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Poésie libre
Stephane : La ville tue
 Publié le 10/02/19  -  19 commentaires  -  1927 caractères  -  297 lectures    Autres textes du même auteur


La ville tue



Je sais
À travers les façades ternes
Aux volets mi-clos
Entre les briques rouges se fissure
Le ciment des âmes
Qu’au loin baignent les rues
De lacets distordus
Vers les segments osseux
Et les tours ancrées défiant l’horizontal
Aux jambes lisses s’élèvent
Pleines de promesses
Vers un ciel désaxé
Et les globes occultés se reflètent en miroir
Sur les vitres bleuies
De cités démentielles
Dans l’effervescence des jours glauques
Où s’étalent les écueils
Le long d’artères à l’agonie
Sales
Et les étals démesurés
Au rythme de la fourmilière
Immuable

Je sais
Les scories
Le long des rues tentaculaires
Et les murs blêmes
Frappés d’ombres creuses
Qui s’étirent
Aveuglées de soleil
Le bruit des pas qui heurtent les trottoirs
Comme autant de silence
Versé au rang d’écume
Dans l’étouffement des sens
Et les yeux inaudibles
Le spectre du bitume sur les lèvres nouées
Les visages défaits au contour d’incertain
Pressés de va-et-vient
L’épanchement du vide
Dans l’arène éphémère
Et les gares atrophiées
Dans la noirceur de longs tunnels
Pétris de bouches asphyxiées
Vomissant la marée
M’effraie

Je sais
L’ogre
La pieuvre sourde qui palpite
La solitude des murailles
Au fond d’usines disgracieuses
La plaie qui sourd des entrailles
Et l’eau qui berce les néons
D’enseignes à tout jamais noyées
Le vent diurne au fond des caniveaux
Balayant les feuillages échus
Le temps d’une bourrasque
Et les pas qui s’enfuient
Au détour d’un immeuble
La pensée qui s’efface
Au gré du macadam
Le souffle qui s’éteint
Aux dernières lueurs
Les blessures de l’absence
Au milieu de nulle part
Chaque jour
La ville tue


 
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   Eki   
26/1/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Pas d'introduction, de phrase d'accroche...

Un titre court qui annonce son sujet au carrefour des peurs comme un coup de fusil net, décisif.

Trois strophes dans lesquelles l'auteur dépeint la ville et m'emporte dans son dédale de pensées.

Il devient le voyageur/témoin urbain et me transporte dans ce/son réseau de lignes saturés de gris, de sombre...au plus juste, au plus près, nul besoin de panneaux directionnels, je suis happée, me laisse guider par son imaginaire...

Le foisonnement des images sert ici à souligner aussi le vide, l'anonymat, l'enlisement de cette part d'humanité entre bitume et acier.

"Les blessures de l'absence au milieu de nulle part"

"La solitude des murailles"

Des flashs, des images, des ombres qui cheminent, une réalité prise sur le vif...

Je vous imaginais au coin d'une rue, hors de la démence du monde, de la ville...avec votre sens de l'observation "acéré"...

Que pourrais-je retenir de ma lecture ?

Rien ne se confine à l'abstraction,
les mots serpentent pour dire les blessures, la violence, l'incertitude, l'inquiétude, le manque...

Que de petits trésors du début jusqu'à la fin du texte...

"Entre les briques rouges se fissure
Le ciment des âmes"

"Et les tours ancrées défiant l’horizontal
Aux jambes lisses s’élèvent
Pleines de promesses"

Je reste sous le charme de cet écrit.

Eki dans sa tour de "vers"

   Corto   
26/1/2019
 a aimé ce texte 
Pas
Le titre claque comme un sujet de dissertation. Il est sans nuance et malheureusement le texte est dans la même lignée.
On ne rencontre ici que des éléments à charge: " A travers les façades ternes Aux volets mi-clos Entre les briques rouges se fissure" ou encore: "Dans l’effervescence des jours glauques Où s’étalent les écueils Le long d’artères à l’agonie".
On pourrait opposer une autre thèse comme "La ville lieu de vie", avec tout autant d'éléments positifs, comme les rencontres avec ses voisins, les commerçants, les lieux d'art et de loisirs, les lieux d'initiatives et de chaleur humaine
Ici on ne voit que "Je sais L’ogre La pieuvre sourde qui palpite
La solitude des murailles".
Ce discours est simpliste et devrait appeler l'auteur à visiter des villes si belles qu'elles provoquent l'émotion, voire l'enthousiasme.

