Je me souviens, Louise, avec les mers en fête ;
Tu jouais de la foudre à l'abri des tempêtes.
Tu me jouais Roxane à hurler mes torrents
Et je jouissais déjà de voir le firmament.

Tu sais que je t'ai crue avec les Dieux, Louise.
J'ai cru que tu pouvais faire inonder Venise,
À l'italienne ! Voir ma barque chavirer
Sous le déhanchement de ton corps enivré.

Louise, avec moi, dans les verres de champagne !
Buvons à ta folie ! Allons voir l'Allemagne !
Avalons l'allemande aux plus beaux Allemands
Et volons, dans l'ivresse, au dos des goélands !

Je t'ai cherchée Louise, au travers de la ville.
J'ai cité ton prénom, comme on dit l'Évangile,
Aux apôtres perdus qui manquaient de talent
Pour t'apporter mon cœur sur un plateau d'argent.

Mais si tu m'avais vu Louise, avec la foule,
Chanter La Pathétique à la nuit qui s'écoule ;
Au clair de lune, comme un musicien sourd
Qui cherche son Élise en des notes qu'il court.

Louise, je regrette d'avoir perdu ma reine.
J'ai vendu mon royaume aux reflets des ébènes !
J'ai jeté ma couronne au fleuve qui va vers
Toi et respire encore, à pleins poumons, d'éther !

Louise, j'ai déjà trop nagé sans les rives ;
J'ai quitté l'embouchure et mon âme dérive.
Une bouteille, en mer, m'a rapporté ta fleur
Et j'espère aspirer sa dernière lueur !

Je suis maudit, Louise, apeuré par la Bête !
Je sais ta rose prise au rosier de sa tête –
Où reposait l'amour dans un songe éternel –
Pour éclore, en mon âme, un morceau de son ciel.