacun ses sentiments, son ressenti, ses envies, ses perceptions, ses pulsions.

Les références tauromachiques "picador" ou "banderillero" ou "muleta" créent une tension et une inquiétude, que l'on dirait encore amplifiées par la musique de l'orchestre jouant les airs convenus dans les arènes durant la corrida.

C'est ainsi que la tableau de Miro enveloppe toute la séquence.

Entre les deux personnages c'est un véritable abîme qui les sépare au niveau des sentiments "Il m’a dit qu’il m’aimait Une seule fois" face à "Je l’ai trahie tant de fois Pour jouir du plaisir De la voir apeurée".
Le drame monte en puissance devant ces deux destins fougueusement irréconciliables.

La dernière strophe vient comme une délivrance, une surprise aussi, et l'on veut applaudir.

Le jeu de lettres dans les sous-titres "Elle/Lui" apporte une touche créative/récréative complétant bien ce tableau essoufflant.

Nous avons là un remarquable texte, excellent aussi bien sur la forme que dans la perception des vécus intérieurs.

Le drame qui se joue ne laisse guère de répit au lecteur.

Bravo à l'auteur.

   Anonyme   
13/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Un poème original et percutant.

L'exergue peut indiquer une piste mais l'interprétation est "libre"
Je suis bien sûr allé voir le tableau et je suis à la fois étonnée et interrogative face à la référence.
Dans le tableau les attributs sexuels de l'animal sont bien visibles et la représentation du toréador plus androgyne.

La mise en page est habile, ce "ELLE" qui s'estompe pour triompher au final, tandis que ce "LUI" restera amputé (de sa vie).
Ces phrases en italique avec le mot "parasite" est très édifiant.

Les rapports entre une proie et son bourreau qui finalement s'inversent. J'aime beaucoup.

Merci du partage.
Éclaircie

   Gabrielle   
19/7/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Des scènes tragiques ont lieu dans ce décor de danse macabre.

Le poète dépend des scènes fugaces qui se déroulent sous ses yeux saisis d'effroi.

La belle est délaissée mais elle n'est pas de reste.

Merci à l'auteur(e) pour ces cènes troublantes.

   STEPHANIE90   
20/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

une poésie qui fait froid dans le dos. La rébellion d'une femme-taureau écrasée par son homme et qui se libère d'un coup de couteau juste pour prouver qu'elle aussi existe,
"Et je l'ai tué
Sans trembler
Oui moi"
Bizarre, cela me rappelle le sujet de mon dernier poème. Mais celui-ci n'est toujours pas validé pour publication donc à priori pure coïncidence et votre traitement est beaucoup plus violent que le mien plus subtil...
"Parasite ! La voix avait si fort résonné cette fois"
Comme quoi !!!

Merci pour cette lecture que j'ai aimé évidement... En EL

   natile   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Pas
On comprend une lutte entre deux êtres qui se déchirent sur le mode d'un combat entre un taureau et son torero mais la manière dont est écrit ce texte reste plutôt énigmatique pour moi. Est ce fait pour donner de l'intensité à cette mise à mort ? Je ne l'ai pas ressentie.

   Robot   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je me suis interrogé: "Comment appréhender ce texte ?"
J'ai finalement décidé d'ignorer le préambule pour considérer ce poème comme une allusion tragique aux femmes battues et humiliées soumises aux comportements d'un conjoint pervers.

De ce point de vue j'ai apprécié la composition originale et l'audace de la construction poétique.
Une petite réserve sur "l'arène de mon moi". Expression un peu lourde je trouve.

   Vincente   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Je suis impressionné par l'audace narrative. Les trois angles "d'attaque" du développement tentent et réussissent plutôt leur entreprise ; ainsi, l'on suit avec une assez bonne aisance la mise en scène de l'amour/adversité du couple, la mise en perspective sous-jacente avec le tableau de Miro, et l'association rebondissante de ces deux pans dans une alternance des pensées de l'un et de l'autre personnage. Bravo pour l'intérêt narratif tout à fait original qui tient son lecteur en alerte mais sans panique.

