Il pleut des cordes depuis les collines. Les corniches en pleurent, elles se déversent Sur les trottoirs qui en luisent de plaisir. L’air est humide et la ville de gronder D’orages imaginaires, ça bruisse Tous horizons, je suis le seul à marcher Dans ces flaques anthracite.
L’aube s’étend à peine, ample d’envergure. Plus tard, elle lèchera les vitres détrempées. Un petit bout de soleil pointera peut-être, Un arc-en-ciel n’est pas à exclure, halo tout là-haut ! La ville dans l’eau glougloute vigoureusement, Déploie des charmes qu’en ces heures De faible lueur, nous sommes si rares à goûter. Véritablement, les avenues couvent leur orgueil, Les rues préparent leurs assauts, les ruelles Affûtent leurs forces dans les arrière-cours. Que de force, de belles batailles en présage.
La ville jamais ne déchante, elle vit autant Pour elle que pour nous, languides passagers. Un immeuble s’effondre, un autre surgit. L’homme salue une statue, un autre écoute Une musique qui n’a rien de naturel. La ville ne s’en soucie guère.
Elle a oublié ses ombres, ses racines Mais renforce ses fondations. Ses voies sont claires ; c’est d’elle Et en elle que nous vivons.
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