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Poésie néo-classique
Stuart : Le tombeau d'Arthur Rimbaud
 Publié le 01/03/25  -  9 commentaires  -  1633 caractères  -  152 lectures    Autres textes du même auteur

En hommage au « passant considérable ».


Le tombeau d'Arthur Rimbaud



Pâle stèle de lys à sa mort consacrée,
Qui se dresse aux confins d’un mirage cruel,
Lorsque cette agonie s’achève sous le ciel
Ennuagé de pluie de la ville exécrée,

Que ce nom pour jamais buriné sur la pierre,
Abolissant le temps et l’embolie des mots,
Règne jusqu’aux tréfonds des bourgs et des hameaux,
Pour incanter la vie de son rêve solaire.

Les pas couleur de vent de ses folles bohèmes,
Qui changèrent en or l’ennui des jours de plomb,
Comme des cailloux blancs semés à l’aquilon,
Scanderont à jamais d’étincelants poèmes.

Enfant du fleuve gris et des monts des Ardennes,
Aux flots tempétueux des ailleurs insensés,
Il cherchait le secret de verbes impensés
En des jaillissements de laves hadéennes.

Parsemés d’herbe folle et de marées nacrées,
Ses hymnes en fanfare explosaient, fulgurants,
Colorés d’inouï, de rythmes délirants,
Atroces, traversés d’idoles massacrées.

Il marchait, prodigieux, pourchassant des paroles
Capables d’entonner ses blasphèmes furieux
En un monde émondé de figements trop vieux
Par ses versets tranchants, aiguisés de symboles.

Il marchait, silencieux, vers des déserts de sable,
Prospecteur d’infini, pèlerin du hasard,
Comme enterré vivant aux dunes du Harrar,
Figé dans les débris d’un songe impitoyable.

Et son nom, comme une ombre enlacée à la Meuse,
Éparpille aux chemins des philtres constellés,
Scintillants vers, luisant sous les cieux ocellés
Des éternels rêveurs à l’âme malheureuse…


 
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   Dimou   
13/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour

j'avais hâte de découvrir ce poème en EL qui ne m'était pas accessible jusqu'à maintenant

Un chouette, un très chouette hommage, des mots "rimbaldiens" piochés ça et là dans ses poèmes, le rythme est soutenu, le tout est poétique, a ce goût de meurtrissure, de voyage, d'infini, un goût de malédiction aussi en fin de bouche. Sur quelques notes de confins inaccessibles.

Un bon cru. Un poème épique pour moi. Je suis fan du "passant considérable" moi aussi et je suis sous le charme de votre poème. Et il m'en faut beaucoup.

Des formules super bien trouvées à l'image de "prospecteur d'infini", pour l'exemple, achèvent de m'enchanter. Vous avez refait ma journée.

C'est fort réussi félicitations

Dimou en EL

   GiL   
19/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Superbe hommage dans un style aux accents enflammés dignes du « Bateau ivre » ; certains vers m’ont rappelé (excusez-moi du peu) l’emphase de Victor Hugo, d’autres la sophistication de Mallarmé. Huit quatrains ! c’est long (moins que vingt-cinq, tout de même !) mais je les ai lus – et relus – d’une traite, sans m’arrêter.

Les vers sont d’une facture apparemment spontanée mais très maîtrisée, rédigés dans un néoclassique assumé. Les formules exaltées (« Il cherchait le secret de verbes impensés / En des jaillissements de laves hadéennes. »), la musique des formules, l’emploi ludique des mots (« Abolissant le temps et l’embolie des mots » ; « En un monde émondé de figements trop vieux ») et les métaphores limpides (« Qui changèrent en or l’ennui des jours de plomb »)... tout m’a émerveillé !

Bravo ! Merci.
GiL en EL

   Cyrill   
21/2/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Très admiratif de la poésie de Rimbaud, je devrais applaudir à cet hommage qui reprend, sinon les termes, du moins le ton fait d'irrévérence et de passion qu'avait su transmettre le poète.
Dois-je lire dans vos vers un respect dû au maître, une adoration allant jusqu'à un certain talent d'imitation ? En tout état de cause j'ai rencontré de belles fulgurances au fil de ma lecture.
Le poème retrace la vie brève de Rimbaud avec un lyrisme de bon aloi. "Il marchait, prodigieux"... "Il marchait, silencieux,", quelle montée en tension, ou descente aux enfers, c'est selon... un exemple du savoir faire déployé dans ce poème, et je pourrais en citer bien d'autres.
Est-ce parce que Arthur Rimbaud me semble vouloir échapper à tout ce qui peut être conventionnel, tel cet hommage au tombeau, je ne peux m'extasier complètement devant ce qui s'en approche, et j'éprouve un certain regret à le voir enfermé dans des vers si respectueux de la forme.

