C'est ainsi que vit la légende (de Titefée)
Les nuits d’été, lorsque tremblent les froides étoiles, Je crois entendre, rêveuse, tous les mots d’amour, Qui sous les toits des maisons, et la lune sans voile, Se murmurent ici-bas et existent depuis toujours.
Je pense aussi à tous ces êtres fantastiques, Élevant ces sentinelles de pierres mythiques, Dressées vers le ciel pour couronner les pleurs D’un peuple, dont les voix mélancoliques Se sont tues, mais vivent encore dans les fleurs.
Les druides, de leur faucille d’or, cueillaient le gui. Ils parlaient aux arbres et la forêt de Brocéliande, Peu à peu, en Bretagne se peuplait de la légende, Qui de nos jours encore, dans les mémoires survit.
Parfois, dans les brumes hivernales, l’on voit Merlin, Fils d’une mortelle et du diable, rencontrer encore La diabolique fée Viviane à la fontaine de Barenton, Dont l’eau qui coule entre les racines d’un chêne, Sort sous un perron de mégalithe en état d’ébullition
Et depuis, lors des nuits sans lune, on entend le vent Courir comme un fou en passant par le val sans retour. Et l’on devine de la fée Morgane le portrait mouvant, Se désespérant encore de la mort de son fidèle amour.
Lancelot du lac du Val, qui seul parvint à la rejoindre, L’aima sous le hêtre de Pontus, gigantesque et sombre, Devenu secrètement pour toujours leur jumelle tombe Où viennent conjurer les maux, qui nous font geindre, Les fées et les sorciers qui peuplent notre imagination
Claire Elyse
|