   Anonyme   
26/1/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Vos mots disent bien le gigantisme, la vacuité et l'anonymat des villes. Cette vision très sombre est amenée avec de belles énumérations, énoncées par un "je" qui reste inconnu.

J'ai particulièrement aimé la dernière strophe, celle de la monstruosité, très rythmée et très belle : " La pensée qui s'efface" , " Le souffle qui s'éteint" " Les blessures de l'absence". Mais je me suis aussi perdue dans la deuxième strophe, ne trouvant pas le sujet de "M'effraie".

Merci pour ce partage

   Donaldo75   
10/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Stephane,

La lecture commence directement dans le dur, le vif. Les images sont fortes, sans chichi ni fioriture, justes. Il y a un vrai ton. C'est long mais libre. Les images, les qualificatifs employés, tout concourt à la dimension kafkaïenne de cette poésie en noir et blanc, avec peu de nuances de gris.

Bravo !

Donaldo

   papipoete   
10/2/2019
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Stephane
A vous lire, l'envie pour moi d'émigrer à la ville déjà faible, se dissipe comme nuée d'étourneaux ! mais votre " ville " est plus mégalopole, avec des tentacules venimeuses sortant de toute part ! Et comme si cela ne suffisait pas pour faire peur, la pieuvre souffle ; souffle ce vent qui chasse les gens des trottoirs, " balayant les feuillages échus "...
NB ma ville ( toute proche de mon village ) est plus sympathique, plus tolérante, et l'on s'y salue, l'on voit des visages familiers...qui sourient ! La vôtre ne semble avoir guère d'âme, et pourtant y vivent bien des âmes... qui n'ont pas le choix !
Un texte bien noir à travers vos lignes où l'on ne trouve aucune lueur de bonheur ! noir noir !

   Anonyme   
10/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Stephane,

Les mailles du champ lexical sont suffisamment régulières pour tricoter à certaines de nos villes le pull-over poisseux de la désespérance.
Mais bizarrement cette vision semble venir de haut, comme si le narrateur était davantage l’observateur que le citadin de cette ville à l’agonie.
Le Je sais ressemble plus à un Je pense ou à un J’ai déjà vu…

Le catalogue est édifiant : l’ogre, la pieuvre, la solitude, la plaie, le spectre, la noirceur… N’en jetez plus. Vous décrivez une fourmilière dans l’effervescence des jours glauques. C’est une très belle image parmi beaucoup d’autres.

Ce que je peux juste regretter c’est que le tunnel soit bouché. Je crois que même en enfer il doit y avoir un jour de marché, où le brouhaha d’un joyeux « Elle est belle ma fraise » se disperse dans la grisaille.

FrenchKiss en Johnny
Noir c’est gris
Il reste un peu d’espoir

   domi   
10/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"Entre les briques rouges
se fissure le ciment des âmes" !
et tant d'autres vers aussi expressifs....
"M'effraie" au singulier oui si c'est la marée avec un enjambement entre le sujet et le verbe, ou "m'effraient" si ce sont les gares (mais c'est un détail).
Le constat est terrible, et pourtant je ressens la "poésie" de cette ville : "Balayant les feuillages échus"...
un air, (d'automne ?), chargé de souvenirs et d'émotions pour moi, "malgré tout"!
Un air, peut-être celui de Paris, à tout jamais béni (pour moi) de l'enfance ?...
en bref vous ne parvenez pas à me faire voir tout en noir cette ville.
Merci.

   Cristale   
10/2/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Stephane que faites-vous sur les ailes de ce drone ?
Mais je peux comprendre que vous preniez de la hauteur pour ne pas sombrer dans l'enfer glauque de cette ville lumineuse d'obscurité.
L'atmosphère enveloppe le lecteur de poussière, de goudron, d’égout, de vomissure, d'êtres grouillant le long des artères pareilles à des fils d'araignées qui emprisonnent leurs proies sans leur laisser aucun espoir d'évasion...j'ai même eu l'impression que des zombies en lambeaux de chairs allaient surgir des cimetières et des caves de votre ville assassine...breuh...
Ah ! je me régale à vous lire en ce dimanche sombre quand le ciel éternue et postillonne sur ma ville.

