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Poésie libre
sourdes : Dernier repas à la maison des sourds
 Publié le 12/07/16  -  9 commentaires  -  868 caractères  -  237 lectures    Autres textes du même auteur

« L’orage grondait
Chaque chose pourtant veillait et travaillait
Pour sauver son éternité. »
Jean Follain


Dernier repas à la maison des sourds



Sous une charpente cathédrale
de cœur de chêne silencieux,
le vacarme des épis de maïs
roulés par des souris.
Roule le tambour de la marche
des esprits endormis !
Le cri de la chouette
perce les murs chaulés
et leurs galets vieillis de rivière,
remplit les armoires cirées
aux poussières intactes.
À la table de noyer massif,
aux cerneaux nus,
se pressent les détenus de l’oubli
assourdis par les cornements du passé.
Trois grêles coups de l’Angélus du soir
fondus au rouge-feu tabisé du Couchant.
Les casseroles embrigadées au mur
brillent sous le métal noirci,
défient le vide de la cuisine taciturne,
tiennent tête à deux obus vert-de-gris
éloquents témoins des secrets emportés.
La mémoire des oublis mijote
au fond des cheminées refroidies.


 
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   Anonyme   
22/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je vous ai lu, relu et relu plusieurs jours d'affilé, je ne sais pas pourquoi ce texte m'interpelle autant, il vient me chercher par des "flashs" qu'il me déclenche, images troublantes, émouvantes. Des odeurs s'associent à elles pour mieux rendre intense mon ressenti.

Il y a quelque chose de mystérieusement prenant qui s'est créé entre le texte et moi, un effet qui ne peut pas toujours s'expliquer, il y a une ambiance qui vous captive.

Fond et forme me conviennent tout à fait, ce texte a un certain magnétisme.

   papipoete   
26/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
libre
repas autour d'une table ou nul ne parle, car nul n'entend plus . Peut-être d'avoir trop servi les canons sans recul, sur le front de guerre ; deux obus verts de gris en témoignent, dressés au sol de la cuisine .
La vie silencieuse ici est endormie, même la poussière intacte au bois des armoires, qu'on ne dérange pas .
" Les détenus de l'oubli " sont peut-être des fantômes, mais peut-être des êtres de chair sans parole et l'atmosphère est vraiment sinistre sous cette " charpente cathédrale " !
NB j'apprends un nouveau mot " tabisé ", ( telle une étoffe de soie )
papipoète
papipo

   Robot   
12/7/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un beau texte libre à la fois descriptif et expressif. une maison dont l'âme semble assoupie. Une visite sur la pointe des pieds. Le choix du libre convient bien à ce thème.

   JulieM   
12/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Je suis entrée à pas feutrés et comptés (les poésies libres me sont souvent hermétiques) dans ce poème et j'ai vraiment apprécié cette ambiance et quelques superbes évocations "leurs galets vieillis de rivière", "les armoires cirées aux poussières intactes", " à la table de noyer massif,... se pressent les détenus de l'oubli", "les casseroles embrigadées au mur" et ce magnifique
"La mémoire des oublis mijote
au fond des cheminées refroidies."
(du coup, je remarque cette répétition du mot "oubli"..., un synonyme peut-être (?), préférable dans un poème court).
Je quitte cet endroit silencieux, mais ravie de ces mots. Bravo.

   Bidis   
12/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Où j'ai commencé par entendre les meubles, où j'ai baigné dans un silence percutant, où j'ai ressenti une solitude poignante : un beau poème où l'on revient.

   Anonyme   
12/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une atmosphère insolite dans cette maison qui me semble n'être plus habitée que par les souvenirs d'une époque ; peut être celle de la << Grande Guerre >> (?). " Roule le tambour de la marche " " les détenus de l’oubli assourdis par les cornements du passé ".

J'ai beaucoup aimé, entre autres " défient le vide de la cuisine taciturne "
" La mémoire des oublis mijote
au fond des cheminées refroidies "

   MissNeko   
12/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Quelle belle ambiance! J aime les vieilles pierres et le bois qui craque.
Même vides, les vieilles bâtisses respirants et vivent.
Très beau texte. Merci.

   Vincente   
13/7/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonsoir Sourdes,

Je n'ai pas été emporté par votre poème, je me suis pourtant bien laisser faire !
Les images me parlaient bien sympathiquement :
"Roule le tambour de la marche /des esprits endormis" - "rempli les armoires cirées / aux poussières intactes" - "fondus au rouge-feu tabisé du Couchant" mon préféré - "Les casseroles embrigadées au mur".

Il me semble que vous y présentez une "nature morte", au sens pictural, mais ce décor se plante dans une intention narrative pâle. Ce que je regrette, c'est de n'y voir qu'une addition de tableaux sur l'endormissement du lieu et dont je ne perçois aucune évolution temporelle (vous me direz normal puisqu'il est figé ! oui mais le poème, sa finalité, gagnerait à être plus animé...). Elle nous aurait apporté son souffle, un mouvement éclairant, peut-être, de leur sens les deux derniers vers. Mais je les ai sentis simplement "de bon sens" voire d'évidence (la mémoire est oublieuse !) et pourtant, encore une fois l'image est inspirée "La mémoire des oublis mijote / au fond des cheminées".
Ou alors peut-être que la flamme manquant à cette cheminée est une suite aux fumets cuisinés, un ensemble évoquant quelques oublis qui nous auraient perturbés... !

J'ai l'impression qu'il ne manque pas grand chose pour rendre ce texte très séduisant, désolé de ne pas pouvoir vous dire mieux.

----------

Bonjour,
Edit à la lumière de ma nuit : Je ne suis pas sûr d'avoir identifié ce qui me dérangeait et ça me turlupine, je reste dans l'atmosphère engourdie de ce poème. Il a ce talent d'être attachant, même endormi. C'est le bel intérêt de commenter, le regard attentif nécessaire porte à l'empathie. Pour moi, dans celui-ci quelque chose perturbe mon espérance de l'apprécier entièrement ; mais je ne suis pas sûr qu'elle soit de son fait !
Et puis les deux derniers vers sont si inspirés...!

   Zoe-Pivers   
20/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une atmosphère troublante dans ce lieu hanté par le souvenir, où la vie qui a pris le dessus ne fait que mettre en relief tout ce qui a disparu.

Le bruit côtoie un silence criant :
"cœur de chêne silencieux"
"vacarme des épis de maïs"
"Roule le tambour"
"des esprits endormis" ...

le temps a posé son masque sur le visage des choses, cachant chaque lueur :
"les armoires cirées aux poussières intactes"
"Les casseroles embrigadées au mur
brillent sous le métal noirci"

Et l'on finit avec un oxymore qui vient coiffer l'esprit de tête du poème, suivi d'un chaud/froid qui me donne une petite chair de poule :
"La mémoire des oublis mijote
au fond des cheminées refroidies"

J'aime beaucoup la facture de ce poème
Merci Sourdes
Zoé


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