Un souffle indiscret luttait dans les plis de sa jupe Qu’elle retenait serrée entre ses mains. Et ce maudit vent S’amusait à soulever, fouineur, le dos puis après le devant. Mais même de tes regards appuyés elle n’était point dupe.
Quelquefois tu regardais alentour, comme un insecte jaloux S’inquiétant du vol d’un rival, attiré sous les branches, Par la vue de ta belle, à la peau si étonnamment blanche, Et par ce régal offert, qui aurait rassasié ses jeunes yeux fous.
Le soir était loin de tomber, même si par ces jours d’automne, L’obscurité vient vite à ces cieux tourmentés, et à ton bras Se lovait, frileuse, la belle te murmurant à l’oreille, tout bas : Rentrons vite, chéri, j’ai si froid ! Sans que cela ne t’étonne.
Tu envisageais déjà tous les déroulements de cette romance. Elle t’offrait, timide de mots, et aguichante sans le savoir, Par l’éclat de ses yeux, des folies d’amour à la semblance De ce qu’elle t’avait déjà offert, te souviens-tu, un soir ?
Et ton cœur cognait vite, et ses battements à tout rompre Soulevaient ta chemise et donnaient du rouge vif à tes joues. Tu recherchais, amoureux, l’abri complice d’une rue sombre, Pour l’attirer vers toi et l’embrasser soudain dans le cou.
Tu retrouvais, dans cette flambée des sens, ton adolescence. Et même si les jours s’étaient ajoutés longuement aux jours, Tu voyais en elle des trésors de tendresse, dont la renaissance Te faisait encore croire aux délices d’un bel et ardent amour.
Et vous étiez enveloppés, comme dans les brumes de Londres, Par ce brouillard, épais, qui enveloppait de blanc le paysage. Alors, vos gestes et vos baisers fous, devenaient moins sages, Et vos mains, affolées, suppliaient de vos corps la rencontre.
Vos souffles courts étaient sauvages, et vos élans si brûlants, Que vous ne voyiez rien des murs, des fenêtres et des façades. Vous n’existiez plus alors, qu’en cet îlot de silence évanescent, Où vos murmures amoureux, enfin, vous donnaient l’aubade.
Alors vous pensez, aujourd’hui bien sûr, à ces gens heureux S’embarquant pour la vie sans lui demander de blanc-seing Et parce que vous savez que vous êtes véritablement amoureux Voilà que vous épousez, sans le moindre doute, votre destin.
Alors l’envie de vivre l’oubli de ce passé s’ouvre à vos vœux Vous avez l’aspiration de parfaire une existence où le monde Des plaisirs et des sentiments amoureux seront plus heureux Et où faux-semblants, inquiétudes disparaîtront dans l’ombre.
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