Certes le libre vous va comme un gant...bien noir et bien rugueux, continuez comme ça et on m'enferme pour cause de dépression-poético-dépendante dans les catacombes de votre ville :)

Concernant la forme, j'aurais aimé vous parler hiatus, diérèse, césure, élision...mais non, vous me privez de ce plaisir car je ne connais rien à la technique de la poésie libre. Je vous accorde donc ma confiance.

Et oui, vous l'aurez compris, j'aime beaucoup cette encre noire, l'âpreté et l'âcreté de ses émanations. Ô sombritude quand tu nous tiens !

Cristale
romantiquement vôtre.

   hersen   
10/2/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Des tentacules sans merci.

j'aime ce poème qui est sans concession, qui crache la fumée noire et e sordide de la ville.
Il n'en ressort que l'aspect délétère, là où tout est laissé pour compte, comme un chaos de ce qui n'est plus gérable dans cet amas de grosse ville. Un chaos humain où l'homme ne se retrouve plus;

Je trouve à ce poème une très grande force.

   senglar   
10/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Stéphane,


Il y a un ton
Ville sombre
Et il y a une incantation
Qui rythme cette noirceur

Vous ne lui accordez rien
A cette ville LA VILLE toutes les villes en une
Et vous m'hypnotisez
Alors je suis
J'acquiesce presque malgré moi

Même le campagnard amoureux de sa campagne eût haussé les épaules : "Il va un peu loin tout de même le contempteur, un peu fort". Moi je me tais, sidéré, knock out.

Vous devriez faire de la politique. A vous au moins on pourrait faire confiance pour mettre les villes à la campagne, en faire peut-être des Babylone.


Merci

Senglar :)

   STEPHANIE90   
10/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Stephane,

J'ai lu, puis je suis revenu lire encore et encore votre poème.

Je l'apprécie pour la beauté noire des images, la ville est décortiqué, scandé ; dans ce poème libre vous la décortiquer à la hachette, comme ces pensées tranchantes et ces mots si puissants pour l'exprimer.
Aucune critique si ce n'est le thème lugubre mais vous me le feriez presque aimer... moi qui suis allergique aux villes.
Un grand merci pour la lecture,

StéphaNIe

   Anonyme   
10/2/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un fort bel écrit pour montrer la ville sous son aspect repoussant.
Des images sans concessions pour corroborer une façon de la voir.

Si je salue l'écriture, je suis un peu plus réservé sur le fond que j'ai trouvé un peu manichéen.
Il me semble que la ville peut offrir, aussi, d'autres visages et services, plus attrayants.

Nonobstant mon avis - subjectif - j'ai trouvé ce texte très bien conduit.

   Myndie   
11/2/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Quel plaisir de lecture !
J’ai savouré ce poème rythmiquement travaillé et qui ne se contente pas de dépeindre la ville mais l’exprime avec puissance. Ville hostile, source d’inquiétude et de dégoût, j’aime cette approche qui s'inscrit en droite ligne avec celle de Verhaeren ou Trakl par exemple.
J'aime cette vision forte que vous nous faites partager, et la mélancolie morbide qui découle de votre écriture brute et imagée.
J’aime l’oralité de vos vers, leurs allitérations qui mêlent aux cris de la ville et à son agitation vaine, mille échos de souffrance, mille éclats de démence.
Il ressemble à la ville votre poème:il nous offre un fourmillement d’images nettes, violentes, qui sonnent juste et frappent comme un uppercut.

Merci pour ce partage

myndie, citadine repentante

   Lulu   
11/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Stephane,

Le titre, associé aux premiers vers, ainsi que le mot "tentaculaires" m'ont fait penser aux "villes tentaculaires" d'Emile Verhaeren, un poète que j'ai lu il y a fort longtemps, et que j'avais beaucoup aimé.

