Suite 11
Je m’enhardissais chaque jour un peu plus dans ce monde immense Portant l’huile d’un arbre qui dans un creuset demeurait enflammée Et je surprenais parfois des sons aiguisés entendant dans le silence Des bruits inaudibles si j’avais été encore sur ma terre bien-aimée
J’avais traversé un désert, de milliards de billes de verre recouvert. Hélas, autour de moi, aucune vie ne subsistait, tout semblait désert ! Dans ce paysage, qui rayonnait fortement, rien n’y semblait vivant Rien ne poussait entre ces microscopiques sphères aux reflets ardents
Je renonçais à poursuivre mon exploration dans ce drôle de sable Mes pieds en sang, ma gorge en feu, je me traînais jusqu’au camp. Noirci, à moitié nu, poils et cheveux grillés, j’étais méconnaissable. Et c’est alors que je le vis, cet être brillant comme soleil éblouissant
De ses grands bras aux jointures molles de grands ronds il décrivait Pendant qu’autour de lui et l’englobant se formait une coupole irisée. J’étais attiré par lui comme par un aimant, jusqu’à ce qu’un haut mur Aux pointes de cristal me barre le passage vers cette insolite créature.
Suite 12
Quand la vision de cet être mythique s’allongea, et devint immense Les vents solaires se levèrent, soulevant alors un brouillard de lumière Qui engloba tout dans son ruissellement d’or et elle pénétra la matière Je ressentis alors en mon cœur blasé naître une universelle espérance.
Pour la première fois je découvris, levant la tête, le dôme lumineux Qui, éclairé, se matérialisa telle une coque tapissée de mille paillettes, Et je compris instinctivement que j’avais été observé dans ce lieu, Comme sur Gaia ma terre l’on captait la nuit le chant des planètes.
Sur l’écran arrondi de la coupole assombrie des images se formèrent Et je vis des paysages familiers, des capitales aux pouvoirs fabuleux, Des personnages connus dans le monde d’en bas et même ma mère, Morte depuis vingt ans, et je retrouvais tout l’amour dans ses yeux
Bientôt une foule s’approcha, vêtue pareillement de robes blanches. Portant des présents, dans des paniers tressés, et m’en faisant offrande, Trois hommes mirent genou à terre et ceinturèrent d’or mes hanches, Et me couronnèrent d’un anneau ciselé et d’une longue houppelande.
Ma compagne fendit la foule, portant l’enfant nouveau-né dans ses bras. Elle avait le visage transfiguré par le bonheur intense de la maternité. Mais ce n’était pas moi que la foule venait, par tous les chemins, adorer, C’était ce bel enfant, innocent, promu à un destin divin dans ce monde-là.
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