Huit ans à peine, c’est l’âge du grand passage ! Je trottine menue, derrière grand-mère Joséphine Qui m’emmène, en me demandant d’être sage, Au rassemblement des consécrations divines.
Le bois des lueurs résonne de chants elfiques, Les oiseaux entonnent des chants différents, La lune, ce soir, irradie une lumière magique, Sorcières, fées, magiciens ont arrêté le vent.
Toute la journée, sur la lande rose de bruyère, Ses assauts fous ont courbé les dernières fleurs, Et il a soufflé, comme un fou furieux sur la terre, Pour qu’un simple humain ne vienne d’ailleurs.
La belle Heurésis, déesse de la découverte, préside Et tient dans sa main une racine de mandragore, Dont la conformation d’une humaine gravide, Semble porter un enfant, dans son informe corps.
Elle la brandit, de ses deux bras, sur sa tête altière, Et la présente à l’assemblée qui reconnaît, sans frémir, La mère des plantes, qu’il est risqué d’enlever de terre, Car elle pousse un cri si puissant qu’on peut en mourir !
Heurésis qui le fit, lui donna des pouvoirs guérisseurs. Que Discoride, botaniste grec, nota fidèlement d’ailleurs. Elle enseigna aussi aux guérisseurs comment s’en servir, Aux sorcières comment ôter les sortilèges et lire l’avenir.
On me fait pénétrer, yeux bandés, dans le cercle de pierres. L’on me met toute nue, mes longs cheveux noirs dénoués, L’on me couvre de fleurs, me ceint d’une couronne de lierre, Et d’une jatte d’améthyste d’eau fraîche me voilà ondoyée…
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