J'ai trouvé fort précis ce poème dans ses images pour dire que "La ville tue"... J'ai notamment aimé ce passage :
Et les tours ancrées défiant l’horizontal
Aux jambes lisses s’élèvent
Pleines de promesses
Vers un ciel désaxé"
J'ai perçu différents types de villes, comme si elles s'étaient toutes fondues dans ce regard qui sait le "rythme de la fourmilière".

J'ai juste peu aimé l'adjectif "glauques" pour "l'effervescence des jours glauques". J'aurais peut-être juste préféré "l'effervescence des jours" ; le reste étant plus suggéré par l'ensemble du poème. Peu après, par exemple, on lit "artères à l'agonie" / Sales", ce qui me semble suffire.

Au plaisir de vous relire !

   Stephane   
11/2/2019

   emilia   
12/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Même si un peu en retard, je ne peux qu’être sensible à la puissance de l’expression qui dresse le portrait volontairement à charge d’une ville assassine, ses « façades ternes », où « se fissure le ciment des âmes », ses « lacets distordus », son « ciel désaxé », ses « artères à l’agonie », sa « démesure démentielle » pour faire un petit raccourci et son côté « fourmilière en effervescence »… ; une vision sombre mais très artistique d’une perspective à la fois visuelle, sonore et animée sous la forme d’un spectre tentaculaire qui provoque « l’étouffement des sens » en laissant son empreinte sur les habitants aux « yeux inaudibles » (synesthésie), aux « lèvres nouées », aux « visages défaits, dont « les pas s’enfuient », la « pensée s’efface », le « souffle s’éteint au milieu de nulle part… » Quel souffle éblouissant en tous cas pour le narrateur qui rend perceptible l’effroi ressenti face à « l’épanchement du vide… » et merci à vous pour ce partage brillant de la noirceur…

   BlaseSaintLuc   
15/2/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
procès à charge contre la ville , c'est très noir , mais bien écris , avec cette logique de procureur contre un accusé désigné ,pas l'ombre d'un avocat dans ce tribunal , soit le parti pris peu ne pas plaire à certains lecteurs , être compris par d'autres .

"À travers les façades ternes" cliché

"De lacets distordus" pauvre

"Le long d’artères à l’agonie" pourquoi pas coagulées pour une métaphore .

le tout fonctionne tout de m^me justement par la justesse négative d'une noirceur assumée .

   Pouet   
15/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bjr,

je reviens sur ce poème -certes un peu tardivement- mais bon.

J'ai été marqué par la force qui s'en dégage, par cette "humanisation du béton" ou "bétonisation de l'humain".

Cette noirceur objective.

Se fondre dans le décor, ces âmes fondues dans le décor, et puis les pas aveugles, le soleil anthracite de l'indifférence.

Je trouve que tout peut peut-être partir "d'artère" qui désigne effectivement une voie urbaine en même temps qu'une veine humaine, et que le côté pulsatile convient bien aux deux définitions.

"Le long d'artère à l'agonie" illustre bien à mon sens ce que je dis ci-dessus, donc heureusement je suis d'accord avec moi, ce qui n'est pas toujours le cas.

Dans l'ensemble j'ai bien apprécié cette description, cette métaphore, ce constat, cette dénonciation.
Des êtres rejetés par l'océan urbain sur les rives du bitume.
Vivre tue, survivre surtue.

Pour ergoter un peu, il me semble qu'on pourrait réduire en nombre les adjectifs qualificatifs.

Voili voilou,

bonne continuation.

   Anonyme   
25/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
votre texte me fait irrémédiablement penser à d'autres, le thème de l'urbanisation, sa complexité, sa laideur, son enfermement, sa "ghettoîsation sauvage et anarchique" . Entre autres je pense à Jean FERRAT ( même si cela peut faire penser à des références antiques...) pour sa chanson " La Montagne", Jacques Brel lorsqu'il dit " la laideur des faubourgs..." ou encore Francis Cabrel dans " Répondez-moi...Votre forêt d'antennes branchées sur la solitude". Votre texte est certes plus moderne tout en Punchlines dont on ne sort pas indemne...avec des champs lexicaux plus percutants et durs et reflète très bien la situation actuelle morose et prosaique. Un texte de référence à conserver dans une anthologie à mon goût...Bravo!


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