Ce qui m'a gêné, c'est l'écriture assez chaotique à partir de la quatrième strophe, son rythme peu coulant ; par exemple dans cette strophe :
" Je l’ai trahie tant de fois
Pour jouir du plaisir
De la voir apeurée
De l’entendre pleurer
Dans l’arène de ma prison
"
Et d'autres souvent saccadées…

Alors que j'avais trouvé une belle incise dès le début qui m'annonçait une bonne suite sur ce plan :
" Dans l’arène de mon moi
Lorsque j’ai froid
Si froid
"

J'ai trouvé un peu dissonante la voix off qui s'immisce par deux fois, du scénario, l'on pousse le récit au synopsis, le transfert en écrit de ces pensées individuées était pourtant déjà assez complexe comme cela.

La chute impacte à hauteur de la révolte qui s'accentuait, elle porte son coup, on le devine terrible, on l'espère tout de même pas mortel physiquement mais juste littérairement, histoire de stopper là l'amant indélicat et ses perverses attitudes.

La présentation centrée ne me semble pas bien judicieuse, une sobriété plus classique éviterait ce semblant de recherche formelle, un domaine déjà bien ambitieux dans ce poème.

   troupi   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une originale façon de présenter un pervers narcissique et sa proie en faisant le parallèle avec la corrida.
Dans les deux cas le prédateur est présenté sous son meilleur jour et la proie ne semble pas à priori dénuée de défenses.
C'est tout l'art de savoir faire passer le prédateur pour une belle personne dont le courage impressionne s'agissant du torero, quant au pervers il est toujours assez habile pour s'entourer d'un public acquis à sa cause.
Dans les deux cas les victimes sont aux yeux de tous rapidement dévalorisées et privées de la moindre compassion on n'est pas loin de penser que leur sort est acceptable.
Parfaitement normal même en ce qui concerne la corrida où pas un amateur ne saurait admettre qu'il s'agit là d'une barbarie innommable.
La fin de ce poème est bien amenée et surprend car elle ne reflète pas la réalité ou si rarement.
En effet la victime si elle ne meurt pas est marquée par l'épreuve et le "torero-pervers" continue son chemin avec une nouvelle victime et si possible sous les bravos.

   papipoete   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
bonjour solo
" j'ai vu tout de suite qu'elle serait ma proie, n'opposerait aucune résistance, sinon ces yeux qui me disent des mots que je ne veux pas traduire ! elle a peur, c'est mon régal... je vais la tourmenter sans la toucher puis faire jaillir le sang, ma jouissance ! "
" j'aurais voulu qu'il me dise une fois au moins ; je t'aime ! Je ne l'aurais pas cru, mais j'aurais pu me cramponner à ces mots doux, de ce maudit ! Je crois que je vais mourir... non, c'est lui qui git à terre que mon couteau a planté ! "
NB une histoire de UNE des journaux, une " femme battue poignarde son bourreau " on ne peut oublier l'exemple de Jacqueline Sauvage, qui dut sa survie à la mort de son mari par elle, assassinée... oui, c'est le terme en vigueur même sous la menace d'un tyran ! la victime devrait attendre d'être morte, pour porter plainte...
La comparaison avec le taureau dans l'arène ( qui attendait dans le noir qu'on lui ouvrît la porte pour l'échafaud ) est un bon exemple ; la bête féroce à qui l'on piquera une lance dans ses chairs du haut d'un cheval, sera bientôt " à point " pour lutter avec le matador, sous les encouragements à l'homme en habit de lumière !
Qui pourrait jurer que ce condamné à 4 pattes, comme l'héroïne du poème, ne pleure pas, n'implore pas ?
Bien de vos strophes sont éclatantes ( en particulier la 7e où le bourreau dit je t'aime pour mieux faire souffrir sa proie )
et la phrase intercalaire " parasite... " la bestiole qu'on écrase !

