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Poésie en prose
tentacule_du48 : Le mal n'est pas entendu
 Publié le 04/09/24  -  5 commentaires  -  2093 caractères  -  111 lectures    Autres textes du même auteur

Dans ce texte, j'essaie décrire une lutte interne face à la difficulté de communiquer… à un certain moment dans ma vie, surtout durant mon enfance… où les consonnes deviennent des obstacles symboliques… Le bégaiement est représenté par la frustration et l’impossibilité de former des phrases… les métaphores comme la sorcière et les tentacules, illustrent la pression et la gêne associées au bégaiement… finalement, la recherche de solution devient une aventure…


Le mal n'est pas entendu



Un premier combat entre les consonnes et les cloches qui sonnent… Mes pensées dans un dédale insondable… Il ne faut pas parler quand je suis à table… Il ne faut surtout pas agir quand je suis capable…

Le simple acte de dire à ma ténébreuse « j'ai mal au ventre » se transforme en un examen à subir, une rue sombre à parcourir… Les mots se perdent comme les têtes de mes poupées brûlées et effrayées… Je me surprends incapable de former une fausse phrase ou un mot mal prononcé… Alors je me dresse devant elle et toute ma présence est remise en cause, la main levée vers ma tête, l'autre dessinant un cercle sur mon ventre, comme une danse pathétique ou un rituel pour invoquer le hasard…

Un deuxième combat entre mes veines serrées rouges qui m’émeuvent et l'impératif de rester tout le temps calme, même quand on s'acharne sur moi avec une ceinture sélectionnée rien que pour mon cas…

Mes signaux sont des échos en difficultés visuelles… « Il a encore faim ! » dit-elle… Tout le sac de glace s'effondre entre ses pieds… « Je dois le tuer », pense-t-elle… Derrière le voile, tout son regard s'effondre sur ses lèvres… « où puis-je l'enterrer ? » confie-t-elle… L’amour s’effondre en larmes dans les tréfonds de sa robe…

La voix de la sorcière résonne dans la cuisine… Aiguë je pense et hystérique comme la conscience… Le mariage de la peste et le déluge s’annonce…

La porte se referme et les claquements d'aiguilles deviennent des tentacules qui me déshabillent… Dans son atelier de couture, les rires s’installent, elle tisse des fils dans le saint noir, des sortilèges à concevoir, des berceuses pour ce soir, pour que je ne dorme pas et que le rêve corrompe l’innocent cauchemar…

Un troisième combat entre la compréhension et la soupe aux choux froide… Suis-je un témoin ou un accusé fatigué qui se tue pour avoir moins ?… Alors je reste dans la flaque cassée à regarder longtemps les spirales de mes doigts tracés… Alors la solution c'est le désespoir… Alors je dois apprendre tout seul à ouvrir les étoiles de ma mâchoire…


 
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   Myndie   
4/9/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Tentacule,

j'ai un seul regret : que vous ayez défloré le sujet dans l'incipit. J'aurais aimé laissé mon imagination courir et se perdre dans votre texte, s'emplir de la souffrance qui en exsude, subodorer une enfance malmenée, en imaginer la cause...
Au demeurant, j'ai trouvé pas mal de qualités littéraires et esthétiques à votre texte dont le style, par tout ce qu'il contient d'urgence, de noirceur et de sincérité, me semble tellement proche de l'écriture expressionniste.
Notamment, la tension que l'on sent bien présente, au même titre que les émotions éprouvées, ne relève pas de la simple description d'une situation conflictuelle, elle est mise en scène avec un certain cynisme dans chacune des figures poétiques :
«  Les mots se perdent comme les têtes de mes poupées brûlées et effrayées »
«  Derrière le voile, tout son regard s'effondre sur ses lèvres »
et la fin, très belle
« Alors je reste dans la flaque cassée à regarder longtemps les spirales de mes doigts tracés… Alors la solution c'est le désespoir… Alors je dois apprendre tout seul à ouvrir les étoiles de ma mâchoire… »

J'applaudis à votre premier texte, bravo

   tentacule_du48   
4/9/2024
Modéré : Commentaire de l'auteur sous son texte (si besoin, ouvrir un sujet dans "Discussions sur les publications").

   papipoete   
4/9/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
bonjour tentacule_du48
Dès que l'on naît, s'engage une lutte pour la vie ; avec des avantages tant mieux ; mais aussi avec des handicaps parfois, pas de chance !
Il faut faire avec, ou se battre pour se fondre dans la foule, des anonymes mais comme ici avec cette " ténébreuse " , intime à première vue... la mère, ou belle-mère dont l'amour pour l'héroïne semble absent ; la haine présente !
NB on peut compter sur nos doigts, le nombre de mamans-marâtres, qui ne souhaitent pour leur progéniture, que souffrances, chemins de croix, ornières d'où l'on ne ressort pas...
un récit bouleversant que ce parcours du combattant, d'où ne sortira ni vainqueur ni espoir, que des larmes et un soir peut-être le grand endormissement vers la paix.
la seconde strophe pose le décor de cet " enfer terrestre " quand
la dernière avec " la spirale de mes doigts tracés... " pèse très lourd sur notre coeur qui vous lit.

   Cyrill   
4/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bjr,
j’ai lu dans un premier temps ce poème en prose sans l’incipit et je crois que j’ai bien fait, sa lecture aurait empêché mes propres images de se former.
L’entame me fait penser à une devinette à propos d’un clocher mais je ne saurais pas la restituer. Toujours est-il que le combat commence quand sonne le tocsin et c’est un départ qui donne le ton. Le locuteur, un enfant, se débat, c’est certain, mais je crois déceler une guerre intestine contre lui-même peut-être, un autre lui même : « ma ténébreuse ». Je la comprends comme son âme. « La sorcière » dit-il plus loin. Je lis de l’amour/haine, du ressentiment, des désirs de mort. C’est très fort, « hystérique comme la conscience ».
Les deux derniers paragraphes me semblent le paroxysme de ce désespoir avec cet horriblement beau « La porte se referme et les claquements d'aiguilles deviennent des tentacules qui me déshabillent ». Nous avons là une forme d’apothéose de la cruauté. Les mots semblent jetés en pâture au lecteur, scandés même tant le rythme et les assonances sont présents dans cette partie.
Je me pose une dernière question en lisant « Alors je dois apprendre tout seul à ouvrir les étoiles de ma mâchoire… ». Pour crier, pour mordre ? Ou pour donner… des étoiles ?
Finalement je lis l’exergue et je n’aurais certes pas deviné le bégaiement, mais est-ce bien important ? Bien sur la lecture s’éclaire d’une autre interprétation mais votre texte est assez riche, je trouve, lexicalement et en émotion, pour de nombreuse lectures.
Merci et bravo pour cet étrange et bel écrit.

   embellie   
5/9/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Quelle est la différence entre la lettre Y et un clocher ? La lettre Y c’est la voyelle, et le clocher c’est là qu’on sonne. Voilà pour la devinette.
Mais il faut quitter ce ton léger au sujet de cette nouvelle. Je la trouve plutôt dure. « Alors la solution, c’est le désespoir ». Seule issue pour un enfant incompris ?...
Terrible.


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