   Ornicar   
21/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Dans le genre difficile de l'hommage, de la biographie, voire de l'hagiographie, c'est plutôt réussi, je trouve. Ce poème sur l'auteur des "illuminations" est loin d'être fade et recèle d'éblouissantes et fascinantes pépites : "Abolissant le temps et l’embolie des mots", "incanter la vie de son rêve solaire", ces "ailleurs insensés" qui sont le pendant de "verbes impensés", "Prospecteur d’infini, pèlerin du hasard... Figé dans les débris d’un songe impitoyable", pour n'en citer que quelques unes. J'ai adoré entendre ces "hymnes en fanfares... colorés d'inouï... traversés d'idoles massacrées" et ressenti comme un début d'ivresse à leur écoute. Dans les images qu'ils nous donnent à voir, ces vers me semblent parfois comme étant "visionnaires" ou extra-lucides. Comme s'ils nous faisaient pénétrer dans l'univers rimbaldien.

Y a pas à dire, l'esprit d'Arthur est bien présent, il irrigue ces vers. C'est d'autant plus remarquable que la prosodie est des plus classiques. Comme si l'auteur de ce long poème faisait le grand écart, comme si la forme, relativement bridée, dans un exercice "schizophrénique" se dissociait du fond. Preuve, s'il en est, qu'en matière de poésie, la fidélité à l'esprit est plus importante que le respect de la lettre.

   Laurent-Paul   
1/3/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour,
bel hommage qui ne tourne pas au pastiche, sans baisse de rythme ni d'inspiration ; on sent la vénération pour le poète en particulier et la poésie en général : bravo !

   papipoete   
1/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Stuart
une tombe à l'humble stèle, abrite pour toujours cet enfant du pays, un adolescent que l'écriture fera approcher des plus grands.
" il marchait, prodigieux pourchassant des paroles capables d'entonner ses blasphèmes furieux "
NB l'auteur connait fort bien son Maître de poésie, et pas que... lorsque Rimbaud marchait vers des déserts de sable...
Un hommage en alexandrins, dont le héros put flatter l'auteur
" comme vous écrivez bien et quel vocabulaire ! "
la 3e strophe, lumineuse ne fait pas d'ombre à ses soeurs, mais elle resplendit particulièrement, la faisant mon passage préféré.
certains mots comme " furieux, silencieux " lus en synérèse , nuisent à la forme classique
Des mots savants m'apparaissent également !

   Corto   
2/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
J'ai sursauté en lisant le titre de ce poème. Rimbaud au tombeau ?? Que nenni, il le ferait exploser et rejoindrait tous les révoltés surdoués qui ne peuvent mourir qu'après la lutte, où la mort elle-même n'est qu'événement minime. Forcément après sa vie Rimbaud a rejoint Homère pour participer à de nouvelles aventures...

Ceci dit vous avez trouvé bien des mots et des expressions qu'Arthur n'aurait sans doute pas reniés. J'ai particulièrement apprécié la quatrième strophe

" Il cherchait le secret de verbes impensés
En des jaillissements de laves hadéennes. "

Bravo pour cette ambiance si prenante.

   Stuart   
7/3/2025
Merci de lire le forum "Remerciements pour les commentaires sur "Le tombeau d'Arthur Rimbaud".

   Dian   
18/3/2025
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Le phrasé nous emmène sur un chemin plus romantique que rimbaldien. Il y a quelque chose dans la démarche de Sully Prudhomme ou Leconte de Lisle ("scanderont à jamais d’étincelants poèmes", "Pâle stèle de lys à sa mort consacrée"). Sans doute le rythme à 12 pieds, très appuyé ici, y est pour quelque chose. Le contenu se cantonne dans la solennité panégyrique, loin du message dadaïste délivré par le poète ardennais. Un "tombeau" aurait exigé au moins quelques figures d'énigmes, quelque symbole d'un passé obscur, quelque vestige d'un sens oublié.
En lisant ce texte, je me promène sur un lac d'alexandrins harmonieux et tranquilles, mais je ne découvre pas l'océan Rimbaud.


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