   Anonyme   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Solo

L'idée de choisir les termes spécifiques à la corrida était assez risquée.
Mais je me suis vite rendu compte qu'elle mettait bien en valeur ce fléau que sont les pervers narcissiques pour les femmes.

Un texte d'une grande intensité dans la noirceur de cette situation.
Avec une chute qui bouleverse le processus habituel.
" Je n’étais pas cette femme
Chiffon
Que l’on broie "

" Et je l’ai tué
Sans trembler
Oui moi

Un bel écrit.
Bien à vous.

   Davide   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour solo974,

Un parallèle étonnant, ambitieux, mais bien trouvé, car cette métaphore filée fonctionne sur l'ensemble.

Nous pénétrons le monde intérieur de chacun des deux êtres que le destin a liés, au sens propre comme au sens figuré, une femme aux prises d'un manipulateur narcissique.

J'ai bien aimé le monologue de chacun, enfermé dans sa bulle et dans son "rôle", à l'image de l'affrontement dans une corrida, de même que le retournement de situation en dénouement.

Néanmoins, il faut avouer que le prix de l'originalité a eu pour contrepartie, malgré quelques belles trouvailles (termes de corrida, dont "l'arène" et "la pique de plus" par exemple), la désertion de l'aspect purement "poétique" au profit d'un langage parler bien trop familier.

Beaucoup de répétitions, dont les mots "peur"/"apeurée", ainsi que des petits mots dans une seule et même strophe, par exemple :

"J’aimerais tant QU’il me dise
QU’il m’aime
Ne serait-ce QU’une fois"

"Je l’ai trahie tant DE fois
Pour jouir DU plaisir
DE la voir apeurée
DE l’entendre pleurer
Dans l’arène DE ma prison"

Je ne trouve pas le traitement poétique à la hauteur de l'originalité du point de vue. C'est dommage !

Merci du partage,

Davide

   Queribus   
12/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Un poème tout en finesse avec une écriture très intéressante avec son côté théâtral qui doit être lu plusieurs fois, lentement, pour en absorber toute la subtilité et la finesse; c'est là son défaut qui le place hors de la portée du"lecteur moyen" .

De toute façon, du beau et bon travail qui mérite le respect

   Donaldo75   
12/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Solo,

La première fois que j'ai lu ce poème, même dans sa première version, j'ai pensé à la chanson "Where the wild roses grow" de Nick Cave interprété avec Kylie Minogue. Et cette fois-ci, contrairement à la précédente, j'ai trouvé que la magie agissait. L'usage des pronoms en titre, avec ensuite leur effacement par des tirets, donne un côté théâtral à l'ensemble tout en conservant la poésie. C'est un trip, certes pas simple pour le lecteur, qui permet de se mettre dans la scène. Du coup, l'ensemble ne parait pas trop long.

Bien vu.

Don

PS: j'adore ce tableau de Miro - et j'adore ce peintre - dont j'ai d'ailleurs une reproduction chez moi. C'est marrant de la regarder après avoir lu ce poème et surtout après l'avoir commenté.

   hersen   
13/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Solo.

j'ai aimé les ELLE / LUI qui se rapetissent et se rallongent au fur et à mesure du déroulement, ELLE écrasée ressort ELLE pleinement.

Pleinement ? C'est une histoire difficile, aucun doute que des cicatrices vont rester longtemps.
Ce texte fait penser à une histoire vraie médiatisée, la femme a été acquittée l'an dernier pour le meurtre de son mari violent.

Le parallèle avec la tauromachie est très bien exploité, car tu doses très bien les accès, les excès.

Ce qui renforce le message est la construction que tu as choisie, que je trouve très bonne et qui apporte à la lecture un plus indéniable.

Merci pour la lecture !

   solo974   
11/9/2019


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