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Poésie libre
Stephane : Substances nocives
 Publié le 30/05/20  -  8 commentaires  -  2146 caractères  -  161 lectures    Autres textes du même auteur


Substances nocives



adossé au comptoir avec mon vieux pote Greg
on discute de rien
de tout
à refaire le monde tel qu’il est

Greg me dit
y a des substances nocives et indolores
l’une d’entre elles vise à espérer une vie meilleure

faut dire qu’mon pote est philosophe

Greg dit
on dit qu’il faut trier les verres dans la poubelle verte
et jeter les cartons et le plastique dans la poubelle jaune
pour not’bien et celui d’la planète
mais si je fourre ma bouteille de Scotch vide
là où on me le dit
est-ce que l’or malté à 60 degrés
soulagera mon vieux foie ?

faut dire qu’mon pote est un poète

Greg a siroté son Scotch
pendant que j’m’enfilais une bière

puis Greg a dit
on m’oblige à refourguer ma vieille bagnole
chargée de particules diesel pour un tout électrique
sans freiner le monoxyde de carbone
des deux paquets par jour que j’enfile à toute heure

demande à Tobacco
et aux diables en civettes des débitants d’tabac
d’arrêter l’ammoniac ou le formaldéhyde
ou à Philip Morris de couper l’herbe sous l’pied
des champs d’marijuana

y a des substances nocives
dans l’alcool transgénique des vendeurs de mercure
comme tous ces discours-fleuves qui remontent le courant
pour venir s’échouer dans les mauvais traités
signés à l’éthanol

faut dire qu’mon pote en a là-d’dans

Et j’te parle pas encore de la nappe phréatique
et de la fonte des glaces
des forêts dévastées et des fermes aquacoles
des usines Seveso et de la merde en boîte
des champs à l’huile de palme
et des troupeaux d’bestiaux élevés aux antibios
des champs pétrolifères
des élevages de saumons au diflubenzuron
des algues à marée verte au sulfure d’hydrogène
et des huiles de moteurs vendues sur les marchés

J’ai dit
mon vieux
trinquons aux psychotropes et à l’alcool douteux
c’est tout de même moins dégueu
que l’ozone et l’or noir

y a des substances nocives dans mes rêves de vie


 
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   papipoete   
30/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Stephane
je discute souvent avec moi, mais il est toujours d'accord, c'est pas marrant ; heureusement, il y a mon pote Greg, qu'a un avis sur tout, et qu'est un vrai poète en plus de pote !
On fait le tri des déchets, on se trie aussi parce qu'on est un peu des déchets... et on refait le monde, que nos volutes chargées de substances nocives, nous inspirent...
NB une réflexion au bord d'un zinc, de personnages pittoresques, qui en " remontreraient " aux bien-pensants avec leurs " y'a qu'à, faudrait " sur ce que la planète subit !
On sourit dans la dernière strophe, mais de tendresse face à ces deux-là... ( un monde que je connus très personnellement )

   Corto   
30/5/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ici tout est dans l'ambiance.
Le discours et les arguments sont frappés au sens du zinc sur lequel on s'appuie.
On a là un véritable dictionnaire 'Conversation de pochtrons pour les nuls'...

Toutes les expressions sont au bord du raisonnement sensé, juste avant de tomber "dans la poubelle jaune pour not’bien et celui d’la planète".
Réjouissant et fort bien mis en scène.

Merci Stephane.

   Anonyme   
3/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je ne sais pourquoi ce texte m'évoque Graeme Allwright, sans doute une familiarité avec le style de ce poète.

En tout cas en lisant je le chantonnais sur l'air de "ça je l'ai jamais vu" parce que ça collait à mon imaginaire du moment.

J'aime énormément

Bravo et merci

   Donaldo75   
30/5/2020
Salut Stéphane,

J'ai lu ce poème en Espace Lecture et comme il faut poser une appréciation je n'ai pas laissé de commentaire. En fait, je suis un peu emmerdé par l'appréciation parce que ce n'est pas ma tasse de thé, sur ce coup là, le "Greg me dit". Je ne sais pas comment le formuler mais j'ai trouvé le tout très long, bavard, ennuyeux parfois. Pourtant, je pense que des poèmes de ce genre dépoussièrent le catalogue d'Oniris et ce n'est pas plus mal.

Une autre fois, je suppose. Je vais m'écouter un bon vieux Marilyn Manson pour décanter mes neurones après tout ce que Greg a dit.

   Anonyme   
31/5/2020
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour Stéphane,

Un poème original, pour sûr ! Des "brèves de comptoir" dans une compilation bien orchestrée.

La composition est intéressante : comme un monologue rapporté, entrecoupé de réflexions du rapporteur.

(m'a fait penser à la chanson "Ces gens là" de Brel, dans un langage de comptoir)
Peut-être un peu long ? Un peu trop "enfoncer les postes ouvertes". Mais le soin apporté à l'écriture vient contrebalancer cette impression (par les détails plutôt savant que l'on y trouve).

Merci du partage,
Éclaircie

Édir, j'ai lu par ailleurs que vous aimiez bien être "apprécié". J'ai laissé cette rubrique vide, ici, car j'hésitais trop entre deux : et que le moyen que je vais mettre ne représente pas vraiment mon avis.
Cordialement

   Stephane   
1/6/2020

   hersen   
5/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Il en a là-dedans, Greg !

C'est pas une histoire, c'est un constat.
Un poème qui cherche, qui cherche la logique dans tout ça.
Ben y en a pas, et Greg il l'a bien compris, alors il fait avec.
Avec son scotch.

"faut dire que mon pote est philosophe"
Et la philo, n'est-ce pas poser des questions, plus qu'y répondre ?

Et tout bien considéré, il n'y a aucune, mais alors vraiment aucune raison pour que ça change. Si on regarde au fond de la poubelle, si on regarde au fond du verre. Si on regarde le fond des choses.
Mais quand même, trinquons vert. Parce qu'après tout, qui sait ?

à la tienne, Stéphane !

Et une mention spéciale pour :

"on discute de rien
de tout
à refaire le monde tel qu'il est est"

C'est tout Greg, ça !

Un très excellent libre.

   BlaseSaintLuc   
9/6/2020
 a aimé ce texte 
Un peu
Le narrateur porte le propos confus de Greg, il le fait bien, trop bien.
Un pochetron notoire parle de pollution, que dis-je, philosophie sur la couleur des poubelles et la profonde amertume d'un whisky hors d'âge.


C'est touchant, le vert est mis sur un coup de rouge !
Mais la philo de comptoir, ce n'est pas mon truc .


Ce n'est pas moi, c'est l'autre, argument enfantin, je préfère la philo du colibri. Attention, je n'ai pas dit que je faisais où l'on me dit de faire !

Le foutage de gueule me fait vomir, je fais de mon mieux, le reste, c'est de l'histoire !


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