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Poésie libre
Stephane : Rue fantôme
 Publié le 06/01/22  -  22 commentaires  -  762 caractères  -  392 lectures    Autres textes du même auteur


Rue fantôme



J’ai vu une rue sans voie
Une rue sans nom cernée de brume épaisse
Que le soleil lui-même n’osait plus emprunter
Une rue sans toits aux vitres éthérées
Exhalant la poussière
Où traînaient les fragments de mémoires dissolues

J’ai cru voir ton visage dans la lumière blafarde
De façades enlaidies
Mais tu n’étais qu’une ombre dans le froid des veilleuses
Projetant ton haleine sur le lit de congères

J’ai vu une rue sans vie qui me tendait la main
Une main alléchante qu’on ne serre qu’une fois
Avant de chavirer dans un puits de ténèbres

C’était une rue sans âme flétrie par le silence
Que j’ai osé fouler sur le flanc des neuvaines

J’en suis resté de marbre


 
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   Anonyme   
22/12/2021
 a aimé ce texte 
Bien
J'aime bien l'ambiance qui se déploie au cours du poème, d'amour perdu et de désespérance urbaine. Quelques mots, sans en faire des tonnes. Je regrette un peu l'association "brume épaisse", au bord du cliché à mon avis (et au mauvais bord). Idem pour la lumière blafarde, le puits de ténèbres…

Mais ce qui, selon moi, affaiblit notablement l'expressivité du poème, c'est la majuscule systématique en début de vers. Je vogue dans une atmosphère brouillasseuse que j'apprécie mais que chaque début de ligne, je trouve, disperse d'un coup de latte.

   papipoete   
24/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
libre
Dans cette rue glauque, je n'osais m'aventurer bien qu'elle me tendait son bitume...
Dans cette rue sans vie, je crus voir ton fantôme qui me souriait...
je n'ai pas succombé à la tentation !
NB tel un piège tendu, un chausse-trape d'où l'on ne revient pas, le héro ne se laisse pas tenter ; auprès de lui est la solitude, mais là-bas la mort l'attend.
Il dut en falloir de la volonté pour ne pas dire " je viens ! "
la première strophe est on ne peut plus sinistre " ... que le soleil lui-même n'osait plus emprunter ! "
papipoète

   HadrienM   
26/12/2021
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Appréciation rédigée en EL.

La langue comme les images sont ici simples d'accès : on aura sans doute relevé la filiation baudelairienne dans l'univers propre à ce texte (les exhalaisons, le réel décevant et sa matérialité, la laideur et la lumière notamment). C'est fort simple ; c'est plutôt plaisant. Mais cela ne constitue un réel engagement poétique.

À te lire,

   Raoul   
27/12/2021
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour,
Cette lecture en EL. me laisse sans voix à mon tour.
Pourquoi l'écrire au passé (composé,imparfait) alors qu'un présent aurait donné plus de force. Pour être lié aux auteurs décadent ou romantiques du passé ? Ce choix de conjugaison tire le poème du côté de l'anecdotique.
Le choix du vocabulaire volontiers suranné n'aide pas...
J'ai l'impression que le poème tourne en rond, je ne ressens aucune progression, pas d'accident pour raviver mon intérêt de lecteur (poncifs) sauf peut-être un peu la congère, mais dont l'auteur ne tire pas partie.
Le dernier vers qui se veux clé de voûte et point d'orgue est trop prévisible.
Désolé, mais je suis resté de marbre,à la lecture, moi aussi.

   Cyrill   
28/12/2021
 a aimé ce texte 
Un peu
une ambiance de désespérance bien rendue au fil des vers. Quoi que !
La répétition de "j'ai vu", "j'ai cru voir", "une rue sans" ... etc m'a un peu lassé et étouffe ce sentiment voulu d'inanition des sens.
Le dernier vers m'a conforté dans cette impression d'inutilité ou de 'trop'.
Un peu plus de sobriété peut-être, aurait rendu ce poème plus fort en goût.

   Corto   
6/1/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime bien cette image de rue "sans voie", "sans toits", "sans vie" etc. Cela m'évoque des souvenirs.
Quand un quartier tout entier renvoie au promeneur une impression de vide, d'inutilité, d'incongruité. Quand l'on se sent déplacé, non désiré. Pire bien sûr lorsque la "brume épaisse" fait quasiment disparaitre ce promeneur. Que reste-t-il si la rue disparait dans son inutilité et que le promeneur disparait à son tour ?

L'auteur a choisi avec justesse certaines expressions qui font vibrer son texte. Je reste plus surpris par le final avec les "neuvaines" et surtout par le dernier vers un peu trop banal.

Merci de cette lecture d'un texte original.

