Il a enfin, après bien des mois solitaires, abordé à une île, Secrète mais dominée par tous les vents filants des Alysée Et ses yeux enfin la contemplent, derrière la frange des cils Les protégeant d’un soleil blanc, qui sur l’eau, s’est écartelé.
La vue de cette peau ambrée l’éblouit, tel l’astre scintillant Qui sur la mer l’accueille en milliers de frétillants diamants. Il n’ose toujours pas vers l’apparition accomplir ces gestes Qu’il a pourtant espéré offrir, pour les jours qui leur restent.
Il a peur de dessiner, de ses mains même, l’ombre du corps. Car timides ils sont, comme s’ils ne pouvaient oser encore Refaire vraiment tout ce qu’ils se sont passionnément écrit Pendant ces jours et ces nuits où lentement ils se sont épris
Il a passé cependant avec elle un mortel et angoissant été À lui écrire, lui parler, alors qu’elle entrait dans son silence. Puis il l’a à nouveau retrouvée, et reperdue, et ses pensées Ont tourné autour d’un vain espoir et la béance de l’absence
Alors vaincu, il a parfois démissionné, ignorant son sourire. Rageur, il a rangé leurs lettres aux oubliettes des souvenirs, A renoncé à connaître la douceur et le grain satiné de sa peau Car de sa tendresse et du dernier amour elle refusait le cadeau.
Puis l’automne venu, il s’est nouveau perdu au sel de ses fièvres Il n’a su résister et s’en est voulu de croire à l'appel de ces lèvres En lui livrant ces sentiments intimes, candidement tout ébloui, Car du chagrin intense d’aimer il sait aujourd'hui quel en est le prix.
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