   Miguel   
6/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il y a là tout le flou propre à la poésie moderne, et tout le flou que justifie le titre. Il émane de ce texte je ne sais quoi de très fort, de très élégiaque, qui va au coeur, et j'y trouve de belles trouvailles, une rue que le soleil n'ose plus emprunter, une main qu'on ne serre qu'une fois, une rue flétrie par le silence ... C'est beau.

   Pouet   
6/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Salut,

j'ai apprécié l'idée de ce poème, cette rue "que le soleil lui-même n'osait plus emprunter"...
Peut-être une allégorie d'un chemin intérieur sur fond de déception amoureuse. Il y'a aussi me semble-t-il vers la fin une "tentation du gouffre", un appel des ténèbres, peut-être un suicide post désespoir amoureux que le narrateur semble refuser. Mais sans doute vais-je trop loin dans l'interprétation.
Un poème aux tonalités sombres (un peu trop marquées ?) que pour ma part j'ai trouvé assez marquant, un texte laissant son empreinte dans l'esprit après lecture.

PS: je ne suis au final que moyennement convaincu par l'utilité du dernier vers.

   Marite   
7/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
A chacune de mes lectures (trois ...) ces vers me transportent dans cette "Rue fantôme". Les images évoquées se dessinent sans difficulté comme un rituel impérieux à accomplir. Les strophes vont s'amenuisant, chacune drainant son lot de tristesses jusqu'à ne laisser que la froideur et l'inaltérabilité du marbre. L'intensité du ressenti est très forte.

   Eskisse   
6/1/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une rue personnifiée ( " qui me tendait la main" ) qu'on pourrait dire en déréliction tant elle est placée sous le signe de l'abandon.
Des trouvailles originales :
"Que le soleil lui-même n’osait plus emprunter"
"Où traînaient les fragments de mémoires dissolues"
Une rue comme un gouffre qui s'offre à vous comme dernier recours et ce paradoxe de vouloir la fouler.

Merci du partage

   Absolue   
6/1/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai aimé l'atmosphère de ce poème glauque à souhait. Froid comme le marbre. Je n'oserais m'aventurer dans cette rue désertée par le soleil lui-même...Je n'ai pas bien compris le sens de cette main alléchante mais qu'importe, l'ensemble me plait.

   Lariviere   
6/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Stephane,

J'ai beaucoup aimé ce poème si noir mais si beau... Les images me parlent et le rythme est bon

La clé du blues est elle ici :

"J’ai cru voir ton visage dans la lumière blafarde
De façades enlaidies
Mais tu n’étais qu’une ombre dans le froid des veilleuses
Projetant ton haleine sur le lit de congères"

En tous cas bravo pour l'atmosphère, ce n'est pas gai mais ca tombe bien, je n'aime pas les poèmes trop gais...

Mon bémol tout personnel serait sur le vers de fin, je verrais bien l'ensemble se terminer de façon trainante à la fin du distique...

Merci pour cette lecture et bonne continuation !

   Cristale   
6/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Lugubre à souhait, j'adore.

La plume de Stephane c'est une marque de qualité dorénavant.
La rue dans tous ses états avec ce regard si particulier du narrateur.

Ne change rien c'est super.

Cristale

   Myndie   
7/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Stephane,
Voilà un poème noir qui cache une certaine désespérance, celle d'un être qui erre dans les rues comme d'autres se réfugient dans l'acool pour oublier.
Je retrouve avec plaisir cette poésie de la ville qui est votre signature. Il me semble vous l'avoir déjà écrit, votre vision de l'urbain, la peinture brute que vous en faites m'évoque, en ce qu'elle a de puissant, voire de violent, la poésie de Verhaeren.
La personnalisation de cette rue sert à merveille l'expression du ressenti :
«  J’ai vu une rue sans vie qui me tendait la main
Une main alléchante qu’on ne serre qu’une fois
Avant de chavirer dans un puits de ténèbres »

Voici en trois vers la douleur condensée.

J'ai beaucoup aimé marcher sur vos pas dans cette " rue sans âme flétrie par le silence »

myndie

   Donaldo75   
7/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Stéphane,

J’ai beaucoup aimé ce poème ; je crois que le vers de fin a définitivement clôt ma lecture et scellé mon impression de lecteur. La promesse du titre a été complètement respectée dans les vers de cet ensemble réussi dont la tonalité m’a fait penser à de la gravure. Cette rue est exposée dans différents tableaux mais ce qui m’a marqué reste le second quatrain, une forme de pont entre l’allégorie et le thème. De ce fait, le poème peut-être interprété de multiples façons, chanté à plusieurs voix, donner lieu à de nombreuses analyses dans lesquelles je ne me lancerai pas car je préfère la saveur de l’instant ; oui, cet instant est prenant quand je lis et relis ce poème. Je ne sais pas l’expliquer dans le détail et ce n’est finalement pas plus mal pour ne pas perdre ce charme, ce sort que me jette le poète quand il expose à mes yeux cet ensemble magique.

Bravo !

Donaldo

   Myo   
7/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
L'absence de cet autre qui nous rend vivant change tout le décor.
En le rendant désormais terne et sans espoir..

L'atmosphère est progressivement créée avec beaucoup de maîtrise.

Personnellement, je suis touchée par vos mots.

Merci du partage.

   Stephane   
8/1/2022

   Anonyme   
8/1/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Stéphane,

Contrairement à bon nombre de mes semblables, l'ambiance de désespérance, noire et glauque qui emmaillote votre poème, m'étouffe plus qu'elle ne m'emballe. Je la préfère, cette désespérance, plus en contraste, comme pour redorer l'espérance sans laquelle aucune issue ne serait possible à la vie...

Je suppose que le dernier vers est une allégorie de la pierre tombale, mais posé de la sorte, il clôt le poème comme une sentence trop explicite à mon sens, qui du coup me conforte dans ce désespoir absolu qui suinte de partout.

Une prochaine fois, sans doute...


Cat

   Anonyme   
8/1/2022
La noirceur n'est pas un souci quand elle est déclinée avec subtilité.
Je n'ai pas trouvé ici cette petite chose qui la rend belle, lumineuse.
'Une rue sans voie', 'j'en suis resté de marbre', c'est un peu court, poétiquement, et selon moi. Merci.

   Anonyme   
9/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Voilà qui serait de nature à rappeler la fin tragique de ce pauvre Gérard, retrouvé au matin d'une nuit glacée pendu à la grille d'une bouche d'égout aérienne de la rue – aujourd'hui disparue – de la Vieille-Lanterne, « pour délier son âme dans la rue la plus noire qu'il pût trouver » nous rapporte Baudelaire.
La qualité de la construction, de la progression narrative et des images parviendrait presque à faire oublier l'imperfection formelle de cette pièce d'hexasyllabes et alexandrins pour la plupart néoclassiques.
En tout cas vous avez su m'entraîner dans cette rue fantôme où je ne vois d'incongru que ce pluriel de « neuvaine », sans doute appelé à la rescousse de la mesure.
Permettez encore ces quelques remarques et suggestions sur vos choix sémantique et syntaxique, ainsi que sur la ponctuation :
– « voie » étant un synonyme de « rue », n'aurait-il pas mieux valu apporter au vers d'entame un supplément de sens avec « voix »,
qui aurait laissé au lecteur le soin de faire le rapprochement, tout en le renvoyant au « silence » des derniers vers ?
– « noyée » puis « pénétrer » et « attirante » m'auraient semblés plus justes que, respectivement, « cernée », « emprunter » et
« alléchante » ;
– « dissolues » quant à lui est incorrect ; je suppose que vous avez voulu dire « dissoutes » ;
– « le lit de congères » survenant brutalement, l'article indéfini aurait été plus indiqué ;
– enfin, il me semble qu'un point final aurait trouvé ici toute son utilité...

   richard   
12/1/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
j 'aime bien ce poème et son coté nostalgique, cette rue abandonnée pleine de souvenirs ou surement vécurent des êtres chers.

   Lulu   
12/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Stéphane,

Quel joli poème !

Plus qu'une "Rue fantôme", j'ai d'abord lu une sorte de Rue impasse, mais c'est parce que je n'avais pas prêté attention au titre avant de parcourir ce magnifique poème.

Je l'ai trouvé très évocateur, riche de nuances et doux dans sa musicalité.

La rue est "sans voie", comme allant nulle part ou fermée en dépit des "fragments de mémoires dissolues" qui ouvrent ce "visage" revu "dans la lumière blafarde / De façades enlaidies".

J'ai trouvé que votre poème était très visuel et me suis vraiment représentée les lieux pour voir ou entrevoir ce visage ou cette "rue sans vie qui [...] tendait la main".

Quelle force dans cette expression "Une main alléchante qu'on ne serre qu'une fois", puis dans le vers qui la suit "Avant de chavirer dans un puits de ténèbres".

Le jeu de lumières et d'ombres m'a semblé intéressant et joliment contrasté dans le poème, tout comme cette ambivalence entre le désir de se rapprocher ou de fuir les "ténèbres".

Les trois derniers vers m'ont semblé riches d'un sens que vous avez sans doute gardé pour vous en tant qu'énonciateur ou auteur, peut-être..., comme si le recul sur cette rue où la question de la vue était forte n'avait pu donner lieu qu'au mystère.

Au plaisir de vous relire !


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